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Vos réactions

  • CORMILLOT 16 juin 2022 12:28

    FAIRE AUTRE CHOSE ET AUTREMENT QUE CE QUI SE FAIT DEPUIS DES DECENNIES SECONDE PARTIE

    Il y a un paradoxe sur lequel il faut bien s’interroger : depuis des décennies les gouvernements successifs disent intervenir pour l’emploi, mais les résultats s’éloignent toujours plus de l’objectif proclamé. Année après année, les mesures, type préretraites, RMI, RSA ou CMU, pactes à répétition dits pour l’emploi des jeunes, comme les dispositions envers les chômeurs de longue durée, ainsi que les mesures d’exonérations de cotisations sociales toujours plus importantes, accompagnent le chômage, mais ne l’éradiquent pas car, en fait, elles l’entretiennent.

    Vu, les données publiées par la DARES , les dépenses dites pour l’emploi et le marché du travail (hors dépenses pour l’emploi protégé, la réadaptation et le handicap) et les allègements généraux de cotisations sociales sont passés de 9,9 milliards d’euros (Mds€) en 1980 à 47,3 Mds€ en 1995, pour atteindre 142,5 Mds€ valeur 2019 !

    Pour quels résultats ?

    En réalité, on trompe les gens.

    Preuve est faite que les dispositions affirmées par le patronat et les gouvernements successifs, comme étant des solutions positives sont toutes inefficaces et dangereuses :

    • Ils avaient dit qu’il fallait faciliter les réductions d’effectifs, supprimer l’autorisation administrative de licenciement, réduire les procédures et délais de licenciement, favoriser les ruptures conventionnelles ….. Tout cela a été mis en place au fil du temps, mais comme les licenciements appellent les licenciements, la situation a continué d’empirer ;

    • Ils avaient dit qu’il convenait de flexibiliser l’emploi, que CDD, travail à temps partiel, intérims et contractuels, contribueraient à résorber le chômage…La réalité est que de 1990 à 2018, la France est passée de 1.390.000 CDD et saisonniers à 2.520.000, de 179.000 intérimaires à 707.000, que de 1975 à 2018, le travail à temps partiel (salariés et non-salariés) est passé de 1.810.000 à 5.015.000, que de 2000 à 2018, le nombre de contractuels dans la Fonction Publique est passé de 15 à 19,2%… En fait, on devient chômeur surtout parce que l’on a un emploi précaire. Depuis 2013, l’accord national interprofessionnel (ANI) du 11 janvier 2013 signé entre le patronat, la CFDT, la CFTC et la CGC et la loi du 14 juin 2013 ayant transposé cet ANI, puis les lois dites MACRON, EL KHOMRI et REBSAMEN respectivement des 6 et 17 août 2015 et 8 août 2016, ainsi que les ordonnances dites MACRON de septembre et décembre 2017 ratifiées par la loi n°2018-217 du 29 mars 2018, toutes les flexibilités ont été renforcées… Mais, le nombre réel de chômeurs ne baisse pas, bien au contraire, où alors, c’est parce que l’emploi précaire, donc le chômage à temps partiel, se développe outrageusement ou que les statistiques ignorent certaines catégories de privés d’emploi ;

    • Ils avaient dit que les profits feraient l’investissement de demain et l’emploi d’après- demain… Comme cela est démontré plus loin, la réalité est que, alors que les profits enflent sans cesse, la part des investissements matériels ne progressent pas, bien au contraire, et ceux qui sont réalisés sont essentiellement tournés contre l’emploi ;

    • Ils avaient dit que la réduction des prélèvements obligatoires et fiscaux et de ce qu’ils appellent les « coûts salariaux » permettrait d’embaucher car la France retrouverait sa compétitivité…. Les salaires sont quasiment bloqués, le taux de l’impôt sur les sociétés ne cesse de diminuer, passant de 50% avant 1986 à 26,5% en 20211 , les mesures générales d’exonérations de cotisations sociales, CICE compris, sont passées de 6,2 milliards d’euros en 1995 à au moins 60,4 milliards d’euros en 2018, mais le chômage ne cesse de croître et les systèmes de protection, à commencer par la Sécurité Sociale, sont mis à mal ; Rappelons les propos de monsieur GATTAZ, le patron des patrons du MEDEF de l’époque, qui, pour obtenir le CICE, avait promis la création d’1 million d’emplois… Rappelons encore, les déclarations de l’ancêtre du MEDEF, le CNPF, qui, en juin 1996, indiquait que les plans jeunes allaient permettre d’embaucher 600.000 jeunes en alternance… Or, les emplois jeunes additionnés donnaient un total de 248.630 emplois en 1994, 332.202 en 1995 et seulement 339.435 fin 1996 ;

