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Sauvons-nous nous mêmes

Texte de Michel Peyret
суббота 4 Октябрь 2008

PRODUCTEURS , SAUVONS-NOUS NOUS-MEMES !

«La fin du monde» , a lancé Sarkosy à Lyon . «Le commencement du monde» , avait écrit Jean-Claude Guillebaud sans attendre qu’une crise financière explose pour décrypter des évolutions en profondeur marquées par la doxa néo-conservatrice américaine , le règne de la géofinance , la dilution du «principe d’humanité» , cet individualisme possessif de masse qui nous a fait manquer la chance historique qu’offrait voilà vingt ans l’implosion de l’Empire soviétique et qu’offrent toujours des évolutions technologiques qui serviraient un progrès véritable si nous avions pris conscience à temps que bien des progressions sont des régressions ." Je ne partage pas tout de ce début d’exposé que fait Daniel Riot mais sa dialectique m’apparait de grande portée . Nous avons déjà fait l’expérience de ce que les annonces de «fin de l’histoire» ne pouvaient correspondre à aucune réalité sinon à des fins idéologiques destinées à justifier la perduration du système capitaliste et à l’inscrire dans l’éternité politique et économique de l’humanité .

DE VRAIES ET DE FAUSSES CONTRADICTIONS .

Depuis , d’ailleurs , d’autres se sont essayés à créer de fausses oppositions afin de laisser penser que d’autres contradictions travailleraient le monde a contrario des énoncés du marxisme relatifs à celles caractérisant les rapports entre bourgeois et prolétaires . Ainsi Daniel Riot évoque-t-il "l’imbécile prédiction ravageuse du «choc des civilisations» qui , avec «la fin de l’histoire» , constituent «deux des piliers» de la défaite de la pensée dite «occidentale contemporaine .» . Voilà quinze ans , dit-il , que le professeur Huntington nourrit , par sa perfide «défaillance de l’intelligence» , des conflits , des guerres , des politiques , des réflexes orchestrés par le «tintamarre des propagandes» . Et , évoquant le travail de Guillebaud , il considère qu’il était temps «de détricoter sérieusement ces thèses qui ont fait le bonheur d’un hypercapitalisme déshumanisant , en folie et de politiques liberticides . Des thèses exploitées en partie grâce aux retombées de ce»nouveau sac de Rome«que fut l’effondrement des tours du Wordl Trade Center et l’attaque du Pentagone …» . Un effondrement survenu suffisamment opportunément pour justifier les doutes , sinon les certitudes de certains , quant à la nature et à l’identité réelle des instigateurs d’un événement destiné à impressionner puissamment l’opinion publique mondiale et à permettre ainsi l’enclenchement de guerres qui se confirment sans issue tandis que leurs financements se révèlent exhorbitants , Stiglitz n’a-t-il pas estimé à trois mille milliards le coût de l’engagement en Irak , milliards récupérés pour leur plus grande part par le complexe militaro-industriel étanusien .

LE MONDE DOIT CHANGER DE BASES.

Il y a déjà quelques années , le PDG d’AXA , Claude Bébéar , parlant de ses confrères constatait avec effarement : «Ils sont devenus fous !» De toute évidence , la folie s’est accentuée au fil du temps et généralisée jusqu’à ce que le système fasse eau de toute part . La financiarisation forcenée dénoncée par Bébéar , dans ses formes les plus infinies et les plus indéfinies , les plus alambiquées et les plus éloignées de toute vie économique concrète et encore plus sociale , connait un «atterrissage» prévisible :c’est la crise !

Pour Frédéric Lordon , dans L’Humanité , "la crise présente se distingue de la série des crises financières ouverte depuis deux décennies de dérèglementation en cela que , comme aucune autre auparavant , elle signale l’arrivée aux limites du régime d’accumulation en vigueur . Le capitalisme de dérèglementation à dominante financière est structurellement à basse pression salariale du fait des contraintes combinées de la concurrence et de la rentabilité actionnariale . Ne restent que deux moyens de solvabiliser la consommation – 70% de la demande finale -… l’allongement de la durée du travail et l’endettement des ménages . Pour avoir poussé la deuxième «solution» à d’invraisemblables extrémités , la forme actuelle du capitalisme étasunien périt , mais par la finance , de ses contradictions générales ." Et Frédéric Lordon poursuit logiquement : «Ramener la finance à la raison ne fait donc qu’une partie du chemin : il n’y a pas de solution cohérente hors d’une refonte complète des structures économiques – celles de la concurrence et du marché du travail démantelé – qui , en dernière analyse , ont donné naissance au problème .»

