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La reconstruction communiste

Jeudi 6 septembre 2007 — Dernier ajout vendredi 7 septembre 2007

Il y a un point commun dans ce qui conduit depuis des années des milliers de communistes à se retrouver en opposition à la direction du PCF, et c’est justement le spectre qui hante ses stratégies successives ; mutation, gauche plurielle collectifs anti-libéraux… Toutes sont marquées par le renoncement à un parti communiste autonome porteur d’un projet révolutionnaire…

Ce sera encore le cas de la prochaine étape des congrès de 2007 et 2008 qui se préparent un peu comme la « cosa » italienne qui a provoqué la fin du PCI… En France, ce sera la « forge » (alternative bien sûr) avec un site internet préparant les congrès symboliquement déjà en dehors de celui du PCF. La direction propose un « questionnaire » qui commence par s’interroger sur l’état des forces du PCF, dont tout le monde connait l’affaiblissement pour aboutir à la question « d’un nouveau parti »… L’orientation est claire et comme dans tous les bons sondages marketing, les questions contiennent déjà leurs réponses !

Des milliers de communistes orphelins de leur parti, isolés ou cherchant à militer localement, tentant de faire vivre des organisations du PCF ou tentant de recréer un parti communiste, sont confrontés à cette situation surprenante. Dans leur diversité, ils affirment la nécessité d’un parti communiste, et ils sont face à une direction qui organise l’effacement de ce qui reste du PCF ! Ils ont le choix entre laisser faire cette direction qui agit dans les faits contre leur objectif de reconstruction communiste, ou tenter de peser sur la préparation des congrès de 2007 et 2008, alors que dans leur majorité, ils ne sont plus adhérents ! Et si ces congrès vont être préparés pour tenter d’associer le maxium d’écologistes, d’alternatifs, de troskystes ou de socialistes dans ce futur « nouveau parti de gauche » qu’annoncent de nombreux dirigeants du PCF et que préfigure le parti de gauche européen, les communistes opposés a cette stratégie savent d’expérience qu’ils ne seront pas les bienvenus dans les rencontres organisées par les directions du PCF !

Cette situation ne fait qu’exacerber une alternative ancienne entre tentatives de revitaliser le point de vue communiste dans le PCF et tentatives de reconstruction communiste en dehors du PCF. Les communistes n’ont pas su résoudre cette contradiction se repliant sur les situations locales ou les démarches individuelles. Les causes en sont diverses, mais ce qui est nouveau depuis peu, c’est que tout ceux qui tentent d’agir, d’organiser, de confronter mesurent l’urgence à sortir de cette situation qui pousse aux réflexes groupusculaires, aux clivages théoriques de salons, aux querelles de personnes, au gauchisme. ALors que la nécessité d’un parti communiste est la seule réponse à la guerre sociale que mène la droite Medefisée, et que la capacité populaire à en prendre conscience est présente ; dans le NON au référendum, dans les résistances des quartiers populaires, dans le refus du capitalisme. toujours majoritaire en France.

Tous les militants communistes souffrent de cette situation : dans ou en dehors du PCF, de ceux qui pensent que la direction fait majoritairement ce qu’elle peut pour « sauver le PCF » malgré un courant qui veut changer de parti, à ceux qui pensent depuis longtemps que la direction du PCF n’est plus communiste et organise la dissolution de ce parti, de ceux qui continuent à militer là ou ils peuvent, à ceux qui ne peuvent plus que regarder…

Un peu de dialectique pour sortir de cette contradiction !

Il sera plus que difficile de renverser l’orientation politique du PCF dans le cadre des congrès que sa direction prépare. Celle-ci est nationalement et départementalement entièrement dépendante des élus, eux mêmes presque tous dépendants des alliances électorales et majoritairement convaincus qu’ils n’ont pas d’avenir avec un parti communiste autonome ! Les déclarations de Noel Mamère expliquant avec qui il a préparé l’accord « technique » qui divise par trois les moyens des députés communistes sont éclairantes, tout comme les conditions de la perte du siège de l’Isère avec deux candidats du parti, la présence de candidats PCF contre le député sortant Maxime Gremetz, le soutien de certains à Joseph Bové… Cette pratique d’abandon communiste est ancienne avec l’alliance au premier tour avec le PS au régionales ou la liste Bouge l’Europe. La grande majorité des dirigeants communistes ne croient plus à la possibilité d’un parti communiste ! et si Marie-Georges Buffet parle de le « sauver », elle ne prend aucune décision d’organisation en ce sens et concentre ses discours sur la « visée » communiste, sans jamais s’engager personnellement sur l’avenir du PCF.

Mais la création d’une nouvelle organisation communiste n’est pas une question nouvelle et toute l’expérience montre qu’elle est aussi un piège ! Des groupes en opposition se sont organisés depuis longtemps, du PCOF au mouvement de Rolande Perlican. Certains groupes deviennent des associations qui peuvent mener une action de solidarité efficace, plusieurs contribuent utilement à la confrontation d’idées pour reconstruire un point de vue communiste, mais aucun n’a pu résister au piège de l’isolement politique, de l’absence de moyens, de l’impossibilité de faire vivre réellement une organisation nationale, de la situation de fait assimilée à l’extrême gauche dans les quelques tentatives électorales.

