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100e anniversaire de la révolution d’octobre 1917

la mémoire de la Révolution d’Octobre 1917 ne se démantèle pas !

Visites des musées de Lénine à Gorki Leninskie et du quartier populaire de Presnya :
par
Jeudi 16 novembre 2017

Dans le cadre du centième anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre 1917, les camarades du KPRF (Parti Communiste de la Fédération de Russie) ont organisé différentes initiatives comme celle du 5/11/2017 avec le fleurissement de la Tombe du Soldat Inconnu et du Mausolée de Lénine où repose le corps embaumé du grand révolutionnaire, puis celle d’un concert de gala avec entre autres les chœurs de l’Armée Rouge en l’honneur de la Révolution et aussi celle du défilé du 7/11. Le lundi 6/11 a été consacré aux visites du musée de Vladimir Ilitch Lénine, de la «  datcha » de Lénine à Gorki Leninskie et du musée du quartier ouvrier de Presnya haut lieu de l’histoire révolutionnaire de Moscou. Ces visites ont aussi été organisées par nos camarades russes pour centenaire de la Révolution d’Octobre. Nous avons pu réaliser combien a pu être difficile et douloureuse la transmission de cette Histoire après le démantèlement de L’URSS en constatant l’éparpillement difficile à suivre des pièces dans les différents musées que nous avons visités. En effet, en 1996, Boris Eltsine qui a donné le coup fatal au régime soviétique aurait donné 3 jours aux descendants de la famille de Lénine pour récupérer les affaires de ce dernier au Kremlin siège de tous les dirigeants soviétiques au pouvoir ! Savoir qu’a été traité de la sorte la mémoire d’un homme politique de cette envergure est une honte ! Ainsi, le recours obligé à des reconstitutions (bureau de Lénine et de ses appartements du Kremlin dont la bibliothèque, le salon, la cuisine, les salles de conférences pour le Conseil des Commissaires du peuple) m’a quelque peu désorientée. L’éclatement des lieux et la dispersion des objets traduit bien la tentative de morcellement, de dissolution de la mémoire soviétique imposée par le pouvoir depuis les années 90. De nos jours les musées travaillent pour faire vivre et revenir cette mémoire dans ses locaux originels du Kremlin. Tous les espoirs sont permis car on assiste depuis quelques temps à une progression du «  tourisme rouge » notamment avec les chinois qui apprécient les lieux de mémoire révolutionnaires russes.

Visite des musées à Gorki Leninskie :

Nous avons pris le bus indiqué par nos camarades du KPRF pour nous rendre à Gorki Leninskie ( pas de rapport avec l’écrivain russe ami de Lénine) qui est une localité de la région de Moscou située à environ 30 km au sud de la capitale. En hommage à Lénine la localité de Vichnie Gorki à pris le nom de Gorki Leninskie.

Arrivés sur place nous avons été accueilli par une guide qui parlait bien le français et dans un premier temps nous avons visité le Musée de V. I. Lénine. Ce musée, dont l’architecture inspire gravité et solennité, a été construit pendant la période soviétique. Il a été restauré en 1987 et est le dernier musée de Lénine créé en URSS à la mémoire du grand révolutionnaire et de la Révolution d’Octobre 1917. Une statue de Lénine nous accueille en haut d’un escalier monumental dans un décor sobre où la couleur rouge rayonne. Le musée est composé de 5 halls dédiés à la première Révolution prolétarienne d’Octobre 1917 et au premier gouvernement des Soviets (le Sovnarkom était le Conseil des Commissaires du Peuple qui avait remplacé le Gouvernement Provisoire de Kérenski à la suite de la prise du pouvoir des Bolchéviks le 25/10/1917 et dont le président était Lénine). Nous avons pu découvrir des photos d’époque, des affiches, des drapeaux, des livres, des manuscrits sous verre signé de Lénine. Nous avons pu observer des décrets et documents officiels comme le traité de paix avec l’Allemagne dit traité de Brest-Litovsk de mars 1918, des documents sur la guerre civile et le communisme de guerre, des contrats économiques des bolchéviks, leurs projets d’électrification du pays, les activités du Komintern et des documents sur la fondation de ce qui deviendrait bientôt l’URSS. Des vitrines exposent de façon chronologique des documents et au dessus une mappe-monde en bas relief dans le mur représente l’URSS et mentionne les dates marquantes. Le problème pour nous a été l’alphabet cyrillique ! Une courte projection vidéo avec effet d’optiques et discours de Lénine nous a aussi été proposé.

