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Réponse à l’interpellation d’un camarade à propos de mon refus de participer à la campagne du « Front de gauche »

Pour un parti communiste ancré dans la réalité quotidiennes et dans les luttes…
Jeudi 4 février 2010 — Dernier ajout lundi 7 décembre 2020

C’est avec une insouciance renouvelée à chaque campagne électorale que la direction de section de Lyon se remet en branle lorsqu’à l’horizon, apparaissent les futurs scrutins. Entre temps, quelques adhérents ont pu encore prendre la tangente (le plus souvent, ce sont les plus touchés par la surexploitation capitaliste). Peu importe, la direction ne saura jamais pourquoi, car leur motivation ne les intéresse pas. D’un parti de lutte (il y a quand même quelques années en arrière…), ils en ont fait un groupuscule préoccupé essentiellement par les institutions et les places qu’elle procure. Aujourd’hui, cela se double du problème de la liquidation du parti, ouvertement ou non revendiquée par ces directions qui voient une belle aubaine dans le « Front de gauche ». Alors, devant mon refus de participer à cette campagne vide de contenu, un camarade m’interroge. Ci-dessous, vous trouverez son questionnement suivi de ma réponse.

Questionnement par courrier électronique d’un camarade de ma section, le 27 janvier 2010 :

"Pascal, je viens de lire ta réponse, totalement déprimante, à l’invitation à te joindre à nos efforts de campagne. Soit, la révolution serait préférable, mais avec qui veux-tu la faire ? Et à part attendre que Sarkozy soit réélu, que nous proposes-tu ? Le forum a permis de mettre en place des discussions et des solutions pour une politique autre. Cela ne peut évidemment être qu’une amorce. Pourquoi ne continuerions-nous pas, en organisant des réunions publiques avec les habitants du 5e ?

Oui, les tracts distribués appellent à voter Front de gauche, ils ont surtout le rôle de faire savoir qu’il existe autre chose que l’UMP, le PS et le FN. Dis-nous ce qu’il faut faire.

Fraternellement. C."


Ma réponse :

Le 28 janvier 2010

Tout d’abord je te remercie de me répondre : c’est la première fois qu’un camarade du 5e le fait de manière non hostile (auparavant c’était plutôt : « tu peux m’ôter de ta liste de diffusion »).

Et à ta dernière phrase, je réponds : nous avons la chance qu’il existe encore un parti communiste en France, faisons-le vivre ! A ce que je sache, le PCF ne cesse pas d’exister parce qu’il y a le « Front de gauche » ! Si l’on s’en tient à l’« analyse concrète de la situation concrète », je ne vois rien à l’horizon avec le « Front de gauche ». Tout d’abord, concernant l’intitulé, il est déjà très restrictif. Pourquoi ne s’adresser qu’à la gauche, alors qu’un sondage récent (en fait il n’y avait pas besoin de sondage pour le savoir…) nous apprend que les français ne font confiance ni à la gauche ni à la droite pour résoudre leurs problèmes économiques, c’est-à -dire pour s’attaquer à la crise du capitalisme (à juste raison d’ailleurs si on regarde les expériences récentes). Les anciens, animés d’une véritable analyse communiste de la situation avaient trouvé d’autres mots d’ordre. Le Front populaire n’était pas le moindre : il s’adressait à tout le peuple ! Par la suite, mais un peu tard, car décidés après le début de nos ennuis suite à une certaine union de la gauche au sommet, il y a eu l’union du peuple de France ou encore le rassemblement populaire majoritaire. Or qu’est-ce que le « Front de gauche », sinon essayer de reproduire à une autre échelle (bien petite cette fois, avec des groupuscules qui ne représentent que dalle) une union de sommet telle qu’on l’a pratiquée avec le PS pendant des décennies jusqu’à en arriver à la portion congrue. Et faute d’analyser cette erreur, la direction continue comme la chèvre qui cogne inexorablement ses cornes contre le mur qui refuse de s’ouvrir.

