Qu’est qu’une candidature de témoignage ?
C’est une candidature qui ne peut pas faire gagner ses idées, et qui se contente de les faire connaitre, de les faire exister dans le débat politique.
Ce n’est déja pas si mal à une époque ou les idées dominantes sont si maladivement présentes quotidiennement dans les mots, les réactions, les actualités des discussions des français.
Pour ceux qui ont des idées qui dérangent, des idées critiques du monde existant, des idées contre le consensus ambiant, se faire entendre est déja un enjeu.
Celà dit, se faire entendre sans se battre pour faire progresser ses idées jusqu’à bousculer les rapports de forces est effectivement non seulement un manque d’ambition, mais surtout une méprise grave sur les enjeux de l’élection. Compte tenu de la nature du combat politique, dire aux français « je me présente pour témoigner de mes idées », alors qu’ils sont confrontés à la misère, a la violence, a la régression sociale, c’est évidemment se satisfaire de cette situation, c’est à l’évidence ne pas prendre les français au sérieux, ne pas prendre la situation dramatique du monde du travail au sérieux
Une candidature de témoignage ne peut mobiliser de forces sociales nouvelles car elle ne propose pas de bousculer la société et ses injustices !
candidature de témoignage et contenu politique
Mais le contenu politique suffit-il a sortir du simple témoignage ? A l’évidence non ! D’ailleurs la longue histoire de la candidature d’Arlette Laguiller montre que même avec un contenu anticapitaliste affirmé, une candidature peut ne pas être un outil au service des révoltes, un outil au service de la prise de parole du monde du travial, un outil révolutionnaire !
Celà ne veut pas dire que cette candidature soit inutile, mais suffit à démontrer qu’il ne suffit pas d’un contenu pour sortir du piège de la candidature de témoignage, bien gérée par le système et les institutions afin de ne pas perturber la mécanique majoritaire. Lors des dernières présidentielles, le vote LO a pu ainsi apparaitre comme acceptable, notamment dans un électorat féminin, malgré son contenu révolutionnaire affiché.
Comment agir pour bousculer la donne !
La solution est-elle dans le rassemblement de forces acceptant sur le contenu les compromis nécessaire a ce rassemblement ?
L’expériences de la gauche unie en espagne montre que rien n’est simple. Au fur et à mesure que le PCE explosait en morceaux, les succès partiel du « rassemblement » de la gauche unie n’ont pas permis de faire émerger une alternative, une issue politique et la gauche social-démocrate ou la droite modernisée s’en est très bien portée…
Car, la seule question qui vaille est celle des forces en présence ! Combien de divisions dans la guerre politique qu’il faut mener contre un système institutionnel, médiatique et financier qui est rodé pour organser ces vastes parades idéologiques que sont devenues les élections, surtout présidentielles ?
Les forces militantes ne s’inventent pas, elles sont connues et… faibles pour les anticapitalistes, divisés par la mutation puis la refondation du PCF, la dilution des propositions anticapitalistes dans un discours antilbéral consensuel, et surtout, l’affaiblissement des organisations de lutte du monde du travail, la priorité donnée par la CFDT puis la CGT au syndicalisme de proposition sur le syndicalisme de lutte !
Pourtant, la puissance potentielle du monde du travail est toujours présente. Dès qu’elle peut s’exprimer, elle bouleverse les pronostics, comme pour le NON de classe au référendum sur la constitution européenne.
pour une candidature qui bouscule, une candidature du monde du travail et des quartiers populaires !
Ceux qui ne veulent ni de la droite ni d’une gauche menant une politique de droite doivent donc avec attention s’interroger sur les forces sociales qu’il est possible de mobiliser, en 2007 et après.
Les animateurs des collectifs antilibéraux semblent convaincus qu’ils représentent l’espoir. Mais où sont-ils organisés ? Quelles sont les forces sociales qui les soutiennent ? Dans quels quartiers, dans quelles entreprises sont-ils présents et connus ?
Si les militants du PCF ne s’investissent pas dans ces collectifs, ceux-ci restent presque uniquement présents dans les monde enseignant et étudiant, couches moyennes et secteur public. Ce n’est pas rien et ce sont des forces sociales qui comptent, même si elles sont touchées comme les autres par l’abstention et le vote populiste.
Mais qui peut parler aux millions d’employés qui voit leur salaire net moyen stagner en dessous de 1000€ par mois, n’augmentant depuis 10 ans que de 3% pendant que le PIB augmentait de 18% et les dividendes de plus de 50% ?
Mais qui peut parler des 6 Millions d’ouvriers qui sont les principales victimes des restructurations industrielles, licenciés après des années de surexploitation d’un travail toujours plus décomposé, controlé et sous pression ?
Qui peut redonner la parole au monde du travail, aux quartiers populaires, sans démogagie ni populisme, mais en ne lui étant pas extérieur ? Qui peut parler des banlieues, de la réalité de la violence sociale et urbaine vécue par des millions de gens ?
Qui peut parler de la fracture sociale, de sa dérive communautariste, qui peut refuser la guerre des civilisations et refonder un discours des « indigènes du capitalisme » contre les discours de divisions antirépublicains ?
pour une candidature d’espoir, une candidature du PCF en reconstruction
Une candidature ne s’invente pas dans une STARAC militante ou l’on compare les vertues et les vices de ceux et celles qui pensent pouvoir en être. Elle se construit dans la réalité des rapports de forces et des mouvements sociaux. Elle se construit comme un outil au service de forces sociales qui cherchent comment agir pour bousculer la donne. Et cet outil ne peut apparaitre déja rodé, déja réglé pour la bataille. Il a besoin d’un engagement, d’une organisation pour le faire vivre, le forger par le mouvement des forces sociales qui en ont besoin.
Accepter de réduire le vote au rejet du pire, a l’utile immédiat, c’est s’interdire de construire une telle candidature populaire de réveil citoyen , de réveil de classe.
Ceux qui souffrent ne voteront pas si ce vote ne prend pas un sens radical de libération de leur souffrance, faisant l’effet d’une bombe dans le jeu médiatique, d’une violence dans le consensus ambiant.
Et ce vote ne peut prendre un sens révolutionnaire que s’il s’inscrit dans un engagement au delà du vote, dans la construction de l’organisation nécessaire aux victoires du monde du travail, a sa solidarité, a la reconquête de son autonomie.
Ce vote ne peut se construire ni se gagner sans poser la question communiste, la question de l’organisation communiste, la question de la reconstruction du PCF.