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Le déclin du PCF : conséquence d’une stratégie qui vient de loin

Lundi 3 juillet 2006 — Dernier ajout vendredi 2 octobre 2020

Aux législatives de 1956 le PCF représentait près de 26 % du corps électoral, depuis son influence n’a cessé de décroître jusqu’à ne représenter aujourd’hui qu’environ 3 %. Il est pour le moins surprenant que la Direction du Parti fasse l’impasse sur les causes de ce déclin, comme elle fait l’impasse sur les causes de l’effondrement du socialisme qui a constitué la référence de tous ceux qui luttaient contre l’exploitation capitaliste au cours du 20 eme siècle. Au 33e congrès, la Direction s’est débarrassé de la question du socialisme par la fuite en avant avec la visée communiste ! Le PCF parle du capitalisme mais de façon abstraite, préférant le terme libéralisme qui ne fait référence à rien de concrêt. Rien dans les textes du PCF ne constitue des points d’appui opérationnels pour lutter concrètement contre les critères de gestion capitalistes tant au niveau de l’entreprise que des différents niveaux de l’Etat. Tout se réduit in fine à comment faire bouger le PS, à travers des combinaisons d’appareils. Lorsque le PCF faisait plus de 20 % du corps électoral, il n’a pas été capable de faire « revenir le PS à gauche » alors à 3% ! Pourquoi tant d’obstination dans cette impasse stratégique. La stratégie dépend de la conception et de l’analyse du salariat. Si l’on y porte un peu attention, il apparaît évident que le déclin du PCF par delà les aléas politiques reflète l’évolution du salariat. Le capitalisme est le système de production de richesses qui repose sur l’exploitation du salariat. L’enracinement du PCF est dépendant de son rapport au salariat. Le Parti s’est défini comme le parti de la classe ouvrière, classe soumise à l’exploitation du capital, à qui il appartenait de renverser la société capitaliste. Les autres catégories salariales considérées comme étant influencées par les idées réformistes parce que n’étant pas soumises à l’exploitation directe du capital se voyaient reléguées au rôle d’alliées. L’alliance PCF-SFIO matérialisait l’alliance de la classe ouvrière et des autres catégories salariales et sociales. Cette conception validée par le Front Populaire reposait sur une classe ouvrière numériquement dominante, tirée par le sous groupe des ouvriers professionnels de la métallurgie. Dans le courant des années 50 vont s’amorcer des transformations du salariat, expression de l’introduction des technologies dans la création de la valeur et de la réorganisation du capital. Ces transformations sont toujours en cours. Elles ont abouti à une expansion des services dont les salariés constituent actuellement 70 % du salariat et à une part prépondérante des fonctions de conception au détriment des fonctions d’exécution dans la création de la valeur. Le Parti s’est révélé incapable d’analyser ces évolutions. Le travailleur intellectuel est resté pour lui avant tout un travailleur non productif (artiste, enseignant, chercheur,…). Emprisonné dans sa conception « ouvrièro-centriste » de la lutte anticapitaliste le parti a assimilé l’extension du salariat à l’extension de la classe ouvrière d’où le concept de « classe ouvrière élargie » qui mettait la classe ouvrière partout et surtout nulle part. Cette fixation sur une classe ouvrière essentiellement réduite à des fonctions d’exécution va éloigner le salariat du PCF et le rapprocher de la social-démocratie après que cette dernière ait opéré sa mutation de la vieille SFIO en PS. La crise de suraccumulation du capital avec ses fermetures d’entreprises de production et ses licenciements massifs dans le milieu des années 70 va provoquer une crise profonde d’identité de la classe ouvrière et entraîner le décrochage électoral du PCF. Au début des années 80, le PCF s’interrogeant sur son fort recul électoral va mettre en cause cette stratégie de l’alliance. Il va s’interroger sur la pertinence de la structuration gauche-droite, qui aboutit à faire du Parti un pourvoyeur de voix du PS. Ceci va aboutir en 1985 au 25 eme congrès, à l’élaboration d’une stratégie réellement novatrice en rupture complète avec celle qu’il avait toujours développée depuis l’éviction du groupe Barbé-Celor. Cette stratégie baptisée Rassemblement Populaire Majoritaire faisait du mouvement de lutte l’acteur majeur des transformations politiques. Il ne s’agissait plus de faire pression sur les appareils mais de développer les luttes dans les entreprises, dans le pays, sur des critères anticapitalistes, le niveau de ces luttes allait déterminer le contenu des alliances. Alors que le Rassemblement Populaire Majoritaire mettait l’accent sur le contenu des luttes, l’union de la gauche édulcorait ce contenu afin de permettre l’alliance. Avec cette nouvelle stratégie le Parti s’adressait à l’ensemble du peuple de France, alors qu’avec l’union de la gauche il ne s’adressait qu’à une partie. La stratégie de l’union de la gauche ne posait pas de problème quand le PCF était au dessus de 20% avec une classe ouvrière forte, mais avec un Parti en dessous de 15% et une classe ouvrière en crise d’identité, elle le mettait à la remorque du PS. Cette stratégie résolument novatrice fut vite abandonnée. La direction se révéla incapable de concevoir sa stratégie indépendamment de celle du PS. Une occasion historique fut perdue. Le retour à l’alliance avec le PS scella la mort du secteur Economie et Politique. La stratégie de l’union de la gauche n’avait que faire des critères de gestion des entreprises et de l’Etat. Le Secteur Economie et Politique qui avait un joué considérable dans l’analyse de