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Reconstruire l’espoir : Quel Parti communiste aujourd’hui ?

Introduction à la discussion
Samedi 8 septembre 2007

Quelques mots pour introduire la discussion et préciser le sens de notre initiative et nos objectifs.

Tout d’abord lancer cette université d’été était un pari et nous pouvons déjà dire que, du point de vue de la participation des camarades, le pari est gagné.

Un pari difficile en premier lieu de part la période puisque que nous avons pris la décision début juillet et avons organisé les choses cet été. Difficile aussi du point vue des situations d’organisation compliquées dans les quelles nous sommes les uns et les autres : soit complètement isolés, soit pour d’autres en charge de sections , voire de fédérations du parti que nous faisons vivre en opposition à la ligne de la direction nationale, soit encore d’autres camarades organisés dans des réseaux ou des coordinations parfois dans le parti, parfois en dehors du parti. Un pari difficile aussi en raison des diversité des expériences et des opinions qui font que certains sont dans le parti et agissent à l’intérieur, que d’autres l’ont quitté, que certains pensent que le parti communiste français peut se redresser et d’autres que ce n’est plus possible, avec toute la palette et les nuances d’opinions que l’on peut rencontrer et les conséquences que cela a sur la manière dont nous appréhendons les échéances et notamment les congrès du PCF annoncé en 2007 et en 2008.

Beaucoup de vraies difficultés donc et en même temps nous avons réussi à nous réunir aujourd’hui. Ce qui a été le plus fort et qui l’a emporté c’est notre capacité à garder des liens entre nous et à nous entendre malgré parfois nos différences de positions et c’est aussi notre capacité à privilégier ce qui nous rassemble et notre conviction commune qu’il ne peut y avoir dans ce pays une issue pour le peuple face aux forces du capital sans l’existence d’un Parti communiste autonome et influent, un Parti communiste qui assume l’héritage de 1920 et ses références au marxisme qu’il tente de faire vivre dans le monde et la France d’aujourd’hui. Nous avons la volonté de faire vivre un point de vue communiste, une action communiste, une organisation communiste aujourd’hui.

Beaucoup d’entres nous avaient signé en 2000 un texte qui s’appelait « Nous assumons nos responsabilités ». Dans ce texte nous affirmions :

"Communistes, nous revendiquons la modernité de l’esprit de résistance, de révolte face aux injustices dans notre pays et dans le monde. Nous appelons à se rassembler, à décider d’initiatives politiques pour aider à bien situer les enjeux des luttes, pour proposer des projets et des solutions anticapitalistes et anti-impérialistes, pour dégager avec la population les chemins d’un changement de société. Nous proposons d’animer dans toute la France le débat sur les questions de fond, l’initiative et l’action sous toutes les formes appropriées, d’assumer nos responsabilités de communistes pour contribuer à redonner confiance et espoir, d’être porteurs d’un projet alternatif ouvrant la possibilité de regagner autorité et influence."

Je pense que ce texte et ces affirmations restent pleinement d’actualité aujourd’hui et qu’ils sont à faire vivre.

Chacun a en tête les évènements qui ont marqué la période depuis. J’en cite quelques uns : la présence de Le Pen au second tour de l’élection présidentielle en 2002 - L’élection de Nicolas Sarkozy – La mise au pas des institutions avec le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral- Sur le plan international, la croisade impérialiste de Bush après le 11 septembre et la guerre en Irak – En France, les événement dans les banlieues en novembre 2005 et la lutte contre le CPE - Le souffle revigorant du Non à la Constitution européenne en 2005 et les espoirs que peuvent soulever les luttes populaires et les mouvements des peuples avec l’exemple du Venezuela ou de la Bolivie.

Nous avons tous pu mesurer dans ces différents moments et dans d’autres combien étaient nécessaire un point de vue, une action, une organisation communistes et combien le renoncement et le délitement du PCF nous laissait nous militants mais laissait aussi le peuple, désarmés face à la bataille à la fois idéologique et concrète du capital.

La victoire de Sarkozy en révélant les reculs dans les têtes vient encore renforcer cette exigence communiste. D’abord parce qu’elle a montré la capacité de la droite à prendre l’offensive après la victoire du Non et à prendre sa revanche, parce que ces forces de droite ont affiché un projet de société, qui est celui du capital, qui est celui d’une société individualiste et dure, et qu’ils ont gagné une partie de l’adhésion populaire sur ce projet. Tandis que la gauche n’en finissait pas d’expliquer que finalement elle n’était pas à gauche et qu’elle pouvait gérer le capital, je pense à Ségolène, et que le parti communiste n’en finissait pas de s’excuser d’être communiste, je pense à la campagne antilibérale.

Chacun à pu mesurer les reculs dans les têtes, les pertes de repères sur des questions aussi importantes que les salaires, le service public, la solidarité, l’impôt, les patrons et ce qu’ils représentent et ce qu’ils sont, la richesse qu’il est devenu de bon ton d’afficher jusqu’à la tête de l’Etat. En somme le recul sur un certain nombre de questions de classe seulement deux ans après la victoire du NON.

exigence communiste

Je dis aussi exigence communiste car nous avons pu mesurer que le piège des institutions s’était mis en place et s’était refermé.

