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La légitimité du capitalisme, selon Jean Peyrelevade

Lundi 1er mai 2006

Un exemple révélateur de la nécessité de repères dans le débat d’idées, de l’utilité des références qui éclairent les positions des différents acteurs, pour éviter les récupérations et les manœuvres…

Jean Peyrelevade, grand patron de l’ère Mitterrand a écrit en 2005 un livre critiquant le « capitalisme total ». Il « décrit froidement les mécanismes de la »corporate gouvernance« . Une machinerie irrésistible », qui échappe au contrôle démocratique, et qui se dérobe même à toute volonté politique.

Tout comme le grand ami conseiller de Chirac, Claude Bébéar qui titre son livre « Ils vont tuer le capitalisme ». Lui aussi critique les dérives qui « caricaturent le capitalisme d’entreprise, le dénaturent en une gigantesque loterie boursière et le fragilisent par l’obsession du court terme ; »

Jean Peyrelevade évoque ainsi avec force un système « insaisissable »comme du mercure« , qui n’est même pas l’attribut des »trois cents millions d’actionnaires qui contrôlent la quasi-totalité de la capitalisation boursière mondiale« . Ce système est un peu plus celui des »quelques dizaines de milliers de gestionnaires" qui n’ont pour seul but que d’enrichir les précédents.

Avec de telles déclarations contre le système, il faudrait associer des deux grands patrons au large rassemblement antilibéral qui se propose de « changer de politique ». Qu’attend Claude Bébéar pour rejoindre ainsi Jean Peyrelevade, Jean-christophe Le Duigou, Franck Riboud et Philippe Herzog au conseil d’administration de l’association « confrontations », fondée pour dépasser cette contradiction capital-travail qui bloque si souvent les nécessaires réformes ?

Et si on les écoute, on comprend mieux que le problème n’est pas le capitalisme, mais la manière dont l’ultralibéralisme le conduit à la faillite ! C’est bien cette politique de financiarisation à outrance qu’il faut combattre, cette logique du système boursier et spéculatif qui détruit non seulement les emplois et les services publics, mais aussi le capitalisme industriel…

Pour eux, d’ailleurs, ce capitalisme financier est un système invisible. Il a des gestionnaires au service de millions d’actionnaires qui ne sont que des « bénéficiaires » du système. Pour le combattre, il faut redonner sa place au politique pour exprimer la volonté majoritaire et réguler l’économie.

Alors, ont-ils raison ? ces idées sont-elles utiles aux forces du NON du 29 Mai, aux forces sociales qui ont mis enéchec le CPE ? Mais alors, pourquoi cette association confrontations a appellé au OUI le 29 Mai et organise des rencontres pour aider à la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne qui préconise une plus grande flexibilité du travail ?

Le fait est que toutes ces idées imprègnent largement les discours de la presse de gauche, des forces politiques les plus « antilibérales ». Et pourtant ces idées sont dangereuses.. ! Oh, pas pour l’union euréopenne, ni pour la stratégie de Lisbonne, ni pour la flexibilité du travail… Ces idées sont dangereuses pour ceux qui luttent !

Elles cachent la vérité des forces auxquelles nous nous heurtons, elles cachent la réalité de cette lutte de classes qui nous est imposée dans les faits et qui nous est masquée dans les idées !

Car, il n’y a pas d’autre capitalisme que le capitalisme financier. La logique de l’accumulation pousse tout capitalisme à développer les outils financiers au service du capital. Il n’y a pas d’autre politique que « libérale » possible dans le capitalisme, car il n’est pas un système « diffus et invisible », mais l’ensemble des moyens étatiques, militaires et économiques par lequel une classe sociale bien réelle maitient sa domination sur la société, et son exploitation de la force de travail des autres classes sociales…

D’ailleurs, il suffit de lire complètement Jean peyrelevade. Dans la revue « les acteurs de l’économie » (avril 2006), il dit plus que clairement quels intérêts il défend : « La gauche française est impuissante, car elle refuse de reconnaitre l’économie de marché et le modèle capitaliste, coincée entre sa frange protestataire et anti-capitaliste, par les mythes révolutionnaires et de la fermeture sur soi. On ne peut pas espérer porter remède au capitalsme tant que pour des raisons démagogiques et idéologiques, on n’en accepte pas publiquement la légitimité. J’ai l’air de dire une évidence. Mais vous n’entendrez pas un leader socialiste parler ainsi »

Jean Peyrelevade critique le capitalisme pour lui porter remède, c’est à dire pour le défendre, ou plus précisément pour défendre dans l’affrontement entre capitaliste, les forces capitalistes qu’il représente, ce capitalisme « rhénan » qui serait plus humain que le capitalisme « anglosaxon ». L’essence du capitalisme, c’est la concurrence, la guerre économique.

Quand une idée vous surprend, vous intrigue, semble pouvoir expliquer mieux que d’autres la complexité du monde, et notamment quand elle se présente toute auréolée de modernité… demandez-lui comme Lénine évoqué par Bertold Brecht témoignant « s’adressant a chaque idée, il lui demande : dis-moi qui tu sers ! ».

Demandez à Jean Peyrelevade ou Claude Bébéar qui servent les idées modernes du capital « diffus » ou du méchant « libéralisme financier » qui détruit même le bon « capitalisme industriel »…

Comme toute démarche scientifique, l’expérience de la pratique pour les idées révolutionnaires, c’est d’abord de savoir qui parle, pour quels intérêts, et donc pour quelle classe sociale…

pam

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