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Le FG à Vénissieux, pour élargir ou pour diviser ?

Vendredi 20 janvier 2012

Ce jeudi 19 janvier se tenait une « assemblée citoyenne » organisée par le Front de Gauche de Vénissieux pour débattre du programme partagé. Plusieurs communistes de Vénissieux qui ne partagent pas la stratégie du Front de Gauche ont participé, non pas bien sûr pour reprendre le débat interne de la section sur le contenu anticapitaliste ou non du programme partagé, ni sur la candidature de Mélenhon, mais pour échanger sur les conditions des batailles à mener en 2012, notamment pendant la période électorale. L’enjeu est bien sûr de mobiliser le maximum de forces, donc de respecter les positions de chacun, en trouvant comment ne pas créer de confusion, ou pire de confrontations stériles.

La discussion a montré à la fois les possibilités réelles comme les risques…

La rencontre, qui réunissait 30 personnes de Corbas, Feyzin, St-Priest, Vénissieux, a commencé par une introduction sur la situation politique et la campagne du Front de Gauche de Pierre Mateo (PCF), puis une présentation des propositions du programme partagé sur l’économie par René Brouet (PCF), une présentation des propositions plus générales du programme partagé par Farouk Ababsa (PG), et une présentation de l’importance de la bataille pour le désarmement de Arlette Cavillon (PCF, qui ne parlait pas au nom du mouvement de la Paix mais que tout le monde connait pour son engagement dans ce mouvement).

Je suis intervenu pour expliquer le sens de ma présence avec d’autres communistes de la section de Vénissieux, et posé deux questions sur des enjeux politiques où, si les réponses de chacun sont différentes, il est nécessaire d’aider le mouvement social à se les approprier utilement, malgré justement les divergences :

  • que faire si un gouvernement de rupture politique que nous appelons tous de nos vœux prend des décisions du programme partagé sur les salaires, le salaire maximum, le service public… qui sont contradictoires avec de nombreuses directives européennes et que l’Union Européenne décide de sanctions, de mesures de rétorsion contre un gouvernement Français élu ?
  • que faire pour ne pas être sous la pression des marchés financiers si nous n’avons pas le droit de créer de la monnaie, et donc que l’état se retrouve comme la Grèce devant la menace de ne plus avoir de trésorerie ?

Pour les communistes de Vénissieux, majoritairement, la réponse est claire. Il faut refuser de respecter les directives européennes contraires à nos choix politiques, et donc ne pas avoir peur de se retrouver de fait en dehors des institutions européennes. La crise politique serait alors non pas en France, mais à Bruxelles… Et pour la monnaie, la solution bien sûr est de réaffirmer le droit de création monétaire, c’est à dire de sortir de l’Euro tel qu’il est, et avoir le droit d’émettre de la monnaie pour les besoins de la France, quel que soit cette monnaie…

Mais je sais que la direction du PCF comme des autres forces du Front de Gauche sont opposés à l’idée d’un éclatement de l’Union Européenne et de la sortie de l’Euro qui pourraient être, selon eux, les outils nécessaires d’une « Europe sociale ».

Comment faire alors dans le dialogue avec le mouvement social sur ces deux questions… ?

La première réponse est venue de Pierre Cottet (PG) disant que la future constituante résoudrait ce problème en décidant de nouvelles relations entre la France et l’Europe, et que l’essentiel n’était pas de résoudre ce problème aujourd’hui, mais de savoir quel serait le score de Mélenchon dans la 14e circonscription.

La discussion a continué sur de nombreux points, et s’est en fait concentrée non pas sur le programme partagé, mais sur les rapports entre les communistes de la section de Vénissieux et le Front de Gauche.

Quelques interventions ont cherché à mettre en avant les points de convergence en considérant que les points de divergences pouvaient être écartés pendant la campagne. Il y a certainement du travail à faire en ce sens, sans doute pas pour « cacher » les divergences, mais pour les mettre en perspective de l’action du mouvement social. Il faut certainement pour cela approfondir le débat pour les militants.

  • Oui ou non l’Euro est-il une monnaie « neutre » qui peut servir les intérêts des capitalistes comme aujourd’hui mais qui pourrait servir les intérêts des travailleurs dans un autre contexte ? Comment tactiquement retrouver une capacité monétaire à l’échelle de la France qui de toute façon avec ou sans Euro continuera à échanger avec les pays voisins…
  • Une « révolution citoyenne » en France pourrait-elle imposer de nouvelles règles de fonctionnement à l’Union Européenne, même si elle est la seule à avoir changé de politique ? Entrainerait-elle nécessairement d’autres ruptures politiques en Europe, jusqu’à imposer une transformation radicale de l’Union Européenne… Et si ce n’est pas le cas ?

