Après avoir battu Le Pen, adhérez au parti communiste pour vous donner de la force face à Macron !
34e congrès du Parti communiste français

UN CONGRES AU MILIEU DU GUE

André GERIN
Samedi 20 décembre 2008

Le 34e congrès du PCF a été marqué par un début de prise de parole militante. A côté des interventions convenues se sont exprimées des réflexions, des appréciations débarrassés de carcans dogmatiques et faisant preuve d’un certain pragmatisme révolutionnaire.

A force de brouiller les pistes théoriques et idéologiques, les directions qui se sont succédées depuis une quinzaine d’année ont, en quelque sorte, mis les militants dans l’obligation de penser par eux-mêmes s’ils voulaient continuer d’exister en tant que membre du PCF. De la mutation à la métamorphose en passant par un " parti profondément transformé", les voies n’ont pas manqué pour dire que le parti devait évoluer.

Mais ce n’est qu’à ce congrès-ci que ces voix se sont accordées pour dire à l’unisson qu’il devait évoluer vers sa dilution et sa recomposition dans une autre force politique, depuis Robert Hue et son Nouvel espace progressiste (NEP) en passant par Jean-Claude Gayssot qui participait, pendant la tenue même du congrès, à une initiative pour une nouvelle " force unitaire de gauche". Or le 34e congrès a confirmé que les communistes, en majorité, ne voulaient pas de la disparition de leur parti.

Échaudés par l’expérience des collectifs antilibéraux, les délégués ont réservé un accueil très indifférent à la proposition de front progressiste avec Mélenchon et son Parti de gauche pour les élections européennes. Il a fallu que Marie-George Buffet sorte du silence qu’elle observait depuis le début du congrès pour faire acclamer Francis Wurtz. Encore faut-il noter qu’elle l’a fait applaudir non pas sur le contenu de son intervention mais en raison de son départ à la retraite.

En deux décennies, le PCF a perdu énormément de son implantation dans le monde du travail et dans les milieux populaires. Le congrès a montré toutefois qu’il n’était pas déraciné. Beaucoup de délégués ont dit, chacun avec ses mots et parfois ses imprécisions, que là se trouvait la sève vitale du parti. Et il est significatif, dans ce contexte, que plusieurs délégués, notamment très jeunes, aient souligné tout l’intérêt du marxisme pour la faire fructifier.

Une partie de la direction a décidé de rejoindre les refondateurs pour faire une liste alternative commune, mettant à jour une connivence qui existait depuis longtemps. Cette alliance intervient à un moment où l’on observe dans le pays une volonté grandissante de voir la gauche se ressourcer à gauche. Le rejet du libéralisme et l’exigence que l’Etat s’implique dans l’économie, notamment pour développer des productions créatrices d’emploi, le rejet d’une Union européenne franchement anti-populaire et de surcroît menacée d’explosion sous l’effet de la crise, tout cela ouvre un espace à gauche.

Les droitiers du parti réunis sous la bannière de Marie-Pierre Vieu ne cessent d’invoquer la gauche de la gauche. Mais ils se trouvent pris à contre-pied par tous ceux qui pensent que la situation offre surtout au Parti communiste français l’opportunité de rebondir. Cette idée qu’il existe un espace et un espoir pour le PCF traverse l’ensemble du parti, jusqu’à sa direction. Le congrès a été marqué par ce souffle.

Pourtant le congrès est resté au milieu du gué. Alors qu’une telle situation invite à une ouverture audacieuse pour sceller avec force l’unité des communistes, Marie-George Buffet a choisi le repli – ce que d’aucuns ont appelé la " purge" – au lieu d’intégrer largement dans sa liste les éléments divers du parti.

Plusieurs délégués ont souligné à juste titre que la vraie diversité du parti se trouve dans les organisations de base. Raison de plus pour refléter cette diversité au sein du " parlement" du parti et son exécutif en élisant les éléments les plus marquants et les plus représentatifs de cette diversité, ce qui, soit dit en passant, aurait permis de résoudre l’apparemment impossible équation de l’effectif pléthorique du conseil national.