Certes : mais , dit Frédéric Lordon , rien de tout cela ne fait sortir du capitalisme -juste passer d’une configuration à une autre – N’y a-t-il donc rien de pensable «au-delà » ? Comme Guillebaud , il évoque «l’individualisme» dans lequel il y a «l’égalité en dignité des hommes» , laquelle , «bafouée partout , est pourtant dans les têtes comme idéal»"Aussi faut-il la rappeler sans cesse pour tracer deux lignes d’horizon : 1.qu’une chose dont l’usage affecte profondément une multitude d’autres soit la propriété d’un seul , cela n’est pas tolérable ; 2.les rapports d’autorité hiérarchiques dans l’entreprise sont médiévaux : les producteurs associés doivent être pleinement maîtres de leur destin collectif ."

POUR QUE LE VOLEUR RENDE GORGE .

Depuis , la «crise» a explosé , proche de semer la panique . Elle s’est transformée en ajoutant à ses agitations initiales l’embourbement significatif du monde politique washingtonien . Et puis , le 25 septembre , est venue , du côté français et du côté allemand , une déclaration de guerre contre le capitalisme tel que nous le connaissons . "Il est évident , dit-on à De Defensa , que le discours de Sarkosy a touché un nerf capital , dans tous les cas au Financial Times , et déclenché une fureur épouvantable quoique dissimulée dans ses excès , parce que l’on sait se tenir… Il n’est pas assuré que Sarko ait été heureux , dans l’instant , du bouleversement auquel l’histoire le contraint…Le chevalier blanc qui allait transformer la France en fleuron néo-libéral s’est mué en chevalier tout aussi blanc déchaînant l’affirmation contre-offensive de la fureur française , dirigiste , colbertiste , contre ceux qui ont installé le plus formidable foutoir que l’histoire ait jamais pu mettre en scène… Qu’importe , on connait la mécanique sarkozienne . La cause importe moins que l’énergie qu’elle permet de développer ; la pensée n’est jamais qu’un faire-valoir de l’action . Puisque l’histoire a tranché , Sarko s’aligne . Puis il fonce . Il y mettra autant de rage qu’il en mit à proclamer le changement dans les sens néo-libéral…

NI DIEU , NI CESAR , NI TRIBUN .

De toute évidence , ce n’est pas sur Sarko que l’on peut compter «pour que le voleur rende gorge» quel que soit le fracas qui a résulté de ses discours .

Peut-on compter pour autant sur les autres forces politiques qui ont conduit la France ces dernières décennies qui ont connu la succession de majorités et de gouvernements de «droite» , de «gauche» ou de «cohabitation» ?

Poser la question est y répondre !

A l’évidence , le modèle de démocratie représentative qui a accompagné la gestion du capitalisme n’est jamais parvenu à enclencher le processus de changement de société . Par contre , il est parvenu à l’enrayer , à le stopper quand le mouvement populaire en exprimait l’exigence comme cela a été le cas à la Libération , en mai 68 ou en 1981 .

Et sans parler du résultat du référendum de mai 2005 laissé en friches de nouveau , nouvelle expérience de ce que ses exigences pouvaient être enterrées dans une sorte de conjonction de la quasi-totalité des forces politiques se retrouvant pour ne pas donner les prolongements attendus , espérés , à cette forme d’insurrection populaire qu’exprimait le NON majoritaire contre les préconisations du monde politique . Tout cela débouchant, à l’encontre des attentes , à ce qui aurait pu constituer une farce de la Comedia d’el Arte si cela n’avait été la mise en scène tragique de l’élection présidentielle .