    • Ils avaient dit qu’il fallait moderniser la France, la réalité est que leur conception de la modernisation est synonyme de régression, désuétude, archaïsme…. Et, aujourd’hui, on tente de nous refaire le coup avec la « révolution numérique ». Certes, la modernisation peut faire disparaître certains emplois, mais elle devrait en créer de nouveaux ; les salariés fabriquant des lampes à pétrole ont disparu mais ont été remplacés par les salariés du nucléaire ; fin des années 1970, du fait du développement de l’informatique, on nous annonçait la disparition des secrétaires. Or, de 500.000 en 1982, leur nombre est passé à 800.000 en 2015…. En revanche leur fonction a changé, les secrétaires sont devenus plus des assistants que des secrétaires ;

    • Ils avaient dit que l’Europe était l’avenir… La réalité est qu’elle fabrique de plus en plus d’exclus, qu’un grand nombre de sales coups envers le monde du travail se fait au nom des contraintes européennes ;

    • Ils avaient dit…. Ils avaient dit …. Et la réalité est là… La grande masse de la population est appauvrie, alors que les profits et le patrimoine des plus riches ne cessent de d’augmenter comme nous le verrons plus loin.

    Ainsi, alors que l’emploi stable régresse, que l’emploi précaire explose, que les taux des cotisations sociales dites employeur fondent comme neige au soleil, que le Code du travail est en train d’être remplacé par autant de codes qu’il y a d’entreprises, via le système dérogatoire et supplétif, le chômage et la misère se propagent comme la peste.

    Alors que le nombre réel de chômeurs était d’environ de 3 millions fin 1985, « Pôle emploi » donne, toutes catégories comprises, plus de 6.423.580 demandeurs d’emplois fin de mois (DEFM) au quatrième trimestre 2019 pour moins de 3.300.000 indemnisés.

    D’après l’INSEE, le nombre de pauvres est passé de 7,8 millions en 1990 à près de 11 millions en 2018 , DOM compris, et la pauvreté et l’exclusion sociale touchent 14,8% de la population de la France métropolitaine. A noter que si la pauvreté est 5 fois plus élevée chez les chômeurs que chez les actifs occupés, nombre de salariés ayant un emploi, y compris en CDI, ainsi qu’une masse toujours plus importante de jeunes et de retraités sont frappés de plein fouet par celle-ci. Un tiers des salariés pauvres est en CDI. Un quart des travailleurs pauvres travaille à temps partiel. De plus en plus de salariés ayant un emploi sont sans domicile fixe. En 2015, une étude du CREDOC indiquait que 62% de la population déclaraient s’imposer régulièrement des restrictions sur certains postes de leur budget, contre 52,4 % en 1978-1979 ; en 2014, une personne sur quatre de plus de 18 ans déclarait avoir renoncé à au moins un soin pour des raisons financières au cours des 12 derniers mois, surtout en matière de soins d’optique et dentaires ;

    Vu le nombre de demandeurs d’emploi donné par « Pôle emploi-statistiques » (France, DOM compris) on peut estimer le nombre de chômeurs en équivalents temps plein (ETP), hors chômage partiel, à environ 5,8 millions au 1e trimestre 2022 :

    Vu les personnes qui souhaiteraient travailler mais non enregistrés par « Pôle emploi », tels que les jeunes sortant de l’école par exemple, il faudrait créer au moins 6 millions d’emplois à temps plein pour atteindre le plein emploi.

    CHÔMAGE : le mot de tous les maux

    Le fait de supprimer des emplois et de précariser les autres constitue un drame humain et un fléau économique et social.

