Après avoir battu Le Pen, adhérez au parti communiste pour vous donner de la force face à Macron !

L’identité nationale contre la nation

Protéger l’Union Européenne de toute souveraineté nationale
Vendredi 20 novembre 2009

Quelques jours après avoir frôlé l’indignité nationale avec le renvoi de deux jeunes réfugiés afghans dans un pays en pleine guerre, le ministre Besson se repositionnait en lançant un grand débat sur l’identité nationale, initiative très vite prise en main par Nicolas Sarkozy, quelques jours après avoir commémoré la fin de la plus grand boucherie du XXe siècle sur l’air de la « Francallemagne », main dans la main avec Merkel.

Sans oublier les préoccupations politiciennes et électorales de court terme, pourquoi une telle initiative au fonds ?

L’initiative de Besson a pu paraitre conjoncturelle, se donnant des airs de grand dirigeant porteur de grands messages, au moment où il était mis en cause avec force par de très larges courants d’opinions, y compris à droite, après sa décision d’expulser deux jeunes réfugiés afghans.

Mais ce samedi 14 Novembre sur France Inter, les buts de la manœuvre apparaissaient clairement dans le contenu de la discussion. Un historien vient répéter que l’identité nationale est un concept toujours politique, utilisé toujours en période difficile pour assoir la puissance politique, et que bien sûr, à l’heure de la construction européenne, c’est une erreur puisque la nation n’est plus le cadre utile aux enjeux désormais planétaires [1]

L’élément central de la contradiction que vise Sarkozy est ainsi clairement identifié, la nation ! La nation a toujours été honnie par la bourgeoisie qui depuis les mariages princiers, jusqu’aux croisières des nouveaux riches, se sait toujours apatride, ou plus précisément de la seule patrie patrimoniale, mais elle a toujours du s’en occuper pour la maitriser et interdire au peuple de s’en saisir pour s’affirmer et l’organiser pour ses propres intérêts.

Dans la plus fidèle de ses traditions, la droite « nationale » tente donc une nouvelle fois de construire une identité nationale réactionnaire, afin de donner une assise politique à des réformes antipopulaires qui dissolvent les acquis républicains et du conseil national de la résistance dans une technocratie européenne. En réaction, les démocrates « modernes » qui ne voient dans la nation qu’une vieux cadre populiste dangereux, affirment comme jamais leur choix européiste, leur conception d’une démocratie de la gouvernance éclairée des élites contre les peuples, du marché généralisé dans la libre circulation contre toute souveraineté populaire.

Ce sont les deux versants du piège de l’identité nationale, ceux que les médias vont mettre en scène, jouant de l’un contre l’autre dans les paroles, pour mieux jouer l’un et l’autre contre ce qui inquiète les deux… la colère potentielle de peuples qui décideraient de réaffirmer leur souveraineté, souveraineté qui a inquiété les bourgeoisies antinationales surprises par les référendums français, hollandais puis irlandais…

Il faut une critique radicale et de cette identité nationale pétainiste et de son refus anti-populaire pour permettre d’affirmer avec force la nécessité du choix national et internationaliste pour le monde du travail ! Cela suppose d’affirmer à la fois une conception du peuple qui refuse le piège de l’identité, et une conception de la nation qui refuse le piège du nationalisme.

D’abord en refusant cette identité singulière qui nous feraient « un ». Nous sommes chacun individuellement des croisements culturels, géographiques, génétiques, sentimentaux.. Que nous disons « je suis d’un village », « je suis d’un père », « je suis d’une tradition », nous nous mentons, et nous opposons ce mensonge aux autres. Car nous sommes toujours d’ici et d’ailleurs, y compris de là où nous avons rêvé d’être, d’un père, d’une mère et de nos histoires familiales, d’une culture métissée transmise par nos grands-mère, par nos cours d’école et par nos animateurs adolescents. Notre seule identité collective, c’est notre histoire, ce sont nos luttes, et donc nos contradictions, nos luttes de classe ! La France a connu la résistance et la collaboration, le colonialisme et l’anticolonialisme, la solidarité et l’injustice… Ce qui nous permet d’affirmer qu’il existe une identité française singulière, c’est le choix de la république contre le choix des baronnies, le choix de la résistance contre le choix de la défaite… Quelques soient les identités multiples des individus et des groupes, ce sont leurs rencontres sur les barricades qui fondent ce que nous pouvons après coup nommer une identité française. Et si cette histoire doit se poursuivre, c’est en désignant aujourd’hui où sont les barricades et en désignant clairement de quel coté de cette barricade se trouve ceux qui parlent !

