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L’industrie dans la ville

Première pierre à Carbone Savoie
Samedi 29 janvier 2011 — Dernier ajout

L’art et l’industrie semble être deux choses antinomiques. Produire, c’est copier le plus grand nombre possible de produits tous semblables, alors que l’artiste chercher à créer du neuf, de l’inédit…

Pourtant, pour les artistes eux-mêmes, c’est une question complexe. L’artiste apprend en copiant… et si la copie est parfaite, n’est-ce pas toujours de l’art ? Quand à l’ouvrier qui peaufine la finition d’une pièce dans laquelle il met tout son savoir-faire, n’est-ce pas un travail d’artiste ?…

En tout cas, le plus souvent, dans la ville et l’aménagement urbain, les deux sujets sont totalement séparés. Et quand on parle d’artiste dans une usine, c’est qu’elle a fermée et qu’elle est « reconvertit » en lieu d’accueil artistique…

Pourtant, après un article "l’art dans la ville« , il y a quelques jours, ce titre »l’industrie dans la ville" fait écho et souligne que Vénissieux, belle et rebelle, n’oppose pas le travail et la culture ! Tout comme nous réclamons le droit au beau dans nos banlieues, nous réclamons le droit au travail, donc à la production, aux usines, au cœur de la ville…

Tout l’aménagement des grandes agglomérations, dont celle de Lyon, s’est fait depuis des décennies pour accompagner et même faciliter les restructurations économiques, et notamment rejeter les usines au loin, à quelques « lieues » quand on regarde la développement dans les années 80-90 de la plaine de l’Ain, à quelques heures de voitures ou d’avions, quand le patron voyou de St-Jean Industrie délocalise en Roumanie, où que les services informatiques et Télécoms, qui devaient être un axe de développement de la « nouvelle économie » se retrouvent au Maroc… ou même de l’autre coté de la terre !

Vénissieux a résisté, sans pouvoir empêcher bien sûr les restructurations et délocalisations, mais en défendant ses sites industriels, aussi bien dans le dialogue avec les dirigeants d’entreprise, que dans la solidarité avec les salariés et leurs syndicats. Et le résultat est là . Vénissieux conserve au total ses emplois, et restent une ville industrielle forte ! Si tout le monde connait les inquiétudes des salariés de Bosch ou de Volvo Trucks, nous avons aussi des entreprises qui investissent, qui créent des emplois… Il faut en parler !

La cérémonie organisée pour la pose de la première pierre du nouveau bâtiment de traitement des poussières de l’usine Carbone Savoie est exemplaire de cette originalité de la ville de Vénissieux.

C’est une étape dans une longue histoire entre l’usine et la ville. Car l’activité de cuisson de carbone est historiquement très polluante. Et les riverains avaient l’expérience des rejets de goudrons sur leur parking… et le toit de leur voiture…

Le Coparly, organisme de suivi de la qualité de l’air dans la région, a installé depuis longtemps un capteur pour mesurer les émissions polluantes de cette usine. Et lors du renouvellement de l’autorisation d’exploiter en 2005, la ville a pesé pour des décisions de réduction de pollution. Le préfet a d’ailleurs pris une décision de limitation du volume de production. Mais la ville a toujours souhaité qu’une solution industrielle soit trouvé !

Et c’est ce que le groupe Carbone Savoie est venu présenté au maire fin 2008, un projet d’investissement lourd pour mettre en place les dernières techniques de filtration des fumées disponibles pour mettre le site aux normes européennes qui vont s’appliquer en 2012 [1]. Ce projet, présenté en conseil citoyen du développement humain durable en 2009 a fait son chemin et les permis de construire sont déposés, les études lancées et le chantier devrait se terminer fin 2012.

En plus, l’entreprise a complété ce projet avec un autre investissement pour limiter l’émission de poussières dans la manipulation du coke, un « CTE », centre de traitement des emballages. L’intérêt est évident pour les travailleurs de l’usine, qui étaient exposés à ces poussières, mais aussi pour l’entreprise avec un process plus efficace.

Au total, l’entreprise pourra retrouver l’autorisation de produire à son niveau objectif, le meilleure contrôle, les travailleurs auront de meilleurs conditions de travail, et les riverains un meilleur cadre de vie. Sur le principe même, on pourra dire que les rejets de goudrons sur les voitures du quartier seront du domaine du souvenir…

On voit que l’usine est dans la ville, et qu’elle peut y être bien ! Bien que ce soit une activité polluante, présentant des risques, le dialogue entre direction, salariés, services de l’état, Coparly, Ville, riverains, Conseil de quartier… permet de « vivre l’usine dans la ville », sans opposer emploi et cadre de vie, riverains et travailleurs, patrons et élus !

Cela représente un investissement de plus de 25M€, qui correspond à un marché de l’aluminium en croissance sur toute la planète [2]

Comme le dira André Gerin, entre la ville et l’entreprise, entre dirigeants et travailleurs, il y a des frictions, des sujets qui fâchent, mais il y a un enjeu partagé par beaucoup, la place de l’industrie ! La reconquête industrielle est une condition de la création d’emploi, de la recherche, du cadre de vie. Non seulement l’industrie n’est pas un problème à supprimer, mais elle est une solution, une condition de la modernité.

Il faudrait que les prospectives de l’agglomération Lyonnaise prenne en compte avec plus de clarté cette nécessité économique et humaine [contrairement aux discours effarants d’élus qui envisagent avec bonheur la fin de l’industrie dans la vallée de la chimie]

Cette première pierre était un symbole. Un député, un sénateur, un maire, des élus, des dirigeants d’entreprise, des salariés de l’entreprise, leurs délégués syndicaux… réunis autour d’un investissement lourd favorable à l’emploi et aux conditions de travail, pour conforter la place de l’usine dans la ville…

L’adresse originale de cet article est http://pam.venissieux.org/L-industr...

[1la solution technique s’appelle un « OTR » pour Oxydation Thermique Régénérative. Ce système remplacera les systèmes actuels

[21/4 de l’aluminium mondial hors chine est produit avec des cathodes qui viennent de l’usine de Vénissieux !

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