    Perdre son emploi est la chose la plus grave qui puisse arriver à un salarié car l’exclusion du travail touche à tous les aspects de la vie courante : les vacances, les loisirs, la culture, l’habillement, la santé, les transports, le logement, les dépenses pour les enfants, la nourriture…

    Le chômage équivaut à ne plus se sentir utile, bon à quelque chose, à perdre sa dignité voire la notion même d’exister. La démotivation, la perte de lien social, le repli sur soi, la disparition ou presque des sorties entre amis, l’ennui, le mal être, l’isolement, l’irrégularité des horaires et des rythmes de sommeil, la déprime, deviennent trop souvent l’univers de l’exclu du travail. Le désœuvrement, voire la dépression, parfois l’alcoolisme et la drogue qui ont tendance à devenir des palliatifs « pour oublier un court un instant » que l’on est chômeur, se propagent, quand ce n’est pas le suicide qui prend le dessus.

    Le chômage se répercute sur toute la vie sociale et familiale, l’effritement des liens familiaux, de la cohésion et de l’entente familiale, se développe, la séparation et le divorce parmi les couples augmentent, les violences conjugales également, les enfants subissent de véritables traumatismes entraînant un manque de concentration, une mésestimation de soi, portant atteinte à leur scolarité, à leur état de santé, mais contribuant aussi au développement d’agressivités.

    Révolte inconsidérée, violence, délinquance et racisme, sont des phénomènes souvent forts parmi les exclus du travail que certains s’évertuent à exploiter, comme Adolf Hitler en 1933.

    Le chômage constitue un élément d’affaiblissement du rapport des forces entre salariés et employeurs car il limite les revendications sociales notamment pour l’augmentation des salaires et l’amélioration des dispositions collectives ; c’est sans doute la raison majeure pour laquelle rien de sérieux n’est entrepris pour agir contre car, en fait, il est voulu. Le patronat mise sur celui-ci, aidé en cela par les gouvernements successifs qui ont, soit décidé d’entretenir ce fléau, soit capitulé, ce qui revient au même.

    La peur de perdre son emploi facilite le développement des emplois précaires, la baisse des salaires et la remise en cause des garanties collectives, ouvrent des possibilités pour le patronat de porter atteinte aux divers éléments des conditions de vie et de travail de ceux qui ont un emploi.

    Comme le disait Karl MARX, le chômage constitue pour le capital « l’armée de réserve industrielle » pour peser sur les salaires. Rappelons-nous aussi, les propos de François SOULMAGNON, conseiller d’Alain Juppé alors Premier ministre : « Dans la conjoncture actuelle, il n’y a que la pression du chômage qui évite une embardée sociale. Une amélioration sur le terrain de l’emploi entraînerait fatalement une pression salariale. »

    Avec le chômage de masse, les comportements sociaux se dérèglent ; il détruit ceux qui le subissent directement mais touche aussi les salariés ayant encore un emploi. Sur ce fond, la tendance de certains à s’en prendre à ceux qui ont encore un petit quelque chose devient une réalité dramatique …. C’est ainsi que l’on oppose le fonctionnaire au salarié du privé, le salarié pas trop mal payé au salarié sous-payé, les retraités aux salariés en activité, les cadres aux ouvriers, les français aux immigrés, voire l’emploi masculin à l’emploi féminin……. L’individualisme et le libéralisme culturels croissent dangereusement.

    Un grand nombre de salariés « accepte » la baisse de leur salaire et/ou la remise en cause de leurs garanties collectives, dans l’espoir de sauver leur emploi, mais se retrouve souvent très vite sans plus rien, y compris sans emploi.

    Le chômage grandissant année après année depuis des décennies, petit à petit le sentiment d’impuissance générale et de fatalité a pris le dessus. L’idée que l’on n’y pourrait rien, que le chômage aurait un côté naturel prédomine et que vouloir le supprimer reviendrait à vouloir interdire la pluie de tomber ou le soleil de se lever.

    Face à l’assistanat, nombre de citoyens se réfugie dans celui-ci et abandonne toute idée de retrouver ou de rechercher un emploi, vu notamment le peu d’écart entre le niveau monétaire de cet assistanat et celui des salaires généralement proposés.

