Entre la victoire du CPE et les défaites sur les retraites ou la SECU, entre la victoire du NON au référendum et la guerre idéologique de Sarkozy, entre le déferlement médiatique sur les présidentiables et les méandres de l’affaire Clearstream, comment être porteur des colères et des espoirs de millions de Français, du monde du travail et des quartiers populaires ?
On nous répète qu’il faut une candidature antilibérale unique aux présidentielles pour empêcher le syndrome de 2002. Mais que faut-il espérer de cette élection, si ce doit être autre chose que les échecs de 1981 ou 1997 ? Dire pour 2007, “tout sauf la droite”, c’est accepter de recommencer, et chaque fois que la droite remplace une gauche qui n’a pas répondu aux espoirs du monde du travail, elle franchit un pas de plus dans la violence sociale, la remise en cause de la république, du droit du travail, de la solidarité.
Ce qui compte d’abord, c’est de donner plus de forces aux luttes qui sont et seront nécessaires après 2007, quelquesoit le résultat ! Et c’est ce qui peut bousculer les prévisions et ouvrir une réelle rupture politique, en mettant en difficulté la bipolarisation. De ce point de vue, une candidature unique serait une aide si elle correspondait a un réel mouvement populaire portant un programme de rupture. Au contraire, si elle n’est qu’un accord de répartition des places entre appareils, elle est vouée à l’échec. Alors que la mise en cause de la domination des partis dit “présidentiables” tout comme le renforcement d’objectifs politiques anticapitalistes peut s’exprimer autour de plusieurs candidatures !
Et quelle est la réalité politique de notre pays, et des forces qui se disent “antilibérales”. Déjà , ce terme, que reprend Bayrou et que ne renie pas Chirac, sème la confusion. Oui ou non, faut-il adapter le capitalisme ou faut-il le combattre, serait-ce graduellement ? La précarité, le racisme, le désespoir aussi, pèse profondément sur les capacités de rassemblement, et 2/3 des Français considèrent que la droite et la gauche ont les mêmes politiques économiques. Entre le NON au référendum et le rassemblement majoritaire sur un projet de société, il y a une grande différence !
C’est pourquoi l’essentiel est bien la force d’objectifs politiques portés majoritairement par le peuple. Vouloir faire croire qu’on peut construire cela par artifice, par en haut est un leurre !
Et pendant que le PCF, la LCR, le mouvement alternatif et des collectifs divers négocient une candidature commune, perdant leur temps à discuter de places et de budgets, et alors que les luttes pourtant nombreuses restent isolées et sans perspective de généralisation, la guerre idéologique de la droite et du réformisme tente d’imposer le renoncement face à la concurrence et à la violence, après que le gouvernement a stoppé le début de rencontre entre étudiants et salariés contre le CPE en cédant sur un (et un seul) des articles de loi. Le couple Sarko/Sego surfe sur les sondages, les sans-papiers sont expulsés et les restructurations se poursuivent pendant qu’on nous amuse avec les “affaires” qui masquent la profondeur de la crise du capitalisme.
Cette situation pousse au vote utile en faveur du PS, a la recherche d’un “sauveur” et laisse toute sa place au populisme et au risque FN. Elle est le contraire de ce que nous voulons !
Il n’y aura pas de surprise en 2007 et après si le monde du travail et les quartiers populaires ne trouvent pas une expression politique propre, comme l’ont été Morales ou Chavez pour leur pays ! Ils ne sont pas surgis par hasard, mais comme porteur d’un mouvement populaire avant et après l’élection. Celui qui a déjoué le coup d’état de la CIA au Vénézuela et qui exigeait la nationalisation des ressources en Bolivie !
Sans un programme anticapitaliste pour mobiliser les quartiers populaires, la jeunesse et les salariés, clairement porteur de la force du NON et des luttes, s’inscrivant sans équivoque dans la remise en cause des institutions existantes et du régime présidentiel, les élections présidentielles seront ce que nous ne voulons pas. Et la candidature unique si elle se faisait n’aurait qu’un seul résultat concret, accélérer l’effacement du PCF de la vie politique. C’est bien sûr l’objectif de la LCR et d’autres forces dites “alternatives”, mais ce serait un nouvel affaiblissement pour le monde du travail.
C’est pourquoi nous proposons 10 objectifs anticapitalistes pour la mobilisation populaire, avant et après 2007, que nous demandons aux forces politiques de se prononcer clairement sur de tels objectifs, et que nous persistons à demander au PCF de présenter un candidat porteur naturel d’un tel programme.