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Contribution à la discussion des communistes de Vénissieux

Comprendre pour rebondir après la perte du député communiste…

Mercredi 13 juin 2012

Pour les communistes Vénissians, le résultat des législatives est un échec. Tout le monde savait que le pari du renouvellement était difficile, dans un contexte de victoire socialiste aux présidentielles et de redécoupage défavorable de la circonscription. Mais la mobilisation militante cherchait à réduire au maximum l’écart total et à rester en tête sur la ville de Vénissieux. Le résultat, en 4e position avec 13,7% des exprimés sur la circonscription redécoupée en faveur du PS qui atteint 37,03% est un coup dur pour la mobilisation militante.

Sur la ville, le PC perd 8,39% et 1215 voix sur 2007, avec un PS qui passe de 14,6% à 34,46%, une abstention en hausse de +3% et un FN à 17,9% (+10,2% sur 2007, - 5% sur 2002).

Une fois passé le choc, il est important d’analyser ces résultats pour en mesurer ce qu’ils révèlent de faiblesse mais aussi ce qu’ils représentent de points d’appuis pour l’avenir. Si nous avons fait face à une campagne agressive et insultante de forces anti-communistes qui ont choisi le candidat socialiste pour régler leurs comptes politiques [1], l’essentiel est bien dans ce constat que la capacité des communistes depuis 1993 à mobiliser sur leur candidat une part importante de l’électorat de gauche n’a pas résisté à la pression pour soutenir Hollande [2].

Certains ne manqueront pas de chercher des explications dans les choix politiques de la majorité des communistes de Vénissieux pour "Faire Vivre et Renforcer le PCF". La comparaison avec les résultats de Vaulx-en-Velin, ville communiste du Rhône sociologiquement proche de Vénissieux et dont la section a largement soutenu la stratégie Front de Gauche montre le contraire. L’électorat de JLM des présidentielles s’est mieux mobilisé à Vénissieux pour Michèle Picard, certes en perdant des voix comme à Vaulx-en-Velin, mais en progressant en % des exprimés, ce qui n’est le cas ni en général en France, ni à Vaulx-en-Velin en particulier.

Résultats Vénissieux Vaulx  % exp. Veni. % exp. Vaulx  % national
Mélenchon 2012 (voix) 4 118 2 692 19,01% 18,82 % 11,1 %
FG législatives (voix) 2 991 1 480 22,51% 18,06% 6,91 %
Hollande 2012 (voix) 8 384 6 284 38,70% 43,93 % 28,63 %
PS Législatives (voix) 4 580 3 797 34,46% 46,34% 29,35 %
Abstention présidentielles 7 348 6 318 24,94% 30,26 % 20,52 %
Abstention législatives 16 033 12 624 54,33% 60,37% 42,77 %
Législ. – Présid. FG-PCF - 1127 - 1212 +3,5% - 0,78% - 4,19 %
Législ. – Présid. PS - 3804 - 2487 -3,24% + 2,41% + 0,72%
Législ. – Présid. Abst. + 8685 + 6306 + 29,39% + 30,11% + 22,25%

Le FG perd en France 55% des voix de Mélenchon, 45% à Vaulx-en-Velin, mais "que" 27,4% à Vénissieux, ce qui est le niveau national de la baisse de votants (-27,9%). A Vénissieux, l’électorat FG s’est donc mieux mobilisé qu’ailleurs pour Michèle Picard.

Un échec national pour les communistes dans le cadre de la stratégie FG

La situation nationale est difficile pour le PCF avec la perte de 6 députés sortants qui se représentaient et se retrouvent derrière le parti socialiste. Roland Muzeau, porte-parole du groupe et Marie-Hélène Amiable dans les Hauts-De-Seine, Patrick Braouezec et Jean-Pierre Brard en Seine-St-Denis, Pierre Gosnat dans le Val-de-Marne, Daniel Paul en Seine-Maritime.

Les résultats des sortants PCF qui ne se représentaient pas sont contrastés.

