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Mercredi 7 Janvier 20h, Cinéma Gérard Philipe

Un peuple miné par la crise divisé par le Front national

Ciné-débat avec le film Bassin Miné et François Ruffin, journaliste
Dimanche 4 janvier 2015 — Dernier ajout mercredi 7 janvier 2015

Vénissieux fait partie avec Vaulx-en-Velin, Clichy ou Henin-Beaumont des villes qui ont fait la une des médias autant sur les violences de la crise urbaine et sociale, que sur la place du Front National. Mais chaque ville est singulière et Vénissieux a connu ses « étés chauds » dès 1982, ouvrant une période destructrice sur sa « ZUP » et la ville qui allait perdre 20 000 habitants en quinze ans… Et en 1995, le FN devenait la première force politique, frôlant les 30% au deuxième tour. Vingt ans après, le FN est localement affaibli, et un nouveau maire communiste dirige une ville dynamique toujours solidaire et rebelle… Mais rien n’est jamais joué et la crise sociale n’a jamais été aussi brutale…

Suite au score du FN en 1995, le maire communiste, André Gerin, avait fait réalisé une grande enquête sur l’électorat FN, dont les résultats allaient marquer ses choix politiques, prenant à bras le corps toutes les questions du vivre ensemble, du quotidien (la propreté urbaine, la tranquillité…), comme des représentations symboliques (laïcité, place légitime de l’islam dans la république…).

20 ans plus tard, la ville a surmonté cette crise, dans la continuité de son histoire belle et rebelle, son histoire d’immigrations et de luttes, avec une renaissance visible dans le retour de nombreuses familles qui étaient parties de la ville, l’augmentation forte depuis 5 ans de sa population…

Les dernières élections ont traduit cette résistance. Toutes les forces politiques de l’extrême-droite au parti socialiste se sont retrouvées autour d’un slogan « en finir avec 80 ans de communisme », et elles ont perdu ! Le FN avait laissé les identitaires tenter une percée. Leur résultat est à la fois limité, mais inquiétant en montrant que l’électorat FN ne s’embarrasse pas de la « respectabilité » recherchée par Marine Le Pen.

Les militants progressistes savent que rien n’est joué. Le pourrissement de la vie politique nationale se traduit par des élus locaux d’oppositions qui ont franchi toutes les limites républicaines pour se placer délibérément sur le terrain du communautarisme, du clientélisme et du populisme, ouvrant les vannes pour une extrême-droite qui peut à la fois s’appuyer sur ce pourrissement et le dénoncer ! Car s’il faut être anti-communiste, pourquoi ne pas l’être avec les plus extrémistes ? C’est une bataille politicienne permanente qui fait fi du sérieux des services de la ville, mais propage rumeurs et mensonges, et tente d’instrumentaliser toutes les difficultés bien réelles de la vie des habitants pour en faire une colère contre le maire et son équipe.

C’est le rôle historique du fascisme, le meilleur allié des grandes fortunes et des banques quand la crise du système rend la vie insupportable aux peuples et que les gouvernements « classiques » ne savent plus comment diriger. S’appuyant sur les peurs et les haines, sur la concurrence entre couches sociales et pays, il détourne les peuples des responsabilités des classes dirigeantes et surtout du système capitaliste lui-même. La jeune Marion Le Pen n’a pas encore l’expérience de sa tante qui prend bien garde de ne pas soutenir directement les manifestations du MEDEF pour faire croire aux ouvriers qu’elle va les défendre…

C’est l’alliance objective de la droite dite classique et de son extrême. A Vénissieux comme dans d’autres villes, la droite utilise les irrégularités commises par l’extrême-droite pour tenter de faire annuler les élections et retenter sa chance, jouant sur la perte totale de crédibilité de la gauche gouvernementale. Et elle offre une occasion au FN qui annonce sa présence ! C’est la vérité de cette droite Sarkoisée… Comme le capitalisme a retrouvé sa nature violente une fois débarrassée de la compétition avec l’URSS, la droite décomplexée retrouve ses origines versaillaises anti-démocratiques. Le gaullisme qui avait fait le choix d’un compromis avec le monde du travail pour assurer le développement souverain de la France est bien loin !

A Vénissieux, les élus de droite, tout comme les jeunes militants du Front National et des identitaires parcourent les quartiers pour faire grandir l’individualisme contre la solidarité. En mars, pour la première fois, des électeurs exprimaient crument ce qu’est devenu le débat politique pour tous les populismes « qu’est-ce que vous me donnez pour que je vote pour vous »… Le grand patron et maire de Corbeil Serges Dassault, qui distribue des billets sur les marchés pour les élections ne s’est pas trompé, au contraire. Il est au cœur de ce que cherchent à construire droite et extrême-droite, l’organisation de la division dans le peuple pour la mettre en scène comme masque idéologique aux seules oppositions réelles, celles qui confrontent exploités et exploiteurs.

Les communistes, les progressistes, les républicains savent désormais que le fascisme est une option réelle pour le capitalisme, en Ukraine ou en Lettonie, mais aussi en France ou en Italie. L’histoire ne se répète pas et les formes politiques et institutionnelles que cette fascisation peut prendre sont diverses. L’alliance objective entre la technocratie européenne et un Front National qui dénonce l’Europe illustre un fait oublié : Hitler n’a pas pris le pouvoir grâce aux électeurs, qui en 33, venaient de lui faire perdre un million de voix, mais avec une décision d’un chancelier qui ne voyait pas comment construire une majorité de droite autrement ! Ce n’est pas pour rien que Marine Le Pen dit qu’elle peut être premier ministre de Sarkozy ou de Hollande !

C’est sur le terrain du concret que les militants progressistes doivent éclairer, dénoncer, déconstruire, le mouvement de fascisation populaire sur lequel se construit le FN. Et pour cela, il faut se parler en vérité, non dans un débat sur les valeurs, mais à partir des questions du quotidien, des souffrances vécues, et avec les mots de ceux qui sont travaillés par tous les populismes qui surfent sur la crise.

Le journaliste François Ruffin, animant le journal FAKIR, fait partie de ceux qui dérangent le ronron intellectuel, en enquêtant dans les quartiers populaires, dans la classe ouvrière écrasée et surexploitée, et dans cette ville symbole de l’hypothèse FN, Henin Beaumont, la ville ou le pourrissement institutionnel a ouvert la voie à une des victoires symboliques du FN.

Nous vous invitons à le rencontrer pour un débat qui suivra un film choc sur le Front National dans une ville populaire : Bassin Miné, car effectivement, au delà du jeu de mot sur le bassin minier, c’est bien un travail de déminage dont nous avons besoin pour identifier et isoler une par une toutes les « mines » explosives que la crise installe au cœur du monde du travail et des quartiers populaires.

« Bienvenue sur le site de Bassin miné. L’histoire d’une ville du Nord de la France, Hénin-Beaumont, qui s’est donnée au Front national au premier tour des élections municipales de mars 2014. La chronique d’une victoire annoncée, celle de Steeve Briois, l’infatigable bateleur qui a su prospérer sur les failles de ses adversaires. C’est aussi un long voyage aux racines de la désespérance sociale, dans une terre de gauche blessée.

Edouard Mills-Affif, le réalisateur, a filmé depuis douze ans cette spectaculaire et méthodique percée de l’extrême droite. Il dévoile la face cachée et les ressorts de cette stratégie politique qui a fini par porter ses fruits. »

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