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Analyse des trois principales causes de la subversion et de la désintégration de l’Union soviétique par un communiste chinois

Vendredi 31 décembre 2021

L’URSS et un mois auparavant (précision qui a une importance évidente) le Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS) [1], ont été dissous il y a 30 ans !

La presse organique du régime français -presse et régime qui plus est largement inféodés aux États- Unis d’Amérique (le chef de file du capitalisme-impérialiste) - étant détenue par de grands capitalistes soucieux avant toute autre considération de leurs intérêts, il est vain d’espérer de leur part pouvoir un tant soit peu être éclairé sérieusement sur l’explication des causes réelles de ces événements historiques dramatiques qui furent lourds de conséquences négatives pour les peuples, en premier lieu les peuples de l’Union soviétique [2]. Il n’y a rien à attendre non plus de la part des chercheurs organiques au régime…

Face à ces obstacles, le texte suivant écrit par deux communistes de Chine a attiré mon attention car il représente une contribution marxiste communiste à la compréhension des causes de la destruction de l’URSS. Une autre raison qui m’a motivé à le publier est qu’il aide les camarades communistes francophones à comprendre comment des camarades chinois expliquent ce désastre.

Le texte de Enfu Cheng et Zixu Liu publié ci-dessous a d’abord été publié sur le Site Histoire et société de Danielle Bleitrach [3]. Mais il l’a été sous la forme d’une traduction automatique très approximative et non relue du chinois en français. J’ai donc demandé au camarade Jean-claude Delaunay* qui l’avait fait connaître à Danielle Bleitrach de m’envoyer l’article original en chinois : Enfu Cheng and Zixu Liu. 2017. “The Historical Contribution of the October Revolution to the Economic and Social Development of the Soviet Union—Analysis of the Soviet Economic Model and the Causes of Its Dramatic End.” International Critical Thought 7 (3) : 297-308.程恩富、刘子 旭:《---- 苏 联 经 济 模式的分析和其戏 剧 性性终 结 的的原原 因因》》,,《《国国际 思思想想评 论 》》,, 第第7 卷,

2017 年第3 期:十月革命100 周年专 栏 。。

Jean-claude Delaunay vit en République populaire de Chine et se trouve en relation avec les auteurs de ce texte]

Une fois reçu, je l’ai retraduit à l’aide des deux outils de traduction DeepL et Google Translate. Comme précédemment relativement à une longue contribution traitant du même sujet [4], j’ai procédé de la façon suivante. J’ai comparé entre eux les passages traduits en français par les deux outils de traduction. Puis dans un certain nombre de cas, lorsque je n’étais pas pleinement convaincu du résultat, j’ai traduit un même passage du chinois en allemand et ainsi j’ai pu comparer le sens obtenu en allemand comparativement à celui obtenu en français. Une fois parvenu à saisir du moins globalement ce que l’auteur chinois a voulu signifier et me basant sur ma connaissance de la question abordée, j’ai pu, je pense, obtenir un résultat lisible et relativement satisfaisant. Le lecteur en jugera.

Je restitue, ici, une partie de l’avertissement de Danielle Bleitrach : « Voici l’article très important que m’envoie jean-claude DELAUNAY assorti des commentaires suivants : “C’est la traduction en français d’un article du communiste chinois Cheng Enfu, sur les causes de l’effondrement de l’URSS. Cet article est, selon moi, “un document” et il mérite d’être publié en tant que tel, même s’il n’a pas le statut de l’officialité.” TOUT A FAIT D’ACCORD ET SON IMPORTANCE ME PARAIT TELLE QUE JE PENSE QU’IL DEVRAIT ÊTRE REPRIS PAR DE NOMBREUX SITES ET OUVRIR A LA DISCUSSION PARTOUT. D’AILLEURS AUJOURD’HUI IL N’Y AURA PAS D’AUTRES TEXTES PUBLIÉS MÊME SI NOUS AVONS DE NOMBREUX

TEXTES IMPORTANTS EN ATTENTE ; (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société) Certes, Cheng Enfu est un individu et cet article reflète sa pensée ainsi que l’état de sa connaissance et de sa réflexion sur le sujet. Cet académicien à la retraite est, en Chine, le chef reconnu d’une école marxiste vigoureuse, active. Il n’a pas hésité, par exemple, à faire connaître au gouvernement son opinion personnelle sur le fait que les inégalités en Chine devaient être combattues et que l’influence du secteur privé tendait à être trop grande.

Cela étant dit, le marxisme ne fonctionne pas, dans ce pays, comme il fonctionne en France. Il y est davantage l’expression d’une pensée collective. Cet article chinois d’analyse des causes de la chute de l’URSS est donc doté d’une plus grande probabilité d’exprimer une conviction générale que cela ne serait s’il avait été écrit par un Français. C’est bien un document même si ce n’est pas une publication issue d’un ministère [5]. »

Notes :

  • Le 25 avril 2005, Vladimir Poutine qui n’est pas communiste, mais une sorte de figure bonapartiste russe, a prononcé les mots suivants dans son adresse annuelle à l’Assemblée fédérale : « il faut reconnaître que la chute de l’Union soviétique fut une immense catastrophe géopolitique du siècle ». http://jeanrobertraviot.com/boris-eltsine-fiche-biographique-2/#_ftn1

Le choix de la photo d’illustration de l’article chinois traduit et partagé me revient, ainsi que la légende. Les caractères mis en gras sont également de ma responsabilité comme l’insertion de liens et/ou de notes précédés d’astérisques…

Analyse des trois principales causes de la subversion et de la désintégration de l’Union soviétique

L’un des événements historiques les plus importants du XXe siècle a été le bouleversement de l’Union soviétique et des pays socialistes d’Europe de l’Est. Au cours des 30 dernières années, divers cercles au pays et à l’étranger ont mené de nombreuses discussions sur les causes des changements radicaux et de la désintégration de l’Union soviétique, fournissant de riches résultats de recherche. Cependant, même dans l’intelligentsia marxiste, aucun consensus n’a été atteint sur la question de savoir quelle a été la raison principale. Cette année marque le trentième anniversaire du bouleversement et de la dissolution de l ‘Union soviétique (le Parti communiste russe a souligné que l’Union soviétique a été renversée et détruite par l‘évolution pacifique de l’ ensemble intérieur et extérieur du groupe de traîtres dirigé par Gorbatchev, et non pas par le bouleversement et la dissolution automatiques ou naturels du système économique et politique socialiste), ce qui est une expression objective et précise. Les conséquences politiques, économiques et sociales de l’évincement du du Parti communiste de l’Union soviétique [PCUS] de l’arène dirigeante et son impact négatif sur le développement mondial ont dévoilé entièrement leur visage. Il est donc nécessaire de réexaminer et d’analyser objectivement les principales raisons de l’effondrement de l’Union soviétique. Cela a non seulement une valeur académique importante, mais il est également extrêmement important pour les marxistes de tous les pays de s’engager dans des mouvements socialistes réalistes, en particulier afin de renforcer la construction du Parti communiste chinois au pouvoir et de consolider sa position au pouvoir.

I. Les trois principales causes du changement dramatique et de la dissolution de l’Union soviétique

En ce qui concerne les causes du changement dramatique et de la désintégration de l’Union soviétique, parmi une grande quantité de documents en langues étrangères et de résultats de recherche, nous avons retenu quatre catégories principales : premièrement, les réflexions des anciens dirigeants du Parti communiste de l’Union soviétique ; deuxièmement, l’analyse du Parti communiste et des forces de gauche dans les pays de la CEI ; troisièmement, l’analyse des universitaires des pays de la CEI ; et quatrièmement, les études des universitaires dans les pays occidentaux et en Chine. L’auteur estime qu’il y a des raisons à la fois idéologiques et organisationnelles au changement dramatique, à la désintégration de l’Union soviétique et à la perte de la position dominante du Parti communiste de l’Union soviétique. La cause politique fondamentale fatale a été la trahison du marxisme et du socialisme scientifique par le groupe dirigeant du Parti communiste de l’Union soviétique dirigé par Mikhail Gorbachev.

1) Causes idéologiques : le reniement excessif de Staline et la stratégie occidentale d’évolution pacifique ont déclenché une longue période de confusion idéologique, que la théorie idéologique rigide et les système et mécanisme traditionnels de propagande et d’éducation pouvaient difficilement éliminer de manière opportune et efficace.

Premièrement, la confusion idéologique déclenchée par le reniement excessif de Staline par Khrouchtchev. « Le 20e Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique a porté un coup à l’Union soviétique qui ne pouvait être réparé. C’était le premier pas pour saper la légitimité de l’État soviétique. [1] »

« Auparavant, l’Union soviétique officielle avait fait tout son possible pour rendre les idées et la politique de Staline attrayantes, tandis qu’après le 20e congrès du parti communiste de l’Union soviétique, elle a dénoncé et condamné Staline autant que possible. Le changement était si important qu’il a semé la confusion dans l’esprit des gens. Le 20e Congrès du PCUS a en fait provoqué une division de la pensée sociale en deux camps : les staliniens et les anti-staliniens [2]. »

Le groupe des sceptiques marxistes et socialistes est progressivement devenu l’épine dorsale des intellectuels et des cadres libéraux au cours des décennies suivantes, répondant aux principes de « démocratisation » et d’ « ouverture » des réformes de Gorbatchev et les soutenant.

À l’occasion du 50e anniversaire du 20e congrès du parti communiste de l’Union soviétique en 2006, Gorbatchev a déclaré dans une interview donnée à un journaliste du journal « Rossiyskaya Gazeta » : « Les résolutions du 20e congrès du parti communiste de l’Union soviétique m’ont vraiment secoué, sachant qu’à l’époque j’étais encore un jeune homme. Je venais de terminer mes études universitaires en 1955 et je suis arrivé à Tavropol. Après 7 jours de stage au Parquet du territoire de Tavropol, mes supérieurs m’ont demandé de diriger le département de propagande du Comité du territoire de Tavropol de la Ligue de la jeunesse communiste.

En février 1956, le 20e Congrès du parti communiste de l’Union soviétique s’est tenu. J’étais pour ainsi dire un communiste convaincu, et ce par mes ancêtres. Je suis entré dans le parti lors de ma 10e année scolaire [il adhère au parti communiste en 1950. M.A.] et j’ai même écrit des compositions qui louaient Staline. Après que le livre rouge du rapport Khrouchtchev ait été publié en 1956 pour transmettre son esprit aux membres du parti, nous avons dû nous rendre dans chaque comité de district pour expliquer les faits choquants qui dépassaient de loin notre compréhension [3]. Certains Russes en ont conclu que : « Khrouchtchev avait détruit les piliers de l’esprit national, que Brejnev ne l’a pas réparé, mais s’est contenté de colmater les fissures avec de la peinture rouge, et que Gorbatchev et Eltsine ont creusé des trous dans les fissures de sorte que l’édifice s’est finalement effondré [4]. »

Deuxièmement, le chaos idéologique provoqué par l’évolution pacifique de l’Occident. Pendant la guerre froide, les pays occidentaux dirigés par les États-Unis ont lancé une guerre psychologique totale contre l’Union soviétique. En 1975, la CIA a participé à la publication de plus de 1 500 livres sur l’Union soviétique sous diverses formes. Il y a eu beaucoup de livres qui dénigraient Staline, et les Américains étaient heureux que Khrouchtchev ait créé un précédent pour nier Staline. L’utilisation de livres et de périodiques pour propager la propagande antisoviétique a également été activement menée en Occident, en particulier aux États-Unis. Dans le cadre de la propagande américaine, l’Union soviétique était qualifiée d’ « empire du mal » et considérée comme un vaste camp de concentration où les gens étaient conduits à vivre sur l’archipel du Goulag pour le moindre problème ou le moindre mot qu’ils disaient qui ne devait pas être dit [5].

