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Pourquoi je voterai pour la base commune proposée par le Conseil national

Henri Génard
Vendredi 13 janvier 2006 — Dernier ajout samedi 30 janvier 2021

Nous sommes entrés dans une phase importante pour ce qui concerne la préparation de notre 33e Congrès. Plusieurs textes sont à la disposition des communistes afin qu’ils puissent se déterminer les 3 et 4 février pour celui qui leur servira de base commune jusqu’à la tenue du Congrès.

Il ne s’agit pas pour moi d’entrer dans le détail pour l’ensemble des textes.

A leur lecture, je voudrais dire d’abord que je me sens proche de tous les camarades quel que soit le texte qu’ils défendent : Sur notre passé, avec le rôle que notre parti a joué tout au long des années. En ce qui concerne les luttes nombreuses qu’il a menées, tant en ce qui concerne celles contre le colonialisme, pour la liberté et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, celles concernant la paix. Il en va ainsi des conquêtes sociales et démocratiques, avec deux périodes qui ont marqué durablement et profondément l’histoire, l’identité de notre peuple : 1936 avec le Front populaire, la Libération avec le programme du Conseil national de la Résistance.

Nous avons tous, communistes, le même patrimoine, la même histoire faite de luttes et de combats dont nous pouvons tous être fiers.

Sur notre avenir. Si nous avons un passé commun, nous partageons pour l’avenir une visée commune : celle d’une société libérée des tares du capitalisme.

C’est pour ces raisons fondamentales que je m’engage dans ce débat avec la volonté de confronter les points de vue, les idées, dans un esprit fraternel. C’est pour ces raisons fondamentales que je refuse tout affrontement de personnes, de tendances ou de courants.

Ceci dit, il nous faut bien voir que le débat entre nous révèle deux options stratégiques différentes et incompatibles entre elles.

C’est pourquoi d’ailleurs, j’approuve la décision du Conseil national de refuser d’inclure des « fenêtres » dans le texte initial. Il nous faut discuter franchement des divergences stratégiques, et, pour la clarté de la discussion, il est bien qu’elles se définissent dans des textes différents, portés à la discussion et à l’approbation ou pas des camarades.

Je regrette un peu que la discussion sur la stratégie soit parasitée par celle sur la candidature communiste à la présidentielle. Car, une telle candidature, quelle que soit l’appréciation que l’on peut en avoir, constitue un outil au service d’un rassemblement et d’une stratégie mais ne saurait constituer une fin en soi.

L’on peut avoir une candidature communiste avec un projet flou, ou insuffisamment clair, comme en 2002, où nous avons repéré lors de notre 32e congrès un recul sur des positions de classe. Ce qui signifie que la candidature ne suffit pas, loin de là à incarner à elle seule un projet alternatif en rupture avec les politiques libérales.

L’on peut ne pas avoir de candidat communiste, comme en 1965 ou en 1974, sur la base d’une stratégie de sommet, qui désarme le mouvement populaire de sa nécessaire intervention.

L’on peut aussi avoir une candidature, comme en 1969, avec J Duclos qui prenne acte de la volonté du PS de refuser un programme commun, et dans ces conditions, présenter notre candidat comme le candidat de l’union de la gauche. Depuis 1981, nous avons eu un candidat à chaque élection présidentielle. Est ce que pour autant nous avons avancé dans la voie de la transformation sociale ?

C’est pourquoi je considère que la question fondamentale, - celle que l’on ne peut contourner, ni cacher derrière le débat sur la candidature, - est celle de la stratégie de rassemblement que nous devons avoir.

Notre 32e congrès avait mis au centre la question de la primauté du mouvement populaire. L’ensemble des textes alternatifs s’en revendique. Mais il ne faut pas affadir le poids des mots. Primauté, cela signifie que nous devons concevoir le rôle du parti comme utile à ce que le peuple s’empare de toutes les questions politiques.

Celles concernant les nécessaires ripostes au recul de société organisé par la politique de la droite et du Medef. Celles concernant le contenu d’un programme politique en rupture avec les politiques libérales mises en œuvre depuis une vingtaine d’années.

Celles concernant les moyens à mettre en œuvre pour que cette politique s’impose : élargir les droits des travailleurs et des citoyens, s’attaquer à la domination financière du capital, avec les mesures fiscales, de crédit ainsi que l’élargissement et la démocratisation du secteur public, s’attaquer à la construction européenne actuelle avec tout ce qui a pu ressortir du fantastique débat citoyen qui a amené la victoire du 29 mai.

Celles concernant la construction politique, en posant les questions d’alliances, d’échéances électorales, de candidatures.

