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Compte-rendu de la rencontre du 26 Mai

Comment bousculer la domination capitaliste ?

Dimanche 31 mai 2009

La rencontre de plus de 80 personnes à la maison du peuple de Lyon 8e, avec plus de 10 entreprises représentées, pour confronter l’expérience de chacun sur les conditions politiques des luttes sociales, à l’invitation du député communiste André Gerin, et du réseau « Fiers d’être communsite » du Rhône… voiilà qui ne peut passer inaperçu !

Personne ne cherche de recette miracle, mais cette rencontre confirme la nécessité d’une coordination politique des luttes…

voici quelques impressions, qui ne sont pas un compte-rendu… mais un ressenti personnel appelant aux réactions…

La discussion a été lancée par André Gerin, député communiste. Après avoir évoque la sitation politique, il affirmait

Face à cette crise sociale, politique et avec ce mouvement social, le PCF a une place essentielle si l’on ne veut pas refaire les mêmes erreurs que dans nos expériences militantes de 1981 ou 1997, avec un parti qui se fond et se confond avec les institutions, qui donne la primauté au pouvoir au détriment de la légitimité populaire. Refusons cette impasse suicidaire qui a abouti aux résultats des Présidentielles de 2002 et de 2007.

avant de conclure…

Il y aura des réveils douloureux, à nous d’être prêts à l’offensive pour contribuer aux prises de conscience dans une situation qui peut être imprévisible et inattendue, potentiellement révolutionnaire.

La discussion a été riche avec des témoignages éclairants de Continental, Total, SAint-Jean Industries, Rhodia… révélant un capitalisme sans scrupule, capable du pire, de tous les coups tordus, et faisant toujours payer le prix fort au monde du travail.

Mais à partir de ces témoignages, les questions ne manquent pas. Pourquoi cette apparente faiblesse du monde du travail ? Pourquoi cette journée d’action du 26 Mai aussi faible ? Pourquoi cette suite de grande journée sociale qui a mobilisé des foules importantes de manifestants et qui semble n’aboutir à rien ?

Certains insistent sur la « perspective politique » qui ferait défaut. La question est cependant « quelle perspective et pourquoi faire » ? En quoi une perspective politique modifiera-t-elle le rapport des forces autour des luttes de Continental, Caterpillar ? Le patron va-t-il céder parce qu’il craint la victoire possible d’un « front de gauche » ? Au contraire, certains disent, il faut partir des luttes, de la capacité de rassemblement en bas… Mais alors, comment traduire ces luttes en changement politique ? Faut-il en revenir au spontanéisme ? au discours des multitudes et du « mouvement » qui serait tout ?

La soirée n’épuisera pas la question, mais le débat montre l’importance pour les communistes de se parler franchement, sans état d’âme sur les décisions des directions politiques et syndicales.

Le fait de décider de grandes journées de luttes très espacées est-il suffisant pour mobiliser les forces sociales ? Qui est en retard ? les forces sociales qui ne sont pas assez fortes ou les directions syndicales qui restent hésitantes ? Le rassemblement suffit-il à définir une stratégie ?

Les directions politiques et syndicales ont-elles fait le calcul que de grandes journées sociales allaient créer les conditions d’une défaite électorale de la droite et de Sarkozy ? En tout cas, le fait est que ce n’est pas le cas, et qu’au contraire, c’est l’inverse qui se produit ! Les luttes sont une réalité, pas médiatique, pas pour se faire plaisir, mais bien dans une guerre sans merci avec un adversaire déterminé, organisé et capable de toutes les violences. Les calculs politiciens sont toujours diviseurs et affaiblissent le front des luttes.