Le cinéma est devenu un moyen de propagande plus vivant pour les Américains, donnant naissance à une Amérique ultra-high-tech et super intelligente, et en même temps créant potentiellement une image russe « arriérée et primitive ». Après l’arrivée au pouvoir de l’administration américaine Carter, qui a déclaré que la protection des droits de l’homme était un élément central de sa politique étrangère, la stratégie de « lutte contre le communisme » incluait l’idée de soutenir en Union soviétique et dans les pays d’Europe de l’Est la lutte pour les droits de l’homme.

Les États-Unis avaient créé plus de 60 stations de radio autour de l’Union soviétique, diffusant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 dans les langues de toutes les nationalités soviétiques, déformant et diffamant l’histoire du parti et de l’État soviétiques, déformant et diffamant Staline, et glorifiant les valeurs occidentales de « droits de l’homme, de liberté et de démocratie ». Les intellectuels libéraux pro-occidentaux de l’URSS qui avaient été éduqués par les « voix » occidentales pendant de nombreuses années, pensaient que la « moralité et la politique » des États-Unis et de l’Occident étaient supérieures à celles de l’Union soviétique. Toutes les activités diplomatiques des dirigeants soviétiques ont été interprétées comme une confrontation entre l’Union soviétique « totalitaire » et l’Occident « libre ». Les concepts d’intérêt national, d’intégrité nationale, de dignité nationale et de devoir patriotique ont été traités par les libéraux comme des attributs essentiels de l’idéologie communiste et chauvine [6]. L’accumulation de fausses informations a joué un rôle.

Au milieu des années 80, en particulier chez les jeunes, les anciennes idées de liberté, de bonté, d’égalité, de sincérité et d’entraide ont été déformées et ridiculisées et remplacées par une culture de la pornographie, de la violence, de l’autodévalorisation et du culte de l’Occident.

Ceux qui n’avaient pas perdu leur autocontrôle et restaient fidèles à la moralité, à l’intégrité et aux idéaux du socialisme étaient soit marginalisés, soit ouvertement ridiculisés et, par conséquent, traités d’ « ennemis de la réforme », de « vestiges du totalitarisme », etc [7]. L’admiration pour l’Occident s’est progressivement transformée en une tendance qui a affecté et interféré avec la pensée indépendante en Union soviétique. L’Union soviétique et la culture soviétique étaient considérées comme « sans valeur » et « arriérées ». L’histoire de l’Union soviétique a été décrite comme « l’histoire du totalitarisme ».

Ainsi, le 11 décembre 2009, l’actuel président du Parti communiste de la Fédération de Russie, Vladimir Ziouganov, répondant à une question posée par Internet sur les « causes de l’effondrement de l’Union soviétique et de la chute du Parti communiste de l’Union soviétique », a souligné que « la cinquième colonne » dans le pays [8] a joué un rôle important dans l’effondrement de l’Union soviétique. Elle a opéré à tous les niveaux et même dans les plus hautes instances dirigeantes [9]. » Il est vrai que le succès de la « cinquième colonne » et le fonctionnement de la stratégie occidentale d’évolution pacifique reposaient sur la confusion idéologique au sein du PCUS.

En bref, dans un contexte de relative rigidité idéologique et théorique à l’intérieur et à l’extérieur du parti soviétique, et du manque apparent de démocratie et d’efficacité de la propagande, de l’éducation et du travail idéologique et politique, le rejet excessif de Staline par Khrouchtchev et la stratégie d’évolution pacifique de l’Occident ont suscité une confusion idéologique prolongée qui est devenue une base idéologique et théorique importante ou une cause idéologique précurseuse du bouleversement et de la désintégration de l’Union soviétique.

2. Causes organisationnelles : le parti communiste soviétique a progressivement promu et renommé un grand nombre de cadres non marxistes, et le système et les mécanismes organisationnels gravement défectueux ont rendu difficile leur élimination en temps voulu et de manière efficace.

Premièrement, la nature antidémocratique et injuste de la sélection et de la nomination des membres de la direction soviétique. Lénine a souligné un jour que les maîtres de l’État étaient désormais les ouvriers et les paysans, et que l’État devait sélectionner les meilleurs et les plus exceptionnels d’une manière large, ordonnée, systématique et transparente comme gestionnaires, organisateurs, participants et dirigeants de la construction économique au niveau national ou local. Il y avait un manque d’ouverture dans les principes de Staline pour la sélection des cadres à tous les niveaux. Le secret est devenu un trait distinctif et un principe important dans l’enregistrement des noms de grades officiels, surtout depuis 1932, lorsque la liste des fonctionnaires nommés a été tenue dans le plus grand secret.

Les listes hiérarchiques officielles ont permis à cette couche sociale monopolistiquement privilégiée de renforcer et de légitimer progressivement sa position, en s’isolant de la société et du peuple, en s’écartant largement des principes de la démocratie interne du parti et en les cachant aux yeux des communistes ordinaires et du contrôle social [10]. Les cadres de ces organes, formés par l’enregistrement des noms hiérarchiques officiels, considéraient les congrès du parti, les congrès des soviets, les congrès des syndicats, etc. comme de simples événements de grande envergure, et toutes sortes de discussions et de controverses lors des réunions étaient considérées comme inutiles, voire nuisibles, car entravant [selon eux] la cause du parti. Ce qui était le plus important pour eux, c’était d’obtenir des directives de leur chef et d’être loyaux envers leurs supérieurs. De nombreux cadres étaient prêts à faire tout et n’importe quoi pour obtenir des postes de direction.

Deuxièmement, les cadres non marxistes ont progressivement accédé à des postes de direction du PCUS. Certains chercheurs russes ont divisé l’élite sociale pendant le règne du parti communiste soviétique en quatre générations. La première génération était connue comme la « garde prétorienne de Lénine », pour qui l’idée d’une révolution mondiale était prioritaire et importante. La deuxième génération était constituée des staliniens, des exécutants disciplinés de la volonté socialiste de Staline. La troisième génération était composée de représentants éminents des bureaucrates du parti, avec Khrouchtchev et surtout Brejnev comme chefs de file. La quatrième et dernière génération de l’ « élite sociale » soviétique était totalement mixte [11]. Après l’arrivée au pouvoir de Brejnev, la plupart des dirigeants nouvellement recommandés étaient une génération “mécanique” du milieu des années 1930, c’est-à-dire les exécuteurs d’ordres, qui n’étaient plus habitués à prendre des responsabilités et des décisions indépendantes. « L’environnement a déformé le code de conduite des cadres soviétiques, et la duplicité, l’incohérence et l’intrigue semblaient être devenues des conditions d’existence. Être recommandé aux plus hautes fonctions de direction du parti et de l’État n’était pas dû à ses mérites révolutionnaires ou à sa capacité à diriger, mais avant tout à suivre les règles rampantes de l’échelle des cadres et à grimper énergiquement au sommet du régime [11]. »

La période du pouvoir de Brejnev a été une période de développement relativement stable pour les fonctionnaires nommés dans le répertoire [nomenklatura] officiel du PCUS, mais une certaine opinion publique a décrit la période de Brejnev comme une période de « patronage mutuel des dirigeants » et de « corruption rampante des privilégiés [12]. » B.C. Chevelukha, le président de l’Association russe des universitaires socialistes, a sommairement souligné que les erreurs du Comité central du PCUS dans son travail relatif aux cadres ont affaibli le parti et ont finalement conduit à la destruction de l’Union soviétique.

Permettre à Gorbatchev et Eltsine de se hisser au sommet de la hiérarchie a été la plus grande erreur de la politique des cadres du Comité central du PCUS [13]. Comme l’a souligné Mandel*, le groupe dirigeant soviétique, qui a trahi le marxisme et le socialisme, « a volé le pouvoir par le biais d’un mécanisme de sélection adverse des cadres. [14]. »

Ernest Mandel était le dirigeant du dit « Secrétariat unifié de la Quatrième Internationale ». Se référer à ce marxiste trotskiste est intéressant de la part des auteurs en ce sens qu’ils démontrent une absence productive de sectarisme inutile. Car chez Mandel, indépendamment de son parti pris essentiellement trotskiste, il y a effectivement des éléments marxistes très intéressants… M.A.]

En bref, après que Gorbatchev soit devenu le chef du parti, il a profité des lacunes du système organisationnel traditionnel hautement centralisé, non démocratique et non normalisé de l’Union soviétique mentionné ci-dessus et, en quelques années, au nom du rajeunissement et de la réforme des cadres, il a remplacé massivement les principaux dirigeants du parti, du gouvernement et de l’armée qui adhéraient à la direction socialiste, et a promu et renommé un grand nombre de cadres anti-parti et anti-socialiste ou dont la position était ambiguë, jetant ainsi les bases importantes pour un « changement de cap » politique.

3) Causes politiques : le groupe dirigeant du parti communiste soviétique a trahi le marxisme et le socialisme, et les institutions et mécanismes politiques traditionnels, fortement centralisés et dépourvus de contraintes, étaient difficiles à éliminer en temps voulu et de manière efficace.

La première est l’abandon actif du socialisme soviétique.

Le 18 mai 2010, le journal russe The Independent a publié une interview avec Ligatchev, l’un des anciens dirigeants du parti communiste soviétique. Lorsque le journaliste lui a demandé comment, selon vous, les réformes soviétiques devaient être perçues un quart de siècle plus tard, Ligatchev qui avait combattu Gorbatchev et Eltsine a répondu qu’il y avait deux positions et tendances dans les réformes des années 1980. La première était celle que je soutenais fermement et pour laquelle je me battais. Il s’agissait d’une réforme socialiste, d’une auto-innovation socialiste, et non d’une démolition du système soviétique. La seconde était la position de Gorbatchev et de ses alliés. Ils avaient soigneusement réfléchi à l’explication suivante pour leur trahison du socialisme, du parti et du peuple. Le système soviétique, disaient-ils, avait accompli de nombreuses choses, et tout le monde savait qu’il était entré dans l’histoire avec un chapitre glorieux. Mais il n’a pas pu être réformé ou perfectionné. Il doit être démoli et remplacé par un système capitaliste [15].

La littérature du Parti communiste de la Fédération de Russie contient une description similaire à celle qui précède : « Dans la seconde moitié des années 80, les léninistes de la société soviétique aspiraient à résoudre les problèmes sociaux qui avaient mûri, à supprimer les tendances négatives qui s’étaient accumulées dans la société et à la faire évoluer vers une situation nouvelle. Mais ces aspirations ont été exploitées par les traîtres au socialisme au moyen de la tromperie. D’autres criaient hypocritement : « Plus de démocratie, plus de socialisme ! » Des slogans, mais fait en fait un travail pour les détruire… L’affaiblissement du rôle de l’État et la création artificielle de « pénuries » de biens ont provoqué des protestations populaires et les outils que sont les médias de masse ont été délibérément placés entre les mains de représentants aux vues bourgeoises.