Si les deux termes de la contradiction sont des impasses, comment penser le mouvement qui peut nous permettre de dépasser cette contradiction ? Evidemment, avec beaucoup de modestie et de pragmatisme ! tout ce ne résoudra pas par miracle ni évidemment par de grandes déclarations. Mais il faut travailler deux aspects de cette contradiction tels qu’ils sont vécus dans l’expérience.

Lier l’existence de structures locales à la nécessité d’une coordination nationale

Là ou des militants ont réussi, dans le parti ou en dehors, à maintenir une organisation utile pour agir, débattre et rassembler, il serait stupide de vouloir la remettre en cause au nom d’une « nécessité » de l’organisation nationale. Mais si rien n’est fait pour coordonner patiemment, concrètement les structures existantes, ces structures ne trouveront pas de débouché politique, même au niveau local. Or de nombreuses activités locales rendent nécessaires des contacts au niveau national. Quand RougeMidi publie un texte sur les sans papiers, proposant un point de vue communiste sur un sujet central dans la bataille autour du travail, cette bataille a besoin d’un écho national, pour confronter, développer et consolider un tel point de vue communiste alors que tout pousse à la domination du discours dominant sur la nécessité du « tri sélectif » des immigrés.

Ressourcer l’espace politique historique que représente le PCF aux besoins politiques de la société d’aujourd’hui

On ne reconstruira évidemment pas le parti communiste d’hier et certains proposent des analyses pertinentes sur les défauts nombreux de ce parti « ancien ». Mais à force de vouloir « rompre » avec ce qui est jugé comme insuffisamment révolutionnaire, on peut faciliter la déconstruction idéologique ! Si ce parti qu’on a dit « héroique » n’était pas le parti communiste qu’il fallait, alors est-il bien réaliste de vouloir le reconstruire dans un rapport de force si difficile aujourd’hui. Et n’est-ce pas la matrice même de 1920 qui se serait révélé erronée ? Ne faut-il pas étudier les critiques trotskystes, anarchistes ? C’est de fait un des fondements du courant refondateur qui passe de la critique du communisme historique à la recherche du communisme déjà là pour aboutir au renoncement révolutionnaire. Tout devient alors idéologiquement possible et la seule activité réaliste est l’association des anciens amis… Or, la « résistance communiste » surprenante aux législatives, et plus généralement depuis 20 ans que sa mort est annoncée, la permanence du fait communiste, (nombre d’adhérents du Pas de Calais, présence de groupes de jeunes communistes à la recherche d’un point de vue révolutionnaire, perception de classe des enjeux de pouvoir dans la référendum de 2005 et dans les batailles électorales pour peu que les communistes n’hésitent pas à appeler un bourgeois un bourgeois, et un prolétaire, un prolétaire !)

C’est bien l’espace politique qu’a occupé le PCF qui nous est nécessaire aujourd’hui, pas celui de l’extrême gauche, ni du PSU ! Un point de vue communiste qui allie, lutte théorique, lutte politique et luttes sociales, ancré dans le monde ouvrier (au sens large), l’entreprise, les quartiers populaires. Un parti capable de parler au « peuple » et pas seulement au « microcosme militant ». Un parti que le peuple puisse reconnaitre comme utile, puisse choisir comme représentation politique dans l’affrontement avec le capital ! Un parti qui puisse faire peur à la bourgeoisie pour donner confiance au peuple !

C’est donc bien du PCF que nous avons besoin. Il faut certes le reconstruire compte tenu de ses forces, dans un rapport critique à son histoire, notamment pour comprendre les sources de sa dérive mutante, et son incapacité à sortir par le haut de la critique du stalinisme. Cette reconstruction ne peut se faire que dans le peuple tel qu’il est, avec un salariat oppressé par la précarité, la misère et la violence, avec la place de la religion et le contexte idéologique de la « guerre des civilisations », avec un capitalisme qui a trouvé des formes de productivité nouvelle dans une structuration de production mondialisée, avec une place des médias dans la vie quotidienne sans équivalent dans l’histoire…

Vers une reconstruction communiste !

Dans la diversité de leur situation locale, les militants communistes peuvent se retrouver dans la fraternité de lutte autour de ces deux efforts

  • faire converger dans la pratique leurs forces locales pour permettre une réelle confrontation d’idées et aller vers une réelle coordination de lutte, sans chercher à résoudre toutes les questions théoriques et politiques du parti communiste nécessaire, mais en privilégiant la pratique sur les grandes déclarations !
  • faire percevoir la possibilité d’une reconstruction communiste qui reprenne une force telle qu’elle soit capable de dépasser la contradiction dedans/dehors, autrement dit qu’elle soit à la fois la continuité du PCF et son renouvellement dans les luttes de classe du XX1e siècle. Cette bataille devant se mener dans le PCF et à l’occasion de ses congrès pour freiner sa liquidation, et dans le peuple et les luttes, seule source réelle de progrès dans le rapport de forces !
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