Ensuite en éclairant ce qui attaque la nation qui n’est jamais mise en cause par les frottements cultures ou religieux pour eux-mêmes, mais toujours par les puissances qui les utilisent pour imposer la force d’un état prédateur et répressif. C’est l’Union Européenne, ce syndicat des gouvernements, qui attaque la nation, pas l’immigration ! C’est le marché qui crée le communautarisme, pas la foi !

Sarkozy met en œuvre avec force et à l’époque des médias de masse la vieille pratique bonapartiste de s’appuyer sur le peuple pour écraser le peuple.

  • Il viole le vote souverain du NON français de 2005 en imposant la constitution et en organisant la guerre idéologique pour faire céder l’Irlande, et il mène campagne en promettant la renaissance française
  • il met en cause la loi de séparation de l’église et de l’état, fragilise la laïcité en affirmant que seules les religions répondent aux questions humaines, et mène campagne contre les signe religieux
  • il organise le communautarisme, en premier lieu celui des riches, celui qui fait de Bush et de Ben Laden des cousins d’affaires, de Chirac le meilleur ami de Hassan II, mais aussi celui qui organise l’islam en France sur les rapports de force entre communautés d’origines, celui qui organise la domination d’un CRIF profondément réactionnaire sur des juifs qui furent une des composantes historiques du mouvement communiste, mais il mène campagne médiatique pour une identité nationale qui sauverait le peuple de ces divisions d’origines !

La bataille idéologique lancée sur l’identité nationale n’est pas seulement un élément de plus, mais le fonds idéologique de la guerre sociale, la nécessité d’un mensonge d’état destiné à enfermer le peuple dans une représentation qui désarme par avance toute résistance possible. On connait l’adage des spécialistes du marketing, il faut toujours mentir avec vigueur sur ses points faibles… Quand un patron vous annonce de bons résultats, c’est qu’il veut vous exploiter encore plus, quand il vous annonce une restructuration pour sauver l’entreprise, c’est qu’il cherche à s’en débarrasser pour sauver son capital.

C’est au cœur du mensonge permanent du marché sur l’origine du profit que nait le mensonge permanent du capitalisme. La vérité lui est insupportable et l’invention de l’élection du président de la république au suffrage universel permettant la prise du pouvoir par Bonaparte illustre le rôle essentiel de cette guerre idéologique consubstantielle au capital :

  • Quand Sarkozy parle de ceux qui se lèvent tôt, c’est qu’il défend la vacuité et l’inutilité de ceux qui gagnent trop
  • Quand Sarkozy parle de la nation, c’est qu’il en viole la souveraineté, organise son désarmement et sa dilution dans la technocratie européenne
  • Quand Sarkozy parle d’identité nationale, c’est qu’il prépare de nouveaux abandons sur la langue française, de nouvelles réductions budgétaires pour la culture, de nouvelles mesures de reconnaissances des courants communautaires
  • Quand Sarkozy parle d’industrie, c’est qu’il organise une administration fascisante qui mène la guerre contre les grévistes ouvriers, contre les syndicats qui résistent aux délocalisations
  • Quand Sarkozy parle de grand emprunt pour la France, c’est qu’il cherche comment faire exploser les revenus financiers, et prélever encore plus sur les salaires

Pour un communiste, la question est primordiale ! Car si les grandes luttes de 1995, des enseignants de 2003, des salariés contre la casse de la Secu, si les grandes manifestations de 2009 n’ont pas permis de résister à la guerre sociale contre les acquis du conseil national de la résistance, c’est bien que l’unité du peuple reste à construire, que le grand roman national appelle de nouvelles révoltes, de nouvelles résistances, de nouveaux rassemblements populaires pour de nouvelles révolutions. Et ce grand rassemblement a besoin d’identités multiples se retrouvant sur la même barricade, celle des luttes de classes.

[1le pous souvent, pour les européistes, planète et europe sont synonymes, le reste étant les enfers, états-uniens ou asiatiques

Vos réactions

Revenir en haut