Ils ont utilisé les méthodes de la guerre psychologique pour inculquer aux masses un grand nombre d’informations malicieusement calomnieuses sur l’URSS et son histoire, et ont donné carte blanche aux forces antisoviétiques et aux forces de l’Alliance atlantique [16].

Le programme du Parti communiste de Biélorussie est encore plus catégorique : « Les instruments que sont les médias de masse sont tombés entre les mains de calomniateurs et de provocateurs qui ont calomnié le socialisme et l’histoire de l’Union soviétique, et ouvert la voie aux forces opposées au régime soviétique et à l’union soviétique, ce qui a conduit au coup d’État contre- révolutionnaire d’août-décembre 1991 [17] ».

Le 17 mars 1991, le groupe dirigeant de Gorbatchev a entrepris d’abandonner le régime communiste et le système socialiste et de dissoudre l’Union soviétique, organisant pour ce faire un référendum sur la dissolution de l’URSS.

Dans l’ensemble de l’ Union soviétique, 185 647 335 citoyens ont eu le droit de participer au référendum et 148 574 606 (80%) ont voté.

Parmi ceux-ci, 113 512 812 (76,4 %) ont voté en faveur du maintien de l’URSS. 32 303 927 (21,7 %) ont voté contre et 2 757 817 (1,9 %) ont voté pour invalider le vote. Auparavant, malgré la propagande antisoviétique et antisocialiste qui sévissait, la majorité des citoyens qui ont participé au référendum croyaient encore que l’URSS devait être conservée. Malgré la propagande antisoviétique et antisocialiste qui sévissait, la majorité des citoyens qui ont participé au référendum ont estimé que l’URSS devait être préservée [18].

Le 8 décembre 1991, le président russe Boris Eltsine, l’une des principales figures du groupe de direction de Gorbatchev, a signé avec les dirigeants de la Biélorussie et de l’Ukraine [19] l’Accord de Belovej sur la création de la Communauté d’États indépendants, déclarant que « l’Union soviétique avait cessé d’ exister en tant que sujet de droit international et entité géopolitique ».

Exactement 30 ans plus tard, le 2 mars 2011, jour du 80e anniversaire de Gorbatchev, l’agence de presse russe RIA Novosti a annoncé que, selon une enquête du Centre panrusse de recherche sur l’opinion publique, 42 % des Russes pensaient que Gorbatchev était responsable de l’effondrement de l’Union soviétique.

Deuxièmement, qu’il avait délibérément tourné le dos aux pays socialistes d’Europe de l’Est. De nombreux chercheurs pensent que le sort de la RDA et de l’ensemble de la question allemande ont été résolus de la manière la plus défavorable pour le socialisme par les dirigeants soviétiques dirigés par Mikhaïl Gorbatchev, d’où l’on peut voir la détermination de Gorbatchev à discréditer le socialisme.

A la fin de 1988, le président américain George W. Bush avait déjà pressenti les intentions de Gorbatchev et avait souligné à l’ambassadeur américain en Union soviétique, Walter, que le moment décisif était venu d’inclure la République démocratique sur la carte de la République fédérale d’Allemagne. Les États-Unis ont obtenu ce qu’ils voulaient et l’Allemagne réunifiée a immédiatement rejoint l’OTAN. Le journaliste américain Walsh a écrit à ce sujet : « En juin 1990, Gorbatchev s’est rendu aux États-Unis. En présence du bureau du président Bush, de conseillers des deux présidents et de chefs d’ambassades étrangères, Gorbatchev a déclaré, apparemment avec désinvolture, qu’il accepterait de reconnaître une Allemagne réunifiée comme membre de l’OTAN si le peuple allemand le souhaitait. Ceux qui ont assisté à la réunion étaient stupéfaits » et « Bush a même demandé à Gorbatchev de répéter ce qu’il avait dit [20] ». Ce qui était le plus intolérable pour les Russes, c’est qu’avec un simple hochement de tête, Gorbatchev n’avait non pas seulement donné son accord, mais avait en fait définitivement annulé les résultats fixés dans les Accords de Potsdam, lesquels incarnaient la victoire soviétique dans la guerre patriotique.

En ce qui concerne la gestion du sort de la RDA par Gorbatchev, Kriouchkov, ancien président du KGB soviétique, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique et Comité d’État pour l’état d’urgence de l’URSS, a confirmé qu’à la fin de 1989, Gorbatchev a rencontré le nouveau président américain Bush sur l’île de Malte. George Bush, et a fait la déclaration surprenante selon laquelle l’Union soviétique était prête à ne pas considérer les États-Unis comme son principal adversaire. En d’autres termes, il a renoncé à ses positions militaires et politiques devant les États-Unis sans rien recevoir en retour et lorsqu’il a rencontré le chancelier allemand Kohl dans le Caucase au printemps 1990, Gorbatchev a déclaré que Moscou n’était pas opposée à l’unification allemande.

Pour Kohl, une telle déclaration était totalement inattendue, à tel point qu’il a demandé à l’interprète de répéter ce que Gorbatchev avait dit. Lorsque le traducteur l’a répété, Kohl a même été déconcerté pendant un moment, mais il a rapidement remercié Gorbatchev et a rapporté la nouvelle inattendue à Bonn [21].

En bref, la trahison active du marxisme et du socialisme et des intérêts fondamentaux du peuple en général par Gorbatchev et le membre du groupe dirigeant Eltsine, utilisant les mécanismes institutionnels politiques traditionnels de haute centralisation et de manque de retenue, a été la racine politique fatale et la cause directe du changement dramatique et de la désintégration de l’Union soviétique (y compris les pays socialistes d’Europe de l’Est).

Par ailleurs, l’accusation selon laquelle une telle révélation objective et un tel résumé constituent une déviation du matérialisme historique n’est pas valable, car le matérialisme historique, avec son caractère dialectique, souligne que le peuple incarne la force ultime et joue le rôle fondamental dans la détermination et la conduite de l’histoire. Il ne niera jamais le rôle ou le pouvoir décisif des personnages clés, des dirigeants et de leurs groupes dirigeants dans un événement et un moment historiques spécifiques.

En résumé, sur la base du système et du modèle socialiste traditionnels hautement centralisés et rigides, parmi les trois causes principales ou fondamentales du changement dramatique et de la désintégration [dissolution] de l’Union soviétique, la confusion idéologique et théorique pendant une longue durée a été la cause fondamentale, les erreurs de longue date de la politique organisationnelle ont été la cause clé, et la trahison politique par la mise en œuvre de la « nouvelle pensée de la réforme » a été la cause mortelle directe et la cause principale.

Les trois causes principales impliquaient la relation entre l’idéologie et la politique, la théorie et la pratique, les dirigeants et les masses, les individus et les groupes, les institutions et la politique, l’unification et la désintégration, la réforme et la « réorientation », le long terme et le court terme, les causes internes et externes, la politique et l’économie, et leurs effets positifs et négatifs, dont l’effet combiné a inévitablement conduit au changement dramatique et à la désintégration de l’Union soviétique.

Les autres causes, même si elles existaient objectivement, étaient postérieures aux trois causes majeures ou étaient limitées. Comme l’a souligné le camarade Jiang Zemin, « la leçon la plus importante à tirer des changements dramatiques survenus en Europe de l’Est et de la désintégration de l’Union soviétique est que l’abandon de la voie socialiste, de la dictature du prolétariat, de la direction du parti communiste et du marxisme-léninisme a entraîné une intensification des contradictions politiques, économiques, sociales et ethniques déjà graves, qui ont finalement conduit à un changement radical du système et à la tragédie historique de la désintégration du pays [22]. »

II. une analyse des cinq autres théories des « causes majeures » du bouleversement et de la désintégration de l’Union soviétique.

Au cours des 30 années qui ont suivi le changement spectaculaire et la désintégration de l’Union soviétique, de nombreuses recherches ont été menées dans le pays et à l’étranger sur les causes, et de nombreux résultats de recherche ont été accumulés. Cependant, il existe toujours des théories unilatérales ou erronées sur les soi-disant causes principales ou causes profondes, qui sont résumées et brièvement examinées ci-dessous.

1)La théorie de l’inéluctabilité de la désintégration du modèle traditionnel

La première question : le modèle stalinien traditionnel a-t-il inévitablement conduit au changement dramatique et à la désintégration de l’Union soviétique ? Dix ans après la désintégration de l’Union soviétique, certains universitaires chinois écrivaient : « Dès août 1989, lorsque six pays d’Europe de l’Est, dont la Pologne, ont connu des changements spectaculaires, j’ai suggéré que la cause profonde de ces changements était institutionnelle, c’est-à-dire que le modèle stalinien était tellement défectueux et que les réformes successives avaient échoué car le système était dans une impasse et avait perdu sa dynamique. Depuis lors, j’ai étudié les causes des changements spectaculaires de l’Union soviétique du point de vue institutionnel [23] ».

Dans son livre A Study of the Deeper Causes of the Soviet Union’s Drastic Changes, cet universitaire a réitéré que « la cause fondamentale des changements spectaculaires de l’Union soviétique était le problème institutionnel, c’est-à-dire que le système soviétique traditionnel était si défectueux qu’il avait atteint une impasse et perdu sa dynamique[24]. »

Le livre A New Inquiry into the Soviet Union’s Drastic Changes déclare également : « Le nouveau point de vue exprimé dans ce livre est que le modèle stalinien, vieux de 70 ans, a été la principale cause de l’effondrement de l’Union soviétique [25] ».

Le professeur A.V. Buzgarin de l’Université de Moscou, un économiste russe de premier plan, a soutenu que le socialisme soviétique était un « socialisme mutant ». Ce « mutant » était extrêmement contradictoire : « à un pôle se trouvait l’expansion vicieuse d’une bureaucratie, à l’autre un élément socialiste ayant le potentiel répondre aux défis des nouveaux problèmes. Mais ce dernier a été lentement supprimé par la bureaucratie [26]. » Il a souligné que l’intensification des contradictions internes du « socialisme mutant » a été la cause de la désintégration de l’Union soviétique, et que le modèle stalinien a été la cause principale de de la désintégration de l’Union soviétique, et que la désintégration était inévitable [27].

Selon nous, le modèle stalinien a été le premier modèle socialiste de l’histoire de l’humanité, avec les caractéristiques et les connotations fondamentales suivantes : idéologiquement et culturellement, il était guidé par le marxisme-léninisme, politiquement par le parti communiste et le système des congrès populaires, et économiquement par un système de propriété publique, d’économie planifiée et de distribution selon le travail. Ce modèle de système fondamental était plus avancé et supérieur à tous les modèles de systèmes fondamentalement capitalistes, ce qui a conduit à des réalisations économiques, politiques, culturelles et militaires majeures et a changé la domination mondiale du système capitaliste d’exploitation et d’oppression. Cependant, il excluait la diversité dans les domaines idéologique et culturel, la démocratisation dans le domaine politique et la marchandisation dans le domaine économique, ce qui a produit de graves inconvénients et a conduit à de grandes erreurs. Bien que ces inconvénients et ces erreurs aient été moins importants que ceux du modèle capitaliste historique et réel, ils nécessitaient néanmoins une réflexion sérieuse, une critique profonde et une réforme complète.

