La première suite sera le compte-rendu in extenso de la discussion qui a été enregistrée, en attendant les interventions filmées des invités sont disponibles.
Le film a compté dans cette réussite, un film de la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar, avec deux jeunes comédiennes incroyablement juste dans des rôles de deux filles de familles ordinaires inspirées de personnes réelles, les deux accrochées dans les réseaux sociaux par des «princes» qui les tirent vers le djihad, l’une qui va partir, l’autre qui va rester. La sociologue Dounia Bouzar, directrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam, a conseillé la réalisatrice et joue son propre rôle de spécialiste de la déradicalisation. Bien sûr, un film qui n’est pas un essai politique, ne traite pas les questions sociales, économiques ou géopoliitques liées au terrorisme, mais qui nous éclaire, nous alerte sur ce drame qui ne concerne pas que des jeunes enfermés dans le cycle infernal de la délinquance et de la prison, nous alerte aussi sur l’incroyable efficacité, «l’intelligence» de ces réseaux terroristes qui jouent avec les sentiments, le rapport au monde et la crise de civilisation de nos sociétés.
Les interventions d’introduction au débat ont très utilement complété la force du film en le confortant par d’autres témoignages, celui plus global et historique des communistes algériens et des 10 années de guerre civile qui ont marqué ce pays, celui plus personnel d’un ancien détenu Vénissian du camp de Guantanamo, qui expliquera comment des jeunes continuent de l’interroger, et en l’éclairant de deux analyses fortes, celle de Michèle Picard, issue de son expérience de maire face aux tensions religieuses, celle de Soheib Bencheikh, ancien grand mufti de Marseille qui dira à quel point ces «princes» qui vendent le djihad masqué, tout comme les réseaux salafistes dont il expliquera l’origine ne sont pas sa religion, celle de ses parents.
Cette soirée montre qu’il ne faut pas laisser la question du terrorisme aux médias, ou aux réseaux sociaux. Il faut aussi créer les conditions de rencontres comme celle-ci, où chacun peut parler franchement à partir de son expérience propre, de sa réaction aux risques dans un vrai dialogue qui laisse de coté les étiquettes faciles. Les interventions et la discussion ont montré qu’il y a bien sûr une dimension religieuse, parce-que les terroristes se servent d’un discours religieux, mais qui doit être clairement séparée des religions elles-mêmes, et qu’il y a aussi une forte dimension politique. Le témoignage des communistes algériens montre que le terrorisme est une forme d’action politique pour le pouvoir. De ce point de vue, c’est bien une forme de fascisme, utilisant la violence pour faire peur, diviser, faire reculer les solidarités et faire accepter un pouvoir extérieur, qui se présente comme religieux pour mieux cacher ses liens avec la géopolitique du pétrole.
Une jeune femme témoignera des pressions que des intégristes multiplient par exemple dans des cours d’arabe qui ne semblent pas à priori religieux, une autre s’inquiétera des réactions d’islamophobie. Les deux seraient vite opposées dans les médias alors qu’elles traduisent toutes deux des réactions qu’il faut comprendre pour «faire face ensemble».
La soirée s’est conclu en annonçant le témoignage du maire de St-Etienne de Rouvraix, Hubert Wulfranc, qui a fait face dans la dignité avec les habitants à ce crime horrible dans une église. Il insiste sur le besoin d’aider les gens à verbaliser des sentiments et des idées témoignant de leur espoir de dépasser ce drame. Nous le remercions fortement de ce texte disponible sur le site.
En attendant les textes qui arrivent dès que possible, voici les enregistrements vidéos des introductions
et l’enregistrement des conclusions…