Nous avons quitté le Musée de Lénine accompagnés par deux jeunes stagiaires qui nous ont guidé à travers le parc vers la fameuse résidence secondaire («  datcha ») choisie par Lénine, puis nous avons retrouvé notre guide. Une halte casse-croûte nous a été offerte dans le parc par un personnel en tenue d’époque révolutionnaire. Bien qu’il ne faisait pas très froid le bortsch et le thé chaud ont été les bien-venus ! Ce fût un moment bien sympathique. Cette datcha est une sorte de manoir qui a été transformé en musée en 1949 et depuis le Mémorial de Lénine y a été transféré du Kremlin dont son fameux bureau. Décidemment l’exil fera toujours partie de l’histoire de Lénine même après sa mort ! Nous sommes arrivés dans la propriété (300 hectares) composé de différents bâtiments dont le manoir du XVIII ème siècle. Nous avons emprunté des allées bordées d’arbres séculaires. A notre surprise nous avons découvert des pins, un verger avec des pommiers, des ruches, des lilas et même de «  la monnaie du pape » dont nous avons ramené un bouquet et des graines ! La propriété a appartenu à différentes familles de la noblesse puis de la bourgeoisie dont des marchands et des entrepreneurs. Elle a été transformée en un ravissant manoir de style néo-classique de couleur jaune avec un porche à colonnes ioniques qui rappelle la Toscane. Cette propriété a été nationalisée par les Bolchéviks en mars 1918 après la mise en place du premier gouvernement soviétique. Quand le gouvernement bolchévik se déplaça de Pétrograd à Moscou, Lénine choisit cette propriété de Gorki car elle possédait toutes les commodités et technologies les plus modernes de l’époque. Elle était idéalement situé à proximité de la nouvelle capitale et disposait d’un réseau téléphonique indispensable pour son travail. Lénine a été très actif durant ses premières années à Gorki où il recevait beaucoup de camarades, allait à la chasse, aimait rencontrer les habitants locaux et a oeuvré à l’électrification des villages environnants. Il utilisait même une Rolls Royce «  Silver Gold » spécialement équipée de sorte de chenilles pour mieux rouler sur la neige ! Nous n’avons malheureusement pas eu le temps d’aller la voir. Lénine a beaucoup travaillé à Gorki (900 articles et brochures) et l’on imagine combien la quiétude de ce lieu, les grands arbres de ce parc ont pu favoriser sa concentration et son inspiration dans l’écriture. Avoir eu le privilège d’approcher son espace de travail avec ses manuscrits, ses objets personnels, téléphones, ses livres m’a fait ressentir beaucoup de respect. C’est notamment à Gorki, que Lénine a écrit des textes fondamentaux comme «  La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky » (1918) et «  Le gauchisme : maladie infantile du communisme » (1920). En août 1918, une Socialiste révolutionnaire (SR), Fanny Kaplan, tira sur Lénine pour l’assassiner. Il en réchappa mais avait gardé des séquelles importantes et c’est à Gorki qu’il passa sa convalescence avec sa compagne Nadejda Kroupskaïa et quelques membres de sa famille dont sa soeur Maria et son frère Dimitri. Au début, ils ont vécu dans deux pièces modestement meublées dans une aile du bâtiment. Puis, l’état de santé de Lénine s’est progressivement détérioré des suites de ses blessures et d’attaques cérébrales conduisant à une hémiplégie au côté droit. J’ai été touchée de voir les escaliers aménagés spécialement pour son handicap avec des rampes pour qu’il se tienne mieux. Ainsi, en mai 1923 il vint définitivement s’installer à Gorki où il mourut le 21/01/1924. J’imagine avec émotion ce mois de mai 1923 où des lilas en fleurs peut-être embaumaient l’air printanier alors qu’arrivait un Lénine malade qui se savait sans doute perdu. Lénine a été accompagné jusqu’au bout par sa femme Nadejda qui veillait sur lui jour et nuit. Nous avons pu visiter des lieux où se sont passés des moments terribles comme la chambre où il est décédé et où un moulage posé sur un guéridon le représente gisant dans son lit de mort puis la salle de bain avec la baignoire où son corps a été préparé en vue du retour sur Moscou pour les funérailles.

Ce qui a également été déroutant dans ce lieu est la juxtaposition entre deux époques opposées dans leur fondements : des éléments décoratifs du XVIII ème et XIX ème siècle (lustres en cristal, tableaux, porcelaine de Sèvres, meubles de différents styles par exemple Empire…) issus d’un monde révolu, vaincu et des objets issus de la rupture révolutionnaire de 1917 représentée par la mémoire de Lénine de ses travaux, ses livres et effets personnels. Drôle de mélange !

