Les manifestations de ces dernières semaine sont instructives sur la nécessité d’un syndicalisme fort, organisé, porteur de l’intérêt général des milieux populaires, capables de mobiliser de larges forces sociales, dans des mouvements maitrisés contre les provocateurs et casseurs de toute sortes.
La place prise par la CGT dans les cortèges était essentielle. Les jeunes dans leur grande masse ne s’y trompent pas quand il s’agit de rechercher une aide pour l’organisation, le service d’ordre… Et même la police dont a vu à Lyon le 19 Octobre certains agents se parer de badges CGT pour faire des interpellations « coup de poing » dans la foule place Bellecour.
Chacun voit aussi la nécessité d’aller beaucoup plus loin dans un rassemblement de masse, capable de mettre dans la rue encore plus de monde, capable de mettre en grève des millions de salariés. La grève par procuration a ses limites, le pouvoir le sait bien qui fait chaque jour une évaluation précise du rapport de forces, ce qui n’a bien sûr rien à voir avec la bataille médiatique des chiffres de manifestants.
De ce point de vue, les débats internes à la CGT sur l’évolution d’un syndicalisme de classe vers un syndicalisme « rassemblé », d’un syndicalisme de combat vers un syndicalisme de « proposition », sont utilement éclairés par le mouvement. Car nous sommes confrontés à la nécessité absolue d’éviter et le piège de la recherche du compromis, qui ne peut que démobiliser des travailleurs qui n’en peuvent plus des reculs sociaux, et l’isolement jusqu’au boutiste des plus mobilisés perdant le lien réel avec la majorité du peuple.
De ce point de vue, il faut noter le comportement tout à fait singulier du syndicat SUD à Lyon. Dans la manifestation du 12 Octobre, ils avaient choisi de ne pas être dans le cortège, mais sur les trottoirs pour « haranguer » les manifestants sur un seul slogan « grève générale, grève générale, grève générale ». On ne faisait plus bien la différence avec les multiples groupes politiques qui utilisent les manifestations pour se faire voir.
Et ce mardi 19, le cortège Sud a organisé la recherche de l’affrontement avec la police, faisant bloc face à la rangée de CRS fermant la rue de la république, alors que le plus gros de la manifestation était terminée, et qu’il était essentiel d’aider les jeunes et lycéens à terminer la manifestation sans laisser de places aux provocations de casseurs ou de policiers.
Ce syndicat s’est ainsi montré de plus en plus clairement comme le continuateur de ceux qui rivalisait de slogans en 68 avant de rejoindre ensuite les lambris de l’union européenne ou les ors médiatiques, de ceux qui sont « passés du col Mao au Rotary Club ».
Le mouvement populaire doit en prendre conscience et s’organiser de manière autonome sur des bases de classe et de masse, formule ancienne dont on voit qu’elle était porteuse d’une vérité profonde, d’une condition de la victoire pour les milieux populaires.