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Les voeux de Michèle Picard, Maire de Vénissieux

Mardi 19 janvier 2010

Intervention Michèle PICARD

Lors de la présentation de ses vœux aux associations et aux personnalités

vendredi 15 janvier 2010 - 18 heures (Salle Joliot Curie)

Au nom de l’équipe municipale, je tiens à adresser tous mes remerciements, et tous mes vœux bien sûr, à ceux qui nous font l’honneur de se joindre à nous ce soir.

Je sais que nous tous ici, n’avons qu’un objectif en tête : faire avancer Vénissieux, améliorer les conditions de vie de chaque Vénissian, ouvrir le chemin des possibles, d’un avenir prometteur, en se souvenant de notre histoire commune.

Terre ouvrière, terre populaire, terre résistante, terre d’accueil, terre rebelle. Qui a peur, si ce n’est l’aveugle et l’obtus, de la diversité de nos racines ? Fils de français, d’italiens, fils d’espagnols, fils d’algériens, de marocains, fils des Comores, fils d’Afrique et d’ailleurs. Fils d’autres horizons, enfants de France : chacun a apporté sa pierre à cet édifice que nous aimons, que nous défendons : Vénissieux en 2010. Y vivre pleinement, y vivre ensemble, y vivre solidairement, fraternellement.

2009 est derrière nous, et 2010 nous attend. L’année passée a été exceptionnelle et spectaculaire pour les Vénissians. Elle est le fruit et l’aboutissement d’années de combats, et d’un volontarisme politique à toute épreuve de la part des équipes municipales.

L’arrivée du Tramway car nous n’avons jamais accepté le mur de la ségrégation territoriale. Les nouvelles salles du cinéma Gérard-Philipe car nous refusons le mur de la ségrégation culturelle. La rénovation du plateau des Minguettes, qui se poursuit à vitesse grand v, car nous nous insurgeons contre toute forme de ghettoïsation. La défense de tous les services publics, la défense d’une école laïque et de ses enseignants, d’une école de valorisation de l’enfant sans formatage.

La lutte contre la grande pauvreté, le droit à la sécurité, à la tranquillité, la défense de l’emploi et des activités industrielles.

L’équipe municipale s’est battue farouchement et continuera de se battre pour l’avenir de ses concitoyens.

Je n’oublierai pas non plus de mentionner les enjeux urbains du développement de l’agglomération : prolongement du Boulevard Urbain Est, opposition à un contournement fret qui balafre une nouvelle fois le territoire du sud-est lyonnais, vives interrogations sur les flux de circulation liées à la construction du Grand Stade…

2009 est derrière nous et les populations en difficulté s’en souviennent encore, et s’en souviendront longtemps.

Le monde financier fait payer les gabegies du système capitaliste aux classes populaires, aux classes moyennes, aux jeunes, aux femmes isolées, aux retraités. Au pays du CAC 40, les fêtes se sont très bien passées, merci pour eux. Au pays du réel, on s’accroche à ce qu’on peut, on cherche un emploi, un toit, on cherche à pouvoir se soigner, on sollicite les collectivités locales en toute urgence car la précarité et la pauvreté n’attendent pas : elles détruisent les individus au jour le jour.

2009 a déchiré un tissu social déjà très abîmé par plus de trente ans d’un modèle économique, purement matérialiste, quasi-impérialiste.

Le résultat de cette course à l’argent, de cette course au profit immédiat, de cette prime à la réussite individuelle, se passe de commentaire. Les repères de notre société sont en train de voler en éclat :

  • dans le monde du travail réduit à un monde du sursis : garder son emploi, défendre des acquis, que l’on perd peu à peu, avec la crainte de basculer, un jour ou l’autre, dans la précarité,
  • dans l’espace du vivre-ensemble où l’individualisme prime sur la solidarité,
  • dans l’espace scolaire, caisse de résonance des problèmes de notre société,
  • dans l’espace économique, où la loi du plus fort, du plus gros, asphyxie de nombreuses PME et PMI,
  • dans l’espace individuel enfin, où les personnes vivent leurs difficultés dans la plus grande indifférence, et finissent déstabilisées psychologiquement, sans solutions, sans horizon. Un genou à terre et la sensation que le deuxième suivra bientôt.

Aridité des mots accompagnée de la froideur des chiffres : les deux trahissent la même réalité.