    Les atteintes à l’emploi et sa rémunération, couplées aux exonérations injustifiées des cotisations sociales dites employeurs, remettent en cause l’efficacité des systèmes de protection sociale (santé, famille, retraite, chômage) car il ne peut pas y avoir de véritable protection sociale sans emploi correctement rémunéré. Bref, le chômage détruit tout sur son passage : l’être humain, le travail et le tissu social et économique ; de partout, mais plus encore dans les banlieues urbaines.

    Ras le bol

    Ras le bol des injustices, du mépris et de l’arrogance du pouvoir politique et patronal.

    Ras le bol du chômage, du mal vivre, de l’exclusion, de la pauvreté et de la misère.

    Ras le bol de l’enfermement dans les minimas sociaux et l’assistanat qui amènent des centaines de milliers de personnes à considérer que ne pas travailler serait finalement un moindre mal.

    Ras le bol d’avoir un jeune sur cinq au chômage et la plupart de ceux qui travaille en emploi précaire.

    Ras le bol de considérer le chômage comme un accident de la vie, au même titre qu’une maladie ou un handicap, comme une fatalité, mensonge qui tue la France.

    Ras le bol que certains abusent des statistiques pour masquer les dégâts dévastateurs de la politique économique et sociale menée depuis des décennies

    Ras le bol de faire croire que quelques centaines de milliers d’emplois, souvent précaires, pourraient être une réponse positive à la situation ou qu’il suffit de traverser la rue pour trouver un job.

    Ras le bol de donner un espoir pour le décevoir quelques mois après.

    Ras le bol des mauvaises conditions dans lesquelles travaillent ceux ayant un emploi, alors que des millions d’individus sont interdits de travail.

    Ras le bol que les normes de travail et de vie soient faites d’emplois précaires, de chômage et de misère, de précarité, d’individualisation au détriment du collectif.

    Ras le bol que certaines organisations syndicales de salariés, notamment la CFDT, passent leur temps à négocier les revendications patronales en lieu et place des aspirations des salariés.

    Ras le bol d’affirmer sans cesse un trop de services publics alors que sans eux ce serait la « cata », des milliers d’entreprises disparaîtraient fautes de commandes de leur part.

    Ras le bol qu’un grand nombre d’hommes et de femmes politiques pense uniquement à leur élection ou réélection, pratique la langue de bois et relègue les vrais problèmes de la France au dernier rang.

    Ras le bol que l’on oppose l’individu au collectif, alors que le travail ne peut-être que collectif et que seules des garanties collectives sérieuses peuvent favoriser l’épanouissement individuel.

    Ras le bol de faire croire que la baisse des cotisations sociales dites employeurs permettrait de favoriser l’emploi, alors que leurs taux sont élevés à cause du chômage de masse, que ce dont ont réellement besoin les entreprises ce n’est pas d’exonérations à gogo mais de commandes supplémentaires que la suppression du chômage faciliterait car un chômeur retrouvant un emploi correctement rémunéré dépense nécessairement plus, devient d’évidence un client supplémentaire pour des dizaines d’entreprises.

    Ras le bol que le plein emploi soit considéré comme dépassé, que le travail soit présenté comme un privilège ou une denrée rare.

    Ras le bol qu’une minorité s’en mette plein les poches pendant que des millions d’individus vivent chichement ou dans la pauvreté.

    Ras le bol que l’on fasse croire qu’exploiter autrui est dans la nature humaine, que favoriser la richesse des plus riches permettra un « ruissellement » vers les plus modestes.

    Ras le bol, oui vraiment ras le bol de tout cela ; ça ne peut vraiment plus continuer comme ça….

    Cela étant, nous ne pouvons pas seulement constater, dénoncer, s’offusquer.

    C’est pourquoi : • Il est urgent de DECLARER LA GUERRE à la détresse dans laquelle se trouve des millions de familles, femmes, hommes et enfants ; • Il est impératif de FAIRE DU NEUF, faire autre chose et autrement que ce qui se fait depuis des décennies ; • Il convient de passer du financement au rabais du chômage, de l’assistanat avec l’enfermement dans des minimas sociaux ou l’idée d’un revenu minimal social garanti, au financement du plein emploi stable correctement rémunéré ; • Il est indispensable de passer de la situation actuelle à une situation où les mots « liberté, égalité, fraternité » prendront toute leur dimension ;

    Bref, il convient de respecter complètement la première phrase de l’article 5 du préambule de la Constitution de 1946 : « Chacun a le devoir de travailler et le droit d‘obtenir un emploi ».