A vrai dire, ce ne sont pas les alliances électorales qui me posent problème, c’est la manière politicienne dont elles s’effectuent, excluant toute possibilité d’élargir notre influence (sauf peut-être à la marge, car il ne faut pas oublier que nous sommes au milieu d’une crise du capitalisme sans précédent et que les travailleurs cherchent des solutions). L’essentiel de ce qui se déroule sous nos yeux depuis des semaines se réduit à des tractations d’appareil, des négociations sur les places, des chantages plus ou moins publics pour obtenir une place de plus sur une liste. Et qui plus est, cela se passe avec le PG, GU, les Alternatifs, la FASE… c’est-à -dire les mêmes que dans les collectifs antilibéraux. Face à ces embryons de partis, comme le PG qui ne s’est jamais frotté seul à une élection et dont le poids doit se résumer à celui de Mélenchon, la direction nationale a généreusement cédé à ce dernier, 5 têtes de régions et 19 têtes de département, le plus souvent contre l’avis des communistes et les rapports de force locaux. Je préfère et de loin l’attitude des camarades du Nord-Pas-de-Calais qui ont rassemblé derrière un communiste, Alain Bocquet, les gens qui luttent. Et ce rassemblement va bien au-delà du petit « Front de gauche » (inclus dans ce rassemblement). Mais il faut souligner que dans cette région, les cocos ont depuis toujours une certaine pratique du rapport de force avec les réformistes devant lesquels ils refusent à juste titre de se coucher.

Je rajouterai que tous ces groupuscules ont une caractéristique commune : leur anticommunisme ! et leur aventurisme. N’est-ce pas Mélenchon qui dans un débat récent (visible sur le net), propose à Cohn-Bendit, protagoniste du oui au TCE et partisan du capitalisme badigeonné de vert, une alliance au 2e tour des régionales en le plaçant au cœur du changement (lequel ?). A propos, je ne résiste pas à te rappeler que Mélenchon a été à l’école de la pire des formations anticommunistes, l’OCI (Organisation Communiste Internationaliste trotskiste), groupuscule paramilitaire (j’ai encore en tête Cambadélis, le champion de la gauche plurielle, débarquant à Lyon en rangers et treillis à la tête de ses troupes pour des élections universitaires musclées).

Et c’est là qu’on se rend compte que le plus important, c’est-à -dire le contenu de notre bataille a été complètement éludé. Quand avons-nous analysé la situation politique et économique pour mieux définir des positions réalistes susceptibles de proposer un vrai changement au peuple de France ? Certes, il y a eu un semblant d’amorce de discussion, mais sur des bases tellement vagues et qui ne correspondent à aucune réalité de terrain (forcément puisqu’on l’a déserté depuis trop longtemps). Et qu’avons-nous en commun avec les Alter-ékolos par exemple ? Quand avons-nous analysé le rôle néfaste des régions dans la destruction des services publics ? Comment contrer efficacement la casse programmée des communes ainsi que des départements et de la Nation au profit des métropoles-régions et de l’Union européenne, lorsqu’on accepte cette machine de guerre capitaliste qu’est l’UE ? Comment se peut-il que les élus du PCF ne s’en rendent pas compte ? Ont-ils toujours autant de cécité, comme les ministres de la gauche plurielle, champions de la privatisation ? N’est-ce pas parce qu’ils ont abandonné leur engagement communiste à combattre l’exploitation capitaliste ? Car, pour les communistes, une élection ne peut se gagner en fonction de l’addition de groupuscules réformistes, mais doit être le reflet du rapport des forces créé entre les scrutins. Et ce rapport des forces se construit dans les luttes contre le capitalisme, dans le combat au quotidien sur le terrain. Mais pour la direction du PCF, ce bilan est très maigre, voire nul. Et c’est encore pire dans le Rhône et à Lyon.

