Le scrutin du 9 juin 2009 est le premier d’ampleur nationale et internationale après l’explosion de la crise du système de production capitaliste.
Le premier fait majeur, c’est, comme dans toute l’Europe, une abstention record (France : 59,35 % contre 57,2% en 2004). Elle est notamment significative de la défiance de nombreux Français vis à vis de l’Union européenne et de leur sentiment d’avoir été trahis avec l’adoption du traité de Lisbonne, alors qu’ils avaient majoritairement (54,67%) rejeté en 2005 le Traité constitutionnel européen.
Particulièrement élevée dans les quartiers populaires, touchant notamment l’électorat qui aurait tout intérêt à voter communiste, l’abstention concerne prioritairement ceux qui sont les principales victimes de la crise du capitalisme. Elle doit non seulement inciter à la prudence dans l’analyse des résultats, entre autre en ce qui concerne «la victoire» de l’UMP, mais elle nécessite de la part des communistes une réflexion approfondie sur ses causes. Elle ne relève pas d’un simple découragement, mais très souvent d’un choix : il s’agit du refus politique de se prononcer alors qu’aucun projet ne s’identifie clairement aux intérêts des exploités. Tandis qu’aucun projet n’implique d’en finir avec le capitalisme mondialisé et ses désastres, les électeurs sont confrontés à l’absence de toute perspective de développement dans l’intérêt de l’homme.
Rendu possible par la mobilisation des militants et de l’électorat communistes, le score du «Front de gauche», 6,05%, est en très légère progression par rapport aux résultats des candidats du PCF aux européennes de 2004 (5,9%). Il a notamment permis l’élection de deux députés communistes, Patrick Le Hyaric en Ile de France et Jacky Hénin dans le Nord-Ouest. A noter également le score particulièrement intéressant (8,07%) réalisé dans la circonscription Massif central/Centre par Marie-France Beaufils, sénatrice-maire communiste de Saint-Pierre des Corps. Il faut enfin souligner que toutes les villes de plus de 25 000 habitants où le «Front de gauche» arrive en tête sont des communes où la sensibilité et l’activité communistes sont aussi importantes qu’anciennes (Calais, Vierzon, Martigues, Aubervilliers, Champigny-sur-Marne…).
Si le «Front de gauche» a répondu partiellement à certaines attentes unitaires de nombreux électeurs anticapitalistes, il n’a pas pour autant dépassé l’impuissance à rompre avec la conception d’une union de la gauche électorale. Imposée par le haut au nom de l’électoralisme, l’union pour l’union ne fait que renforcer les positions de la droite, qui recueille 28% des suffrages, un résultat en totale inadéquation avec l’ampleur du mécontentement qui a débouché ces derniers mois sur un mouvement social d’une force remarquée. L’absence de perspectives politiques stérilise bien des luttes. Il en résulte la domination des forces politiques représentant à divers titres le capital.
Le vide politique créé en France par l’affaiblissement du PCF depuis les années 80 ne se comble pas. Ni les forces sociales-démocrates, dominées par un PS en grande difficulté et un mouvement écologiste au programme en partie libéral, ni les partisans d’un anticapitalisme qui ignorent ou diabolisent l’héritage communiste ne sont en position, en France comme en Europe, de poser la question des pouvoirs à conquérir.
La mutation/dilution du PCF ne peut être source d’un rassemblement efficace. Elle ne répond ni aux obligations de ruptures découlant de la crise systémique, ni aux acquis du mouvement révolutionnaire français depuis deux siècles. Le manque de perspective politique en rupture avec le capitalisme ne pourrait que s’accentuer avec la création, espérée par certains en France, d’un nouveau parti à gauche, dans lequel se dissoudrait le Parti communiste, à l’image de «Die Linke» en Allemagne.
L’expérience électorale vient à nouveau de prouver que, sans parti révolutionnaire de classe et de masse disposant d’une assise électorale nationale, il n’y a pas de majorité de gauche possible en France. Le réseau «Faire vivre et renforcer le PCF» correspond de fait plus que jamais aux attentes et aux exigences sans compromis que viennent de rappeler les électeurs.
Pour sortir de la crise financière, économique, sociale, politique et morale il faut battre le capitalisme. Ce qui suppose un parti communiste fort qui s’affiche comme parti révolutionnaire, marxiste, écologiste, féministe et se situe résolument du côté des travailleurs exploités. Au-delà de son utilité comme outil dans les luttes, le PCF doit porter l’espoir qu’une société radicalement différente est possible.