    Cela dit, il ne s’agit pas de proclamer abstraitement, de manière incantatoire, la rupture avec les règles en place, mais de proposer l’amorçage de processus de rupture concrets sur les problèmes tangibles les plus urgents.

    Face à l’extrême gravité de la situation :

    Il est indispensable :  D’assurer zéro chômage structurel par le plein emploi ;  D’augmenter le pouvoir d’achat des salariés en activité et des retraités, car les restrictions, la pauvreté et la misère ne touchent pas seulement les salariés privés d’emploi ou les personnes en RSA.

    Tout de suite, 5 types de mesures pourraient être proposés : 1. La création de 6 millions d’emplois à temps plein, dont 1 million de titulaires dans la Fonction publique et 5 millions en CDI (contrats à durée indéterminée) dans les secteurs privés et semi-publics ; 2. Une augmentation immédiate générale des salaires, retraites et pensions de réversion, à raison d’au moins 150 € bruts par mois en moyenne dont au moins 200 euros par mois pour les smicards ; 3. La baisse des loyers de l’ordre de 15 à 20% 4. La baisse du prix des carburants en appliquant les taux minimaux fixés par les directives européennes sur la TVA et les taxes sur les carburants tels que la TICP (ex TIPP° en France) et en supprimant la TVA sur la TICP ; 5. Le lancement d’un programme de grands travaux de 200 Mds€ sur cinq ans.

    Il s’agirait là d’un « plan d’urgence » et de rupture, avec ce qui se fait depuis des décennies, que le PCF pourrait porter haut et fort de partout, à commencer dans les entreprises en vue de remettre en place des cellules d’entreprise.

    Yves CORMILLOT

  • CORMILLOT 16 juin 2022 12:24

    FAIRE AUTRE CHOSE ET AUTREMENT QUE CE QUI SE FAIT DEPUIS DES DECENNIES PREMIERE PARTIE

    7Sur le plan politique, la défiance des citoyens s’amplifie, ils sont de plus en plus nombreux à rejeter les partis aux motifs qu’ils seraient « tous pareils, tous vendus, tous pourris » et aux élections, un nombre grandissant se réfugie dans l’abstention ou dans les votes sanctions, y compris en utilisant le vote « RN ».

    La désertion des bureaux de vote, lors des différents scrutins liés aux structures de la Nation, n’est pas une nouveauté puisque : • Au premier tour des présidentielles , le taux d’abstention est passé de 15,25% en 1965 à 28,40% en 2022 ; • Au premier tour des législatives , le taux d’abstention est passé de 18,9% en 1965 à 52,49% en 2022, soit une hausse multipliée par près de 2,8 ; • Au premier tour des municipales , le taux d’abstention est passé de 21,8% en 1965 à plus de 30% de 1995 à 2014 pour atteindre 55,4% en 2020 ; • Au premier tour des régionales , le taux d’abstention est passé de 22,07% en 1986 à 67,8% en 2021, soit une hausse multipliée par plus de 3.

    Depuis plusieurs années, mis à part les élections présidentielles, les abstentionnistes sont plus nombreux que les votants.

    L’abstention est principalement due au fait que les gens considèrent que les élections ne changeront rien à leur situation personnelle, qu’aucune liste ne défend ou ne représente leurs idées. S’abstenir est une façon de manifester son mécontentement à l’égard des partis politiques.

    L’abstention est forte parmi tous les citoyens, mais plus encore parmi les ouvriers, les employés, les femmes, les jeunes, les chômeurs et les plus pauvres…. Cette triste réalité, accompagne le glissement de trop de votants de ces catégories vers le vote « RN ».

