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Rencontre du 15 Novembre « Faire face ensemble au terrorisme »

Quelle société voulons-nous pour les générations futures ?

Introduction de Michèle Picard
Dimanche 20 novembre 2016

Organisé par le PCF de Vénissieux, un « ciné-débat » a eu lieu au Cinéma Gérard-Philipe de Vénissieux. « Faire face ensemble au terrorisme » en était le thème. Michèle Picard est intervenue après la projection du film « Le ciel attendra » avec Clotilde Courau, Sandrine Bonnaire, Zinedine Soualem, Ariane Ascaride… Ce film raconte l’itinéraire de familles ordinaires face à la radicalisation de leurs enfants.

Je remercie les intervenants d’avoir accepté l’invitation pour nous faire part de leur expérience, apporter un éclairage sur cette question, et permettre un échange riche, constructif, pour avancer ensemble.

Le film que nous venons de voir montre le parcours de deux jeunes filles plongées dans l’islamisme radical aux portes du terrorisme, mais aussi leurs aspirations d’adolescentes… Il montre des familles désemparées face à la radicalisation de leurs enfants. Il aborde également l’utilisation des femmes en fonction de leur spécificité pour mener des actions terroristes. Un sujet qui n’est pas nouveau puisque les femmes ont toujours été utilisées dans tous les conflits.

La question du terrorisme ne peut être dissociée du contexte international. La mondialisation capitaliste effrénée entraîne une deshumanisation de la société (accentuation des inégalités). Nous observons une explosion des guerres, des conflits qui déstabilise le monde. En 2016, sur l’ensemble de notre planète, seulement 10 pays vivent en paix totale. Aujourd’hui, les marchés financiers ont pris le pouvoir sur les Etats élus démocratiquement. Ils imposent l’austérité à tous les pans de la société. Les peuples sont de moins en moins souverains, ils sont souvent bafoués : Le rejet par le peuple français du traité de Maastricht lors du référendum de 2005, le Non Irlandais au référendum de 2008 sur le traité de Lisbonne, le Non Grec en 2015 au plan d’aide des créanciers et des réformes proposées. Les citoyens ne se sentent plus maîtres de leur destin. La population se sent abandonnée

C’est sur ce terreau, que poussent les extrémistes, les populistes de toutes sortes. Ils jouent sur les peurs et les divisions. De plus en plus de pays sont confrontés aux relents populistes (showbiz, campagnes délétères…). L’élection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis est révélatrice des replis xénophobes et identitaires, et de la déliquescence de nos sociétés.

Ce sont des situations qui nous interpellent et doivent interpeller la société toute entière.

Vénissieux, ville populaire, a toujours porté et défendu les valeurs de notre République laïque, une et indivisible, garante du vivre ensemble.

André Gerin, ancien député-maire a très tôt compris les tentatives de déstabilisation des piliers fondamentaux de notre République, et les risques de fragilisation de notre société. Pour mémoire, les prêches intégristes et rétrogrades de l’imam Bouziane à la mosquée de l’Urssaf dans les années 90, et notamment ses propos insupportables sur la lapidation des femmes. Ces discours touchent particulièrement les jeunes en manque de repères, fragilisés, ignorants de leur propre religion, qui confondent religion, origines et nationalité. Ce sont des proies faciles pour ceux qui prêchent un islam moyenâgeux et rétrograde, et qui en réalité portent un véritable projet politique fascisant. Ces personnes utilisent la religion pour tenter d’imposer un régime de terreur. Comme tous les fascismes, elles s’appuient sur un terreau fertile pour faire avancer leurs idées et tenter d’imposer leur projet de civilisation. Deux jeunes Vénissians ont été détenus par les Américains à Guantanamo en 2002. Cela a marqué notre ville, et fait poser un certain nombre de questions, sur les recrutements, les filières, la situation des jeunes dans les quartiers, le devenir de nos quartiers, la place d’un islam tolérant, respectueux des lois de la République…

Les conflits au Moyen et Proche Orient n’expliquent pas tout. La dégradation de la situation sociale, la violence de la société vis à vis de sa jeunesse (droits fondamentaux inscrits dans notre Constitution qui ne sont plus assurés : droit à un emploi, à un logement, à la santé et à l’éducation), fragilise les jeunes qui pensent ne plus avoir de perspective. Des questions se posent à tous les citoyens, qu’ils soient croyants ou non. L’islam de France a aussi un rôle important à jouer pour lutter contre toutes ces dérives.

Les attaques terroristes portées sur le territoire national depuis janvier 2015 ravivent les fractures de notre société. Des jeunes de 3e, voire 4e générations d’immigrés ne se sentent pas français. Pendant la coupe d’Europe de foot en juin dernier, certains soutenaient systématiquement les équipes adverses à la France. Des clivages communautaristes qui n’existaient pas auparavant surgissent : la demande de repas sans viande dans les cantines ou de chants religieux lors des célébrations de mariage dans la maison de la République, les difficultés au service de l’état civil pour la délivrance des cartes d’identité …

Une radicalisation qui créé des tensions et fait monter le FN qui se nourrit des divisions. La cohésion nationale est fragilisée. Les femmes sont les premières victimes, leurs droits régressent : un danger quand on sait que l’on mesure l’émancipation d’une société en fonction de l’émancipation des femmes.

La société à de plus en plus tendance à se replier sur elle-même. L’individualisme prime sur le collectif, le vivre ensemble. L’accueil des migrants cristallise les peurs … Nous ne devons pas rentrer dans le jeu des extrêmes : s’opposer aux tentatives de divisions et faire bloc contre les amalgames et les raccourcis.

Chacun doit pouvoir vivre sa foi dans le respect des lois de la République. La République n’a pas à faire de différence entre les croyants, les athées ou agnostiques, elle reconnaît des citoyens avec des droits et des devoirs. L’islam, 2e religion de France a toute sa place. Un islam "ouvert" qui s’intègre dans notre République, avec des lieux dignes pour exercer le culte. A Vénissieux, nous travaillons avec les associations cultuelles que je rencontre régulièrement, en associant à chaque fois le CRCM (conformité des locaux –ERP-, conventions …). Nous avons mis en place une commission laïcité-vivre ensemble avec tous les acteurs : Elus, Education nationale, représentants d’associations, des cultes, société civile.

La laïcité c’est le garde-fou contre l’intolérance, les oppressions, les soumissions. C’est une valeur fondamentale de notre République. Ce principe n’interdit pas. Il nous protège et nous rassemble, au-delà de nos différences pour favoriser le vivre ensemble. Il est issu de l’histoire de la France, profondément marquée par les guerres de religion. Dans le monde : seulement 12 pays sont laïques, et ce n’est pas toujours facile de garantir un espace qui protège les individus qu’ils soient croyants ou non. La laïcité est un combat permanent, de tous les instants pour promouvoir l’émancipation des citoyens.

Aujourd’hui, personne ne peut faire l’impasse sur les questions qui se posent à la République et donc à tous les citoyens : Quelle société voulons-nous pour les générations futures ? Comment répondre collectivement aux grands défis qui nous font face ?

Je vous remercie.

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