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33ème CONGRES DU PCF

Lettre ouverte d’un communiste «blacklisté»

liste alternative au conseil national
Viernes 14 de abril de 2006

Ma candidature sur la liste alternative au 33 ème congrès du PCF n’a pas été jugé valide. Mon nom a été rayé avec ceux de 97 autres communistes, sans aucun contact préalable. Les motifs concerneraient le fait d’être bien adhérent et à jour de ces cotisations à la date du congrès, ce qui est pourtant mon cas, étant en prélèvement automatique à 1% de mon salaire. Suis-je en fait considéré comme un communiste de circonstance, un nom inventé par André Gerin ou peut-être comme un communiste à exclure ? J’ai adhéré en 1976 dans une fête fédérale de l’Ain, (je ne connaissais à l’époque ni André Gerin ni la ville de Vénissieux…).

Ma première réunion de cellule est dans le quartier de ma cité U de Lyon 5ème. Je m’engage dans la vie militante étudiante mais les discussions de l’époque à l’UEC entre «sociétaux» et «althussériens» me laissent perplexe ! Je milite tout d’abord syndicalement à l’UNEF Renouveau, suis élu étudiant au conseil de mon université. Je rate de peu le festival mondial de la jeunesse à Cuba… Je ne connais toujours pas André Gerin.

En 1980, prenant conscience des limites de l’action syndicale et découvrant un MJCF qui bougeait sous la direction de Pierre Zarka, je m’engage à l’UEC et mène pour les présidentielles de 81 une première grande bataille politique. Ah, notre superbe fresque au meeting de Gerland ! Il y avait sans doute André Gerin, mais je ne l’ai pas croisé !

Il faut se mettre au travail et s’installer… Je découvre en 1985 Vénissieux. C’était a cette époque tout le contraire d’une tare, la ville hébergeait les locaux fédéraux du parti, était le symbole régional de la force communiste… André Gerin n’en était pas encore Maire… Le passage entre la fougue militante à l’UEC et les cellules de quartier est parfois difficile. Beaucoup de mes amis de l’UEC partis ailleurs s’éloignent politiquement, par isolement ou par renoncement. Découvrir l’action militante dans une telle section, une cellule de quartier ou je peux vendre 40 HD sur 100 logements est une chance. Je suis élu délégué cadre CGT dans ma société de conseil de Lyon… En 89, on me propose d’être conseiller municipal…je rencontre enfin André Gerin…

Après 84, on sent les difficultés s’aggraver, le parti perd ses liens populaires, la précarité et le racisme divise, et éloigne la jeunesse des quartiers. Je me souviens d’une formation de cellule ou je critique les supports «officiels» et leurs deux principes, le parti de la classe ouvrière et le parti du socialisme scientifique. Je ne suis donc pas un «orthodoxe» ! Comme beaucoup, je cherche. Je soutiens toujours plus clairement les positions d’André Gerin qui quitte la direction nationale et cherche avec détermination à faire vivre une position communiste dans une agglomération champ d’expérience de la recomposition politique entre la droite et le PS quand d’autres s’y adaptent. N’est-ce pas ce qu’on lui reproche ?

En 1998, je participe a la rencontre nationale pour les 150 ans du manifeste. Je suis intéressé par des idées «réformatrices» pour retrouver l’idéal communiste, l’idée d’un «marché socialiste» m’interpelle. Cette rencontre me fait mesurer le besoin d’outils de compréhension et d’action dans ce monde en bouleversement. Les premières grandes résistances de décembre 95, de Seattle, confirment que l’histoire n’est pas finie, mais comment dire clairement le désir de révolution et non d’adaptation au capitalisme ?

Je décide avec d’autres de créer un collectif pour se confronter à l’effort théorique et retrouver une capacité à penser la révolution. Ce sera après de longues discussions sur le nom le collectif utopies, d’abord Vénissian, puis départemental et un peu plus… Un collectif ouvert à ceux qui font trembler l’OMC à Gênes, à d’autres courants communistes, à ceux qui s’éloignent du PCF ou propose de le refonder… les participants sont toujours aussi divers.