Notre stratégie, à mon avis repose sur deux innovations majeures qu’il nous faut faire vivre et que nous avons d’ailleurs commencé à mettre en œuvre victorieusement lors du référendum sur le traité constitutionnel européen. Innovations que nous avions inscrites lors de notre 32e congrès.

La première, est celle de l’autonomie de notre parti, de sa volonté de marquer une identité forte à partir d’un projet communiste identifiable, clair, lisible et visible, à faire vivre. Car la visée communiste marque bien son actualité face à la crise du capitalisme. En montrant que ce dernier ne constitue pas la fin de l’histoire, il laisse percevoir qu’il existe un autre futur pour l’Humanité. Renforcer notre peuple dans cette conviction que bâtir une autre société est non seulement nécessaire mais réalisable, à portée de son union et de sa volonté politique, c’est justifier les luttes, les rendre cohérentes. C’est délégitimer le capitalisme et les politiques libérales. C’est créer les conditions d’un renforcement des luttes et des recherches d’alternatives.

Autonomie du parti pour mettre en débat son programme de ruptures avec les politiques libérales. A ce sujet, je me réjouis de l’unanimité qui a prévalu au Conseil national sur cette question. Un vaste accord existe sur les objectifs que nous devons mettre en débat avec notre peuple.

La deuxième, est de construire un rassemblement autour d’un programme de rupture avec les logiques libérales.

Ce rassemblement, on le voit, ne masque pas l’identité communiste, puisqu’il nous faut impérativement mettre en discussion, faire connaître nos propres propositions. Mais, pour que ce rassemblement soit solide, il faut que notre peuple se rassemble autour d’objectifs qu’il fait siens.

Or, personne ne peut adhérer durablement à un objectif à la construction duquel il n’aurait pas participé. La période du programme commun l’a abondamment démontré.

C’est pourquoi je considère que toute stratégie de rassemblement autour du parti, ou autour de son programme, ou autour de son candidat, est incapable de construire une force capable de battre la droite et le patronat. Une telle stratégie a échoué dans le passé. Car vouloir rassembler autour d’un parti, fût-il le nôtre, c’est déposséder le peuple, c’est l’appeler à un ralliement et non à une construction collective.

La bataille du référendum a montré qu’il n’était nullement besoin, bien au contraire, de rabaisser les objectifs pour rassembler. La volonté de rupture avec les politiques libérales constitue un atout pour le rassemblement.

Ainsi, on a le droit de penser qu’afficher une candidature communiste suffirait à soi seul à empêcher tout « effacement » du parti. A marquer l’identité communiste. Pourtant le passé a largement démontré qu’il n’en était rien.

Faire vivre une identité communiste, c’est rendre le parti utile au changement de société, de politique. Cela exige une autre conception du parti.

A une stratégie de ralliement autour de notre politique ou de notre candidat correspond une conception avant-gardiste du parti.

C’est avec cela, aussi, que nous avons rompu. La stratégie adoptée par notre 32e congrès, que le Conseil national propose de poursuivre et d’affiner avec l’expérience constitue, à mon sens, la seule qui peut faire avancer dans la construction d’une autre société.

  • Des contenus non rabaissés ni affadis, qui rompent avec la logique du capitalisme.
  • Un programme et un projet pour nourrir le débat , pour permettre la construction commune d’objectifs transformateurs.
  • Une construction politique qui ne dessaisisse pas le peuple de sa nécessaire intervention. Qui pousse la reconnaissance de la primauté au mouvement populaire jusqu’au partage avec lui de toutes les questions relatives au changement. Dans les luttes, dans la construction d’objectifs transformateurs. Qui ne dépossède pas le peuple des questions de construction politique, d’alliances à opérer, de candidatures à porter ensemble dans les élections. Et c’est dans ce cadre, et seulement dans le cadre d’une telle stratégie que l’offre politique d’une candidature communiste pour l’efficacité d’un tel rassemblement peut être faite.
  • Un parti qui rompe dans les faits avec une fonction de parti guide pour être utile au rassemblement. Et qui construise une identité sur la base de cette utilité à faire changer vraiment les choses, à bousculer les rapports de force, à travailler à ce que le projet de la gauche s’attaque aux politiques libérales. C’est le seul moyen, à mon avis, de faire en sorte que la gauche ne soit plus sous l’hégémonie d’un parti social libéral et de politiques d’aménagement du capitalisme. C’est parce que, seul, le texte présenté par le Conseil national, correspond à une telle stratégie,- révolutionnaire - que je le soutiendrai par mon vote.

Henri Génard Cellule des Aygalades Fédération des BDR Section 15e sud de Marseille

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