A défaut, Marie-George Buffet a soufflé sur les braises de tous les sectarismes dont le PCF est loin d’être débarrassé après des années de confusion idéologique. L’épisode des refondateurs n’est pas clos, pas plus que celui des clans et des chapelles que les dérives ont fait naître. En obligeant le congrès à élire le conseil national par le jeu des listes concurrentes plutôt qu’en plaidant pour une liste commune pluraliste, elle incite les composantes à se positionner dans des rapports de forces plutôt qu’à faire l’effort de réinventer le travail collectif.

Au lendemain du 34e congrès, il y a donc à la fois espoir et danger. Espoir que le PCF franchisse résolument le Rubicon qui l’amènera à l’âge adulte avec une politique autonome, indépendante de celle des autres partis, notamment le Parti socialiste. Mais danger qu’un repli frileux de la direction n’encourage les visées de ceux qui veulent rabattre la prétention révolutionnaire dans la nébuleuse réformiste, soumettre le communisme aux impératifs sociaux démocrates.

Ce danger est d’autant plus réel que les élections européennes sont d’ores et déjà l’objet de manœuvres politiciennes visant à dénier au PCF son originalité. S’il faut naturellement se référer au non des Français à la constitution européenne, en 2005, il n’y aurait rien de plus illusoire que de penser que cela suffit pour marquer des points lors de ces élections.

Contrairement à ce que croit Mélenchon, ce n’est pas en rassemblent les partisans du non que la gauche de la gauche peut gagner, mais en formulant des propositions audacieuses pour libérer les peuples de l’emprise de l’Union européenne sur leur vie. Le PCF dispose du bagage intellectuel qui lui permet d’imaginer réellement la voie de la libération et, fort de son implantation populaire, malgré son affaiblissement, il peut donner corps à cette exigence de libération.

La question de l’Europe nécessite un vaste débat au sein du parti et il est probable que les différences de point de vue ne seront pas toutes résorbées d’ici les élections. Mais ne nous trompons pas : ces divergences sont les reflet des approches différentes qu’ont les Français eux-mêmes des questions européennes. En ouvrant un grand débat en son sein, en toute transparence, dans les respect des idées des uns et des autres, le Parti communiste français aidera à coup sûr le peuple de France à réfléchir plus avant et à trouver le chemin de son unité.

La toute prochaine décision importante que doit prendre le conseil national nouvellement élu est de désigner un exécutif. Marie-George Buffet a annoncé sa volonté de constituer une coordination de six à huit membres autour de Pierre Laurent. Un nouveau collège exécutif sera sans doute également mis en place. Par delà les qualités et les défauts de chaque postulant, il est clair que, dans la situation pleine d’espérance que nous vivons, la bonne réponse consiste à associer et non pas à écarter.

Quel chemin parcouru depuis le congrès de Martigues, en 2000, avec la présidentialisation du parti combinée avec les abandons et les reniements ! Pourtant, il reste la moitié du chemin à accomplir. La liste présentée par Marie-George Buffet fait la part belle, majoritaire, aux refondateurs, aux huistes, à ceux qui veulent encore et toujours l’abandon du PCF comme ils l’expriment concrètement pour les élections européennes.

Nous voulons participer à la reconquête du PCF, forts du résultat des deux listes alternatives, en nous rassemblant avec ceux qui ont voté la base commune avec la volonté de garder le PCF. Sans a priori, nous devons engager un tour de France, unir toutes les bonnes volontés, appeler les communistes qui ne sont plus adhérents à nous rejoindre, renforcer en masse le PCF pour monter en première ligne du combat de classe contre la droite.

Nous devons être plus que jamais le parti de combat qui agit au développement d’un grand mouvement social et politique dans tous le pays, le parti qui agit pour un rassemblement inédit des ouvriers, employés, techniciens, ingénieurs, cadres, patrons de PME avec les familles pauvres, les couches moyennes en lutte pour leur pouvoir d’achat et leurs conditions d’existence.

C’est aux communistes de la base de prendre le pouvoir, de secouer le cocotier, de se donner une direction représentative et légitime. Nous devons nous organiser nationalement, au sein du PCF non pour le fractionner, le torpiller ou promouvoir des clans, mais pour sa reconquête. Il faut en finir avec les batailles nuisibles d’ego, les attaques personnelles contre-productives qui se développent depuis décembre 2005.

