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Je regrette que le débat ne soit pas plus vif…

lettre ouverte d’André Gerin à Marie-George Buffet
Sunday 8 June 2008

Chère Marie-George,

Je trouve ta conférence de presse choquante quand tu dis : “Je regrette que le débat ne soit pas plus vif, je ne veux ni peur ni autocensure. Personne ne veut liquider le PCF.”

Qui depuis des mois refuse le débat vif, le biaise en permanence et censure les opinions différentes qui se sont exprimées lors des régionales de 2004, à propos de la création du PGE, des collectifs antilibéraux ?

Qui a refusé l’identité du PCF aux présidentielles ? Qui refuse de tirer les leçons de l’échec à ces élections ? Qui refuse d’analyser ce qui s’est passé lors des municipales et des cantonales où des milliers de communistes ont porté les couleurs de leur parti ? Tu as toujours refusé le débat vif, jouant l’esquive. Ainsi, lors de la rencontre nationale de décembre 2007, lorsque les militants dans leur majorité ont affirmé leur volonté de faire vivre le parti communiste, un parti révolutionnaire, tu les a priés de mettre un bémol.

T’entendre dire que personne ne veut la liquidation du PCF prêterait à sourire si la question n’était pas aussi grave. Je prends tes paroles comme une provocation, notamment après la liquidation du groupe communiste à l’Assemblée nationale alors que les conditions existaient pour négocier un groupe à 15.

Il est notoire que des responsables politiques, y compris dans le collectif exécutif, veulent liquider le PCF et ne s’en cachent plus même en public.

Les communistes ont besoin de positions claires, lisibles, audibles. A ce jour, ce n’est pas le cas. Ainsi tu te demandes si le Parti communiste doit être seulement porteur d’une espérance révolutionnaire ? Ne crois-tu pas qu’il serait bon d’affirmer que le Parti communiste doit être d’abord porteur d’une espérance révolutionnaire, à plus forte raison quand la crise du capitalisme s’aggrave et s’étend ?

Tu dis vouloir organiser un congrès de l’innovation. Quelle innovation ? Une innovation révolutionnaire qui revisite les choix de Tours de 1920 et les actualise dans les conditions de la lutte des classes au XXIème siècle, dans le cadre d’une exploitation capitaliste mondialisée et financiarisée ? Veux-tu redonner du souffle et de la modernité à Marx dans un pays capitaliste développé comme la France, construire un changement de politique, un changement de pouvoir, un changement de société, construire un projet communiste ? Veux-tu construire un parti communiste moderne qui ne s’essouffle plus à courir derrière un parti socialiste assumant sa mutation social-libérale, un parti communiste qui cesse de distribuer les bons et les mauvais points de façon dérisoire à la gauche radicale ?

Pour engager ce débat vif dont tu parles, serais-tu prête à changer d’avis ? Prête à remettre ton mandat avec celui de l’exécutif pour permettre à un collectif provisoire pluraliste de préparer le congrès ? Prête à faire élire les collectifs de direction au suffrage universel direct des adhérents ? A tout le moins, prête à un débat vif sur ces questions ?

Oui un débat vif, fécond, dans le respect des personnes. Soyons enfin nous mêmes, autonomes, en rupture avec la culture des années 1960, 1970 pour replonger nos racines dans les classes populaires et le monde du travail. Libérons la pensée révolutionnaire pour un combat de classe porteur d’émancipation sociale et humaine.

Nous devons sortir de l’espace mortifère dans lequel le PCF se trouve. C’est l’attente de la majorité des communistes. Cette réaction à la lecture de l’Huma ce matin contribuera-t-elle à ce que le débat soit plus vif ? C’est mon souhait le plus cher.

Reçois, Chère Marie-George, mes fraternelles salutations.

André GERIN

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