Les différents politiques dans le parti deviennent plus clairs. Charles Fiterman que la direction avait tenté d’imposer à Vénissieux adhère au PS, Jean-Claude Gayssot déclare que l’entrée partielle de capitaux privés dans Air France n’est pas une privatisation, Robert Hue fait assaut de mondanités médiatiques pendant que la précarité s’étend, les élections régionales voient se traduire la mutation par une soumission totale au PS pour placer quelques élus dans les exécutifs…

Je réagis contre cette mutation abandon et me mets au travail avec des groupes de lecture de Lénine ou Rosa Luxembourg, de Sève ou Moulier Boutang, ou du sociologue Piallou. Ce travail du collectif utopies produit une soirée mémorable sur Lénine en 2002 avec près de 100 personnes et un débat qui sera traduit par un encart du journal Le Manifeste.

Le choc de 2002 conduit à multiplier les rencontres qui cherchent à refonder la gauche, ou la gauche de la gauche. J’y participe à Lyon, mais les compromis politiciens d’organisations font fiasco. Plus je lis les textes de tous, plus je suis convaincu que l’issue communiste n’est pas dans le renoncement a notre histoire, dans la négation du choix de 1920, mais au contraire dans sa pratique à partir de la réalité d’un 21ème siècle qui se révèle toujours plus archaïque ! Je réalise que pour un révolutionnaire, il y a du moderne dans Lénine !

Cette histoire militante me conduit à rejeter une orientation politique qui se cache toujours derrière la gauche pour ne pas affronter la difficulté à reconstruire un parti de masse, ancré dans le monde du travail et les quartiers populaires. La bataille du 29 Mai confirme encore cette confusion entre le NON de gauche antilibéral des directions et l’émergence d’un vote populaire qui submerge toutes les prévisions et fait réapparaître un acteur que tous désignait comme dépassé, la classe ouvrière.

Faut-il en conclure que je devrais quitter le parti ? Beaucoup l’ont fait… Un camarade «mutant» me dit dans une discussion pourtant amicale sur les conditions de l’unité des communistes «on a réussi à se débarrasser des léninistes, ce n’est pas pour les réintégrer aujourd’hui…» Mais le parti communiste n’est pas seulement une orientation politique majoritaire, il est une réalité militante, de terrain, une relation au peuple, un imaginaire de lutte et de solidarité présent dans les mémoires. Ce parti là et son histoire ont un avenir.

Loin de m’éloigner, cette expérience de 30 ans me conduit donc à être candidat sur une liste alternative pour le conseil départemental, puis pour le conseil national afin que le choix politique soit réellement proposée jusqu’au bout aux communistes. Je ne suis pas un militant factice, pas un communiste de circonstance. Si je soutiens l’engagement politique d’André Gerin, mon engagement a ses racines propres. Je suis militant, adhérent et cotisant du PCF. Que ceux qui pratiquent l’exclusion assument leurs responsabilités. Qu’ils décident après celles de la Somme d’exclure la section de Vénissieux pour purger le parti comme aux pires époques staliniennes. C’est leur contradiction, pas la mienne !

Pierre-Alain Millet,Vénissieux, le 10 avril 2006

pam chez utopies.org

La précision administrative est importante. Pour la direction nationale, les cotisations sont exigibles en début de mois, puisque les cotisations de mars étaient dues pour le congrès se tenant en mars… Cela tombe bien, depuis bientôt 10 ans, mes cotisations sont prélevées par ma section par prélèvement automatique le 10 tous les deux mois. Il est vrai que les camarades payant par chèque ou en liquide, notamment pour de petites cotisations peuvent parfois payer avec 2 ou 3 mois de retard… Pour la direction, c’est une faute… Derrière ce qui semble une anecdote se cache un révélateur de l’organisation «rêvée» par les statuts actuels du PCF, une organisation loin des quartiers populaires et de la précarité, loin des efforts militants incertains et toujours irréguliers. Ce sont pourtant ces efforts qui sont indispensables à la vie réelle d’une organisation de terrain, d’une organisation qui ne soit pas le prétexte aux stratégies d’élus ou de notables.

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