La question clé est de savoir si le modèle stalinien ou le modèle socialiste traditionnel modifié conduit inévitablement à la voie capitaliste ? Il est bien connu que depuis les années 1980, le socialisme traditionnel basé sur le modèle stalinien a progressivement évolué vers trois voies : premièrement, la voie de la réforme et de l’ouverture socialiste globale, représentée par la Chine et le Vietnam, avec une économie de marché socialiste et un système politique démocratique ; deuxièmement, la voie du socialisme avec des améliorations correspondantes, représentée par Cuba, le Laos et la Corée du Nord, avec l’ajout progressif de mécanismes de marché et de mécanismes démocratiques. La troisième est la voie de la réorientation capitaliste complète, représentée par l’Union soviétique et la plupart des pays d’Europe de l’Est, avec un système capitaliste de base dans l’économie, la politique et la culture. Dire que le modèle stalinien était voué à l’effondrement ou à l’échec reviendrait à dire que tous les pays socialistes traditionnels, y compris la Chine, étaient voués à l’effondrement et à l’échec. De toute évidence, cette « fatalité du modèle traditionnel », apparemment plausible, ne résiste pas à l’analyse logique, et encore moins à la réalité d’aujourd’hui. Il est important de distinguer entre l’inévitabilité et la contingence de l’évolution du modèle stalinien. La contingence est une possibilité, une possibilité mais pas une certitude, et le modèle stalinien doit passer par le stade intermédiaire de la formation des trois causes principales mentionnées ci-dessus avant d’être définitivement (ou dans un autre sens « nécessairement ») orienté vers le capitalisme, sinon il n’est qu’une des possibilités d’évolution ou de choix.

Ces conclusions peuvent également être confirmées par plusieurs enquêtes menées par l’Institut de recherche sociale intégrée de l’Académie des sciences de Russie en 1999, 2000 et 2001. 66,5 %, 63,2 % et 57,6 % des personnes interrogées en Russie pensent que l’effondrement de l’Union soviétique aurait pu être évité, tandis que seulement 20,3 %, 25,4 % et 30 % pensent que « l’effondrement de l’Union soviétique était inévitable [28] ».

En décembre 2005, le « Centre panrusse d’opinion publique » a réalisé un sondage auprès de 153 localités dans 46 régions, territoires et républiques de Russie. 57 % de la population pensait que l’effondrement de l’Union soviétique aurait pu être évité [29], ce qui signifie que la majorité des Russes n’étaient pas d’accord avec le fait que l’ « ancien » gouvernement de l’Union soviétique avait été un échec. La majorité des Russes ne sont pas d’accord pour dire que « le système social de l’Union soviétique était voué à la mort ». Ceci est même reconnu par Gorbatchev lui-même.

En 2006, à l’occasion de son 75e anniversaire, on a demandé à Gorbatchev : « Que feriez-vous aujourd’hui si vous n’aviez pas mené les réformes en premier lieu ? » Gorbatchev a répondu : « Si j’étais encore en forme, je serais encore le secrétaire général du comité central du parti communiste de l’Union soviétique. Car les institutions sociales étaient encore assez solides même pendant mon administration [30]. »

En effet, le système socialiste, qui a été enterré par les mains des soi-disant ’réformistes’ tels que Go [Gorbatchev], n’est pas responsable de la mauvaise ligne de la réforme. Mais la leçon de l’effondrement soudain, en quelques années, d’un système qui était assez solide et dont les citoyens ne s’attendaient pas à ce qu’il se désintègre, ne peut manquer de faire réfléchir à deux fois !

La deuxième question : le modèle traditionnel d’économie planifiée a-t-il inévitablement conduit au changement dramatique et à l’effondrement de l’Union soviétique ? Il faut reconnaître que l’économie planifiée traditionnelle présentait des avantages et des inconvénients, comme l’explique Samuelson, le maître de l’économie occidentale contemporaine, dans son manuel d’économie,

« Pourquoi étudier l’économie soviétique » : « Contrairement à ce que croyaient ses premiers détracteurs, l’économie soviétique s’est développée rapidement, a étendu son influence et a gagné de nombreux alliés. Elle a réussi à se transformer d’un État militairement faible, si faible qu’il a supplié l’Allemagne pour une trêve en 1918, en une superpuissance qui a effrayé le monde entier. D’un point de vue économique, la leçon la plus significative est peut-être que les économies dirigées peuvent fonctionner. L’économie planifiée est organisée de telle sorte que l’État possède les moyens de production, que le profit n’est pas le principal moteur et que les principales décisions sont prises de manière administrative - cette économie planifiée peut fonctionner correctement pendant une longue période [31]. »

En effet, même dans les conditions d’une économie traditionnellement planifiée et d’un environnement international favorable au pouvoir privé, l’Union soviétique a dépassé et surpassé la grande majorité des pays occidentaux en termes de performance et d’efficacité du développement. De 1925 à 1940, l’Union soviétique a parcouru en 15 ans seulement la distance que les grands pays capitalistes ont mis 50 à 100 ans à parcourir. En 1913, la Russie se classait au quatrième rang en Europe et au cinquième rang dans le monde en termes de production industrielle. En 1940, l’Union soviétique avait dépassé la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne pour devenir la première en Europe et la deuxième dans le monde en termes de production industrielle. Le rythme de la reprise après la Seconde Guerre mondiale a également été rapide, et de 1964 à 1982, l’économie soviétique a connu une croissance moyenne de 6,1 % par an, dépassant celle de tous les pays occidentaux. Le produit social brut a été multiplié par 1,46, la production industrielle a représenté un cinquième de la production mondiale et la production de plus de 20 biens industriels majeurs a dépassé celle des États-Unis pour prendre la tête du monde.

Au milieu des années 1980, lorsque Mikhaïl Gorbatchev est arrivé au pouvoir, la puissance nationale globale de l’Union soviétique avait largement dépassé celle de l’Allemagne, de la France, de la Grande-Bretagne, du Japon et d’autres pays privés développés ou sous-développés, devenant ainsi la deuxième puissance économique et scientifique mondiale, de plus en plus proche des États- Unis [32].

Au cours des 70 années d’existence du régime soviétique, l’industrie soviétique s’est développée six fois plus rapidement que celle du reste des pays industrialisés du monde. En raison, entre autres, de l’augmentation de la taille et de la base de l’économie nationale, le taux de développement a donc commencé à diminuer régulièrement à partir du milieu des années 70, mais même alors, il était encore supérieur à celui des pays capitalistes.

Par exemple, entre 1981 et 1985, le produit national brut de l’Union soviétique a augmenté de 20%, contre 14% aux États-Unis et 8% en France et en Italie au cours de la même période [33]. Cependant, Gorbatchev, après son arrivée au pouvoir, a toujours prétendu que cette période était inutile.

Les statistiques montrent que ce furent les politiques successives menées par le groupe dirigeant de Gorbatchev, lequel avait tourné le dos au socialisme, qui ont conduit à la croissance économique négative et à la crise économique et sociale qui a précédé l’effondrement de l’Union soviétique. Le revenu national, par exemple, avait augmenté de 17 % au cours des cinq années précédant l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev (1981-1985), avec un taux de croissance annuel moyen de 3,4 %, alors qu’il n’a augmenté que de 6,8 % entre 1986 et 1990, avec un taux de croissance moyen de seulement 1,3 %. Ce ne fut qu’en 1990 qu’eut lieu la première croissance négative, soit une baisse de 4 %, suivie d’une baisse de près de 15 % en 1991. Un autre exemple était le produit national brut, qui avait augmenté de 19,5% entre 1981 et 1985, avec un taux de croissance annuel moyen de 3,9%. En revanche, il n’a augmenté que de 13,2% entre 1986 et 1990, avec un taux de croissance annuel moyen de 2,6%, chutant de 2% en 1990 et jusqu’à 17% en 1991. Si l’on considère la productivité sociale du travail, le taux de croissance annuel moyen est passé de 3,1% entre 1981 et 1985 à 2,7% en 1986-1989, à -3% en 1990 et à plus de -10% en 1991. On peut dire que l’ampleur de la récession pendant l’administration de Gorbatchev a été un record dans l’histoire soviétique [34].

En outre, même selon la systématique économique comparative occidentale, les quatre systèmes typiques - capitalisme de marché, capitalisme planifié, socialisme planifié et socialisme de marché - ont tous leurs propres avantages et inconvénients, et leur conversion de l’un en l’autre dépend du choix et de l’idéologie dominante des décideurs politiques. Si les systèmes économiques planifiés ou le socialisme planifié conduisent inévitablement à l’échec et à la voie du capitalisme de marché, comment expliquer les parcours successifs de la Chine et du Vietnam vers une économie socialiste de marché ?

2) La théorie de la réforme de Gorbatchev devenue hors de contrôle

Le célèbre économiste marxiste américain, David Coates, dans son livre « Revolution from the Upper-The End of the Soviet System  » a affirmé que le système de réforme socialiste a échappé à tout contrôle. Dans son livre, le professeur David Coates soutient que les principes d’ouverture, de réforme économique et de démocratisation politique qui ont suivi l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev ont provoqué de manière inattendue la montée d’une coalition pro-capitaliste en Union soviétique et l’émergence d’un mouvement d’opposition qui ont finalement conduit l’Union soviétique à abandonner ses convictions socialistes et à se tourner vers un capitalisme de type occidental. « Dans l’esprit de Gorbatchev, cette ouverture permettrait de discuter ouvertement du grand nombre de perspectives liées à la mise en œuvre des réformes qu’il appelait. Il espérait ainsi mobiliser les forces sociales et vaincre la résistance instinctive aux grands changements. Toutefois, une fois que la société civile s’est manifestée sous l’impulsion de l’ouverture, les dirigeants soviétiques ont perdu tout contrôle sur la discussion [35]. »

« La démocratisation radicale du système politique aurait pu toutefois affaiblir considérablement le pouvoir placé entre les mains des dirigeants, entraînant même des conséquences inattendues. Une véritable démocratisation aurait pu faire passer le pouvoir de Gorbatchev et de ses collaborateurs à un autre groupe dissident [36]. » « Cependant, les réformes démocratiques auraient affaibli de plus en plus le pouvoir politique de Gorbatchev, ce qui l’aurait empêché de mener à bien le processus de réforme socialiste, même si cela n’était pas évident au départ [37]. »

Nous pensons que Gorbatchev et son groupe de droite n’adhéraient pas au marxisme et à la voie de la réforme socialiste qui consistait à vouloir perfectionner le socialisme par la démocratisation et l’ouverture politiques, la commercialisation économique et la libéralisation idéologique. Au contraire, Gorbatchev et son groupe de droite étaient pour l’essentiel des « dissidents », qui voulaient subvertir le système fondamental défectueux du socialisme du Parti communiste soviétique à travers le soi-disant socialisme humain et le socialisme démocratique de la bourgeoisie, et conduire l’ensemble des pays socialistes d’Europe de l’Est à se tourner vers le capitalisme.