    Dans ce contexte, des plus dangereux pour la démocratie, même si cette dernière ne se résume pas à un bulletin dans une urne, le déclin du parti communiste français est époustouflant : Aux élections législatives, de 22,5% des exprimés (17,8% des inscrits) en 1967, il tombe à 2,7% (1,3% des inscrits) en 2017 ; le nombre de voix en sa faveur passe de plus de 5 millions aux législatives de 1973, près de 5,8 millions en 1978, à moins de 616.000 voix en 2017 .

    Pourquoi cette situation sur le plan politique ?

    Sur le terrain social, le nombre d’organisations syndicales de salariés a augmenté sans que ce phénomène favorise la syndicalisation des salariés, qu’ils soient en activité, au chômage ou en retraite. Au contraire, puisque l’éparpillement, sur fond de baisse du taux de syndicalisation en France, est un constat. L’inutilité du syndicalisme prend le dessus, si ce n’est son « ringardisme », aux yeux d’une grande partie de ceux qu’il prétend représenter. La côte d’impopularité des principaux responsables syndicaux se rapprochent de plus en plus dangereusement de celle des hommes et femmes politiques.

    S’agissant de la CGT, sans remonter à 1936 où le nombre d’adhérents dépassait les 4,4 millions, il frisait les 2 millions de 1960 à 1966, pour dépasser les 2,3 millions de 1968 à 1977, puis a régulièrement diminué pour passer en dessous de la barre du million en 1988 et osciller autour de 640.000 actuellement.

    L’’influence électorale de la CGT dans le seul secteur privé plonge également : • Aux élections des comités d’entreprise, de plus de 40% des suffrages exprimés dans la période 1966/1976, elle passe à plus de 30% en 1977/1983, et à 25% et plus entre 1984/1990, mais ne recueille plus qu’entre 22,5 et 23,5% de ces suffrages dans la période 1992/2006 ; • Depuis la modification de la représentativité syndicale découlant de la loi du 20 août 2008, la mesure d’audience lui donne 26,77% des suffrages exprimés en 2013, 24,85% en 2017 et 22,96% en 2021 ; depuis 2017 elle est devancée par la CFDT.

    Là encore, pourquoi cette situation sur le pan social ?

    L’objet n’est pas de jouer les donneurs de leçon ou les « y a qu’a faut qu’on », mais d’essayer d’analyser sereinement, sans faux fuyants, les raisons de cette évidente dépolitisation et désyndicalisation.

    Il y a une fracture manifeste entre les femmes et les hommes syndicalistes et politiques et la grande majorité du Peuple. Ce dernier est, aujourd’hui, instinctivement et automatiquement hermétique aux premiers et les femmes et hommes syndicalistes et politiques n’arrivent plus à se faire entendre et comprendre du Peuple, se mettre à sa hauteur, partir d’où il en est, ce qui n’appelle pas à cultiver le simplisme ou la démagogie, comme sait le faire l’extrême droite.

    En fait, la crise du syndicalisme et de l’activité politique est principalement provoquée par la crise de l’emploi incorrectement rémunéré, c’est-à-dire du chômage et de la pauvreté qu’il engendre et du développement de l’assistanat que de plus en plus de salariés qui triment pour un salaire de misère supportent de moins en moins. Par exemple, l’écart entre les aides dont peuvent bénéficier ceux qui sont au RSA et ceux qui gagnent tout juste le SMIC est si faible que de nombreux assistés ont tendance à ne plus rechercher du travail et ceux aux salaires miséreux d’être exaspérés par l’attitude des premiers.

    La première phrase de l’article 5 du préambule de la Constitution est claire et nette : « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi. ». Les notions de « droit » et « devoir » doivent donc être placés sur le même pied d’égalité.

    Tant que l’action syndicale et politique restera engluée dans une démarche de traitement social du chômage et de la pauvreté, la situation actuelle perdurera et s’aggravera. Tant que l’action syndicale et politique ne partira pas de l’éradication des soucis premiers de tous, principalement des ouvriers, employés, chômeurs et des pauvres, qui sont surtout chez les jeunes et les femmes, avec des mots simples, compréhensibles et surtout exempts de tout faux-fuyant, le déclin de leurs actions respectives se poursuivra.