Alors tu me demandes comment faire ? Personnellement, je ne peux pas changer le cours des évènements à moi tout seul. En Rhône-Alpes on se retrouve derrière une tête de liste PG, conseillère municipale de Saint-Martin d’Hères, élue sur le contingent du PS et rejetée par les camarades de la section de cette ville d’Isère, un peu comme pour les élections européennes où l’on a fait élire une ex-PS qui n’avait rien renié de son expérience. Quelle ironie : la direction du parti nous crée cet artifice, le « Front de gauche », soi-disant pour faire bande à part du PS, et à la sortie, on fait élire leurs doublures ! Comment veux-tu être motivé ? Qui plus est, la majorité de nos dirigeants dans le Rhône, y compris dans le 5e, ne cachent pas leur volonté d’utiliser le « Front de gauche » pour dissoudre petit à petit le PCF. C’est le danger qui se cache derrière ce « machin ». Alors revenons à la campagne dans le 5e arrondissement de Lyon. Pourquoi devrait-on absolument distribuer des tracts « Front de gauche » ? Pourquoi ne distribuerait-on pas des tracts PCF expliquant notre position aux régionales et appelant à la lutte ? Voila la première possibilité concrète que je te propose : faisons vivre le PCF dans cette campagne, car seule une analyse communiste peut permettre d’espérer apporter des solutions à la crise, pour un programme de rupture avec le capitalisme. Tu vois, ce n’est pas la révolution, mais cela peut en être le début…

Deuxièmement, il est impossible de mener des batailles sans organisation solide. Il faut sortir de cette pseudo anarchie du « cause toujours » et donc recréer une structure solide avec un secrétaire, un trésorier et un responsable à la propagande (ou comm’ pour faire moderne…). Il faut arrêter de se faire dicter la ligne à suivre par une élue que l’on ne voit réapparaître qu’en période électorale, qui plus est, encanaillée depuis de trop nombreuses années avec les « socialistes ». C’est aux adhérents de décider. Les élus sont au service de notre lutte commune et non l’inverse. Pour tirer un tract, un journal, il faut des sous, un trésorier. Et avec tout cela nous pourrons commencer à nous ré-emparer de la réalité concrète. Car pour les communistes, c’est seulement à partir de ce que l’on fait concrètement sur le terrain que l’on peut exister politiquement. Mettre les élus et les institutions en avant, c’est le début de la démission. Une des premières tâches sera d’ailleurs d’aller voir tous les communistes laissés de côté pour de multiples raisons, et notamment pour leur désaccord avec la politique de la direction.

Troisièmement, comme je suis un communiste conséquent, qui plus est ancien secrétaire de la section du 5e, avant que M-F Vieux n’organise la casse des sections de Lyon au profit du centralisme pas très démocratique que l’on connaît (j’essaierai d’oublier qu’elle est tête de liste dans le Rhône, ce qui pourrait constituer une non motivation supplémentaire), je te propose que le parti organise la lutte pour la défense des maternelles que Collomb veut rayer de la carte. Car ce qui est en train de s’opérer est très grave : 24 maternelles en ligne de mire si j’ai bien compris ; ce que nous avions mis en échec lorsque Barre était maire est en train de se passer grâce à la municipalité de « gôôôche » que nos élus cautionnent depuis trop longtemps. Au passage, je te rappellerai que l’adjoint au scolaire est un ancien « refondateur » qui s’est rapproché du parti ces derniers temps du fait de l’évolution de la politique du parti qu’il trouve positive… Que les élus PCF du 5e aient voté contre la fermeture de l’école Kergomard est un minimum : la dernière fois, ils s’étaient abstenus… Logiquement, en tant qu’élus communistes, ils auraient du alerter les communistes bien en amont pour que l’on puisse organiser la lutte avec les parents d’élèves, les enseignants et la population alentours. C’est le rôle du PCF que de faire converger les luttes, notamment de rassembler tous ceux qui veulent défendre l’école publique : pour cela créons un comité de défense. Seuls dans leur école contre la mairie, les acteurs de ces luttes ont moins de force que si on les aide à se regrouper ; en faisant cela, nous porterions leur lutte à un niveau politique supérieur et nous commencerions à créer des liens avec la population. C’est ce que j’appelle la lutte sur le terrain contre le capitalisme et c’est la seule manière de faire renaître l’influence de notre parti. Est-ce que cela aura une influence directe sur le scrutin prochain ? Je n’en sais rien, mais nous aurons commencé à poser les jalons de la reconstruction. Car seules les actions concrètes peuvent faire avancer notre combat.