Les faits montrent qu’après l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev, un bloc de droite, comprenant Yakovlev, Shevardnadze et Medvedev, s’est progressivement formé, dominant le Politburo avec Gorbatchev en son centre. Gorbatchev a commencé par se camoufler, puis ensuite le moment venu il a approuvé le multipartisme, et lors de la session plénière de février 1990 du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique, il a officiellement proposé une résolution visant à modifier l’article 6 de la Constitution* afin de supprimer la direction constitutionnelle du Parti communiste de l’Union soviétique sur le pouvoir de l’État.

« Art. 6. - Le Parti communiste de l’Union soviétique est la force qui dirige et oriente la société soviétique, c’est l’élément central de son système politique et de toutes les organisations d’Etat et sociales. Le P.C.U.S. existe pour le peuple et sert le peuple. S’inspirant de la doctrine marxiste- léniniste, le Parti communiste définit la perspective générale du développement de la société, les orientations de la politique intérieure et étrangère de l’U.R.S.S., il dirige la grande activité créatrice du peuple soviétique, confère un caractère planifié et scientifiquement fondé à sa lutte pour la victoire du communisme. » M.A.]

Lors du 28e congrès du parti communiste de l’Union soviétique, Gorbatchev a déclaré que le parti communiste de l’Union soviétique jouerait le rôle d’un parti parlementaire. Tout cela n’a pas été une « conséquence involontaire » inattendue qui « a rendu le pouvoir politique de Gorbatchev de plus en plus faible et l’a empêché de mener à bien le processus de réforme socialiste », mais une trahison calculée.

Ainsi, Ryjkov, l’ancien président du Conseil des ministres soviétique, analysait dans « La grande décennie turbulente » que Gorbatchev « avait en lui en même temps un penchant diabolique pour la trahison. » « Non seulement il a trahi les idéaux par lesquels la nation et nous-mêmes l’avons suivi et lui avons fait confiance, mais il a aussi trahi et rusé à maintes reprises ceux qui partageaient ses idéaux. » « Tout au long de son histoire, le secrétaire général n’a eu qu’une idée en tête : éliminer le parti, éliminer l’État et destituer un par un les militants qui s’opposaient à de tels objectifs et actions. »

« Les erreurs peuvent être pardonnées, mais la trahison délibérée est impardonnable. » Faisant référence à la responsabilité historique de Gorbatchev et d’Eltsine, il a souligné que « Gorbatchev a conduit le pays vers le capitalisme, tandis qu’Eltsine, Gaïdar et leur bande ont conduit le pays au capitalisme, et au capitalisme sauvage en plus. »« C’est la principale trahison des deux dirigeants - le leader réformateur Gorbatchev et le leader post-réforme Eltsine ». Son opinion et son attitude sont : « Vous pouvez pardonner les erreurs, mais vous ne pouvez pas pardonner la trahison planifiée. »

Borgin/ Bolkin [ ?], qui a été le secrétaire de Gorbatchev, puis secrétaire du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique, a noté dans « Down and Out de Gorbatchev  » : « Ni les guerres mondiales, ni les révolutions, ni les confrontations militaires et économiques entre les deux camps n’ont pu détruire et démembrer ce grand pays. L’Union soviétique a été brisée de l’intérieur, enterrée par une poignée de dirigeants influents du parti et de l’État, et abattue par l’opposition. » Dans deux sondages d’opinion menés par la Fondation russe d’opinion publique en 2001 et 2004 sur l’évaluation de Gorbatchev, 56% et 51% de personnes étaient respectivement d’avis que « l’administration de Gorbatchev a causé plus de tort au peuple » alors que le pourcentage de ceux qui ont déclaré « qu’il a apporté plus de bienfaits au peuple » n’était respectivement que de 14% et 11% [38].

Les partis communistes de Russie, d’Ukraine et d’autres pays de la CEI partagent aussi généralement l’avis que « la trahison du marxisme et du socialisme par la haute direction du parti communiste de l’Union soviétique, dirigée par Mikhaïl Gorbatchev, a été la cause directe et principale de l’effondrement de l’Union soviétique et de la perte du pouvoir par le parti communiste de l’Union soviétique ». Le chef du parti communiste russe, Ziouganov, a déclaré à de nombreuses reprises que les grandes nations et les organisations puissantes ne sont pas enterrées de la main des vainqueurs, mais en raison de défections internes.

Le Parti communiste d’Ukraine, écrit dans sa littérature programmatique : « Un certain nombre de personnes sans principes, peu honnêtes et même hostiles ont occupé des postes extrêmement importants, y compris ceux de membres du Politburo du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique et de secrétaire général du Parti. À un moment de grande importance pour le destin de l’Union soviétique, des « hauts fonctionnaires » avec des titres ont trahi le Parti et fait défection en passant dans le camp des ennemis les plus vicieux du socialisme, livrant sans combat le pays à un capitalisme meurtrier et criminel et jetant les masses populaires dans la pauvreté et la misère [39]. »

En outre, dans un discours prononcé en 1999 à l’université américaine d’Ankara, la capitale turque, Gorbatchev a avoué sans ambages sa détermination de longue date à enterrer le socialisme et le parti communiste soviétique : « Le but de ma vie était de détruire le communisme, qui imposait une dictature intolérable au peuple. À cette fin, j’ai utilisé ma position au sein du Parti et de l’État. C’est pour cette raison que ma femme m’a toujours encouragé à continuer à occuper une position plus élevée dans le pays. Lorsque j’ai pris conscience de l’existence de l’Ouest, ma décision est devenue irrévocable. Pour cela, je devais éliminer toute la direction du Parti communiste soviétique et celle de l’Union soviétique …[40] » Parce que cette déclaration était si révélatrice, Gorbatchev a de nouveau tenté de nier qu’elle avait été prononcée, mais il a jusqu’à présent eu peur de publier le texte intégral de son discours pour le prouver. Cependant, en août 2011, en réponse au journal britannique The Guardian à l’occasion du 20e anniversaire de l’effondrement de l’Union soviétique concernant la signification de ses propres actions, Gorbatchev a de nouveau affirmé que « cela a conduit à la fin de la guerre froide, a facilité l’émergence d’un nouvel ordre mondial et, en dernière analyse, a conduit l’État à un processus graduel de transition du totalitarisme vers la démocratie [41]. » C’est une preuve supplémentaire que Gorbatchev, comme les forces hostiles de l’Occident, a toujours considéré l’Union soviétique socialiste traditionnelle comme un État « totalitaire » à éradiquer.

À cet égard, Ryjkov ne mâche pas ses mots dans ses mémoires : « Il est difficile de voir dans le cœur d’un homme et de comprendre ses véritables intentions. Mais il ne serait pas faux de dire que Gorbatchev nourrissait depuis longtemps le désir de détruire le parti communiste, qui lui avait ouvert un avenir plus radieux dans la vie, et d’éliminer le socialisme qui l’avait nourri. Après 1991, il l’a dit lui-même [42]. » Gorbatchev a déclaré que « depuis qu’il pouvait comprendre, il rêvait d’enterrer le communisme [43]. » De nombreuses sources russes traitant de Gorbatchev mentionnent que Gorbatchev soupçonnait et détestait le régime soviétique depuis sa jeunesse et avait fait de la destruction du système par le haut de la pyramide sa motivation pour continuer à gravir les échelons.

3) Théorie de l’abandon par le peuple

Selon certains auteurs, le Parti communiste de l’Union soviétique « dans les conditions de sa longue domination, un nombre considérable de ses membres, y compris ses cadres dirigeants, se sont sérieusement détachés du peuple, et ont même utilisé leur pouvoir à des fins personnelles ; le Parti communiste n’était pas le représentant fidèle des intérêts fondamentaux du peuple le plus large, mais était devenu le représentant fidèle des intérêts particuliers d’une minorité privilégiée, et la cause socialiste avait perdu le soutien et l’appui sincères du peuple [44]. » L’abandon du Parti communiste de l’Union soviétique par la classe ouvrière et le peuple soviétique qu’il avait toujours représentés avait été un facteur décisif dans la disparition du Parti communiste et la désintégration de l’Union soviétique [45].

Nous pensons que le parti communiste soviétique au pouvoir, malgré les défauts indésirables d’un système économique, politique et culturel hautement centralisé et peu démocratisé, l’existence d’ une bureaucratie importante et l’utilisation du pouvoir à des fins personnelles, et d’autres défauts, représentait généralement les intérêts fondamentaux de la classe ouvrière et du peuple en général. Le Parti communiste soviétique n’a pas été abandonné par les masses de membres du parti et par le peuple, mais par les groupes de dirigeants Gorbatchev et Eltsine et leurs partisans, étape par étape.

Par exemple, le 13 mars 1988, le journal « Russie soviétique » a publié une lettre de lecteur de Nina Andreeva, enseignante à l’Institut de technologie de Leningrad, intitulée « Je ne peux pas abandonner mes principes »*.

Voir [https://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2020/12/un-article-chinois-invite-a-tirer-les→https://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2020/12/un-article-chinois-invite-a-tirer-les-lecons-de-la-desintegration-de-l-union-sovietique-et-a-s-opposer-au-nihilisme-historique.suite] lecons-de-la-desintegration-de-l-union-sovietique-et-a-s-opposer-au-nihilisme-historique.suite]

La lettre soulignait un certain nombre d’anomalies dans l’opinion publique de l’époque : l’activité sans précédent de diverses organisations informelles soutenues par des forces hostiles dans le pays et à l’étranger, le plaidoyer désespéré dans les médias et les séminaires en faveur du parlementarisme occidental et du système multipartite, le déni total de la direction du parti communiste et de la classe ouvrière, les attaques vicieuses contre l’histoire de l’Union soviétique et du système socialiste, etc. Cette lettre a immédiatement provoqué un tollé dans toute l’Union soviétique. Elle a été réimprimée 937 fois dans les journaux républicains, régionaux, municipaux et commerciaux. L’Institut de technologie de Leningrad, où travaillait Andreeva, a reçu des milliers de lettres de tout le pays et de toutes les couches de la société, dont plus de 80 % approuvaient pleinement les vues de l’auteur.

Un grand nombre de lettres ont également été envoyées à la Pravda, et plus de 80 % d’entre elles soutenaient le point de vue d’Andreeva [46]. Le Politburo du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique a tenu deux réunions d’urgence qui se sont succédé rapidement pour discuter des contre-mesures à prendre pour arrêter et contrer les soi-disant « forces d’opposition à la réforme ».

En conséquence, Gorbatchev a réaffecté Ligatchev, alors membre du Politburo chargé de l’idéologie, qui adhérait aux principes marxistes-léninistes, à la tête de l’agriculture, le remplaçant par le secrétaire du Comité central antimarxiste Yakovlev [47]. En outre, un grand nombre de membres du parti ont volontairement quitté le Parti communiste soviétique, qui était contrôlé par la direction antimarxiste. Et certains généraux se sont même suicidés pour manifester leur mécontentement, et un grand nombre de députés se sont opposés à la suppression des dispositions relatives au Parti communiste soviétique lors de la révision de la Constitution.