Voilà des pistes pour « travailler » les divergences réelles qui existent entre nous, pour que ces divergences ne soient pas un obstacle au mouvement social, mais l’aide à se renforcer. Edit Chagnard a insisté aussi sur l’importance des enjeux du rapport de forces dans la réalité, dans le mouvement social, des questions de classe, qui ne progressent pas dans les médias et l’électoralisme, mais dans l’organisation concrète avec les gens… et sur lesquels on peut se retrouver malgré des divergences…

Mais ce qui est apparu assez clairement dans plusieurs interventions, c’est que certains choisissent au contraire de mettre en avant les contradictions, allant jusqu’à demander aux communistes de Vénissieux de se ranger dans le rang en acceptant la stratégie, le programme et le candidat du Front de Gauche.

C’est le cas de Idir Boumertit (PG) qui m’a interpellé sans équivoque en me demandant de dire quand j’allais enfin soutenir Mélenchon et m’intégrer dans le Front de Gauche !

D’autres intervenants que je ne connais pas l’ont même fait de manière assez agressive… Visiblement, pour ceux-là , l’heure n’est pas au rassemblement, et les pratiques politiques « nouvelles » dont ils parlent sentent les vieilles habitudes gauchistes de dénonciation et d’affrontements politiciens sur la ligne… Pour ceux-là , tout le monde doit se ranger derrière une seule tête, Mélenchon.. et au pas s’il vous plait !

On verra comment le Front de Gauche de Vénissieux se positionne dans ce débat important.

Pour ce qui me concerne, j’ai répondu le plus clairement possible à l’interpellation de Idir Boumertit. Personne ne peut bien sûr m’imposer de changer d’avis de force ! Je ne partage pas la stratégie du Front de Gauche, et je ne la défendrai donc pas, mais je sais que l’heure n’est pas aux débats internes, et je cherche justement comment mener une campagne utile au mouvement social et à la réélection d’un député communiste.

Je vais donc mener campagne pour ma part sur le fonds, sur les propositions, et je vais la mener en prenant soin de ne pas mettre en avant les contradictions avec le Front de Gauche, mais en menant cette bataille pour trois objectifs que tout le monde peut partager

  • battre Sarkozy et son gouvernement des riches
  • faire reculer le Front National et l’abstention
  • créer les meilleurs conditions possibles du mouvement social, avant, pendant et après les élections…

J’ajoute après coup que je reste convaincu que Mélenchon est un (bon) candidat médiatique, [1], que c’est sur le fonds un candidat socialiste, mais que Allende aussi, donc que je veux bien ne pas insulter l’histoire et accepter le pari que Mélenchon soit un Allende… Sauf qu’au Chili, j’aurai pu voter communiste, tout en accompagnant Allende… L’exemple est intéressant, car personne ne sait si finalement, Mélenchon est plus proche de Allende que de Mitterrand… la réponse est sans doute non dans la personne, mais dans la situation historique…

Je pense que de nombreux communistes, à Vénissieux et ailleurs, vont mener la bataille sur les propositions, dans le cadre du Front de Gauche ou pas, en appelant ou pas à voter un peu, beaucoup ou passionnément Mélenchon, en renforçant ou pas l’organisation communiste….

Et bien sûr, à Vénissieux, nous allons mettre l’accent sur la campagne des législatives ! Plusieurs intervenants du PG ont insisté sur le lien entre le score de Mélenchon et le succès ou non des législatives. C’est surprenant comme ils connaissent bien mal la circonscription, à moins que leurs préoccupations politiques l’emportent sur une analyse concrète… Car il est évident que le député communiste de Vénissieux n’a jamais gagné avec les seules voix communistes ! Il y a 30 ans, le député Marcel Houel faisait 2 à 3 fois plus de voix que le candidat PCF aux présidentielles, et en 2007, André GERIN pour être élu a fait plus de 4 fois plus de voix que Marie-Georges BUFFET ! Nous savons que Michèle PICARD doit faire dans la 14e au moins deux ou trois fois plus de voix que Mélenchon au plus haut ! Il est donc évident que les communistes vont mener une campagne très large, ouverte à tous les syndicalistes, anticapitalistes, associatifs, républicains, laïques, humanistes, et même socialistes, qui peuvent décider qu’il vaut mieux garder un député engagé et disponible pour leurs combats ! La question est donc posée au Front de Gauche de Vénissieux. Mènera-t-il cette bataille des législatives plus large que celle des présidentielles, bien au delà de ce que représente aujourd’hui le Front de Gauche ?

