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Le parti de la trouille

Article de Jean-François Autier
Vendredi 25 mai 2007 — Dernier ajout samedi 2 juin 2007

"Sarko facho !" En l’absence de mise en perspective de ce qu’est le fascisme, cette antienne prépare la poursuite de la casse des acquis sociaux et la mise à genoux du peuple, parce qu’elle fout la trouille et donc démobilise, alors qu’il faut montrer les limites des possibilités d’action du nouveau président de la République, et rassembler pour mettre en échec ses plans d’asservissement du travail au capital.

Analysant l’élection de Sarkozy, Polémia écrit* : "A la question "En votant pour ce candidat voulez-vous manifester votre adhésion à ce candidat ?" 60% des électeurs de Nicolas Sarkozy répondent positivement ; 36% répondent qu’ils choisissent simplement le rejet de l’autre candidat. (…) Le résultat du second tour traduit donc à la fois l’adhésion à Nicolas Sarkozy et l’échec de la campagne de diabolisation menée contre lui". 60 % de 18.983.408 électeurs, ça fait 11.390.045 électeurs, soit 25,61 % des 44.472.363 électeurs inscrits, à peine plus d’un électeur inscrit sur 4. Voilà ce que représente le courant du capitalisme ultralibéral européen, atlantiste et fascisant de Sarkozy. Vraiment pas de quoi faire une maladie !

Ce n’est jamais par plaisir que la grande bourgeoisie recourt au fascisme (expression politique du pouvoir terroriste du capital financier en expansion) pour assurer sa domination, parce qu’elle trouve plus rentable et plus facile de l’exercer "en bon père de famille". Si elle recourt au fascisme, ce n’est que parce qu’elle constate que la légitimité de sa domination, sous la forme paternaliste, est menacée. C’est parce qu’elle a bien conscience des limites de l’adhésion du peuple de France aux thèses de Sarkozy, que la grande bourgeoisie a tout intérêt à faire scander "Sarko facho" : ça fout la trouille au bon peuple qui ne descendra pas dans la rue !

Renversant, non ? Alors que la gauche est dans les choux, le capital estime que la légitimité de sa domination n’est pas assurée ! Preuve, s’il en fallait une, que malgré l’impôt sur la fortune, il n’a pas eu à se plaindre des gouvernements de gauche et de droite qui, au cours du dernier quart de siècle, ont su booster ses profits en pesant sur le pouvoir d’achat, en cassant Sécu et retraites, en organisant une réserve de plus de 4 millions de chômeurs pour peser sur les salaires, en provoquant une pauvreté de masse, en ghettoïsant les cités populaires, en ne faisant rien pour empêcher les licenciements boursiers ni pour abolir la loi sur les expulsions.

Non, ce n’est pas des "élites politiques de gauche" que le capital a peur ! Ce qui lui fait peur, c’est la contestation populaire de sa toute puissance, qui s’illustre aussi bien dans la mise en cause de la gestion d’Airbus, des parachutes dorés, des licenciements boursiers, des délocalisations, des pollutions, etc., que dans la mise en échec du CPE, dans le vote Non au Traité constitutionnel européen, dans les jacqueries des cités, ou encore dans le nombre inégalé de grèves de cette campagne électorale des présidentielles.

Oui, le capital a peur du peuple, peur de la jeunesse qui a su créer les conditions de la mobilisation pour faire retirer le CPE, alors que les "élites politiques de gauche" et les "dirigeants syndicaux" avaient capitulé. Et c’est parce qu’il a peur qu’après avoir désigné les bons candidats, il a fait élire à la présidence de la République, au terme d’une campagne électorale dont les questions de fond ont été absentes, notamment celle de la propriété du capital, un ex-ministre de l’Intérieur dont les tendances fascisantes sont bien connues. Mais, bien conscient des limites de son influence réelle, le manipulateur Sarkozy manœuvre sur le fil du rasoir, élargissant son gouvernement à la gauche caviar, essayant de récupérer Jean Jaurès et Guy Môquet. Parce que c’est bien sur sa gauche qu’il manœuvre, pas sur sa droite ! Quel aveu de faiblesse ! Se rend-on bien compte des perspectives qu’ouvre la lecture de la lettre de Guy Môquet dans les écoles, si l’on ose rappeler son engagement communiste et l’actualité de cet engagement ? Car enfin, ce n’est pas un hasard si le premier acte de Sarkozy président, est de tenter cette récupération : il sait que Guy Môquet incarne des valeurs porteuses, en particulier dans la jeunesse de France, celles de la Résistance et des acquis de la Libération, du programme du CNR…

"Sarko facho", c’est l’aveu de la faillite des "élites politiques de gauche" qui, alors que le peuple se bat, sont incapables de lui proposer un prolongement politique pour sortir de ce capitalisme pourvoyeur de misère matérielle et morale. Faillite, parce qu’elles ont fait le choix d’aller à la soupe du capital, pendant que d’autres, toujours plus nombreux, sont obligés d’aller aux soupes populaires.

De même, nos "élites politiques de gauche" ont abandonné leur devoir de solidarité internationaliste, préférant taper sur Cuba, phare des peuples d’Amérique latine, qui malgré 45 ans de blocus US pourtant condamné à l’ONU, tient tête comme elle peu à l’impérialisme le plus puissant : Bush serait-il moins facho que Sarko ? Et quand va-t-on parler de la diminution de la durée de vie des peuples de l’ex-Union soviétique, "libérés du communisme" ? Sans chercher à réhabiliter Staline, quand va-t-on procéder à une évaluation critique de ce qui s’est passé dans les pays de l’Est, c’est-à -dire sortir du mensonge et de la calomnie dont les charniers de Timisoara comme les armes de destruction massives irakiennes, ne sont qu’un exemple de la partie visible ? Quand va-t-on parler des millions de morts du capitalisme (des morts de la misère comme de ceux poussés au suicide par la surexploitation, des victimes des guerres du pétrole et du pillage comme des contaminés par les armes à l’uranium appauvri, etc.) ? Après l’Afghanistan et l’Irak, va-t-on laisser le mensonge ensanglanter l’Iran ? N’est-il pas temps de citer Bush à comparaître devant un Tribunal pénal international des peuples ?

Depuis plus de 10 ans que, de l’intérieur et de l’extérieur, tout est fait pour liquider le Parti communiste français, tout va-t-il mieux pour le peuple de France ? Non, au contraire : on ne fait pas la même politique selon que le PCF fait 20 %… ou 1,9 % !

Il est donc urgent de donner au peuple de France l’outil communiste dont il a besoin pour se libérer du joug du capital. Et cela dépend de chaque communiste, quel que soit son courant de pensée, qu’il soit ou non organisé. Ensemble, face aux liquidateurs du PCF où qu’ils se trouvent, nous avons la responsabilité historique de créer une organisation communiste au niveau de la peur que le peuple de France et sa jeunesse inspirent à la grande bourgeoisie. Le vote communiste aux législatives – pour les candidates et candidats invitant à voter communiste – sera un moment d’action dans cette perspective.

Jean-François Autier, ajusteur mécanicien, adhérent du PCF depuis le 3-1-63.

* http://www.polemia.com/edito.php?id=1457

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