Les actions d’un grand nombre de députés contre la suppression des dispositions relatives au Parti communiste soviétique, le premier référendum dans lequel plus de 70 % du peuple s’est opposé à la dissolution de l’Union soviétique, et les actions du Comité d’urgence de l’État soviétique pour sauver l’Union soviétique de la désintégration pendant les événements du 19 août [1991], doivent tous être considérés comme représentant une variété de fortes rébellions des masses. Quant aux résultats de certains sondages d’opinion effectués après que le Parti communiste soviétique et l’Union soviétique aient été traînés dans la boue par la direction occidentalisée et les forces hostiles à l’intérieur et à l’extérieur, ils ne sont plus vraiment représentatifs de la volonté essentielle des masses populaires [48].

Un argument étroitement lié à la « théorie de l’abandon par le peuple » était simplement que l’Union soviétique n’était pas du tout un État socialiste et que le peuple soviétique voulait donc l’abandonner. Par exemple, le parti communiste japonais a affirmé que « l’Union soviétique était sur la bonne voie sous Lénine, mais quand Staline était arrivé au pouvoir, elle avait gravement piétiné la « voie socialiste » et n’était plus un pays socialiste, ou un pays visant le socialisme [49]. » Au moment de l’effondrement de l’Union soviétique, le Parti communiste du Japon a tenu une réunion de ses cadres permanents et le président Tetsuzo Fuwa a prononcé un discours intitulé « Célébrer la fin de l’histoire de la grande puissance et de l’hégémonie - à l’occasion de l’effondrement de l’Union soviétique ». Il a déclaré : « Le Parti communiste du Japon se réjouit grandement de la dissolution de l’Union soviétique, une puissance hégémonique brutale qui a jusqu’à présent causé de grands dommages au monde [50]. »

Comment cet argument peut-il être évalué scientifiquement ? Nous devons admettre que la voie socialiste soviétique était imparfaite ou que de graves erreurs ont été commises, comme les Ordonnances obligatoires au cours du processus de collectivisation de l’agriculture, l’extension et la violation de la légalité lors des purges, la centralisation de la direction politique, le chauvinisme de grande puissance dans les relations internationales, etc. Mais c’était encore toujours un État socialiste, et Staline et ses successeurs ont commis des erreurs sur la voie du socialisme.

Selon [l’approche du] matérialisme historique, la nature de la société d’un pays ne se juge pas à l’ampleur de ses erreurs ou de ses fautes, mais à son système économique et politique fondamental et à sa nature [sociale]. Par exemple, la nature sociale des États fascistes d’Allemagne, d’Italie et du Japon est jugée différemment de celle des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France antifascistes, non pas en fonction de qui a déclenché la guerre ou des politiques mises en œuvre dans le pays, mais en fonction de la prédominance de l’économie privée et de la présence des partis bourgeois au pouvoir.

Étant donné que l’Union soviétique disposait d’un système économique et politique fondamentalement caractérisé par la propriété publique et par la direction du Parti communiste, certaines politiques intérieures et étrangères, des problèmes institutionnels et des fonctionnements spécifiques pouvaient être résolus par une réforme et une amélioration continues, sans qu’il soit nécessaire de répéter les erreurs du capitalisme. En tant que marxistes rationnels, nous devons critiquer sévèrement les erreurs commises par l’Union soviétique, mais nous ne devons pas suivre les forces hostiles mondiales et saluer le changement dramatique et la désintégration de l’Union soviétique socialiste. Tenter de tracer une ligne de démarcation avec le modèle stalinien ne revient pas à nier que l’Union soviétique était encore un État socialiste. Tous les anciens États socialistes qui ont imité le modèle stalinien n’étaient-ils, donc, pas des pays socialistes ? Les spécialistes occidentaux ne font pas non plus de telles affirmations et analyses non scientifiques.

Un autre argument étroitement lié à la « théorie de l’abandon du peuple » est l’accent mis sur la dogmatisation du marxisme par l’Union soviétique et l’abandon consécutif de ce dernier par le peuple soviétique. Par exemple, il est écrit que « le Parti communiste soviétique a dogmatisé le marxisme-léninisme et maintenu l’idéologie directrice du Parti dans un état de rigidité et de semi- rigidité pendant longtemps Le Parti communiste soviétique a toujours attaché de l’importance au travail idéologique, mais il a « catalogué [momifié] » les idées des ouvrages classiques, les a vidé de leur âme vivante, n’a pas encouragé l’innovation théorique, n’a pas autorisé la pensée indépendante, et a rendu l’idéologie directrice du Parti peu attrayante pour l’ensemble des cadres, en particulier pour la jeune génération, et a perdu ses fonction éducative [51]. »

D’autres chercheurs ont étudié horizontalement la rigidité idéologique et théorique d’un dirigeant particulier du Parti communiste soviétique pendant son règne. Par exemple, on prétend que la rigidité idéologique et théorique du Parti communiste soviétique a été particulièrement prononcée pendant les 18 années où Brejnev était au pouvoir. « Sous Brejnev, l’Union soviétique a progressivement adopté la compréhension et l’interprétation du marxisme-léninisme par les dirigeants du Parti communiste soviétique et leurs affirmations comme seul critère pour juger du bien et du mal, et pour distinguer entre l’ennemi et nous sur le terrain idéologique, parlant de « socialisme développé » tout en fermant les yeux sur les difficultés et les problèmes qui existaient dans la réalité ; la masse… La décadence et le déclin du système capitaliste, tout en passant sous silence toutes les nouvelles situations qui sont apparues dans certains pays capitalistes développés au cours de leur développement social et économique. Ces prêches vides qui dogmatisent le marxisme, absolutisent le modèle soviétique étaient sérieusement détachés de la réalité et ont suscité la confusion et même la rébellion dans l’esprit des masses [52]. »

Nous devons être conscients du fait que le dogmatisme à l’égard du marxisme et la rigidité de la pensée et de la théorie existaient en Union soviétique, mais le dogmatisme à l’égard du marxisme et le dogmatisme et l’adoration aveugle des idées capitalistes occidentales sont deux choses différentes par nature, et les doutes et les reniements du marxisme et du socialisme sont encore plus différents. La première ne conduira qu’à un problème socialiste de « gauche » consistant à critiquer aveuglément le capitalisme, tandis que la seconde conduira à un problème d’adoration et de croyance dans le capitalisme et donc de négation du marxisme et du socialisme. Deux tendances dogmatiques et idéologiques de nature différente conduiront à deux types différents de confusion idéologique et de conséquences sociales. De toute évidence, le changement dramatique et la désintégration de l’Union soviétique socialiste et son embarquement sur la voie du capitalisme étaient le résultat du culte idéologique et théorique de l’Occident et de l’abandon du marxisme et du socialisme, du triomphe du pouvoir de la pensée capitaliste sur le pouvoir de la pensée socialiste, et étaient également étroitement liés à l’aversion du peuple pour la récitation verbale de mots et de phrases marxistes alors que l’action réelle visait à engager des actions pratiques pour le profit personnel des cadres, et non pas la conséquence inévitable d’un certain dogmatisme relatif au marxisme et au socialisme. Le dogmatisme envers le marxisme et le socialisme et l’idéologie ultra- gauchiste qui ont balayé certains « féodaux » lors de la Révolution culturelle en Chine ont largement dépassé celui de l’Union soviétique, ont-ils pour autant conduit à la voie capitaliste ?

4) Théorie de la course aux armements

L’Union soviétique et la Russie d’aujourd’hui ont été couronnées comme de grandes puissances militaires. Depuis lors, de nombreux chercheurs, dans leur pays et à l’étranger, ont cherché à déterminer les raisons de l’effondrement de l’Union soviétique, affirmant que pendant longtemps, l’Union soviétique a développé des industries lourdes et militaires, s’est engagée dans une course aux armements, a violemment exporté la révolution et s’est battue pour la domination du monde, s’écartant ainsi de l’objectif du socialisme qui est d’œuvrer pour le bien-être du peuple. Le système de la vie politique et du fonctionnement économique au sein de l’Union soviétique allait également dans ce sens. Le système économique planifié hautement centralisé a été mis en place à la fois en réponse au développement de l’industrie lourde, en particulier la production militaire, et comme une partie importante de son économie prête pour la guerre. La réforme du système économique et l’élargissement de l’autonomie des entreprises auraient eu un impact sur ce système, ce qui aurait contredit la tâche stratégique la plus importante, à savoir le renforcement de la production d’armements, et a été naturellement freiné. Il s’agit d’une cause profonde du déclin et de la désintégration de l’Union soviétique qui ne peut être ignorée [53].

L’idée selon laquelle la course aux armements a entraîné l’Union soviétique et a conduit à son effondrement a également été largement diffusée dans la presse occidentale. Certains universitaires ont rédigé des articles examinant la manière dont les sociétés occidentales voyaient les causes de l’effondrement de l’Union soviétique, citant des arguments similaires de la France, de l’Allemagne et du Japon. Le journal français Le Figaro, par exemple, a écrit que l’Union soviétique pratiquait depuis longtemps et de manière constante une économie de guerre, utilisant toutes sortes de fonds pour l’armée aussi rapidement et directement que possible, tout en ne fournissant que le strict minimum de biens de consommation essentiels, afin de créer/avait réalisé un miracle capable d’égaler celui des États-Unis en termes militaires. Cependant, les États-Unis étant beaucoup plus riches que l’Union soviétique n’ont eu aucune difficulté à financer un budget militaire inférieur à 5 % de leur PNB, alors que l’Union soviétique, avec son PNB modeste, devait consacrer une grande partie de celui-ci aux dépenses militaires. À mesure que l’économie américaine s’est développée et que son potentiel technologique s’est accru, cette dépense croissante a fini par étouffer progressivement la croissance économique soviétique. Un article de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel a également fait valoir que l’Union soviétique a gaspillé des milliards de dollars pour développer ses préparatifs militaires en vue de sa survie /et son expansion/. Finalement, elle est devenue incapable de financer [sa défense] et s’est désintégrée [54].

Nous pensons que l’expansion de l’Union soviétique et la course aux armements qu’elle a été contrainte d’entreprendre en réponse à l’intervention militaire de quatorze pays occidentaux [1918-1922], à l’invasion fasciste allemande [1941-1945] et à la menace et à l’agression militaires du bloc de l’OTAN dirigé par les États-Unis pendant la « guerre froide » [1945- 1991], ont certes affecté le développement de l’économie nationale et le niveau de vie des populations urbaines et rurales, mais pas au point d’affecter l’économie nationale et la situation financière.L’Union soviétique a été contrainte de développer son armée et sa course aux armements, ce qui a certainement affecté le développement de l’économie nationale et le niveau de vie des populations urbaines et rurales, mais en aucun cas l’économie et les finances nationales ne sont devenues « insolvables et autodestructrices ». Contrairement à la vision subjective de la « course aux armements », l’économie nationale, les revenus financiers, la science et la technologie de l’Union soviétique s’amélioraient d’année en année, se rapprochant et dépassant progressivement les États-Unis dans de nombreux domaines.

