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Rencontres internationalistes 2012

Traduire les exigences populaires en projets politiques pour une vraie alternative

Intervention de Hussein Sabah (PC du Liban)
Mercredi 11 septembre 2013 — Dernier ajout jeudi 24 septembre 2020

Liban

  • Pour terminer le tour du Moyen Orient on va demander à Hussein Sabah qui est le représentant du PC au Liban, aux 1res loges en l’occurrence, de nous expliquer la situation de son pays.

Hussein Sabah

Bonsoir.

Déjà je vous remercie de m’avoir accueilli pour la 3e fois parmi vous.

Chers amis, chers camarades, nous vivons actuellement une crise majeure. C’est la crise de la civilisation du capitalisme et du libéralisme. C’est la crise du système qui a essayé, depuis plus de 3 décennies, de se poser comme étant le seul choix devant l’humanité. Voilà pourquoi tous les moyens devraient être utilisés pour y faire face. Les outils, les moyens sont nombreux, ainsi que la volonté qui devrait être déployés. Ce système a déformé beaucoup de vertus et de valeurs en les manipulant à sa faveur afin de régner sur l’ensemble du monde.

Beaucoup de guerres ont éclaté, très nombreuses sont les victimes de ces guerres de la propriété qui a déployé avec ce régime capitaliste qui produit des armes et de la famine plus que de la nourriture. Plusieurs régions et coins du monde ont été touchés par les conséquences de ce système. Notre région, le Moyen Orient est l’un des témoins les plus sérieux.

Le Moyen Orient passe en ce moment dans une turbulence d’instabilité issue d’une longue durée de gouvernance tribale et militaire qui a mis la question de la démocratie et du développement dans une situation déformée. Si on ajoute la politique et l’influence extérieure incarnées par la politique américaine, nous trouvons que la politique nationale menée par ces gouvernements a mis les peuples devant une impasse inévitable. Nous avons vécu un grand mouvement populaire dans la rue dans plusieurs pays. Ces mouvements se sont pas encore finis. Et encore ont besoin des aides et des solidarités pour traduire leurs exigences en projets politiques qui peuvent créer une vraie alternative.

Aujourd’hui, après le début de ces mouvements populaires, arrivent le moment de la récupération et de la déviation de ces mouvements. Dans des pays où la dictature a gouverné pendant longtemps toute notion de vie politique a disparu du quotidien des masses. Ce vide a été facilement récupéré par des groupes opportunistes basés surtout sur 2 critères : la religion et l’économie. Et lorsque ces 2 critères se réunissent dans une seule formation, c’est le cas par exemple de la Tunisie et de l’Egypte, on voit des mouvements islamiques comme les Frères musulmans arriver au pouvoir. Mais ce n’est pas la fin de la marche. Ce n’est que le début, les luttes continuent tous les jours. Que ce soit en Tunisie ou en Egypte, toutes les semaines il y a des grèves, des manifestations. Et là , je m’arrête sur les Frères musulmans en Egypte qui essaient depuis leur arrivée au pouvoir de tout faire pour plaire aux USA et aux Israéliens en envoyant un nouvel ambassadeur à Tel-Aviv et en déclarant qu’ils respecteront le traité de paix malgré que ce traité de Camp David, n’est pas en faveur de l’Egypte.

D’autres exemples sur les interventions de la déviation des mouvements populaires, c’est les interventions militaires étrangères axées sur 2 bases. La 1re c’est l’intervention dans un but économique pour protéger ou récupérer les nouvelles ressources en matière grise comme le cas de la Libye ou le Barhein et puis d’autres interventions ont pour but de protéger les USA.

Aujourd’hui, dans les médias on ne parle plus de la guerre qui se déroule toujours en Libye. Notamment dans la ville de Bani Walid où toute une ville est assiégée et les morts tombent tous les jours. L’essentiel est fait, le pétrole est déjà protégé par l’Otan. On ne parle plus, d’ailleurs on n’a jamais parlé de la révolte au Barhein où toutes les semaines des milliers de personnes manifestent, où toutes les semaines des arrestations, des blessés et parfois malheureusement des morts. Sans oublier le rôle de l’armée de l’Arabie Saoudite qui a envoyé au Barhein ses troupes militaires pour étouffer la révolte pacifique. Et là aussi je m’arrête pour dire que les médecins qui s’occupaient des blessés de l’oppression militaire ont été arrêtés au Barhein et ils ont été accusés d’avoir aggravé les blessures, voire tué des blessés pour accuser le régime. Ils ont été condamnés à 7 à 10 ans de prison.

