Les mots de Saliha Prud’homme-Latour pour la cérémonie
Je voudrai tout d’abord excuser Michèle Picard, maire de Vénissieux. Elle souhaite vous assurer de sa présence avec nous par la pensée et par le cœur.
C’est avec beaucoup d’émotion que nous nous retrouvons aujourd’hui ensemble pour évoquer Jacqueline et pour lui dire adieu.
Jacqueline avait toujours en tête une phrase d’André Gide qui disait : « Quand je cesserai de m’indigner, j’aurai commencé ma vieillesse ». C’est vous dire combien Jacqueline est toujours restée jeune, femme de conviction, militante dans l’âme, engagée toute sa vie pour une autre société, plus juste et plus fraternelle.
Jacqueline est née à Vénissieux le 17 octobre 1929. Fière d’être Vénissiane, elle n’a jamais quitté sa ville de naissance et de cœur.
Elle avait une dizaine d’années pendant l’occupation allemande. Son papa et son frère ont été des résistants dans le réseau Résistance-fer, principalement composé de cheminots. La Résistance et la lutte sont dans ses gênes familiaux.
Jacqueline a 15 ans au moment de la libération de la ville, peu de temps après elle rentre dans la vie active. Elle travaillera quelques mois à la Tubise puis à la Mairie de Vénissieux pour s’occuper des tickets de rationnement.
Jacqueline adhère au parti communiste français en 1946. Pendant de nombreuses années, elle vendra le journal l’Humanité. Son époux, Georges sera secrétaire de la section de Vénissieux pendant 18 ans. Ensemble ils auront deux enfants, de longues années de complicité et de nombreux moments de lutte pour leurs idéaux communs.
En 1950, elle rentre à la Specia, dès lors, elle s’engage dans les luttes à grande échelle. Elle sera secrétaire adjointe de la CGT pendant 10 ans.
Elle s’engage au côté de Marguerite Carlet, alors première adjointe, qu’elle accompagne, notamment, à l’Union des Femmes Françaises, dans toutes les actions contre la guerre d’Indochine.
Défendant leurs convictions politiques, Jacqueline et Georges ont notamment milité contre les guerres coloniales, d’Indochine et d’Algérie. Ils hébergeront aussi des militants du FLN qu’ils cacheront pendant de nombreux mois. Ils militent également tous les deux pour la Sécurité Sociale, le Mouvement pour la Paix, la libération des Rosenberg et d’Angela Davis, pour le pouvoir d’achat et contre la haine des étrangers.
En 1983, Jacqueline prend sa retraite, et cette même année, le 26 mai, la municipalité crée l’Office Municipal des Retraités.
Jacqueline adhère à l’OMR et siégera au conseil d’administration pendant 27 ans. Elle siégera également au conseil d’administration de l’APASEV, pendant 25 ans. Son engagement comme bénévole sera toujours sans faille. Pendant plus de 5 ans, elle sera également membre du collectif des retraités de l’Union Locale de Vénissieux.
Membre de l’ANACR et de l’ARAC, nous l’avons vu pendant de très nombreuses années, au côté du Maire, pour déposer les gerbes de la ville lors des commémorations.
En 2017, lors des Grands Rendez Vous de la Ville, elle sera honorée de la reconnaissance vénissiane dans la catégorie « Résistances ».
Toute une vie consacrée au militantisme, aux associations, aux habitants, à l’intérêt général, à sa ville qu’elle aimait tant et à son parti communiste dont elle était fière d’appartenir.
Toujours très active, Jacqueline participait aux permanences des conseils de quartier de Valérie Talbi et c’est tout naturellement que le 25 juin 2022, Jacqueline prend le micro lors de la fête de quartier du Centre pour nous chanter La Montage de Jean Ferrat. Un grand moment d’émotion dans l’interprétation de cette chanson et de cet auteur qu’elle chérissait tant.
Passionnée par le chant, elle fut membre de la Chorale Populaire pendant 11 ans, aux Paroliers pendant 16 ans et tout naturellement à la chorale Debussy de l’OMR pendant de très nombreuses années où elle en fût un des piliers.
Un parcours de vie exceptionnel au service de l’humain, notre Jacqueline jusqu’au bout se battait pour la justice sociale, elle était fière de ses convictions. Toute sa famille aussi bien personnelle, que politique, ou syndicaliste est honorée d’avoir croisé son chemin.
La disparition de Jacqueline laisse un vide immense, à toutes celles et ceux qui ont croisé sa route. Nous adressons tout notre soutien à sa famille et à ses proches.
Repose en paix Jacqueline, nous continuerons ton combat et tu resteras toujours dans nos cœurs.

lire l’article du journal expressions
Si je suis ce que je suis, c’est grâce à Marguerite Carlet !” Dans son appartement du Centre, Jacqueline Sanlaville a préparé coupures de presse et photos qui retracent le militantisme vénissian, auquel elle a activement participé. Dont un article sur Marguerite Carlet, membre du comité de Libération de la ville en 1944 et première adjointe. “Elle était aussi secrétaire de l’Union des femmes françaises. Beaucoup d’adhérentes habitaient Vénissieux, dont ma maman. Pendant la guerre d’Indochine, tous les samedis, on faisait signer des pétitions aux femmes, à la demande de Marguerite. J’avais 16 ans. Plus tard, à peu près au même âge, ma fille défilera contre la guerre au Vietnam.”
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