  • Dans le Cher, Nicolas Sansu peut succèder le 17 Juin à Jean-Claude Sandrier comme Gaby Charroux à Michel Vaxès dans les Bouches-du-Rhone.
  • Mais en Seine-Maritime, le redécoupage ne permet pas à Sébastien Jumel de succéder à Jean-Paul Lecoq. A Paris, Martine Billard, élue verte de 2002 qui avait rejoint le groupe des députés FG puis le PG après avoir été élue avec le soutien du PS en 2007 était remplacée par Anne Sabourin pour le FG qui se retrouve en 5e position avec seulement 3.36% des voix (6,05% pour les verts). Dans l’Aisne, Jean-Luc Lanouilh qui remplaçait Jacques Desallangre élu facilement avec le soutien du PCF en 2007 est 4e avec 17,31%.

Bien sûr, des sortants PCF ou PG sont en bonne position pour le 17 Juin : Alain Boquet, Marx Dolez et Jean-Jacques Candelier dans le Nord, André Chassaigne dans le Puy-de-dome, Jacqueline Fraysse en Haut-de Seine, Marie-Georges Buffet et François Asensi en Seine-St-Denis.

Le résultat pour les 19 sortants du groupe à l’assemblée est donc sévère. 6 défaites de sortants, 4 défaites sur une succession, 7 sortants et 2 successions réussies à réélire le 17/06… Si quelques gains sont possibles, la perspective d’un groupe à l’assemblée est clairement en question.

L’accord du FG a été présenté aux communistes comme un "paquet", les présidentielles à Jean-Luc Mélenchon, et les législatives plus faciles pour le PCF… Que ce soit à Henin-Beaumont [3] ou ailleurs, ce résultat est sévère, l’existence d’un groupe politique dépendra désormais de l’accord du PS.

Le contexte électoral Vénissian de cette défaite nationale

La situation politique nationale dans le contexte de la victoire du PS aux présidentielles est donc bien le fait majeur du résultat dans la 14e circonscription du Rhône, que les communistes Vénissians ont sans doute sous-estimé dans la campagne.

Après la victoire de Mitterrand en 1988, le candidat du PS, déjà à l’époque maire de Feyzin avait mobiliser 63% de l’électorat socialiste des présidentielles. Malgré une progression du PCF sur le score des présidentielles de 2013 voix, cela n’avait pas suffit, et il a fallu 8 années de maire à André Gerin pour reprendre enfin le siège de député dans un contexte de forte critique contre le PS en 1993.

Il était clair qu’il fallait donc en 2012 mobiliser tout l’électorat de Jean-Luc Mélenchon et attirer plus de 2000 voix de l’électorat socialiste de François Hollande. Ce pari était-il réaliste ? En tout cas, c’est le contraire qui s’est produit avec une perte de 1127 voix…

A l’opposé, les victoires de 1997 et 2007 se situaient après une défaite socialiste aux présidentielles précédentes, ce qui permettaient à André Gerin d’apparaître comme le meilleur contre la droite dominante.

  • En 1997, le candidat socialiste aux législatives ne mobilise que 42% de l’électorat de Lionel Jospin et André Gerin progresse de 2388 voix sur le score de Robert Hue.
  • En 2007, le candidat socialiste ne mobilise que 26% des voix de Ségolène Royal, et André Gerin progresse de 3008 voix sur le score de Marie-Georges Buffet ! Il est clairement le point de résistance à Sarkozy.

Le constat principal pour les communistes est donc double.

  • 1/4 des électeurs des présidentielles qui avaient voté Mélenchon pour virer Sarkozy sans donner un chèque en blanc au PS n’ont pas profité de la législative pour renforcer leur choix…
  • Beaucoup d’électeurs de gauche attachés à cette ville « belle et rebelle » n’ont pas considéré qu’ils soutiendraient autant la gauche avec un député communiste que sans…

On sait que quelques militants de la gauche unitaire et des promoteurs d’un « Front de Gauche sans les communistes » regroupant des opposants à la majorité municipale ont mené campagne contre Michèle Picard. La campagne a d’ailleurs été émaillée d’incidents et d’insultes de la part de ces supporters récents du candidat socialiste qui ont vu une opportunité de combattre les communistes. Cependant, si cela peut représenter quelques centaines de voix gagnées par le PS, cela n’explique pas cette faible mobilisation pour une gauche qui réussisse vraiment pour les salaires, l’emploi, les retraites…

Beaucoup de témoignages dans les bureaux de votes soulignent l’indécision de nombreux électeurs de gauche, soucieux de prolonger la défaite de Sarkozy et voulant soutenir « le changement ». Le fait est que même chez des électeurs de Mélenchon, la perte de repères politiques clairs, d’expérience de luttes prolongées, de lien politique fort avec l’organisation du parti communiste peut conduire à ne voir dans le vote que le discours médiatique sans mesurer la réalité du rapport de forces réel, et donc le poids d’un député communiste.

