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Elections Municipales 2014

Vénissieux, un pole de résistance dans une métropole de droite

Vendredi 4 avril 2014 — Dernier ajout dimanche 13 décembre 2020

Vénissieux, contrairement à tant de villes de la première couronne Lyonnaise, a résisté à la vague bleue, avec une droite qui, au total, avec son extrême ne progresse que de 2,8% sur 2008, nettement moins qu’au niveau national (+4,63%). Elle perd même de l’ordre de 500 voix sur 2008 en tenant compte de la part du Modem dans une liste de 2008 [1]… Notons cependant que c’est la droite qui progresse le plus entre les deux tours, gagnant 416 voix sur le total UMP-UDI du 1er tour. La polarisation de la bataille électorale autour du slogan commun au PS, à l’UMP et au FN « en finir avec 80 ans de communisme » a clairement favorisé la droite.

Celà dit, à Vénissieux, ce n’est pas une vague bleue, et le bleu marine est contenu, l’identitaire fasciste Lyonnais Gabriac a perdu son parachutage à Vénissieux et n’est pas élu.

Si l’abstention au 1er tour progresse de 51,7 à 55,7 % (+4% égal à la moyenne nationale), ce qui représente 1624 abstentionnistes de plus sur 2001 et 2829 sur 2008, les votants, dans une période de développement de la ville, restent autour de 13000, les exprimés ne baissent que de 361 (-2,8%) sur 2001. De fait, l’abstention à Vénissieux reste en dessous de celle de nombreuses villes populaires de banlieue (à plus de 58 %, on trouve Villiers le Bel, Vaulx-en-Velin, Bobigny, St-Denis, Aubervilliers, Vitry, Sarcelles, Roubaix, Clichy…), et contrairement au niveau national, elle baisse de 3,34% entre les deux tours. Si la campagne a pris des formes délétères, le fait est que de nombreux Vénissians se sont mobilisés pour le choix de leur maire.

La liste 2014 dirigée par le PCF mobilise 67 % du vote d’union de la gauche de 2008 et 73% du vote d’union de la gauche de 2001… La tête de liste socialiste peut se répandre dans les médias pour rassurer ceux à qui il a tant promis pendant des semaines de mensonges, le rapport de forces à gauche est clairement en faveur du PCF. La proposition faite avant la campagne par le PCF d’accorder 1/3 des élus au PS sur une liste d’union correspondait bien aux votes des Vénissians.

Si la campagne de l’entre deux tours a été très vive, et si le parti socialiste a refusé de respecter la fin de la campagne, poursuivant sa mobilisation dans certains quartiers jusqu’à animer l’entrée des bureaux de vote, l’effet sur la mobilisation pour le 2e tour est réparti sur trois listes.

  • C’est la droite qui progresse le plus, Girard gagnant 1214 voix, 416 sur le total UMP UDI du premier tour. A noter que ce n’est pas le cas dans le centre ville, où le candidat UMP ne retrouve pas toutes les voix de l’UDI, la personnalité du candidat Iacovella soutenue par l’UDI, étant finalement peu associée par ses électeurs proches à une bataille politique contre la majorité municipale.
  • C’est ensuite Michèle Picard qui gagne 1204 voix, 401 voix sur le total avec Marie Seeman et l’ancien adjoint Eleazar Bafunta, dont plusieurs colistiers ont appelé à voter Picard au deuxième tour. Ces gains se font dans tous les quartiers, notamment aux Minguettes ou elle gagne 313 voix
  • Enfin, la liste socialiste gagne 928 voix, 300 sur le total des deux listes socialistes du premier tour, mais avec de très grandes différences selon les quartiers, avec un record à Paul Langevin ou le gain est de 130 voix, gagnant au total 500 voix dans les quartiers des Minguettes, mais perdant partout ailleurs dans la ville, notamment dans le centre et dans les quartiers historiques du parti socialiste, au Moulin à Vent.
  • A noter que l’extrême-droite grignote 11 voix aux Minguettes, mais perd au total 53 voix, et 56 dans les quartiers historiques du FN, Parilly et Charréard. Sans doute un transfert sur un « vote utile anti-communiste » pour Girard.