En France, 869 000 personnes de 65 ans et plus vivent en dessous du seuil de pauvreté. En France, 7 millions de personnes, dont 2 millions d’enfants, vivent dans le dénuement le plus extrême, 16 000 enfants sont sans toit, 30% des SDF ont un emploi, plus de 2 millions de personnes sont des travailleurs pauvres. « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? », s’interrogeait Aragon ! En France, qui plus est ! Politique de l’instant, politique sans fondations, sans charpentes.

Le logement en 2009, c’est 3 millions de personnes non ou mal-logés, 6 millions en situation de réelle fragilité et aucune réponse à la hauteur de ce défi.

En l’espace de 30 ans, la question du logement est devenue une question de spéculation. A la base pourtant, c’est un droit, un droit inscrit dans la Constitution. Détournement et réduction du fameux 1% de la masse salariale (ce que l’on est en droit d’appeler un racket d’Etat), une contribution de plus en plus faible des entreprises dans l’effort de construction de logements des salariés.

La nature a horreur du vide, les marchands de sommeil l’ont compris : les loyers flambent, les demandes d’HLM explosent et les délais d’attente oscillent entre trois et dix ans ! ! Inutile de vous dire que Vénissieux mènera encore et toujours le combat pour le logement social, contre les expulsions inhumaines, dramatiques, contre le manque de volonté de l’Etat sur un enjeu de société que l’on sait, depuis des années, explosif.

La machine à broyer le pacte républicain, les acquis sociaux, les destins de chacun et chacune est lancée, bien huilée.

Au cours de l’année 2008, le secours catholique a aidé 1.400.000 personnes, dont 54,4% étaient des femmes. Parmi elles, 90% vivent sous le seuil de pauvreté. Travail précaire, temps partiel, harcèlement au travail, statut fragile, par le biais duquel la pression psychologique s’exerce. La pauvreté se féminise, la pauvreté se généralise. La pauvreté se banalise. Et pour enfoncer le clou : le gouvernement l’institutionnalise. A travers les petits boulots, pour finir le mois sous perfusion. A travers le RSA, pour rester « travailleurs pauvres » et tirer les salaires vers le bas.

A travers le cumul d’emplois, pour finir à peine au-dessus de la ligne de flottaison. Jamais peut-être la société française n’avait atteint un tel morcellement depuis l’après-guerre. Nous en sommes les témoins, mais d’aucune façon les complices ! Nous ne voulons pas de cette politique de la terre brûlée !

Engagée depuis de longues années, concrétisée par la création d’une commission en 2009, la lutte contre la grande pauvreté est l’une des priorités de l’équipe municipale.

La pétition que la Ville a lancée, pour sommer l’Etat d’agir, est là pour que nous disions non, trois fois non, à cette liquidation de nos acquis, à cette décote humaine. Cette carte, vous pouvez la remplir ici même et nous allons la porter au printemps, ensemble, et j’espère en nombre, à la préfecture. Réveillons-nous, sortons de la torpeur, mobilisons toutes les forces progressistes dans ce combat contre les inégalités criantes, contre une pauvreté grandissante !

Je n’ai pas eu à forcer le trait pour dresser le bilan de 2009. La crise morale, économique, sociale de l’année passée a tout balayé sur son passage. Attisée par une politique nationale injuste et injustifiable, elle a néanmoins épargné quelques portes cochères. Prenez l’exemple du bouclier fiscal, 1re réforme de Nicolas Sarkozy en 2007, et mesurez-en les effets : l’année dernière, je dis bien l’année dernière, les services fiscaux ont remboursé à 2 400 contribuables parmi les plus aisés, 50 000 euros en moyenne par foyer. Rappelons enfin que le bouclier fiscal coûte aux finances publiques la bagatelle de 625 millions d’euros par an !

2010 sera une année charnière. Quelle France veut-on laisser ? Dans quelle France voulons-nous vivre ?

Ce sont des questions qui vont se poser très vite. En tant que maire, à l’image des conseillers généraux ou régionaux, certains même de l’UMP, mes craintes sont aussi vives que légitimes au sujet de l’avenir et de l’indépendance des collectivités locales. Car dans la ligne de mire de 2010 figure la liquidation préméditée des communes, de la démocratie de proximité et du pacte républicain, déjà mal en point. Ce n’est pas l’avenir du sérail politique qui m’inquiète, c’est la vie de nos habitants et des acteurs économiques locaux qui seront, à n’en pas douter, les premières victimes de cette réforme.