Bien sûr, on peut s’interroger après coup sur tel ou tel aspect de la campagne.

  • La campagne socialiste « soutenez Hollande », a été simple, cohérente et constante, des discours aux affiches et tracts, jusqu’aux bulletins de vote de la couleur de campagne du nouveau président…
  • Les communistes ont désigné leur candidate tardivement, ont beaucoup discuté pour orienter leur campagne, ce qui a retardé sa mise en place.
  • Il leur fallait résoudre une équation complexe avec un discours Front de Gauche national en opposition à François Hollande alors qu’il fallait mobiliser un électorat socialiste pour gagner, avec un changement de candidat qui nécessitait de modifier des habitudes de travail, avec une organisation communiste sortant de longues discussions internes…
  • Le passage de relais entre André et Michèle semblait acquis pour la grande majorité des militants et la notoriété de Michèle a souvent surpris sur le terrain. Pourtant, cette notoriété n’a pas suffi pour créer la crédibilité politique nationale que représentait pourtant André et que nous n’avons pas su mobiliser au service de Michèle.
  • Le comité de soutien est une réussite, notamment dans les entreprises, mais sans lien fort avec l’organisation militante qui crée les relais personnels qui seuls consolident durablement l’engagement politique.

Toutes ces questions peuvent être utiles mais ne peuvent remplacer la réflexion sur le fonds politique de ces résultats

  • les communistes n’ont pas bénéficié du poids politique et du bilan du député sortant, ce qui interroge sur le lien que font les gens entre élus et parti. La personnalisation, la perte de repères politiques, doivent être combattues par une identification forte de parti. Le FN peut présente des candidats incapables de tenir un discours, totalement inconnus, et ses électeurs ne se trompent pas ! Ce n’est donc pas l’époque qui explique cette perte de repères mais bien pour le PCF l’absence d’une position politique claire et repérable dans la longue durée [4].
  • la médiatisation montre toutes ses limites, avec le cas extrême de Mélenchon, suivi par les 20h presque quotidiennement, et qui offre une victoire écrasante à Marine Le Pen. Mais la question est aussi posée par la place médiatique réelle d’André Gerin qui ne bénéficie pas au renforcement local du parti communiste.
  • le poids des institutions , du « communisme municipal » et de l’ancrage autour du maire, dans un contexte de fracture sociale toujours plus forte ne suffit plus à (re)construire le poids politique nécessaire au PCF. Comment construire aujourd’hui, ce que représentait la gestion communiste d’une ville dans les trente glorieuses, du point de vue des urgences concrètes des familles populaires et des couches moyennes ?

Ces premiers éléments d’analyse personnelle tentent d’aider les communistes à se donner des armes politiques pour réagir à ce résultat qui a fait mal. Nous prendrons le temps de l’expression du ressenti de chacun, en faisant effort pour le tourner vers les questions politiques de fonds, porteuses de perspective pour l’avenir, en s’appuyant sur la mobilisation réelle et la dynamique créée pendant la campagne dans toute la circonscription, et notamment sur les 3000 voix de Michèle à Vénissieux.

[1Michèle Picard a eu raison de ne pas tomber dans les provocations en ne publiant pas les faits avant, mais on peut dire aujourd’hui que plusieurs plaintes pour insultes, menaces, dégradations ont été déposées pendant la campagne

[2Ne pas oublier que ce siège avait été gagné en1993 dans un contexte de colère populaire contre le gouvernement socialiste, et conservé depuis car son député était le meilleur candidat contre la droite au pouvoir…

[3on peut se demander si la surexposition médiatique n’a pas favorisé surtout le FN et par ricochet, protégé localement le PS… Hervé Poly n’aurait-il pas pu faire mieux avec une bataille de proximité ?..

[4pendant quelques semaines, certains ont cru que JLM avait posé les bases d’une telle position

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