De fait, aucun communiste n’a intérêt à chercher à « régler des comptes » pendant une campagne électorale. Pour ma part, je considère que le débat interne sur la stratégie du parti reprendra après les élections pour le prochain congrès… J’espère que les militants du PG auront le même respect des citoyens et trouveront leur manière de mener campagne au service du rapport de forces contre Sarkozy et Le Pen.

[1a vrai dire, tant que les médias ne décident pas de le faire disparaitre… que sont devenus les scores des « bons candidats médiatiques » Besancenot ou Chevènement ?

Vos réactions

  • jack freychet 24 janvier 2012 15:17

    N’étant ni de Vénissieux ni de ses environs j’en resterai aux généralités.

    C’est le fonds qui prime la forme n’étant qu’un outil pédagogique mais, même paré des plumes d’un paon Mélenchon ne reste qu’un paon qui n’a d’autre soucis que de faire le meilleur score possible pour réintégrer le bercail réformiste en bonne position lorsqu’il s’agira de répartir les strapontins.

    Le PPP n’est pas de nature à nous faire retrouver notre souveraineté monétaire dont l’abandon, en 1973, loi Pompidou Giscard dite loi Rothschild, a démultiplié la dette au profit du capital (il faut lire et relire Eric Toussaint). Ce que l’on dénomme aujourd’hui la crise c’est l’abondance pléthorique pour quelques-uns, les sacrifices pour les peuples.

    Il faut dévoiler les responsabilités, désobéir à l’UE revenir au Franc pour inverser la tendance et retrouver la croissance. Le M’PEP en a clairement énoncé la méthodologie, les délais six mois, les conséquences prévisibles. En fait faire ce que ne prévoient ni le Front de gauche ni Mélenchon qui renvoient à un éventuel référendum et une modification de la constitution, pour l’après deuxième tour. L’écrire en exergue du programme eut été plus mobilisateur au premier tour d’ailleurs si la manœuvre n’était pas sans arrière pensée pourquoi refuser l’entrée du M’PEP au sein de Front de Gauche ? Il ne l’a pas voulu car il est européiste, Hollande ne le fera pas non plus pour la même raison. En attendant « Billancourt  », les exclus ou en voie de l’être désespèrent certains iront se réfugier dans l’abstention d’autres rejoindre le camp Lepéniste.

    J’ai déjà là une première raison de ne pas accorder mon suffrage au candidat du Front de gauche.

    La seconde est motivée par le feu vert donné par le parti de gauche à l’intervention de l’OTAN en Libye sous l’autorité de l’ONU, pour une nouvelle aventure coloniale à visée planétaire. Il est à noter que les trois députés européens membres du PCF se sont à cette occasion « courageusement  » abstenus.

    La troisième pour son approche du développement durable au travers des thèses fallacieuses du GIEC, l’abandon du nucléaire civil alors que les réacteurs de quatrième génération, plus sûrs, nous mettraient à l’abri de toute pénurie d’électricité pour plusieurs génération dans des conditions économiques optimales pour les consommateurs individuels et l’appareil productif. Si l’électricité ne peut actuellement être stockée, la chaleur peut l’être pendant les heures creuses, de nuit, alors que les réacteurs sont sous utilisés, restituée ensuite en périodes de plus forte charge.

    Beaucoup de scientifiques s’interrogent sur la réalité du réchauffement climatique, ses origines. Mélenchon qui n’est pas un scientifique a tranché, sans preuve, ou ses conseillers pour lui, c’est l’Homme qui serait responsable, nous plaà§ant, comme dans le domaine de la santé, devant l’alternative ou payer plus ou nous chauffer (soigner) moins mais cela il ne l’écrit pas.

    Quatrièmement, que Mélenchon réussisse un bon score le rendrait plus exigeant vis-à -vis de ses alliés du premier tour. Nous assisterions dans cette hypothèse à un étouffement encore plus rapide du PCF, qui abandonne déjà ses fondamentaux, et sa transformation définitive en force d’appoint de la social démocratie, jusqu’à la fusion pure et simple. Un bide de sa part pourrait à contrario provoquer une réaction salutaire à la condition d’apporter les bonnes réponses aux vraies questions que se posent les habitants de notre pays. Après tout le PCF, interdit en 39, ses militants pourchassés, internés, déportés, fusillés, était devenus trois années plus tard un acteur politique majeur incontournable pour la libération, y compris économique, du pays.