Il convient de souligner que depuis son accession au pouvoir, Mikhaïl Gorbatchev avait cherché à s’attirer les faveurs de l’Occident dans le domaine de l’armement et de la course aux armements et à cet égard l’élimination du système de missiles « Oka » [SS-23 Spider. Russe : OTP-23 « Ока »] a été condamnée. Selon des sources russes, l’arme avait été mise au point par Sergueï Nepobertymeyer [ ?], un célèbre maître concepteur de missiles tactiques de l’ancienne Académie des sciences de l’Union soviétique. Il avait fallu sept ans pour construire le système de missiles, lequel avait mobilisé près de 100 000 universitaires, concepteurs, ouvriers, expérimentateurs et militaires. On prétendait qu’il était capable de « frapper n’importe quel coin de la planète ». Afin de s’attirer les faveurs des États-Unis et de l’OTAN, Gorbatchev a alors détruit 239 missiles « Oka » d’une portée de 400 km qui ne violaient en fait aucun traité international, y compris le traité FNI [55]. À ce sujet, Vladimir Shedrine, professeur à l’Université d’État de Tchouvachi en Russie, a écrit dans son journal de Bagdad que dans notre armée : « il y a une arme unique qui n’a jamais existé dans le monde, et il n’existe rien de tel maintenant. Son histoire est tout aussi unique : l’arme a été fabriquée, mise en service, et en un instant a été complètement détruite, y compris tous les dessins, les conceptions et la fabrication [56]. »

Le rapprochement avec l’Occident en ce qui concerne la course aux armements et la dissolution du pacte de Varsovie avait commencé avant que Gorbatchev n’accède à la direction du parti communiste soviétique. Selon Yakovlev, un membre du Comité central du Parti communiste soviétique qui était présent à la réunion, Gorbatchev, lors d’une visite à Londres en tant que membre du Politburo, a proposé de montrer à Mme Thatcher une carte militaire secrète montrant les points de frappe des missiles nucléaires en Grande-Bretagne en cas de guerre mondiale, et Thatcher a été ravie par la franchise de son remarquable partenaire [57]. Gorbatchev a passé beaucoup de temps à l’étranger depuis son arrivée au pouvoir, et il est le principal dirigeant soviétique à avoir passé le plus de temps à l’étranger. « Entre deux voyages à l’Ouest (où il a été traité comme un héros), Gorbatchev est rentré à Moscou pour lancer une nouvelle politique de désintégration nationale :

« réformer » lui-même, le système militaire, le système militaro-industriel, etc. », a déclaré un Russe avec sarcasme. « Il a fait de la dissolution simultanée du Pacte de Varsovie et de l’OTAN un objectif stratégique contre l’Occident, qui a abouti à la dissolution du Pacte de Varsovie, alors que l’OTAN existe toujours aujourd’hui [58]. »

Il est également historiquement prouvé que l’ancien secrétaire d’État américain Baker a rencontré Gorbatchev et que Baker avait assuré à Gorbatchev que l’OTAN ne s’étendrait pas « d’un pouce » vers l’est « à partir de sa position actuelle » et qu’il était prêt à discuter des garanties de cette « non- extension vers l’est ». Alors que Baker avait assuré à Gorbatchev que l’OTAN ne s’étendrait pas « d’un pouce » vers l’est « à partir de sa position actuelle » et qu’il était prêt à discuter des garanties de droit international de cette « non-expansion », Gorbatchev était allé jusqu’à dire que l’expansion du bloc militaire de l’OTAN vers la Russie ne l’inquiètait pas. Une telle attitude de la part du dirigeant soviétique avait surpris Baker [59].

La « théorie de la course aux armements » implique également que l’Union soviétique a souffert d’un faible niveau de vie en raison de la course aux armements et que cela a conduit au changement dramatique et à l’effondrement de l’Union soviétique. Certains chercheurs ont fait remarquer que si, avant la Seconde Guerre mondiale, « l’extrême pauvreté du peuple soviétique en matière de nourriture, d’habillement, de logement et d’autres choses, ainsi que la mort non naturelle de dizaines de millions de personnes, peuvent s’expliquer par le fait que ’le peuple a dû faire des sacrifices pour la prospérité du pays’, alors, dans les 45 années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, le peuple soviétique, l’échec soviétique à améliorer le niveau de vie et la qualité de vie de la population, et le déclin socio-économique de l’Union soviétique 45 ans après la Seconde Guerre mondiale ne peuvent être attribués qu’à la philosophie gouvernementale déviante du Parti communiste de l’Union soviétique, à sa mauvaise gouvernance et à son intransigeance idéologique. Il n’est pas surprenant qu’un tel parti au pouvoir ait été abandonné par le peuple [60]. »

De nombreuses données statistiques et études, tant en Union soviétique que dans le monde entier, confirment que le niveau de vie du peuple soviétique s’améliorait constamment et se rapprochait de plus en plus de la qualité de vie réelle de l’habitant moyen des pays occidentaux développés. Par exemple, en 1960, le revenu national de l’URSS était de 145 milliards de roubles, en 1985 il était passé à 577,7 milliards de roubles, soit près de trois fois plus qu’en 1960. En 1960, le produit social brut et le revenu national de l’URSS, calculés sur la moyenne de la population, étaient respectivement de 1 431 roubles et 683 roubles, en 1985 ils étaient passés à 5003 roubles et 2090 roubles, soit une augmentation de 2,4 fois. La croissance du revenu réel de l’ensemble de la population (en termes par habitant, %) est passée de 100 en 1940 à 646 en 1985, et le Fonds social de consommation soviétique est passé de 41,9 milliards de roubles en 1965 à 147 milliards de roubles en 1985, et les différents paiements et prestations reçus par la population de la part du Fonds social de consommation en termes par habitant sont passés de 182 roubles en 1965 à 530 roubles en 1985. 530 roubles en 1985, soit une augmentation de 1,9 fois. Troisièmement, l’Union soviétique mènait une politique de loyers bas depuis 1928. En 1913, la superficie effective des logements par habitant dans les villes n’était que de 6,3 mètres carrés ; en 1985, elle était passée à 14,1 mètres carrés, soit plus de deux fois plus qu’avant la révolution, et quatre-vingt pour cent des ménages des villes soviétiques vivaient déjà dans des logements en appartement. Dans les années 1980, les logements soviétiques étaient attribués sur une base planifiée, chaque ménage payant un loyer mensuel moyen de 3 roubles, contre plusieurs centaines de dollars par mois pour les résidents des États-Unis à la même époque. Au milieu des années 80, une enquête a été réalisée aux États-Unis, les principaux indicateurs étant la disponibilité des marchandises dans les magasins, les conditions de circulation, le confort des logements, le traitement des eaux usées, l’approvisionnement en eau chaude et la pureté de l’air. Trois villes soviétiques, Moscou, Leningrad et Kiev, ont fait l’objet d’une enquête et toutes ont été classées parmi les dix villes les plus confortables du monde (Gorbatchev a toutefois déclaré que les Soviétiques « vivaient dans une grotte » par rapport aux conditions de vie du travailleur américain moyen) [61]. Quatrièmement, en 1980, l’Union soviétique produisait déjà 715 kg de céréales par habitant, et aucun bon d’alimentation n’a jamais été émis pour limiter la consommation de céréales. En 1985, la consommation par habitant des principales denrées alimentaires était de 61,4 kg de viande et de produits à base de viande, 323 kg de lait et de produits laitiers, 260 œufs, 17,7 kg de poisson et de produits à base de poisson, 42 kg de sucre, 9,7 kg d’huile végétale et 133 kg de produits de panification. Le coefficient d’Engel pour les ménages d’ouvriers industriels était de 45,6 % en 1922 et est tombé à 32,9 % en 1975. Cinquièmement, en 1985, on comptait déjà 97 téléviseurs et 90 réfrigérateurs pour 100 ménages urbains et ruraux [62].

En outre, dans le monde entier, de nombreux facteurs tels que l’environnement naturel, l’histoire et la réalité déterminent le niveau de vie et l’évolution du niveau de vie des résidents urbains et ruraux d’un pays, et le niveau de vie n’est généralement pas directement la cause principale des changements soudains du système social fondamental. Tout au long du XXe siècle, le niveau de vie de la population générale dans la plupart des pays capitalistes en développement n’était pas aussi élevé que dans la plupart des pays socialistes, et ces pays capitalistes ne se sont pas radicalement transformés en pays socialistes ; de même, si un changement radical vers le capitalisme se produit dans un pays socialiste en développement, ce ne sera pas à cause, ou du moins pas simplement à cause, d’une différence de niveau de vie avec celui des pays capitalistes développés.

5) la théorie de l’échec ethnico-religieux

Certains chercheurs affirment que l’expansion rapide du pouvoir russe, à partir de Pierre le Grand, était principalement un processus par lequel la nation russe a conquis d’autres peuples divers par la force, et que les tensions ethniques ont été profondes et ont duré des siècles. Pendant l’ère stalinienne, il y a eu trop de centralisation du pouvoir et de grand russisme, ce qui a restreint l’utilisation des langues et des écritures nationales par les minorités ethniques et a fortement blessé les sentiments nationaux. À l’époque de la Seconde Guerre mondiale, l’Union soviétique, sous le slogan de la « défense de l’Union soviétique » et de la « consolidation des frontières », a appliqué une politique de migration interne des minorités ethniques, en chassant par exemple les Tatars de la chaude et riche Crimée vers l’Asie centrale et la Sibérie, froides et inhospitalières, et en chassant les Ingouches et les Tchétchènes du Caucase vers l’Asie centrale. Les germes de la haine ethnique ont été semés par l’expulsion des Tartares de la chaude et riche Crimée vers l’Asie centrale et la Sibérie, froides et inhospitalières, et des Ingouches et des Tchétchènes du Caucase. La politique erronée et de longue date de l’Union soviétique en matière d’ethnicité fondée sur les castes, ses politiques discriminatoires à l’égard des minorités ethniques en termes de développement économique, de coutumes, d’éducation et de promotion, et même ses tentatives d’ « assimilation ethnique », ont gravement blessé les sentiments des minorités ethniques et accru leur force centrifuge. C’est la raison pour laquelle l’Union soviétique a été divisée en 12 pays de la CEI après l’indépendance des trois États baltes [63].

En fait, ce sont les tsars successifs qui ont opprimé et asservi les peuples conquis et qui ont alimenté le chauvinisme national russe, entraînant des conflits plus aigus entre les peuples russes et non russes. L’Union soviétique, un État fédéral construit sur les ruines de la Russie tsariste, mettait l’accent sur l’unité politique des nations et le soutien économique mutuel, ce qui avait considérablement atténué les tensions ethniques et empêché les troubles et conflits ethniques majeurs. Ce n’est que le renoncement de Gorbatchev à la politique socialiste d’ « ouverture et de démocratisation » de l’unité nationale qui a donné au nationalisme l’opportunité de se développer. Les événements d’Almaty en décembre 1986 et les manifestations de masse des Tatars de Crimée en juin 1987 en sont des exemples. Après avoir tourné le dos au marxisme et au socialisme, Eltsine a ignoré la volonté populaire de la majorité des citoyens soviétiques qui avaient voté contre l’éclatement de l’URSS ] et, dans son intérêt personnel et par considération pour les intentions occidentales, il a promu la politique de division nationale et de désintégration de l’URSS sur la base de la prolifération du nationalisme qui a finalement conduit à l’effondrement final de l’URSS.

