Un hold-up à grande échelle
Selon la Commission européenne, la part des salaires dans le produit intérieur brut (chiffre qui traduit les richesses produites par un pays) a chuté de 9,3 % en France entre 1983 et 2006. C’est le Capital qui a récupéré cet argent qui, il y a peu, allait encore à la Sécurité sociale, aux retraites, au pouvoir d’achat, aux salaires des chômeurs d’aujourd’hui, aux services publics… Pour la France, ce transfert de richesses se monte entre 120 et 170 milliards d’euros par an !! En prenant l’hypothèse basse, cela représente plus de dix fois le « déficit » de la Sécu (12 Mds d’euros), une vingtaine de fois celui des retraites (4,6 Mds d’euros). Au passage, on remarquera que les gouvernements dits de « gauche » ont largement contribué à ce transfert : souvenons-nous notamment de la CSG créée par le PS et qui a été la première mesure à reporter le financement de la Sécu de la part socialisée du salaire (appelée « charge » par les capitalistes) sur la part perçue par le salarié.
"La part des profits est inhabituellement élevée à présent (et la part des salaires inhabituellement basse). En fait, l’amplitude de cette évolution et l’éventail des pays concernés n’a pas de précédent dans les quarante-cinq dernières années". Ces lignes sont extraites d’un document de la Banque des Règlements Internationaux (BRI), institution qui réunit chaque mois en Suisse les banquiers centraux pour « coordonner les politiques monétaires ». Ce constat est aujourd’hui unanimement partagé… sauf chez ceux qui continuent de nous renvoyer vers de fausses solutions, comme par exemple celle de « l’Europe sociale ».
Un système obscène
En réalité, cette crise ne fait pas souffrir les capitalistes, car ce qui caractérise le système capitaliste, c’est l’exploitation de l’homme par l’homme. Pour certains capitalistes, on peut même dire que ce genre de crise est une aubaine pour augmenter la surexploitation des autres. Ceux qui souffrent, ce sont les prolétaires des temps modernes : les salariés, les chômeurs, les précaires sur qui on fait peser tout le poids de la crise et qui vont devoir payer ces milliards.
Il est bon de rappeler cette citation de Karl Marx : "Le Capital a horreur de l’absence de profit. Quand il flaire un bénéfice raisonnable, le Capital devient hardi. A 20%, il devient enthousiaste. A 50%, il est téméraire ; à 100%, il foule aux pieds toutes les lois humaines et à 300%, il ne recule devant aucun crime" [1]. Il s’agit donc de la logique d’un système qui se nourrit de la crise et de la misère des autres : contrairement à ce que certains répandent, il ne tombera pas de lui-même. Pour cela, il est indispensable de reconstruire un parti communiste solide qui préconise l’expropriation des capitalistes dans les principaux secteurs de l’économie (banques, industries, services) et le (re)développement d’importants services publics.