    L’Union européenne et l’euro sont à l’origine du marasme actuel. Raison suffisante pour nous en débarrasser, rechercher de nouvelles alliances avec les forces de progrès où qu’elles se trouvent dans le monde, nous ne les trouverons pas seulement en Europe ou la gauche , malade, a besoin d’une thérapie.

    Cette élection présidentielle offrait la possibilité d’avancer quelques propositions réalistes, l’absence d’un candidat représentatif de la vraie gauche l’interdit et pèsera négativement sur la teneur des débats lors des législatives qui suivront et resteront, par la force du suffrage universel, à dominante réformiste.

    Il y avait une opportunité à saisir le Front de gauche, le PCF et leurs alliés ne l’ont pas voulu.

    Il faudra alors, dans le meilleur des cas, préparer le grand soir en révisant les fondamentaux, en particulier sur le site unité communiste, le pire serait d’attendre les élections suivantes, cinq années perdues, l’arme aux pieds. Tant pis pour les jeunes, les plus vieux seront morts.

    Chacun devant agir en son âme et conscience tout ce qui précède n’est en aucun cas une consigne de vote mais un point de vue personnel et si je me rends aux urnes en l’état de propositions des uns et des autres ce sera uniquement pour éliminer Le Pen et éjecter Sarkozy sans illusion, aucune, sur celui qui prendra la succession. Le seul candidats ayant à mes yeux un préjugé favorable est Dupont-Aignan lorsqu’il écrit : L’euro, les banquiers et la mondialisation L’ARNAQUE DU SIECLE mais hélas le PCF n’a plus ni les forces ni la volonté nécessaires pour imposer un compromis social plus favorables au peuple, à l’image, en son temps, du programme du Conseil National de la Résistance.

  • mdudu 23 janvier 2012 14:11

    Bonjour, je voudrai intervenir sur le compte rendu de P.A Millet sur l’assemblée citoyenne à laquelle il a partiellement participé. Il montre l’utilisation de méthodes intellectuelles et d’une conception de débat tout à fait contraires à celles qui devraient servir pour élargir les possibilités de gagner dans la 14° circonscription. Ainsi on donne une fausse information sur l’appartenance politique de Pierre Cottet qui n’est pas au Parti de Gauche. Ceci sur un blog public ! Je demande donc une rectification. Ensuite, l’intervention de Pierre Cottet a consisté à répéter à de multiples reprises qu’il considérait que l’élection présidentielle était en quelque sorte le premier tour de l’élection législative. Et je crois,comme lui, que si,-Jean Luc Mélanchon dépassait Franà§ois Hollande dans la 14°, la candidature du représentant du Front de Gauche dans cette circonscription serait grandement facilitée….. Mais cela n’engage que ma modeste personne. Il est vrai qu’une défaite de JL Mélanchon dans la 14° ne me motiverait fuère pour atteindre les objectifs que PA Millet nous a fixé…. démocratiqument !

    • Dont acte, Pierre Cottet n’est pas au PG mais à la Gauche Unitaire. Il me semble que à§a change pas le contenu du compte-rendu, mais erreur corrigée.

      Pour le reste du commentaire, nous sommes en fait d’accord. Pierre Cottet (GU) a bien insisté sur le premier tour de la présidentielle comme première question et condition de la suite aux législatives.

      Et j’ai effectivement dit au contraire que le score aux législatives est historiquement dans la 14e circonscription très au delà du score des présidentielles et heureusement, sinon il n’y aurait jamais eu de député communiste.

      Donc, tout ceux qui veulent permettre l’élection d’un député communiste et ne pas réélire un député socialiste de plus, ont tout intérêt à travailler dès maintenant à la campagne de Michèle Picard, en s’appuyant sur la mobilisation pour Mélenchon pour ceux qui le souhaitent, mais sans l’y réduire, car il faudra bien que beaucoup d’électeurs qui n’auront pas voté pour Mélenchon vote pour Michèle Picard…

      On peut souhaiter le score le plus élevé possible de Mélenchon, , mais espérer que Mélenchon dépasse Hollande au premier tour, il faut être sérieux… Même en 1988 ou 1995, le PCF était largement derrière aux présidentielles, alors qu’aux législatives suivantes en 93 ou 97, il est largement devant !

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