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Contribution au 33e congres (site PCF)

Pour la réappropriation citoyenne des territoires

Jean-Yves Martin Savenay
Lundi 9 janvier 2006 — Dernier ajout lundi 16 janvier 2006

Puisque nous ambitionnons « une plus grande efficacité révolutionnaire », partons de cette interpellation de Henri Lefebvre : « Pour changer la vie, il faut changer l’espace ». Question transversale qui concerne aussi bien notre analyse de l’état du monde, la visée communiste, nos propositions programmatiques, que nos formes et lieux de militantisme. Qu’en est-il dans les documents de congrès ? La récurrence des termes de géographie - absente des sciences sociales citées - recouvre une certaine faiblesse de la prise en compte des problèmes d’espace.

Bien que la référence au(x) territoire(s) soit fréquente, et que la quête de(s) « lieu(x) pertinent(s) » de « proximité » soit affirmée, « l’exigence d’un autre mode de rapport (…) aux territoires », assurément cruciale, n’est envisagée que sous la forme d’un très vague « renouvellement des notions de solidarités et d’internationalisme ». Autre exemple : l’urbain n’est considéré qu’à travers la ville/cité. Mais rien sur métropolisation et périurbanisation, pourtant cadre de vie « de proximité » d’une large majorité des gens, avec tous les effets que la récente poussée de violences urbaines a souligné et que l’on ne saurait négliger.

Suffit-il dès lors d’évoquer un « développement solidaire (…) respectueux des territoires » ? Car que « respecter » ? Le nouvel ordre spatial mondialisé tel que produit par le capitalisme ultralibéral ? Sachant que tout autant que celui de la « fin de l’histoire », il nourrit le mythe de la « fin des territoires », celui d’une déterritorialisation généralisée bien à sa convenance. Il sait combiner désormais pavages interétatiques ou subcontinentaux (UE) et réseaux transfrontaliers, matériels et immatériels (flux de télécommunications).

Comment y reprendre pied ? En s’appuyant sur des territoires alternatifs, pour s’en réapproprier les diverses dimensions et composantes. Raison majeure pour ne tolérer, malgré la polysémie du terme territoire, aucune confusion ou ambiguïté. Si l’espace produit par le capital, au-delà de son discours du « village global », accentue en fait les fragmentations et aggrave les inégalités (PNUD 2005), les territoires citoyens eux, foyers de résistances et de mobilisations, ont sans cesse à se (re)construire et à être réappropriés, dans des formes renouvelées de territorialisations.

Toute « critique radicale » des ségrégations et ghettoïsations socio-spatiales en cours, doit donc nécessairement se traduire, du local au global, par la visée d’un (ré)agencement et d’une reconquête sociopolitique de l’espace géographique, à toutes les échelles. Sans en négliger, ni privilégier aucune, comme l’Europe, suite au NON, ou les Régions, du fait de notre présence dans nombre d’exécutifs régionaux.

Afin que nous donnions partout au vieux slogan : « penser global, agir local » - ce que ni Verts, ni Altermondialistes, qui s’en réclament pourtant volontiers, n’ont su faire à ce jour - davantage de perspectives citoyennes et de débouchés politiques concrets. Si le XXe siècle a été celui des promesses historiques déçues, le XXIe s’annonce déjà comme celui de grands enjeux socio-territoriaux. N’en faisons donc pas un chaînon défaillant, qui pourrait s’avérer politiquement coûteux.

Jean-Yves Martin Savenay (Loire-Atlantique)

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