    Depuis des décennies, de multiples accords collectifs, lois et décrets, accompagnent une montée continue du chômage, « gèrent », sous une forme ou une autre, y compris de manière inconsciente parfois, les suppressions d’emplois ainsi que les emplois précaires, sans jamais poser leur éradication, portent sur des dispositifs compensatoires, laissant ainsi peu à peu apparaître les licenciements, le chômage et la précarité de l’emploi comme inéluctables.

    Le chômage ne doit pas être éternel mais pour cela il ne faut pas s’y habituer.

    Sans prétendre être exhaustif, ni remonter à la mise en place de l’UNEDIC fin 1958 : • L’accord national interprofessionnel (ANI) du 10 février 1969, intitulé « la sécurité de l’emploi » traite pour la première fois des licenciements collectifs d’ordre économique en différenciant les licenciements pour raisons économiques dites conjoncturelles et les licenciements pour raisons économiques dites structurelles ; cet ANI sera modifié à plusieurs reprises et engendrera plusieurs accords de branche ; • La loi n°72-1 du 3 janvier 1972 est la première loi sur le travail temporaire ; • L’ANI du 27 mars 1972 et la loi du 5 juillet 1972 traitent de la garantie de ressources licenciement (GRL) pour les salariés licenciés entre 60 et 65 ans et ouvriront la porte à un développement fulgurant des dispositifs de cessation anticipée d’activité et de départs dits volontaires, permettant, certes de partir en « préretraite », mais surtout de réduire les effectifs, la notion « un départ, une embauche » n’étant quasiment jamais reprise ; • La loi du 13 juillet 1973 instaure de nouvelles règles en matière de résiliation du contrat de travail et fait que tout licenciement doit, en principe, avoir une cause réelle et sérieuse ; • Le 10 août 1973, le décret n°73-308 fixe l’indemnité minimum de licenciement à 1/10e de mois de salaire (ou 20 heures de salaire pour les rémunérations à l’heure) ; • La loi n°79-11 du 3 janvier 1979 portant sur les contrats à durée déterminée (CDD) est adoptée ; • Le 28 janvier 1981 nait la loi n°81-64 relative au travail à temps partiel donc au chômage à temps partiel ; • La loi n°85-772 du 25 juillet 1985 accorde de nouveaux cas de recours à l’intérim et aux CDD ; • La loi n°86-280 du 26 février 1986 porte principalement sur la flexibilité du travail ; • La loi n°86-797 du 3 juillet 1986 supprime l’autorisation administrative de licenciement, ainsi que le contrôle des licenciements par l’inspection du travail ; • L’ANI du 20 octobre 1986, non signé par la CGT, et la loi n°86-1320 du 30 décembre 1986, raccourcissent les délais pour les licenciements les plus importants et améliorent les mesures d’accompagnement des licenciements, mettent en place la congé mobilité qui est une rupture d’un « commun accord », créent la convention de conversion qui sera remplacée par la suite par la convention de reclassement personnalisée (CRP)et le contrat de transition professionnelle (CTP) puis par le contrat de sécurisation professionnel (CSP) en 2011 ; d’autres ANI et lois viendront par la suite modifier ces dispositions ; • La loi n°88-1088 du 1er décembre 1988 sur le RMI transformé en RSA en 2009 ; • L’ANI du 24 mars 1990, non signé par la CGT, et la loi n°90-613 du 12 juillet 1990, portent sur les contrats précaires (CDD, intérim) ; • Le 18 janvier 2005, prenant prétexte de l’échec des négociations interprofessionnelles de 2003/2004, la loi n°2005-32 abroge les dispositions de la loi n°2002-73 du 17 janvier 2002 qui avaient été suspendues par la loi n°2003-6 du 3 janvier 2003 ; de plus, cette loi rend pérenne la conclusion des accords dits de méthode et l’ANPE perd le monopole de placement des chômeurs ; • L’ANI du 11 janvier 2008, non signé par la CGT, et la loi n°2008-596 du 25 juin 2008 instaurent des périodes d’essai allongées pour tous, la rupture conventionnelle, ainsi que le CDD de longue durée ; • Entre 2008 et 2010, plusieurs ANI, généralement non signés par la CGT, portent sur le traitement social des licenciements et sur les emplois précaires ; • Le 6 février 2012, un ANI, non signé par la CGT, relatif à l’activité partielle de longue durée (APLD) est signé ; • Le 11 janvier 2013, un ANI, non signé par la CGT, remet en cause de nombreux droits décisifs pour les salariés notamment en cas de projet de licenciement collectif pour motif économique, sous couvert de quelques timides améliorations en matière de travail à temps partiel, de prévoyance complémentaire, d’allongement possible du congé reclassement ou de droits rechargeables au chômage, voire de présence d’un ou deux représentants des salariés dans les organes de direction de quelques très grandes entreprises ; il sera repris par la loi du 14 juin 2013 légalisant notamment la possibilité de plusieurs types d’accords collectifs dangereux pour les salariés ; • Sans oublier des dizaines et des dizaines d’autres accords collectifs et de lois, y compris ceux et celles portant sur « l’assurance chômage » et non « l’assurance emploi ». Ainsi, peu à peu, face au chômage durable grandissant et au développement de la précarité des emplois (CDD, intérim, temps partiel), les dispositions sur les seules conséquences des licenciements, des emplois précaires et du chômage ont prévalu sur celles portant sur les causes et leur éradication.