Avec les élus au conseil national, avec les communistes engagés largement sur l’ensemble du territoire de la France, avec les camarades du Pas de Calais, du Nord et d’ailleurs, les conditions sont réunies pour avancer loin, faire basculer le rapport des forces et participer dès que possible à la constitution d’une équipe dirigeante réellement made in PCF, un PCF moderne, à l’aise dans les baskets de son époque.

J’attends vos commentaires, réflexions et propositions pour établir un agenda de travail avant la réunion du conseil national, samedi 10 janvier 2009.

André GERIN

Je veux dire un mot sur la réunion de la commission des candidatures, samedi soir, 13 décembre. Certains dirigeants fédéraux ont tenu des propos médiocres, portant des jugements déplacés sur des camarades pour escamoter le débat politique de fond. C’est le cas notamment du secrétaire du département de l’Hérault, totalement engagé aux côtés de Jean-Claude Gayssot. Le jeu des attaques personnelles n’a d’autre but que de refuser notre démarche unitaire et de donner des gages à ceux qui veulent suivre les refondateurs et les huistes dans leurs actions destructrices. Je reviendrai de manière précise sur cette soirée.

Vos réactions

  • jack freychet 2 janvier 2009 18:14

    Il faut bien sur engager le débat qui permettra de dégager les options qui « permettront de libérer les peuples de l’emprise de l’union Européenne  » qui n’est jamais qu’un avatar de la mondialisation capitaliste avec de tout ce qu’elle induit. Les quelques mois qui nous séparent de l’élection de juin 2009 nous en offrent l’occasion.

    La direction du PCF pense qu’il est possible de la réorienter dans un sens plus social, ce qui est utopique sur les cours et moyens terme et le restera encore longtemps, car il faudrait en modifier les statuts : Un seul pays peut aujourd’hui bloquer toute évolution. Faire sauter le verrou pour aller vers un scrutin européen majoritaire implique des abandons de souveraineté supplémentaires ce qui est à exclure. En outre une telle démarche ne pourrait satisfaire que celles et ceux qui peuvent encore se permettre d’attendre des jours meilleurs. Leur nombre se réduit, le temps presse, les chants désespérés peuvent mener à toutes les aventures.

    D’autres proposent d’en sortir pour retrouver des marges de manœuvre mais s’il est vrai que si dans l’opinion le sentiment de rejet, qui tend à devenir majoritaire, à l’égard de l’union Européenne et de l’euro peut aboutir à un vote sanction il reste que des motivations sont encore floues ; un vote en ce sens génèrerait inévitablement des interprétations du même type que celles qui ont suivi les 55% de NON, bien vite oubliés, au traité constitutionnel : xénophobie, nationalisme etc…

    L’important, dans la conjoncture, est que le PCF retrouve de influence. Il peut y parvenir, non pas en tentant de faire passer des orientations déjà négligées par l’opinion mais en collant aux préoccupations comme aux aspirations des gens qui en ont assez qu’on leur serine en permanence, de droite et de gauche, les bienfaits à venir, d’une Europe en cours de mondialisation qui génère un déclin économique et social dont ils ne veulent pas, mais en leur redonnant la main, pour exprimer leurs choix à partir de questions simples.

    Il est évident que s’il était possible de réorienter l’Europe sur le court terme ce qui précède n’aurait pas de sens dans le cas contraire ne pas proposer d’en sortir serait une erreur doublée d’un suicide politique.

    Pour ma part à la question : « faudrait-il sortir de l’union européenne dans l’hypothèse ou il s’avérerait qu’il soit impossible de la réformer, sur le court terme, pour aller vers le plein emploi et une harmonisation par le haut des protections sociales  » je répondrais OUI sans hésitation. A défaut d’une démarche de cette nature, je m’abstiendrai et retournerai dans la rue pour soutenir les bonnes causes qui viendraient à m’être soumises. Jack Freychet Communiste sans carte et retraité

Revenir en haut