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La République est fatiguée

Dimanche 25 janvier 2015

« Si vous voulez la République, attachez-vous au peuple, et ne faites rien que pour lui ; la forme de son bonheur est simple, et le bonheur n’est pas plus loin des peuples qu’il n’est loin de l’homme privé. »

Saint-Just, Discours sur la Constitution de la France, 1793

« Intéressez-vous aux gens qui sont dans la merde ! »

Anonyme, automne 2014

Nous, républicains convaincus, issus de divers horizons
Nous qui pensons que « notre » République est aujourd’hui menacée, fatiguée
Nous qui souhaitons la défendre, et qui souhaitons défendre aussi en son sein la culture, l’éducation, l’environnement, la justice et la laïcité
Nous qui hésitons entre plusieurs voies envisageables
Premièrement, la rénovation de la cinquième République, purement et simplement, avec un ravalement obligé de ses façades (Constitution, institutions…)
Deuxièmement, l’invention d’une nouvelle ère, avec la création d’une sixième République et tout ce que cela implique d’audace et d’imagination
Nous par-delà nos différences
Nous qui pensons que la démocratie est en danger
 
Nous, citoyens ordinaires, électeurs, militants
Nous, encore, citoyens responsables, motivés
Nous sommes convaincus que non seulement tout est toujours possible, mais que tout reste à faire, à bâtir ensemble
Nous, individus « solitaires et solidaires »
 
Nous qui refusons les récents basculements dans l’imaginaire collectif
Nous qui pensons que le valorisant doit rester le peuple, la nation, l’État, et non être remplacé par l’argent ou l’aventure
Nous qui pensons que les finances publiques sont un moyen, et non une fin en soi
Nous sommes convaincus que les visions, les perspectives et les projets doivent reprendre leur place à table, en politique comme ailleurs
Dans un pays « moderne » comme le nôtre, les comptables ne doivent plus, à eux seuls, détenir tous les pouvoirs entre leurs mains
 
Nous pensons, pareillement, qu’il y a forcément un lien de réciprocité entre la crise morale et la crise économique
Un pays tout entier absorbé par l’économie, loin de décourager le fanatisme et la violence, les provoque
La jeunesse des banlieues, celle qui s’enrôle dans le « djihad » notamment, a perdu toute raison de vivre et d’espérer, ainsi que sa place sur place
Elle n’a pas trouvé une cause avec du sens
Une société qui propose, en guise d’accomplissement, la course au fric et le « chacun pour soi » est un cadeau offert à l’obscurantisme
 
Nous rejetons les politiques qui bornent leur horizon au respect du seul taux de croissance
Nous demeurons convaincus que l’imaginaire, les idéaux et les passions ne sont pas solubles dans le pouvoir d’achat
Nous souhaitons, à notre niveau, proposer un horizon de dépassement à la société française dans son ensemble
Nous, qui demeurons épris de liberté, d’égalité et de fraternité
 
Et si nous refusons de songer avec nostalgie à la grandeur de notre pays, nous nous dressons contre la liquidation de toutes les conquêtes sociales et politiques du passé
Attention ! Rien n’est moins progressiste que le mépris du passé
Sans passé, sans 1789, sans 1848, sans la Commune, sans 1936, sans le CNR et Les Jours heureux, pas de futur
Toutes les renaissances sont des ressourcements
Ceux qui ont oublié n’ont pas d’avenir
 
L’ère du vide actuel est caractérisée par l’écroulement des mythes, celui de l’Europe sociale en particulier
Nous pensons que la construction européenne n’est pas incompatible avec l’avènement d’un socialisme démocratique
Nous pensons que la soumission à la mondialisation libérale réduit le citoyen au consommateur
Nous revendiquons le fait d’être depuis toujours passés par la vie, l’exil, le monde et la bagarre
L’État, qui a perdu toute estime de soi et qui tourne le dos à la France périphérique, perd aujourd’hui sur tous les tableaux
 
Dans ce pays comme ailleurs, dans ce pays comme partout, il n’y aura pas de renaissance sans une réappropriation de l’histoire, toute l’histoire, et sans une réappropriation de la langue, de notre langue qui chaque jour davantage s’appauvrit
La question du mieux doit cesser d’être enfouie sous la question du plus
La République est fatigué, la République est menacée
Nous devons absolument la réinventer

Thierry Renard [Vénissieux, le 2 décembre 2014]

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