la création de la valeur et de son utilisation glissa dans la technocratie face au refus de la Direction d’appréhender les problèmes de gestion et finit dans l’association capital-travail « Confrontations ». Cette disparition eut pour conséquence d’enfermer le PCF dans une vision souverainiste de l’organisation du Monde qui allait précipiter son déclin. Dans les années 90 la technologie allait modifier profondément l’organisation des entreprises. La transmission en temps réel de grandes quantités d’informations avec internet allait permettre la délocalisation d’unités de production et de services dans des pays dans lesquels les contraintes étatiques étaient moindre et la force de travail moins rémunérée. La mondialisation n’est pas en soit un processus capitaliste. Dès que l’Homme a commencé à produire et commercer, il s’est lancé dans un processus de mondialisation. Le capitalisme utilise la mondialisation pour essayer de résoudre les contradictions générées par la suraccumulation du capital dans les pays développés en exportant le capital excédentaire qui n’arrive plus à suffisament se valoriser vers les pays où les contraintes étatiques sont moindres et le coût de force de travail plus faible. Les cellules d’entreprises ont constitué l’outil politique de la classe ouvrière au cœur même du lieu de son exploitation. Les contradictions produites par la stratégie, la disparition du secteur Economie et Politique allaient les mettre en sommeil. Avec leur disparition, le PCF changeait de nature. Il se coupait définitivement du salariat et devenait comme le PS un parti uniquement d’élus. Comme les sièges avaient été gagnées dans le cadre de listes d’union, l’alliance avec le PS l’emportait sur tout. Cette dérive opportuniste était renforcée par les difficultés financières dues à la baisse des adhérents. Totalement collé au PS, le parti a avalisé toute la politique de la gauche plurielle notamment les privatisations. C’est un gouvernement à participation communiste qui a rétrocédé le plus grand nombre d’entreprises (11) au capital. Depuis 2002, le Parti s’est « dégagé » du PS en apparence pour se fondre dans le mouvement altermondialiste. Le quotidien l’Humanité est devenu le porte parole d’ATTAC, association dont la classe ouvrière est totalement absente et qui est l’expression d’une protestation de couches salariales non productives contre la dureté de l’exploitation capitaliste. Protestation réactionnaire puisqu’elle ne porte pas sur la nature de classe de la société mais sur les technologies. ATTAC exonère le capital puisqu’elle rend l’OMC responsable des méfaits du capitalisme. L’OMC n’est qu’une organisation de régulation du commerce au sein de laquelle s’affrontent des coalitions d’Etats. On ne vend que ce que l’on produit et ce qui est produit dépend des stratégies des groupes capitalistes épaulés par les Etats. Ce qui est produit dépend en fait du taux d’accumulation du capital. Ce qui nous ramène à l’essentiel, l’entreprise lieu de création de la valeur et d’exploitation du salariat. Mais ce terrain n’intéresse pas ATTAC et n’est plus investi par le Parti. La parti n’a plus de démarche autonome, la recherche d’une alliance prime sur tout. Son activité se réduit à organiser ou participer à des forums ou le public est invité à venir écouter ceux qui s’écoutent parler ! Par électoralisme, le PCF épouse le discours anti-OGM, slalome sur le nucléaire et est très ambiguë sur la décroissance. La campagne référendaire a été menée sans contenu afin de pouvoir constituer une alliance autour de L Fabius, l’homme des stock options, de la privatisation d’EDF ! L’opération ayant échoué, la Direction se retrouve dans des combinaisons d’appareil entre organisations groupusculaires pour essayer de dégager une candidature commune qui lui éviterait la déroute électorale. L’anti-libéralisme est le thème fédérateur de cette nébuleuse. Ce qui ne veut pas dire grand chose. Le problème c’est que ces groupuscules sont anti-communistes, ils veulent bien du PCF, comme pourvoyeur de voix, mais pas comme tête de liste. D’où l’impossibilité de constituer une alliance. Ce qui nous ramène au problème essentiel esquivé en permanence par la direction actuelle, celui du contenu de la politique, celui de la stratégie.! Depuis des années, il tient par opportunisme le même discours que ceux qui luttent contre les technologies, ce créneau est déjà bien occupé, quel intérêt à voter pour lui ? Il est plus que vraisemblable que la direction du PCF va connaître une déroute électorale sans précédent aux élection présidentielle. Ceux qui s’opposent à la politique de la Direction ne sont pas très clairs quant à la stratégie à mettre en œuvre. Pour eux le déclin démarre avec R Hue, c’est un peu faible, c’est la stratégie menée depuis des décennies qui a amené la politique de R Hue. Si l’on veut que le PCF renaisse on ne peut en rester à une vision de la classe ouvrière des années 50-60 et à rendre le traité de Maastrich, responsable des maux du capitalisme. Oui, il faut un candidat communiste, mais pour dire quoi, pour être porteur de quelle démarche ? L’existence d’un parti communiste fort qui s’oppose à l’asservissement du salariat par le capital, à la déshumanisation de la société résultant de l’écrasement de l’ensemble des dépenses sociales pour maintenir le taux de profit des groupes capitalistes est d’une nécessité absolue. Pour que le PCF retrouve son influence, et qu’il pèse sur le développement de la société, il doit devenir le parti de l’ensemble du salariat et développer une stratégie autonome qui privilégie le contenu des luttes.

Gilles Mercier

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