Ces élections ont pris un tour clairement politique sur les enjeux nationaux. Certains répétaient avant le premier tour « attention,ce sont des élections locales, les électeurs vont voter pour leur maire, qu’il connaisse, pour des questions locales… » Or, la tendance nationale est clairement, surtout au deuxième tour, une expression de refus de la politique menée par le gouvernement, une « claque au pouvoir en place », qui s’est d’ailleurs traduite par une tentative [2] de changement de gouvernement.

Nationalement, c’est la droite qui tire les marrons du feu, laissant prospérer le FN dans le Vaucluse et le Var où se trouvent l’essentiel de ses succès, en dehors de la très médiatique Henin-Beaumont ou le PCF a malheureusement depuis les législatives délaissé le combat populaire dans une fuite institutionnelle…décidant au dernier moment de se rallier à un PS pourtant rejeté massivement.

C’est clair dans le Rhône, l’électorat qui avait porté le FN a plus de 40% à St-Priest aux cantonales 2008, ne fait que 22% au premier tour de ces municipales, et se retrouve à 14%au deuxième tour, donnant donc la moitié de ses voix à l’UMP, lui permettant ainsi de prendre la ville…

La droite a ainsi balayé tout l’Est Lyonnais, à l’exception de Vaulx-en-Velin [3], Bron et Vénissieux. Comme le fait remarquer le maire de Villeurbanne, que certains croyaient en difficulté face aux verts qui lui avaient pris un canton en 2008, Gérard Collomb aurait sans doute du mieux écouter les communes concernées par ses grands projets, à Décines, Mions ou Chassieu. Ajoutons Pierre-Bénite ou le projet de TOP n’a pas du aider les communistes malgré leur bataille pour défendre la ville, bataille sans doute mise en difficulté par le sentiment qu’on votait tout autant pour la métropole que pour la commune.

Car c’est la deuxième leçon Lyonnaise, le projet de métropole était bien un projet politique de droite, et c’est la droite qui en tire profit. Ce n’est alors pas un hasard si la droite marque le pas à Villeurbanne et à Vénissieux, les deux villes dont les maires se sont exprimé de manière critique sur ce projet de métropole tourné contre les communes. Gérard Collomb fait la sourde oreille et pense qu’il peut faire comme si rien ne s’était passé, mais tout le monde doit savoir que ce n’est pas possible.La droite fera tout pour transformer sa victoire de 2014 et préparer les prochaines échéances. Pour se concilier ses faveurs dans une majorité encore plus à droite, Gérard Collomb devra lui donner toujours plus de gages, autant sur la réduction des dépenses publiques sociales, que sur la priorité aux villes de droite… L’objectif d’une équité territoriale dans la gestion de l’agglomération s’éloigne…

Le résultat Vénissian montre ainsi des points forts et des points faibles. Il ouvre une nouvelle période dans laquelle les communistes, les progressistes, les républicains peuvent reconstruire ou renforcer des liens politiques et citoyens partout dans la ville. Ce sera l’enjeu des prochains conseils de quartier, des luttes sociales comme le prochain rendez-vous contre les expulsions au tribunal administratif, et du travail municipal qui doit toujours plus largement s’ouvrir aux Vénissians.

[1avec une tête de liste dirigeant une liste modem-verts, passé sur la liste du PS en 2014

[2bien maladroite et contre productive pour la gauche…

[3Michèle Picard a transmis à Bernard Genin un mot de soutien lors d’une assemblée combative faisant le bilan de la campagne. La bataille des militants communistes vaudais les a porté presque à égalité avec un parti socialiste qui avait pourtant fait alliance avec la droite. A Vaulx, la gauche fait 2x40%, gagnant 5% sur 2008… autant dire que c’est bien la droite qui a donné le coup de main au PS pour prendre la ville…

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