Ce qui limite l’efficacité des luttes, leur capacité à rassembler plus largement, de manière plus déterminée, c’est d’abord et avant tout l’absence de victoires sociales récentes du monde du travail. Dans la plupart des usines restructurées à la hache, les salariés pensent d’abord qu’aucune issue concrète n’est possible. Au mieux, ils tentent d’obtenir le maximum de sous, puis, quand ça va mal, d’obtenir au moins le minimum légal et un peu d’aide… Mais les luttes qui revendiquent d’emblée la propriété de l’usine, qui affirme qu’il faut exproprier les actionnaires et dirigeants incapables sont peu nombreuses !

La militante de Saint6jean Industrie disait combien elle avait été surprise, et avait appris du niveau de solidarité possible dans et autour de l’usine. IL y a sans doute là une clef ! Sommes-nous capables d’organiser à une échelle nationale une solidarité telle qu’elle donne les armes à un conflit de fixer la barre au niveau où il peut battre le capital ? Si l’unité syndicale se construisait sur ce type d’engagements. « Nous ne lâcherons pas les Continental, les Caterpillar… nous organisons partout la collecte pour une caisse de grève géante, et nous appelons les populations à participer à l’occupation des sites… » L’ambiance serait très différente !

Comment le peuple, les militants du monde du travail, doivent-ils s’organiser pour créer de telles conditions ? C’est tout la question d’un parti communiste organisé et engagé dans le monde du travail. Cela suppose des militants qui ne craignent pas « l’aventure de la lutte », comme le dira un syndicaliste de la santé. Bien sûr, ce ne sont pas les slogans qui font la force, mais sans action de résistance concrète, déterminée, la force du capital écrasera tout compromis.

De fait, le mouvement social est handicapté par 30 ans de confusion idéologique. Un responsable syndical évoquera par exemple la« décroissance » comme issue à la crise. Ubuesque ! En pleine décroissance réelle, au début d’une déflation sans pitié pour le travail, comment un militant peut-il se laisser piéger par ces discours réformiste qui détournent de la lutte des classes. Comme s’il était devenu si compliqué de faire la différence entre la croissance du capital et la croissance du travail !

Et pourquoi redécouvrir aujourd’hui la violence du capital, son caractère intrinsèque d’instabilité, de crise, de désordre, d’anarchie dans la guerre de tous contre tous, dans la recherche de profit effrénée, où tous les coups sont permis ? Pendant des décennies, la gauche, PCF compris, ont fait croire qu’on pouvait bousculer le capitalisme en se concentrant sur les élections ! Pourtant l’expérience du Chili avait donné une leçon éclatante il y a bien longtemps ! Il ne suffit pas de répéter « rien ne peut être obtenu sans luttes sociales », il faut en tenir compte et organiser d’abord ce « front des luttes » pour conduire la guerre de classes [1].

Pourquoi accepter de justifier les difficultés militantes par la crise, la précarité, l’individualisme. Comme si le mouvement ouvrier au 19e siècle ne s’était pas construit sans grandes usines (elles commenceront avec Ford en 1910), sans comité d’entreprises ni sécurité sociale (il faudra attendre un siècle !) avec des ouvriers souvent encore paysans, des enfants terrorisés, des femmes et des hommes affaiblis par un travail harassant.. ! Ce n’est pas la précarité qui freine le militantisme, ce sont les mauvaises habitudes routinières de gestion des acquis, l’institutionnalisation des organisations et le temps perdu dans la « gestion » !

Cette rencontre est pour moi une première étape. Elle doit aider à reprendre ce qui avait été au cœur de l’organisation du parti communiste, la coordination des 40 sections de grandes entreprises. C’est évidemment sous une nouvelle forme qu’il faut désormais le faire, mais c’est dans le même sens, l’organisation concrète de cette guerre de classes que nous n’avons pas choisi de mener, mais que nous devons assumer pour la gagner.

[1voir le livre récent de Ruffin et la citation désormais fameuse du grand milliardaire spéculateur Warren Buffet « la guerre des classes existe, c’est un fait, et c’est la mienne, celle des riches, qui est en train de la gagner »

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