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J’ai fait le rêve du socialisme

Vendredi 20 avril 2007 — Dernier ajout samedi 2 juin 2007

Nous voyons bien en cette veille d’élection que nous avons dans le cœur et dans l’esprit beaucoup plus que le petit jeu auquel on veut nous contraindre. Personnellement il y a dans mon vote pour marie-Georges Buffet tout autre chose qu’un ralliement immédiat mais partons d’autre chose : Quand j’ai proposé une collection sur le socialisme à Francis Combes du temps des cerises, j’avais un peu toutes les questions que vous posez dans la tête. Car pour peu qu’on ouvre le débat on s’aperçoit qu’effectivement l’unité est possible et qu’elle se construit sur une grande espérance.

Sur le fond peut-être parce qu’à l’origine je suis historienne je sais que la bourgeoisie a mis six siècles pour construire son hégémonie, ce qui a débouché sur la forme la plus parfaite et la plus idéale de sa victoire : la révolution française. Il y a dans cette révolution la victoire du capital, du propriétaire et pas l’émancipation humaine promise… Et il n’y a pas que cela, il reste un fond jamais achevé, la part d’illusions de ceux qui l’on faite… Elle travaille tout le XIX e siècle et on pourrait la décrire avec le tableau de Delacroix, la liberté guidant le peuple…

Il faut tout penser en acceptant cette contradiction-mouvement vers l’avenir. Il y a incontestablement dans le communisme une transcendence comme dans la religion et en même temps c’est la rationalité héritée de Spinoza que défend Marx en matière d’action politique. Ce qui différencie le communisme de la religion c’est qu’il ne renvoit pas au ciel des idées l’achévement, il le cherche dans la vie concrète en surmontant l’ex ploitation, l’oppression… En terme philosophique l’espérance de l’émancipation ne se détache jamais de la médiation concrète, de l’action politique et celle-ci est collective parce que l’émancipation humaine sera celle où l’être humain trouvera son épanouissement non dans l’égoisme, l’individualisme, mais dans le plein exercice de ses capacités, de son désir de vivre avec les autres. Et parce que rien ne peut se réaliser contre l’exploitation, l’oppression sans l’action collective des masses, sans cette indignation collective…

Il en est ainsi de tout, y compris de l’Etat, l’Etat dont la forme achevée a été fournie par Napoléon, dépose l’Eglise et lui retire des mains non seulement le pouvoir de classe, mais le contrôle sur les moeurs. Trés souvent quand je vois l’anticléricalisme je pense que nous sommes en retard d’une guerre. napoléon hérite de toute une conception du droit bourgeois élaborée disons depuis le XVIe siècle… Comme nous héritons du service public depuis la monarchie… On ne fait pas table rase de tout cela mais on doit impérativement en transformer la nature… Comme justement la révolution française, suivie du pouvoir radical jacobin du XIX e siècle, a su transformer, dépasser selon le terme hégélien (conserver et transformer) l’Etat de l’aristocratie au capital.

Il me semble que la piste pour comprendre ce qui naît à travers des expériences qu’il ne faut pas rejeter mais critiquer, comprendre, est double : comprendre ce qui a attaqué l’exploitation capitaliste et impérialiste à la racine. La révolution bolchevique a permis un formidable essor des luttes anti-colonialistes, de libération nationale, comme elle a permis parce que la bourgeoisie avait peur de la contagion, que les luttes ouvrières débouchent sur des conquêtes qu’aujourd’hui on nous enlève. Dans ce contexte progressiste il y a eu évolution des moeurs mais cela s’est fait dans une domination du capital. La révolution bolchevique, l’URSS, les luttes de libération nationales, les luttes ouvrières, les revendications en matière de moeurs tout cela s’est fait dans la contrainte d’une domination économique, militaire, idéologique du capital à un niveau international. L’URSS a subi la course aux armements, à la fin elle y consacrait 40% de son PIB, qui peut supporter cela… Elle a subi la loi du marché, celle du capital, la concurrence en matière scientifique et technologique, de fait depuis le début on a tenté de la condamner à l’autarcie, au blocus, comme Cuba.

L’illusion des dirigeants de l’URSS face aux terribles problèmes auxquels ils étaient confrontés a été de croire qu’ils pouvaient construire le socialisme, voire le communisme dans de telles conditions en simple concurrence avec un capitalisme dominant. Le cas extrême a été Gorbatchev qui réclamait la paix, démobilisait l’effort nécessaire, en croyant que l’ennemi ne profiterait pas de son accablement. C’est cela qu’a refusé Cuba, mais l’île pouvait le faire parce qu’elle n’avait jamais cédé sur le fond, elle était restée une révolution morale, non dogmatique. En disant cela je pense que les Cubains eux-mêmes, Fidel au premier rang n’acceptent pas cette vision idéale de leur révolution. Ils savent qu’ils ont fait de grandes erreurs, et que les mesures de survie qu’ils ont prise durant la période spéciale, le tourisme encore aujourd’hui a profondément attaqué leur capacité révolutionnaire…

Donc une collection sur le socialisme devrait tenter de comprendre la manière dont les expériences socialistes ont mis en cause la racine, l’exploitation de classe, l’impérialisme, mesurer les victoires et les limites. A partir de là il faudrait voir ce qui a changé pour l’individu, le fil rouge devrait être la construction de solidarité dans l’émancipation humaine… Parce qu’il s’agit à la fois de reprendre le programme de la révolution bourgeoise et de le dépasser en construisant l’individu comme une force sociopolitique.

Il est clair que voir le monde dans ce type de cinémascope relativise beaucoup les crises, divisions et mesquineries actuelles, c’est pour cela que nous avons besoin d’un parti et pas de jouer le look des candidats, de danser sur l’air que le capital nous joue, nous devons construire notre émancipation citoyenne.

Je n’ai rien contre l’existence d’un leader mais il faut qu’il s’oublie complétement, qu’il entre en symbiose, sans brutalité avec humanisme, expression temporaire d’un collectif qui cherche à naître, une nation autant que les forces prograssistes capables de la construire… Peut-être ici à l’inverse de ce qui se passe dans le tiers-monde pouvons-nous nous passer de cette étape du fondateur de République… Ce serait bien mais il faut un parti, c’était déjà la thèse de Gramsci. Il expliquait que le prince de Machiavel, le fondateur qui réaliserait l’unité populaire italienne ce ne serait plus un homme, mais un parti. Il ne faut pas donner de leçon aux autres dans notre prétention à l’universel mais il faut comme eux chercher notre voie propre.

Enfin prendre la question du socialisme comme cela permettrait de se rassembler, de surmonter les querelles idéologiques puisque toutes les expériences y compris celles de l’anarchisme et de la social démocratie devrait être passées au crible de l’action concrète pour transformer le monde. Chacun viendrait dire les réalisations, les projets… Utopie sans doute… Mais l’utopie est peut-être le seul réalisme quand se joue de fait le sort de l’humanité, quand il y a dans le présent un tel gâchis de potentialités…de tels drames… Parce que chacun comprendra que je propose une collection de livre à défaut d’un parti qui m’aiderait, moi et les autres, à avancer sur cette voie du socialisme…

Danielle bleitrach vendredi 20 avril 2007

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