C’est le maintien de toutes ces associations, de leurs bénévoles, qui accomplissent sur le terrain un travail incommensurable, sédiment et courroie de transmission de notre « vivre-ensemble » vénissian. Que cesse l’hypocrisie gouvernementale, qu’on arrête de laisser croire que les communes pourront tout porter sur leurs épaules, sans contreparties financières, sans décisions volontaristes de l’exécutif. La suppression de la taxe professionnelle, la baisse des dotations, des subventions, l’abandon des missions régaliennes de l’Etat relèvent de la non-assistance à démocratie en danger.

L’Etat nous force à réduire les missions de service public de proximité. L’Etat nous force à augmenter la fiscalité locale. L’abandon de ses missions régaliennes génère des idées rétrogrades : l’école, la culture, le sport, tout ce qui renforce l’épanouissement personnel deviendrait secondaire car, selon eux, non-rentable. Au terme de ces orientations politiques, il y a une impasse : celle du quartier, de la rue, du bas de l’immeuble, où l’on aura liquidé, un à un, les services de proximité. Vers qui vont se tourner les habitants ? A qui vont-ils s’adresser ? Est-ce là l’idée que l’on peut se faire de la cité du 21e siècle ?

Comme une agora, mais vidée de sa substance : sans paroles, sans débats, sans échanges, sans lien social ! Une cité du chacun pour soi n’est pas une cité. Finances mutilées d’un côté, autonomie politique bâillonnée de l’autre. La droite va tout faire pour que la population ne se sente pas concernée par cette réforme. Il nous faut, au contraire, l’alerter, il nous faut en parler, à nos collègues, à nos voisins, dans nos familles. La réforme des collectivités territoriales, c’est ça :

  • Museler les lieux d’expression et de résistance des communes.
  • Eloigner le plus possible des citoyens, les lieux de décision dans des « super régions » et grandes métropoles, loin du terrain, loin des difficultés quotidiennes des gens,
  • Revenir à un centralisme étatique, à une (re)constitution de féodalités, d’oligarchies,
  • Mettre en concurrence les territoires, les habitants, les salariés, le tissu économique local,
  • Mutiler les services publics de proximité,
  • Et enfin privatiser à terme tous les services et secteurs dits « rentables ».

2010 sera une année charnière, mais aussi une année du possible, des possibles ! N’ayons pas peur d’écrire notre propre histoire sur les pages blanches qui se présentent à nous. La réponse n’est pas ailleurs qu’entre nos mains. La réponse n’est pas ailleurs que dans la force de notre cohésion, de notre mobilisation collective, de notre aptitude à créer un mouvement populaire d’ampleur et d’espoir. Nous avons l’encre, le papier et le stylo :

  • Pour redonner une unité à un pays réduit en parts de marché,
  • Pour redonner sa place à l’humain,
  • Pour redonner un sens aux mots inscrits sur nos frontons : liberté, égalité, solidarité, laïcité,
  • Pour redonner des couleurs à la diversité, de nos visages, de nos peaux, de nos pensées, de notre histoire, de nos origines. Pour sortir de ces forces centrifuges et rétrogrades que sont les extrémismes, les intégrismes en tout genre et le repli communautariste.

Forces progressistes, syndicales, citoyens, société civile, acteurs économiques : il est urgent de se mettre en marche pour imaginer, créer un autre modèle économique et social, plus vertueux, plus humain. Ce chantier ne commence pas demain, mais dès aujourd’hui ! Et il va nécessiter l’énergie, la volonté, l’abnégation de chacun et chacune. « Les vraies passions donnent des forces, en donnant du courage », disait Voltaire. A nous de les retrouver, à nous de les agréger. 2010, en somme, n’attend que nous.

Je voudrais, par ailleurs, adresser une pensée particulière au peuple haïtien, descendants d’esclaves qu’on cantonne dans la pauvreté depuis des siècles, et à la communauté haïtienne de France, frappés, à nouveau, par un terrible drame.

Je pense aussi à Rayhana, dramaturge algérienne féministe, laïque, aspergée d’essence en pleine rue, à Paris, dans le 9e arrondissement. Femme libre, femme forte, indépendante, elle est restée debout pour dire non à l’intégrisme, au fanatisme et à l’extrémisme religieux.

Pour dire non à une société qui a peur d’elle-même, qui a peur des femmes. Oui, à plus d’un titre, 2010 n’attend que nous.

Malgré cette sombre actualité je vous souhaite, à tous et à toutes, mes meilleurs vœux, ainsi qu’à vos proches, à vos familles, à vos amis. J’espère qu’au cours de cette année vos projets et vos rêves se concrétiseront et prendront forme.

Et je souhaite, à la République et à la notion d’intérêt général, qu’elles sortent de cette année plus forte qu’elles n’y sont entrées.

Je vous remercie.

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