    Petit à petit, des propositions tendant à seulement soulager les licenciements, le chômage et la précarité des emplois, sans réellement s’attaquer aux racines du mal, ont pris le dessus, laissant au bout du compte, plusieurs décennies après, la voie libre à une idée des plus dangereuse, celle d’un revenu minimum d’existence déconnecté de toute activité professionnelle, encourageant nombre de citoyens à rester assistés.

    C’est sur ce fond, que les lois des 6 et 17 août 2015, la loi du 8 octobre 2016 et les ordonnances MACRON de septembre et décembre 2017 ratifiées par la loi du 29 mars 2018 ont pu détruire un maximum de droits salariaux, au point que de très nombreux citoyens sombrent, « jettent le bébé avec l’eau du bain », désertent la politique et l’action syndicale dignes de ce nom

    La question n’est pas de jeter la pierre à ceux qui ont cru bien faire à un moment donné, car personne ne pouvait imaginer que de quelques centaines de milliers de demandeurs d’emploi dans les années 1950 / 1960 en France nous arriverions à plusieurs millions quelques décennies après ?

    Cela étant, tant qu’il y aura une gigantesque armée de chômeurs et de pauvres, entretenue par une politique d’assistanat néfaste, l’action syndicale continuera de s’effriter et l’action politique poursuivra son déclin.

    Le chômage étant le mot de tous les maux, une politique économique et sociale nouvelle, en rupture complète avec ce qui se fait depuis des décennies, s’impose, avec comme priorité des priorités LE PEIN EMPLOI correctement rémunéré avec ZERO CHÔMAGE STRUCTUREL.

    Entendre dire, ici ou là, que le plein emploi serait une mesure libérale mérite précision. OUI, il s’agit d’une mesure libérale, sauce MACRON, si les mots « plein emploi » signifient 4 à 5% de chômeurs et des emplois payés au rabais avec un minimum de cotisations sociales. NON ? si ces mêmes mots, signifient 0% de chômeurs et des emplois correctement rémunérés avec des taux de cotisations sociales permettant de développer tous les créneaux de la Sécurité Sociale.

    Pour ce faire, nul besoin de centaines de propositions. Un nombre d’objectifs extrêmement précis et concis, certes de haut niveau, mais compréhensible par le plus grand nombre de citoyens pour qu’ils s’y retrouvent et qu’ils en fassent leur affaire au travers d’un puissant mouvement devrait suffire.

    C’est pourquoi il semble indispensable de tenter de créer un gigantesque « mouvement citoyen » pour un programme minimum de sortie de crise qui devienne incontournable à tous les acteurs de la vie sociale, économique et politique.

    Pour faire du neuf, il importe de dépasser un seul mouvement d’indignation et de chercher à construire une force porteuse de propositions concrètes à la hauteur de la gravité de la situation vécue, pour faire autre chose et autrement que ce qui se fait depuis des décennies.

    Dans cet objectif, il convient d’apporter des éléments de réflexion pour que s’engage un vaste « débat citoyen ».

    YVES cormillot (première partie de la contribution).

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