Bien évidemment, tout ceux qui connaissent les VENINOV, qui les ont soutenus tout au long de ces deux années de lutte, ont un gout amer dans la tête. Ainsi, un patron peut reprendre un site en excluant ceux qui ont passé leur vie à le défendre ! Et le préfet, représentant du gouvernement, est intervenu avec énergie pour que l’accord soit signé, c’est à dire en fait pour faire accepter aux salariés ce gout amer, cette injustice qui met de coté 5 délégués CGT.
Montebourg avait parlé de la nécessité d’un accord «socialement satisfaisante». Visiblement, ça ne voulait pas dire «humainement équitable».
Certains vont évidemment expliquer que ceux qui ont lutté avaient tort, que la CGT aurait du se faire plus discrète, ne pas dénoncer le repreneur aussi vivement, qu’en quelque sorte, c’est normal qu’un patron écarte ceux qui ont montré qu’ils étaient capables de dire non, de s’organiser, que les communistes de la ville et leurs élus, maire et député en tête, en ont trop fait…
C’est amusant comme ceux qui ont considéré dès le début ou en cours de route que c’était plié, que le site ne pouvait pas redémarrer vont avoir des commentaires à faire quand le site redémarre !
Mais au bilan, il faut cependant regarder les choses au fonds
- VENINOV est un des rares exemples ou un fonds de pension US a été obligé de lacher sa proie
- VENINOV est un des rares exemples ou un site industriel dont le propriétaire a décidé la fermeture, ne ferme finalement pas
- 20 emplois sur 87 on été recréés avec un engagement sur l’emploi de deux ans sous forme de contrat initiative emploi
- l’état s’est engagé à ce que les salariés qui ne sont pas repris «se voient proposer des offres d’emploi sérieuses et réalistes dans les meilleurs délais»
Certes, l’histoire continue, et ce patron peut de nouveau se cacher derrière l’Euro, le coût du travail, le marché ou autre chose pour remettre en cause le site dans deux ans. Mais dans une période ou se sont accumulés les fermetures de Florange, PetroPlus, Aulnay, après les CONTI et tant d’autres, ce redémarrage est bien une victoire imprévue et qu’il faut défendre et valoriser.
Stéphane Navarro, délégué syndical CGT, résume bien la situation: «On ne peut pas être satisfait à 100%, mais on fait confiance au préfet et à Windhager, maintenant il va falloir que ça suive».
Car, si les salariés acceptent cette injustice qui met de coté les délégués, ils le font pour que le site redémarre, et sont donc contraints à «faire confiance» au préfet et à l’état qui ont de ce point de vue une réelle responsabilité de vérifier le respect de cet accord par Windhager…
C’est une leçon ancienne pour les travailleurs. Aucune victoire n’est complète et définitive, seul le changement de société, la sortie du capitalisme est porteur d’une réelle victoire pour le travail. C’est ce que disait Marx dans le manifeste en 1848…
Parfois, les ouvriers triomphent ; mais c’est un triomphe éphémère. Le résultat véritable de leurs luttes est moins le succès immédiat que l’union grandissante des travailleurs. Karl Marx, le Manifeste, 1848