Et je regrette de ne pas être capable d’exprimer aujourd’hui ce que je ressens quand je lis dans Bellaciao cette supplique pathétique d’un militant communiste , qui signe Babœuf42 , un article intitulé : «La crise prend de l’ampleur , le PCF doit réagir» et où il déclare : «Il me semble que le parti communiste se doit d’intervenir et d’éclairer les gens .» Et c’est un autre militant communiste qui montre que l’intervention du gouvernement , la régulation plus sévère des monopoles et des pratiques plus «prudentes ne peuvent surmonter la contradiction fondamentale du capitalisme : la propriété privée des moyens sociaux d’une production mondialisée . C’est une contradiction irréconciliable qu’une infime minorité contrôle la production de la richesse mondiale à son propre profit . C’est une contradiction irréconciliable que cet appareil mondial s’arrête de fonctionner quand il y a une crise de profitabilité pour les patrons . Cette crise surgit toujours , tôt ou tard , en raison de l’anarchie capitaliste…»

LE GRAND PARTI DES TRAVAILLEURS

Il est également d’autres évidences .

Ainsi , Philippe Jurgensen , qui lui n’est pas communiste , faisant récemment le constat que la politique monétaire de la BCE , plus restrictive que ne l’impose l’inflation sous-jacente somme toute encore modérée , à contre-courant de ce qui serait souhaitable en contribuant à la hausse de l’euro , à l’insuffisance des investissements et à un niveau du chômage trop élevé : plus de 7% pour la moyenne européenne , près de 8% en France . «Cette situation , poursuit Philippe Jurgensen , n’est pas anodine sur le plan politique . On peut y voir une des causes de la montée de l’extrème-droite dans la plupart des pays d’Europe . On ne peut qu’être consternés , en tout cas , de découvrir qu’elle conduit à des réactions de rejet de l’économie de marché elle-même .» Et il fait part d’un sondage , initié par l’Université du Maryland , qui indique que seulement 36% des Français seraient favorables à la libre entreprise et à l’économie de marché . Philippe Jurgensen le regrette : «C’est , malheureusement pour nous , le plus faible taux mondial .»

D’autres données viennent cependant donner consistance à l’existence de ce «grand parti des travailleurs» en dehors des résultats mêmes du référendum ,récusation des politiques et liberticides européennes .Une étude d’opinion , de fin 2005 , venait confirmer ces constatations : 61% des Français , davantage encore s’agissant des jeunes , considéraient le capitalisme comme négatif . Pourquoi ne pas leur demander à nouveau leur opinion aujourd’hui ?

Pour qui veut bien y réfléchir : il y a dans ces études concordantes de quoi alimenter la réflexion et l’activité de forces politiques qui voudraient œuvrer à mettre fin au capitalisme dans notre pays comme ailleurs . Dès lors , comment interpréter le refus de s’y prêter sinon comme un refus d’ordre plus général , celui d’une volonté qui consiste à considérer que «le grand parti de travailleurs» aurait tort de vouloir se sauver lui-même et que la délégation de pouvoir qu’il donne , ou a donné , à l’occasion d ’élections ou de référendums , est faite pour être violée ! Sans doute , ce constat-là est-il significatif d’un déni qui ne devrait pouvoir se prolonger plus avant si ce «grand parti» veut réellement s’assigner les objectifs que les auteurs du Manifeste communiste lui assignaient : «L’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes .»

«Mais , disaient ces auteurs , toute lutte de classe est politique . Et l’union que les bourgeois du Moyen-Age mettaient des siècle à établir avec leurs chemins vicinaux , les prolétaires modernes , avec leurs chemins de fer , la réalisent en quelques années . Cette organisation du prolétariat en classe et donc en parti politique , est sans cesse détruite par la concurrence que les ouvriers se font entre-eux . Mais elle renait toujours , toujours plus forte , plus solide et plus puissante…» Et afin qu’il n’y ait plus d ’équivoque , ils ajoutaient : «Quelle est la position des communistes par rapport à l’ensemble des prolétaires ? Les communistes ne forment pas un parti distinct opposé aux autres partis ouvriers . Ils n’ont point d’intérêt qui les séparent de l’ensemble du prolétariat . Ils n’établissent aucuns principes particuliers sur lesquels ils voudraient modeler le mouvement ouvrier…» Je pense que nous aurons l’occasion d’y revenir !

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