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Campagne électorale

Point de vue communiste

Mercredi 4 avril 2007 — Dernier ajout jeudi 5 avril 2007

La campagne pour les élections présidentielles apporte un éclairage intéressant sur ce qu’est "la crise du politique". Car il est aisé de voir à quel point ce n’est pas le politique qui s’absente mais bien plutôt les outils qui permettent de produire sur lui le travail du changement qui nous manque. C’est pourquoi notre problème ne réside pas à faire « changer la donne » mais bien plutôt de retrouver notre lucidité sur le poker menteur que les spécialistes de l’arnaque politique veulent nous faire accepter. Notre problème c’est de savoir refuser ce jeu-là . Il faut briser les illusions traditionnelles, dénoncer l’électoralisme qui réduit les citoyens à être des intermittents du scrutin, ou des joueurs manipulés qui se font plumer à chaque tour de table.

Il faut refuser de s’asseoir pour ce « grand jeu » auquel nous conviennent des médias propriétés de la classe dominante qui en fixe les règles et nous contraignent à aller sur leur terrain. Il faut avant tout retrouver les notres et d’abord notre identité de communiste, nous rappeler d’où viennent et à quoi servent les instruments qu’on nous demande d’utiliser. " Les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante " nous indiquait le manifeste du parti communiste. Aussi il convient de se dire, que lorsqu’on parle " d’idées qui révolutionnent une société toute entière, on énonce seulement ce fait que dans le sein de la vieille société, les éléments d’une société nouvelle se sont formés et que la dissolution des vieilles idées marche de pair avec la dissolution des anciennes conditions d’existence ". Or, c’est sur ce sujet même que le silence est le plus impressionnant. Quand Marx attribuait aux communistes la tâche de "supprimer ce triste mode d’appropriation qui fait que l’ouvrier ne vit que pour accroître le capital et ne vit qu’autant que l’exigent les intérêts de la classe dominante ", les communistes d’aujourd’hui n’osent plus se montrer comme tels et parlent au mieux de partage de richesses grâce à une fiscalité réformée.

Oui, le spectacle qui nous est donné depuis quelques mois contient bien des leçons sur l’idée et la conception que s’en font ceux qui cadrent le jeu. De ce point de vue la télévision qui fonctionne depuis ces quelques mois mérite notre regard : Finies les émissions qui mettent face à face politiques et journalistes. Il s’agit maintenant de construire la fiction d’une nouvelle agora (démocratie oblige) où le peuple participe directement au débat sous l’espèce d’un panel scientifiquement recruté. La télévision devient alors le lieu du débat. Ainsi le journaliste s’efface devant le peuple (qu’il s’est choisi). Il devient son faire-valoir, l’intermédiaire bienveillant qui accompagne, introduit, facilite. Devenu médiateur - animateur - directeur d’émission, il s’accomplit comme sont tuteur compréhensif et lui ouvre l’entrée de la scène médiatique dans une posture participative.

L’illusion pourtant devrait être évidente tant il s’agit d’un peuple atomisé, individualisé, désolidarisé, démembré. Chacun est là , posé à côté de son voisin, porteur d’une question qu’il doit adresser aux candidat(e)s selon une procédure soigneusement préparée en amont de l’émission, sans pouvoir toutefois rentrer davantage dans la polémique qu’il ouvre, c’est-à -dire défendre son propre point de vue ou celui du groupe dont il pourrait être le porte-parole. Il n’a d’existence politique que le temps d’une question préalablement construite au cours de la préparation de l’émission.

Quelle est donc la vérité des débats démocratiques ?

Ils n’ont d’essence que l’indécence d’une parole constituée ailleurs. Ce sont des débats

  • kit. Il n’y a plus qu’à les assembler. Ainsi sont-ils sans surprise, conformes, attendus, non dérangeants. Ils sont politiquement corrects.

Face à cela, le candidat représentant politique, est lui aussi assigné à une position personnelle voir même très personnalisée, qui s’articule surtout d’un « jeu » présidentiel véritable matrice de tout un système de pensée. Il réduit l’activité politique à cet échange forcement appauvrissant et démobilisateur. Dès lors, la politique dévient une histoire à trois, où se rencontrent un homme et le peuple (forcement un homme) par la grâce d’un journaliste présentateur qui joue les monsieur bon office…et tournez manège !

Tout cela est destiné à nous séduire. En même temps l’action politique est enfermée dans un espace / temps qui nous libère de toute autre forme d’action. Ce ne sont plus les masses qui font l’histoire, mais le panel et ses contradicteurs. Tel est en somme le miracle voulu par les instituts de sondages et leurs utilisateurs. Ils cherchent à créer le réel. Ils considèrent pouvoir par ces moyens contribuer à la victoire en l’annonçant. D’ailleurs grâce à ces procédures, il suffit de tenir une situation pour vraie pour qu’elle advienne…

Mais revenons sur l’une des images que l’on cherche à nous imposer, celle de la rencontre d’un homme et d’un peuple. Bayrou s’emploie à le répéter à l’envie pour donner corps à la fiction du troisième homme qui vient troubler le jeu et s’ impose dans une ultime opération en trompe l’œil, comme unique destin d’un pays. Curieusement Bayrou le centriste, l’homme modéré et de bon sens, l’ami de Barre, cet autre gentil démocrate presque compagnon, une époque de la gauche lyonnaise qui se lâche non moins curieusement sur les lobbies juifs, Papon et Bruno Gollnisch, Bayrou disais-je, ne peut que reprendre par là une thématique chère à  Le Pen, répertoriée sous la forme du syndrome du 21 Avril

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