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Compte rendu du 48 e congres de la CGT !

Le mardi 23 mai 2006

Cette analyse me semble inacceptable, surtout pour un site comme celui-ci qui a pris délibérément partie pour le Travail contre le Capital et dont les articles me semblent généralement porteurs d’un véritable caractère de classe.

C’est pourquoi je propose cette contre analyse pertinente qui a été faite par les camarades retraités de la ville de Créteil et qui me semblent résumer les enjeux de ce congrès :

1 °- La direction sortante ne dresse aucun bilan de son activité depuis le 47e congrès. Or l’année 2003 fut celle de la démolition du système de retraites en application des décisions du sommet de Barcelone entérinées par Chirac et Jospin, notamment l’augmentation des annuités de cotisation et l’allongement de cinq ans de l’âge ouvrant droit à la retraite. Pour être efficace, la riposte exigeait la convergence dans l’action des secteurs public et privé que le pouvoir s’efforà§ait d’opposer. Elle n’a pas même été ébauchée. L’échec était donc assuré. La direction de la CGT porte une lourde part de responsabilité dans cette défaite. La CGT accepte en 2004 « le diagnostic partagé » (entre le pouvoir, le patronat et les syndicats), typique de la collaboration de classes et elle accepte de gérer la pénurie, ce que Douste-Blazy appelle « la gouvernance ». Ici encore refus de la CGT de faire converger les luttes. A une très forte majorité le Comité fédéral de la CGT se prononce pour le Non au référendum sur la constitution européenne, le Bureau confédéral, son secrétaire général en tête n’en tient aucun compte et ne tire aucun enseignement de la victoire massive du Non qui désavoue ses atermoiements.

2° Le constat de la situation des salariés et de leurs familles ne reflète pas la gravité extrême de leurs souffrances. Les jeunes savent qu’ils vivront plus mal que leurs parents, toute perspective de construire leur vie leur est déniée, d’où leur révolte. Le chômage, la précarité, les bas salaires, la dégradation constante des secteurs publics de santé, d’éducation, de la Sécurité sociale en général, les privatisations, s’inscrivent dans une stratégie de la résignation que s’efforce de mettre en œuvre le gouvernement et à laquelle souscrivent trop souvent des organisations syndicales en particulier par la priorité donnée à la négociation sur les luttes. Telles sont les raisons majeures de la désaffection des travailleurs à l’égard du syndicalisme. Il n’est plus une arme pour eux. Il est un peu court de dire avec une sérénité (1-29) : « Alors que le chômage s’installe, que la précarité progresse, et que les inégalités se renforcent, le travail subit d’importants changements ». Les travailleurs souffrent de plus en plus de la malfaisance galopante du capitalisme. Le dénoncer c’est pointer du doigt l’adversaire à combattre. Le taire c’est au mieux se résoudre à de précaires aménagements.

3° Le document d’orientation est essentiellement axé sur des problèmes organisationnels qui ne sont pas essentiels et n’expliquent en rien la « crise  » de recrutement du syndicalisme. Le caractère descriptif du document d’orientation vise à éluder le dilemme de fond : Syndicalisme de lutte ou syndicalisme de collaboration de classes. Il rompt avec ce qui constitue la raison d’être historique et toujours actuelle du syndicalisme CGT : la contradiction inconciliable entre les intérêts du patronat, des actionnaires, bref ceux du capital et ceux des salariés. La lutte des classes qui devrait être le fil rouge de ce document est évacuée. S’agissant du renforcement de la CGT (1-59) il est fait silence sur sa mission fondamentale : être l’écho et le moteur des revendications sociales. Il ne s’agit pas de « peser sur les directions des groupes » (1-97) mais de les combattre. Ce n’est pas la voie prise. Le document se prononce (11-151) pour des « entreprises socialement responsables », c’est un voeu pieu ! Comme s’il était dans le souci du capitalisme d’assurer des responsabilités sociales et non de faire du profit, toujours plus de profit et de satisfaire la voracité de dividendes des actionnaires sans se préoccuper de leur nature ni de leur poids. Cet appétit de profits qui se nourrit de l’exploitation du monde du travail est plus que jamais une réalité vécue. Les producteurs de richesses voient leur part de plus en plus réduite pendant que s’accroît celle de leurs exploiteurs. Alors que se déchaîne sur le monde la déferlante du capital, ce qui importe c’est de rassembler le monde du travail dans une lutte sans concession contre les exploiteurs.

4° Certes le document d’orientation fait une description assez exacte de la réalité mais il n’en fait presque jamais l’analyse qui est cependant le fondement de toute stratégie. Il se rallie à une union syndicale européenne (CES) sans la moindre critique de ses positions cogestionnaires et réformistes et il envisage même une fédération mondiale sans donner les conditions anticapitalistes et de classe de sa réalisation. Or l’union n’est pas un but, une fin en soi, elle n’est qu’un moyen. Sur la définition du but, libérer le travail de son exploitation, le document est tout à fait muet.

Pour toutes ces raisons, le document d’orientation ne répond pas aux aspirations et aux besoins du monde du travail, Il n’est ni rassembleur ni combatif. II ouvre même la voie à un syndicalisme de partenariat avec le Capital.


Je tiens à rappeler également que les délégués à ce congrès ont été filtrés selon une méthode particulièrement antidémocratique : des camarades normalement élus délégués ont même été empêchés d’y participer selon des critères que seule la direction nationale connaissait (tiens, cela me rappelle un autre congrès qui s’est tenu récemment…). Les résultats des votes sont donc conformes à ce trucage. Tout cela traduit simplement une volonté délibérée de la direction nationale, parallèlement à celle du PCF, de mener la CGT sur les chemins du réformisme ou de la collaboration de classe : à savoir que la lutte contre le capitalisme n’est plus à l’ordre du jour… L’outil CGT est donc particulièrement émoussé !

A ce propos, il est bien de rappeler les termes combatifs de la Charte d’Amiens (1906) :

"La C.G.T. groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat. Le Congrès considère que cette déclaration est une reconnaissance de la lutte des classes qui oppose, sur le terrain économique, les travailleurs en révolte contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression, tant matérielles que morales, mises en œuvre par la classe capitaliste contre la classe ouvrière. Le Congrès précise sur les points suivants cette affirmation théorique : Dans l’œuvre revendicatrice quotidienne, le syndicalisme poursuit la coordination des efforts ouvriers, l’accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d’améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l’augmentation des salaires etc. Mais cette besogne n’est qu’un côté de l’œuvre du syndicalisme ; il prépare l’émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste ; il préconise comme moyen d’action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera, dans l’avenir, le groupement de production et de répartition, base de réorganisation sociale. Le Congrès déclare que cette double besogne, quotidienne et d’avenir, découle de la situation des salariés qui pèse sur la classe ouvrière et qui fait à tous les travailleurs, quelles que soient leurs opinions ou leurs tendances politiques ou philosophiques, un devoir d’appartenir au groupement essentiel qu’est le syndicat".

Pour un bon résumé du congrès, voir le site ouvalacgt : http://ouvalacgt.over-blog.com/

Pascal Brula

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