Visite du musée du quartier ouvrier de Presnya :

L’après-midi nous nous sommes rendus en bus puis en métro dans le quartier ouvrier de Presnya à l’ouest de Moscou qui a été à la pointe des insurrections révolutionnaires de 1905 et 1917. Nous avons pu visiter le musée de Presnya et le bâtiment originel en bois où se retrouvaient en 1917 les Bolchéviks de Moscou et où a été reconstitué l’environnement des organisations révolutionnaires comme le comité du district de Presnensky du P.O.S.D.(b) R. (Parti Ouvrier Social Démocrate Bolchévik de Russie) et le Comité militaire révolutionnaire qui y travaillaient légalement en 1917. Deux guides l’un parlant le russe l’autre traduisant en français nous ont accompagné et nous avons pu visiter les reconstitutions des pièces où vivaient Lénine et ses proches au Kremlin dont son bureau et la salle de réunion du Conseil des Commissaires du Peuple que présidait Lénine. Cette salle à la grande table de 12 places où les Commissaires travaillaient a été présentée de façon à ce que le visiteur puisse observer leur environnement de travail comme si la pièce venait juste d’être utilisée par eux (manuscrits, porte document d’époque, tampons, encriers et plumes, machines à écrire, téléphone, carafes et verres et bien-sûr numéros de la Pravda d’époque…) A la vue de tous ces objets ayant servi à l’activité des révolutionnaires j’essayais d’imaginer l’ambiance de travail qui pouvait régner dans cette salle à l’époque où des débats vifs pouvaient opposer de grandes figures révolutionnaires comme Lénine, Staline, Trotsky, Alexandra Kollontaï (première femme d’un gouvernement !). J’ai été aussi touchée de voir la chambre de Lénine spartiate et modeste, sa canne posée contre un fauteuil où il aimait s’asseoir. La pièce était elle aussi présentée de façon a imaginer Lénine et ses proches obligés de fuir en emportant juste quelques effets personnels et oubliant d’éteindre la lumière. J’ai été amusée de voir dans la chambre de sa soeur sur un fauteuil un napperon révolutionnaire brodé du marteau et de la faucille parmi d’autres petits napperons brodés de motifs floraux. Nous avons pu admirer de nombreux tableaux et sculptures sur les insurrections ouvrières et les barricades de 1905, des portraits et scènes de meeting de 1917 entre autres. Puis nous avons déambulé dans une partie du musée destinée à présenter entre autres l’environnement quotidien des moscovites soviétiques des années 60, 70, 80 et j’ai été surprise et heureuse de constater la ressemblance avec le nôtre aux mêmes époques ! Nous avons pu y ressentir un peu plus de légèreté en comparaison du thème grave de la Révolution qui n’avait pas dit son dernier mot car le clou du spectacle nous attendait. Nos guides nous ont laissé dans une pièce où un diaporama immense animé et commenté nous a été présenté. Il s’agissait d’une construction en trompe l’œil avec au devant des figurines formant une mise en scène de la barricade de 1905 du quartier de Presnya où les ouvriers se sont battus contre l’armée et dans le fond une fresque murale représentant la ville au lointain qui s’éclairait à la nuit tombée et où les incendies dû à l’assaut des forces tsaristes se déclenchaient sous nos yeux. Je crois que ce spectacle a vraiment impressionné tous les camarades et nous a fait ressentir un immense respect devant le courage des révolutionnaires de 1905 ! Nous sommes ressortis enthousiastes mais aussi conscient de la tâche immense que représente une Révolution….

Lénine a écrit fin août 1906 dans «  Les enseignements de l’insurrection de Moscou »Â  : « Le changement des conditions objectives de la lutte qui imposait la nécessité de passer de la grève à l’insurrection fut ressenti par le prolétariat bien avant que par ses dirigeants. La pratique comme toujours a pris le pas sur la théorie"…

Donc «  Hourra !!! » aux ouvriers révolutionnaires de 1905 qui ont ouvert la voie à la Révolution d’Octobre 1917 !!!

Si l’événement majeur du XX ème siècle pour la classe exploitée des travailleurs a été la Révolution Russe d’Octobre 1917, l’événement tragique de cette même classe a été le démantèlement dans les années 1990 de l’Union Soviétique qui représentait bien une barricade, un rempart empêchant le déferlement de la barbarie capitaliste. De cela nous pouvons prendre toute la mesure de nos jours où «  l’analyse concrète des faits concrets » s’impose dans toute sa rudesse. Oui, l’Union Soviétique est regrettée par l’immense majorité de la classe ouvrière russe. Retrouver sa mémoire en parcourant les rues, le métro de Moscou, les musées et aussi en parlant tout simplement avec des Russes m’a rempli d’une immense gratitude devant le travail colossal réalisé par les révolutionnaires de 1917. Nous espérons que nos camarades russes pourrons rapatrier la mémoire de Lénine et de la Révolution d’Octobre dans le lieu qu’elle n’aurait jamais dû quitter : le Kremlin.

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