Chère Marie-George, cher Jean-Luc,
Je trouve complètement décalée la lettre que vous avez adressée à Olivier Besancenot, le 18 février dernier. Les ronds de jambe politiciens ne collent pas, c’est le moins qu’on puisse dire, avec la gravité de la crise sociale et politique.
Dans ce contexte, proposer un front de gauche électoraliste pour les élections européennes, un soi-disant rassemblement pour changer d’Europe est à la limite du ridicule. Annoncez donc la couleur ! Dites franchement que vous proposez une recomposition politique à géométrie variable : partant de la gauche du PS pour les européennes, afin de rejoindre le Parti socialiste aux régionales.
Cette démarche de sommet est complètement en décalage avec les exigences profondes qui montent des tréfonds du peuple de France. Celui-ci n’a pas besoin de combines, au contraire, il doit les fuir et il les fuira, tant c’est pour lui une question d’existence. Dès lors, nous devons travailler à l’union du peuple de France, comme nous y invite l’actualité brûlante des Antilles. Après le mouvement puissant du 29 janvier, la préparation du 19 mars annonce un mouvement plus large encore et surtout d’une force plus radicalement contestataire. Faut-il être aveugle et sourd pour ne pas entendre ce qui gronde dans le pays !
Pourquoi courir après le NPA sinon pour se couvrir de ridicule – d’autant qu’avec les collectifs antilibéraux, nous avons largement donné, de ce point de vue. Tout au contraire, nous devons être disponibles, au service du mouvement social, sans a priori, pour riposter coup pour coup à la férocité du capital, à la politique de Nicolas Sarkozy, à la dictature européenne. A ce moment de notre histoire, nous devons avoir l’audace d’œuvrer au rassemblement du peuple de France avec toutes les forces de gauche, y compris le Parti socialiste, au rassemblement des énergies républicaines, à l’union de touts ceux qui veulent que notre peuple relève la tête et construise son avenir. C’est cette construction d’un mouvement large, unitaire, majoritaire qui sera déterminant pour les constructions politique futures.
Tout autre démarche coupée du mouvement social me paraît sans issue tant la dictature du capital bancaire et financier ne laisse aucune marge de manœuvre. Ce n’est pas d’un front de gauche dont le peuple a besoin mais d’un front de lutte. Retrouvons-nous, tous ensemble, unis contre les dégâts du libéralisme. Pour cela, nul besoin de se fondre ni de se confondre.
La cuisine électoraliste est vouée à l’échec, d’autant plus que le peuple de France n’a toujours pas digéré les mauvaises sauces de la gauche, depuis 1981. Je crains sincèrement qu’à poursuivre dans cette voie, nous ne soyons à côté de nos pompes et, surtout, à mille lieues des attentes populaires.