[https://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2021/12/le-08-decembre-1991-eltsine-co-decidaient→https://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2021/12/le-08-decembre-1991-eltsine-co-decidaient-arbitrairement-la-dissolution-contre-le-vote-majoritaire-en-faveur-de-l-urss.html] arbitrairement-la-dissolution-contre-le-vote-majoritaire-en-faveur-de-l-urss.html]

Il est clair que ce sont les politiques malavisées des groupes dirigeants de Gorbatchev et d’Eltsine qui ont conduit aux conflits interethniques et à la propagation du nationalisme, qui ont à leur tour conduit à l’effondrement de l’Union soviétique, et non les conflits ethniques traditionnels qui existaient avant le règne de Gorbatchev qui ont conduit à la propagation du nationalisme et à l’effondrement de l’Union soviétique (les nationalistes ont naturellement profité du droit des républiques de l’Union de se retirer librement de l’Union. Le droit de se retirer librement de l’Union était expressément prévu dans les Constitutions soviétiques de 1924, 1936 et 1977 [64]).

Nous pouvons également analyser que tout État multiethnique dans le monde, y compris les États- Unis, la Grande-Bretagne, l’Espagne, l’Inde et la Chine, connaît des degrés divers de tensions interethniques, que le niveau de développement économique et social des différentes régions ethniques n’est pas uniforme et qu’il existe un désir objectif de la part des dirigeants des différentes nationalités de devenir des dirigeants d’États indépendants. La question se pose de savoir si la désintégration d’un État indépendant multiethnique était le résultat direct de différences ethniques générales et de contradictions ethniques traditionnelles, ce qui doit être étudié sur la base des principaux faits, plutôt que sur la base de contradictions exagérées et de suppositions subjectives. En outre, le fait que Staline, qui a apporté un développement important à la théorie marxiste de la question nationale, était géorgien, et l’affirmation selon laquelle un groupe ethnique non russe a « promu la Grande Russie », est en soi digne d’être vérifiée et examinée empiriquement et logiquement.

Certains chercheurs ont également cité l’échec de la politique religieuse comme étant la principale raison du changement dramatique et de l’effondrement de l’Union soviétique, et l’ont attribué à trois aspects spécifiques : premièrement, la stratégie de la lutte antireligieuse dans la première et la moyenne période de l’Union soviétique a violé les lois de la lutte dans la sphère idéologique, et la persécution religieuse prolongée a plutôt renforcé la tendance centrifuge de la population à l’égard du parti et du régime soviétiques. Deuxièmement, la persécution religieuse au cours de la première et de la deuxième période de l’Union soviétique a gravement porté atteinte à l’image de l’État socialiste soviétique, a affaibli l’attrait du socialisme et a créé des conditions propices à l’infiltration des forces antisocialistes internationales dans la société soviétique. La volte-face tardive de l’Union soviétique en matière de politique religieuse, guidée par la « nouvelle pensée », a à son tour conduit à un désengagement progressif de l’Union soviétique face à l’utilisation de la religion par des forces occidentales hostiles à des fins d’infiltration politique. Troisièmement, l’imbrication complexe des questions religieuses et ethniques a joué un rôle dans l’effondrement de l’Union soviétique [65].

Nous pensons que remplacer les croyances religieuses par une vision du monde, une conception de la vie et des valeurs scientifiques est un long processus de diffusion théorique et d’éducation idéologique, qui nécessite également certaines conditions économiques et politiques et un environnement international. L’incapacité du parti communiste soviétique et de son gouvernement à voir la nature à long terme et ardue de ce processus, sa hâte à éliminer les croyances religieuses des masses par divers moyens, et sa politique trop sévère à l’égard des organisations religieuses et du clergé ont effectivement constitué une erreur du parti communiste soviétique et du gouvernement soviétique dans sa politique religieuse. Mais la question est de savoir si la politique religieuse plus sévère du socialisme traditionnel devait inévitablement conduire au changement dramatique et à la désintégration de l’Union soviétique. Si l’Union soviétique n’avait pas commis l’erreur d’une politique religieuse plus sévère, les dirigeants de Gorbatchev n’auraient- ils tout de même pas attaqué le marxisme et le socialisme, poursuivi une politique religieuse de laisser-faire total, et contribué au changement dramatique et à la désintégration de l’Union soviétique ? Les forces hostiles de l’Occident n’auraient-elles pas utilisé la religion pour infiltrer l’idéologie et les croyances de l’Union soviétique de manière subversive ? La réponse correcte est évidente.

(Cheng Enfu est directeur et professeur principal du Centre de recherche sur le développement économique et social de l’Académie chinoise des sciences sociales, membre du Comité UNESCO du Congrès national du peuple, président de l’Association mondiale d’économie politique et professeur honoraire de l’Université de Saint-Pétersbourg, en Russie ; Ding Jun est professeur à l’Université Nankai, en Chine).

NOTES :

[1][Russia]. http://www.orossii.ru/2006-09-29 [2][R] 20-. http://library.by/2002-11-13 [3][Russie]-.http ://www.rg.ru/2006-02-14 [4][Russia]. http://www.orossii.ru/2006-09-29 [5][Russie]. http://www.usinfo.ru/2006-07-15. [6]“” ? « , № 1, 2004.

[14][Belgique] Mandel : Pouvoir et monnaie : la théorie bureaucratique du marxisme, traduit par Mengjie et al., Central Compilation Publishing Publishing Edition 2001, p. 8.

[15][Russie]. http://www.ng.ru/2010-05-18 [16][Russie]. http://kprf.ru/2008-12-18 [17][Russie]. http://www.comparty.by/2003-12-13 [18][Russie]. http://revolution.allbest.ru/2010-06-04

[19]Les dirigeants des trois pays se sont rencontrés à Belovej près de Brest, en Biélorussie, et sont parvenus à un accord sur l’effondrement de l’Union soviétique. Les pays de la CEI l’appellent souvent l’accord de Belovej.

[20][Russie]. http://belvol.livejournal.com/2010-07-10 [21][Russie]… http://pomnimvse.com/2001-11-10

  • “Discours de Jiang Zemin à la Conférence nationale sur le travail de sécurité sociale”, 2 avril 2001,” Selected Writings of Jiang Zemin “Volume 3, page 230.
  • Lu Nanquan : “La théorie du système économique du PCUS qui ne peut pas suivre le temps et ses conséquences”,” Russian Studies”, n ° 4, 2001.
  • Lu Nanquan et autres éditeurs : “Recherche sur les causes profondes du bouleversement en Union soviétique”, China Social Science Press 1999, p. 341.
  • Rédacteur en chef de Gong Dafei : “Une nouvelle exploration des bouleversements soviétiques”, World Knowledge Press 1998. [26][Russie]…, 21, 2009., « ,. 400401.

[27][R]..,..,.,.,., 2003.

  • Wu Enyuan : “Examen de certaines opinions populaires sur les” leçons de l’effondrement de l’Union soviétique “”, Marxist Studies, n ° 6, 2005.
  • Voir les résultats de l’enquête sur le site Web du Centre panrusse d’enquête sur l’opinion publique http://wciom.ruhttp://wciom.ru/19 décembre 2005
  • Wu Enyuan : “L’effondrement de l’Union soviétique, le système n’est pas la principale cause”, Global Times, 25 mai 2011. [31][US] Samuelson : Economics (12e éd.), China Development Press 1992, p. 1296. L’économiste américain Fisher Don Bush a également commenté : “Comment fonctionne le système de planification ? Pendant la majeure partie de la période après la Seconde Guerre mondiale, l’Union soviétique n’a pas connu une croissance aussi rapide que le Japon, mais plus rapide que les États- Unis.” Voir Fisher, Don Bush : Economics (volume II), China Finance and Economic Press 1989, p. 586.

[32]« Les quatre hypothèses théoriques de l’économie politique marxiste moderne », China Social Science, 2007, numéro 1.

[33][USA],… http://www.contr-tv.ru/2004-05-17

[34]Li Zhuifa : “La situation économique empire de plus en plus” dans Liu Hongchao et d’autres éditeurs : “L’évolution de l’Union soviétique 1985-1991”, Xinhua Publishing House 1992, p. 57. [35][US] David Koz, Fred Weir : “Revolution from the Upper-The End of the Soviet System”, traduit par Cao Rongxiang et al., Renmin University Press of China 2008, p. 71.

[36][US] David Koz, Fred Weir : “Revolution from the Upper-The End of the Soviet System”,

traduit par Cao Rongxiang et al., Renmin University Press of China 2008, p. 103.

[37][US] David Koz, Fred Weir : “Revolution from the Upper-The End of the Soviet System”, traduit par Cao Rongxiang et al., Renmin University Press of China 2008, p. 113.

[38]Cité de Wu Enyuan : “Divers arguments” désespérés “en Union soviétique”,”Forum populaire“ n ° 332.

[39][Russie]. http://www.kpu.net.ua/1995-8-12 [40][Russia]. http://rossiya.narod.ru/2000-8-20

[41]Cité sur le site Web britannique “Guardian” le 17 août 2011 “Gorbatchev : je devrais abandonner le Parti communiste plus tôt” ; « Gorbatchev : J’ai été trop éclairé avec Eltsine », voir « Nouvelles de référence » du 19 août 2011.

[42][Russe] Ryzhkov : La tragédie des grandes puissances, traduit par Xu Changhan et al., édition 2008 de Xinhua Publishing House, p. 365.

[43][Russe] Ryzhkov : La tragédie des grandes puissances, traduit par Xu Changhan et al., édition 2008 de Xinhua Publishing House, p. 15.

  • Bao Xinjian : “La valeur de l’époque, l’orientation pratique et la signification innovante de la pensée des trois représentants”,” Scientific Socialism”, n ° 3, 2001.
  • Liu Jingbei : “Quelques réflexions sur la défaite du PCUS”,” Le monde contemporain et le socialisme “n ° 2, 2001. [46][Russie] : http://www.vkpb.ru/2003-02-18

[47]Sous la direction directe du leader anti-marxiste Iakovlev, la Pravda a publié le 5 avril un article de contre-attaque “Les principes de la réforme : révolutionnaire dans la pensée et l’action”, donnant une contre-attaque complète et réprimant Andreeva. La Pravda qualifie la lettre de Nina Andreeva de « Manifeste des contre-réformistes » et Nina Andreeva de « ennemie de la réforme, stalinienne, conservatrice, bureaucrate des organes, représentante du parti ». Voir Li Shenming et al. : “Vivre en paix et en danger-Leçons historiques du Parti communiste soviétique-Commentaire sur 8 épisodes de DVD Education Reference Film”,” Russian Central Asia and Eastern European Studies”, n ° 2 de 2007.

[48][US] David Koz, Fred Weir : “Revolution from the Upper-The End of the Soviet System”, traduit par Cao Rongxiang et al., Renmin University Press of China 2008, p. 71.

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