Exigence communiste parce que la misère, les souffrances populaires, l’exploitation s’aggravent et que l’on sait qu’elles vont continuer de s’aggraver s’il n’y a pas une réaction populaire forte. Combien de familles, par exemple dans notre ville qui se bat contre cela, privées d’eau et d’électricité, menacées d’expulsion dans nos quartiers ? Combien de licenciements et d’entreprises délocalisées dans nos départements ? Combien d’accords imposés comme par exemple à Bosch Vénissieux où on a obligé les salariés à travailler plus pour gagner moins au travers de la remise en cause des 35 heures ? Combien de classes fermées dans les ZEP ? Combien de personnes qui renoncent à se soigner faute d’argent ? Je ne fais pas le tour de tout mais nous voyons bien que nous sommes dans une situation sociale urgente dans ce pays.

Exigence communiste car la réalité nous rappellent combien ce système est douloureux pour les peuples.

Dans de nombreuses entreprises des luttes existent sur l’emploi, les salaires malgré tout. Le non a montré que ces peuples avaient encore du réflexe. Je pense aussi que la réélection des députés communistes dans nombre de circonscriptions, comme les résultats des listes communistes autonomes aux dernières élections régionales, ont montré que lorsqu’il y a bataille communiste il peut y avoir persistance de notre ancrage populaire et que l’espace politique est ouvert pour une bataille communiste.

une alternative à la recomposition politique en œuvre ?

Quelque soit notre avis sur le Parti communiste français je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que ce parti s’inscrit aujourd’hui dans une recomposition politique qui est aussi profondément liée à une soumission aux institutions françaises et européennes.

Alors que la direction prépare la liquidation de notre parti au travers des congrès de 2007 et 2008 - comme beaucoup dans cette salle je vais me battre pour l’empêcher - alors que Olivier Besancenot vient d’annoncer la transformation de la LCR en un parti anticapitaliste qui abandonne la référence au communisme, il me semble qu’il est grand temps que nous assumions dans les actes notre choix de faire vivre un parti communiste aujourd’hui en France et que c’est la question qui nous est posée.

Bien sur nous avons des différences d’approches, d’analyses parfois liées à des situations locales mais parfois liées à des désaccords plus importants et plus profonds. Certains d’entre nous considèrent que cette bataille pour l’existence d’un parti communiste doit d’abord se mener à l’intérieur du PCF qui reste le socle essentiel pour construire cette force dont nous avons besoin, PCF qu’il faudrait en quelque sorte reconquérir. D’autres camarades pensent que cette bataille interne est perdue d’avance, que le Pcf est définitivement défait et qu’il faut donc se placer dans la perspective de construire une nouvelle organisation communiste. Evidemment je résume parce qu’en fait il y a toute une palette de nuances d’opinions avec des camardes qui peuvent évoluer parfois dans un sens ou dans l’autre suivant les circonstances.

Je doute que nous tranchions aujourd’hui cette question et je ne pense pas qu’il faille nous acharner à la trancher. Par contre je crois que nous pouvons aujourd’hui nous mettre d’accord sur une permanence d’actions communistes communes et sur une permanence de liens entre nous qui illustrent pour les communistes dedans ou dehors et pour l’ensemble de la population notre volonté de faire vivre une organisation communiste aujourd’hui en France.

Nous disons dans l’invitation à ces journées : la droite a gagné parce qu’en face d’elle il n’y a pas eu la mise en avant d’une volonté de changement radical de société que le peuple attendait. La droite a gagné faute de bataille du camps révolutionnaire au niveau où il aurait du se mener.

De la même manière les liquidateurs du communisme et de son organisation pourraient l’emporter non pas par conviction mais par absence d’alternative crédible. Notre capacité à nous rassembler visiblement, à agir collectivement, à parler nationalement, notre capacité aussi à légitimer des hommes et des femmes comme nos représentants capables de faire vivre un parti communiste, est déterminante pour que des camarades dans le parti et en dehors se disent : il n’y a pas d’inéluctabilité à la disparition du PCF, les forces existent pour faire vivre un parti communiste aujourd’hui. C’est cette bataille qu’il faut que l’on gagne.

une journée pour avancer ensemble

Nous n’en sommes pas là évidemment aujourd’hui mais il me semble que cette journée doit nous aider à avancer dans ce sens et à acter un certain nombre de décisions. Nous avions pointé dans l’invitation 3 thèmes importants à débattre :

  • Quels combats politiques mener contre la droite et son extrême, aujourd’hui réunies, en particulier sur les questions de l’emploi, du logement, des salaires, de la protection sociale, des services publics, de l’environnement, de l’aménagement du territoire… ? Comment imposer face à la dictature des multinationales le respect de la souveraineté populaire ?
  • Comment permettre le rassemblement des communistes dans leur diversité ? Quelle organisation communiste de notre temps – dans le fond et dans la forme (re)construire ensemble ?
  • Quelles formes d’unité, quel front populaire d’aujourd’hui, avec celles et ceux qui partagent nombre de nos combats et critiques et veulent agir pour un changement de société ?

Les camarades peuvent avoir le souci dans leurs interventions et notamment lorsqu’ils font part de leur expérience de reprendre ces 3 thèmes de manière à ce que nous cheminions et nous avancions dans la journée.

Je vous propose de démarrer la discussion à partir de l’expérience de chacun dans son département, dans sa section, dans son réseau.

Reconstruire l’espoir : Quel Parti communiste aujourd’hui ?


Marie-Christine Burricand Comité de section PCF Vénissieux et réseau « Fiers d’être communistes »
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