Fraternellement

Pascal

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Vos réactions

  • Paul Barbazange 10 février 2010 12:08

    j’ai lu la réponse j’en partage la totalité mais je fais observer que ce n’est jamais en se mettant aux abonnés absents surtout dans une campagne électorale que nous influons les positions réactionnaires de la direction. Si réactionnaires gêne, écrivons liquidatrices. Mon vécu en Languedoc- y compris avec les difficultés de l’instant le tandem Frêche Mandroux- semblant remarquer des points- contribue à montrer qu’il faut à chaque instant disputer à la direction du PCF telle que l’acceptent les militants si non elle ne serait pas ! disputer les places… y compris éligibles ! et oui et bien sûr contenus, faà§on de militer là je suis totalement d’accord avec cette partie de la réponse. ce n’est pas parce que la direction ne veut pas que la colère, la révolte, la perspective révolutionnaire trouve leur place dans la campagne que ces objectifs ne seront pas ou très peu présents dans l’action de la campagne électorale, c’est parce que les communistes n’en sont pas encore assez porteurs pour l’imposer Fraternellement paul Barbazange

    • Paul, je comprend tout-à -fait ta démarche et ton raisonnement. Mais je pense que nous vivons deux situations complètement différentes. Tout d’abord, il y a le problème Frêche. A priori, vous semblez l’avoir résolu (même la direction du PCF est sur la base du rejet de Frêche : vous avez au moins l’antiracisme en commun avec elle). J’attends quand même le deuxième tour pour savoir comment cela se passera en réalité, l’attrait du strapontin, pour certains, ne s’étant pas volatilisé du jour au lendemain. Vous avez aussi le problème Gayssot. La encore, les huistes, Gayssot en tête, se sont mis d’eux-même hors du parti (j’entend « pour l’avis de la majorité des adhérents ») : ce n’est pas négligeable.

      Troisièmement, la tête de liste chez vous est membre du PCF, ce qui n’est pas le cas chez nous (c’est une ex-PS qui s’en est guère éloignée…). Bien sûr, cela aurait été mieux avec un communiste non institutionnel ancré dans une lutte forte. Enfin, votre liste n’est pas une liste « Front de gauche », mais une liste beaucoup plus large, ressemblant à celle de Bocquet dans le Nord-Pas-de-calais. Cela a déjà beaucoup plus de gueule que chez nous. Cela ressemble déjà beaucoup plus à ce que l’on peut espérer d’une liste de rassemblement basée sur les luttes. Et puis, vous avez couché sur le papier les éléments de ce qui vous unit, même si c’est encore partiel. Il n’y a rien de tout cela chez nous. Au contraire, les élus sortant sont à la manœuvre. Il gèrent la confusion de leur cogestion de la Région avec le PS : ils ont même tiré un bilan distribué à la population, bilan dont on se demande pourquoi ils ne repartent pas avec le PS ! Une « camarade » conseillère régionale (en position non éligible) m’a même confié que, non élue, elle reviendra sûrement après les élections pour passer le flambeau des affaires dont elle s’occupait à son successeur… Ce qui fait que si la liste passe les 5%, ils reviendront aux affaires avec le PS comme si de rien n’était… car il n’y a, chez eux, aucune analyse de fond de la situation politique et économique. Il n’y a donc nulle part l’amorce de la création d’un rapport de force. Ai-je le droit de contribuer à cette illusion ?

      Cela fait beaucoup de différences avec ta situation (en rajoutant que je suis minoritaire dans ma section et toi, non). Mais en définitive, pour moi, il n’y a qu’une question qui soit valable en interne au PCF : comment faire pour que nos pratiques contribuent à faire renouer les adhérents avec la conscience de classe, avec la lutte contre l’exploitation capitaliste ? J’admet modestement que nous ne pouvons pas avoir les mêmes en tous lieux.

      Fraternellement

      Pascal

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