Finalement on arrive à la Syrie qui est partie d’une révolte populaire, d’une aspiration à la liberté contre une dictature sanglante pour devenir une guerre mondiale où la dictature mène un combat contre les miliciens soutenus par les Américains et les monarchies du Golfe où on peut trouver tous types de djihadistes. Résultat, une Syrie anéantie et détruite. Et bien sûr, c’est le peuple syrien qui paie la lourde facture. C’est l’aspiration à la démocratie qui est la grande perdante. Et on craint sérieusement, si les position d’une part, de la Russie, d’autre part des USA, restent statiques on craint une longue guerre civile en Syrie.

Ce n’est pas la démocratie qui est recherchée mais plutôt l’affaiblissement de l’Iran et du Hezbollah libanais qui constituent une partie importante de la résistance armée contre les USA. Dans ce contexte, la population libanaise subi le même clivage syrien entre la coalition du 14 mars qui œuvre sous ordre de l’Arabie Saoudite pour la chute du régime syrien et le Hezbollah et ses alliés qui se trouvent sans autre choix que de défendre le régime en place.

Le PCL, Parti communiste libanais, refuse ce bipartisme majoritaire et ne peut que soutenir l’aspiration à la démocratie du peuple syrien. Mais en même temps le PCL ne peut pas cautionner l’opposition à la botte des USA et au Qatar. Cette opposition, à plusieurs reprises, a déclaré son hostilité à la résistance et le seul moyen de récupérer les terres occupées passe par la négociation. La négociation, un chemin qui a déjà été essayé et a abouti à nulle part, exemple, Palestine, Cisjordanie. Et d’ailleurs, la question de la négociation, c’est le fameux jeu du régime actuel, parce que je rappelle, le Golan syrien est occupé depuis 73 (coupure de l’enregistrement )

… maintenant un tir de kalachnikov, qu’on a entendu sur ce front et voilà . La seule différence, c’est que le régime syrien soutient effectivement des résistances d’antan. De ce fait, le PCL se retrouve à mener avec les groupes de syriens une lutte pour essayer d’imposer une 3e voie qui est celle de la cohabitation, de la démocratie et de la résistance. D’ailleurs, ce n’est que le courant employé par Jammoul, le front de résistance national libanais lancé le 16 septembre 82 par les communistes libanais après l’invasion israélienne au Liban qui est, à son tour, la réplication du slogan historique du PCL «  pays libre et peuple heureux ».

Chers camarades, il nous apparaît urgent et même possible de développer une nouvelle stratégie économique, politique, sociale et culturelle pour une nouvelle alternative qui engage notre monde sur la voie du changement, vers une nouvelle civilisation plus humanitaire. Oui, une nouvelle civilisation libérée des stratégies de domination, de l’aliénation culturelle et économique et visant à une dynamique du partage et de coopération entre les peuples pour un futur assez viable de dignité et de solidarité.

Je veux juste rebondir sur quelques points. Comme je disais, certes, le régime syrien a soutenu et soutient la résistance libanaise et pareillement la résistance en Palestine mais il faut pas oublier qu’en 76, le régime syrien est entré au Liban afin d’écraser le mouvement de révolution palestinien et libanais qui luttaient contre les Israéliens, soutenu d’ailleurs par les Américains.

Certes, il y a eu un printemps arabe, un printemps de Damas en 2003, il y a eu une ouverture mais, ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que 6 mois plus tard, tous les gens qui prenaient la parole étaient dans les prisons. Certes, il y a eu une ouverture économique mais c’était surtout des privatisations et ce sont les gens qui tournent autour du régime qui se sont enrichis et la grande totalité du peuple s’est appauvri.

Non, ce n’est pas vrai que les gens qui se sont manifestés avant la militarisation du conflit étaient tous des drogués. Non, il y avait des écrivains, des étudiants. C’était une vraie aspiration à une démocratie et qui a été réprimée malheureusement par le sang. Je m’arrête ici, merci.

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