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La violence, le rapport de forces et la convergence des luttes…

Jeudi 6 décembre 2018

Le communiqué de presse de la section de Vénissieux du PCF appelle toutes les forces en lutte à élargir et faire converger leurs actions en rejetant le piège de la violence.

Il faut pour cela pousser au débat sur une situation inédite, avec un gouvernement qui était inflexible face au syndicats unis dans l’action contre la loi travail, aux cheminots malgré leur très haut niveau de mobilisation, aux élus des communes malgré leurs protestations massives… mais qui vient de céder face à un mouvement qui, officiellement, ne mobilise que quelques centaines de milliers de personnes…

Alors, pourquoi une telle situation, et quel rôle y joue la violence ?

Certains peuvent se dire devant ce premier recul du gouvernement Macron que la violence est finalement efficace… Beaucoup de témoignages indiquent que des manifestants se sont retrouvés impliqués dans des actes violents alors qu’ils n’étaient pas du tout des « casseurs », ni des « extrémistes ». Les premières décisions de justice sur les interpellés de Paris confirment que la grande majorité sont des « bons pères de famille sans histoires »….

Il faut donc insister sur les raisons du recul du gouvernement, ce qui revient à éclairer la force du mouvement qui l’a fait reculer. Cette force vient-elle de la violence ? Non, il faut le dire et le redire ! au contraire, la violence peut être l’alliée du gouvernement pour qu’il ne recule pas plus !

La force d’une colère populaire

La force du mouvement social en cours, c’est d’abord l’immense soutien populaire, 80%, à un mouvement de colère contre l’injustice sociale et fiscale… C’est le fait qu’il porte une exaspération qui existait depuis longtemps, une fracture politique entre les partis gouvernementaux et le peuple que révèle les présidentielles de 2017 gagnées par un candidat avec18% des inscrits au premier tour !

Sa force c’est aussi de ne pas avoir cherché à peser par de grandes manifestations nationales, mais d’organiser sur le terrain des points de mobilisation. Parce qu’il s’est développé en dehors de toute organisation existante, il s’est développé localement, dans la confusion certes, mais sous des formes qui très vite se sont répandues et qui, toutes, reposent sur le blocage du fonctionnement d’un service public ou privé essentiel au fonctionnement de la société, un blocage dont on peut étudier le coût pour certains acteurs. Blocage/ouverture de péage, blocage de plateforme logistique, de dépôt pétrolier… C’est sur les ronds-points de la colère que le mouvement s’organise, discute, construit son soutien populaire.

Les « samedis » de manifestation sont venus donner une image médiatique au mouvement, et c’est là que les violences ont pris leur place, bien sûr avec des casseurs, pilleurs et des groupes organisés, mais pas plus nombreux que ce qu’avait connu les manifestations contre la loi travail ou du 1er mai 2018 !

Son impact et sa force réside d’abord dans le fait que ce mouvement révèle un gouvernement « hors sol », sans lien de masse dans la population, des élites économiques devenues députés sans relais sociaux réels en dehors de leurs classes privilégiés, des institutions et des médias qui depuis des années ont un sentiment de toute puissance en « fabricant » une vie politique artificielle, parisienne, élitiste, entre les questions sociétales de l’écriture inclusive que personne ne pratique et affaires toujours plus incompréhensibles d’une justice à géométrie variable… Et la mésaventure de Macron à la préfecture du Puy révèle son amateurisme…

Brutalement, les médias font mine de découvrir des situations sociales, des colères, des acteurs dont ils ne parlaient jamais et qui envahissent subitement tous les écrans, et ce rattrapage agité contribue évidemment à bousculer les consciences et fait progresser en quelques jours des questions idéologiques contre lesquelles tant de militants butaient depuis des décennies…

Oui, nous sommes le pays des injustices sociales et fiscales ! Oui, la suppression de l’ISF est un scandale politique qui a fait la « président des riches » !

Non, le climat n’a pas besoin de forcer notre peuple à manger moins, se chauffer moins, se déplacer moins, et l’écologie punitive est un masque idéologique pour les politiques d’austérité.

Non, la loi de transition énergétique n’est pas faite pour le climat, d’ailleurs depuis sa mise en œuvre, les émissions de gaz à effet de serre de la France sont reparties à la hausse. Nous savons qu’elle est faite pour satisfaire les opposants au nucléaire et au service public de l’électricité… et pousse au développement du gaz… une énergie fossile.

Non, ce ne sont pas les salariés qui vont à leur travail en voiture parce qu’ils n’ont pas le choix qui sont coupables, mais les politiques publiques qui ont privilégié le transport marchandises par camion, privatisé le fret ferroviaire ce qui l’a réduit de moitié, la SNCF devenant, contre les cheminots, le premier transporteur routier !

Tous ces constats connus des militants deviennent subitement accessibles, et parfois partagés par des millions de personnes !

Voila la force du mouvement, voila la vraie raison du recul du gouvernement, affolé par la possibilité que ce mouvement de prise de conscience n’aille plus loin, et ne mette en cause l’ensemble d’un politique économique et sociale au service des plus riches… comme semblent le porter les42 revendications transmises aux députés par les gilets jaunes.

La violence

Dans ce cadre, les violences impressionnent, elles tendent à concentrer toutes les discussions, et leur fonction principale est bien d’inquiéter, de freiner les mobilisations, et au final, empêcher que le soutien massif aux revendications sociales ne se transforment en mouvement organisé, en un nouveau « Front Populaire ».

Les déclarations dramatisantes du président de la république dénonçant « des milliers de personnes qui viennent à Paris pour tuer », et la bataille médiatique pour tenter d’empêcher une mobilisation massive dans les manifestations du 8 décembre sont des tentatives désespérées qui confirment le rôle que joue la violence dans les mobilisations ! Il s’agit bien d’empêcher une mobilisation de masse. Plus il y aura de violences samedi, plus les craintes et les hésitations seront fortes dans le mouvement social, plus les divisions prendront de l’ampleur dans le mouvement même des gilets jaunes, plus le gouvernement pourra renforcer la répression et nous imposer un « état d’urgence » contre les libertés publiques.

C’est une vieille question pour ceux qui connaissent l’histoire des révolutions.

Lénine expliqua de manière détaillée, à partir de l’expérience des anarchistes russes, que le terrorisme est une impasse, car il divise le peuple et est toujours infiltré par les services secrets et par l’état contre les révolutionnaires, contre le mouvement populaire… Il ne dit pas que la violence serait immorale, mais qu’elle est inefficace pour mettre en cause un pouvoir, même dictatorial.

Et la France peut se souvenir de Mai 68 et de ses suites. Car si l’immense mobilisation populaire, avec 10 millions de grévistes qui organisaient des festivals culturels dans les usines a produit une grande victoire sociale avec une augmentation du SMIC de 30%, les dérives des émeutes du quartier latin et de leurs émules ont produit finalement… le retour de la droite dès le mois de Juin !

On retrouve dans certains discours les mêmes contradictions qu’en 1968 entre ceux qui disaient, et qui disent aujourd’hui, que la situation serait « révolutionnaire », et ceux qui savent qu’un changement de société suppose un peuple organisé et conscient pour surmonter tous les pièges, les divisions, les provocations, car la bourgeoisie est solidement installée dans toutes les institutions, organisée pour défendre ses intérêts coûte que coûte, jusqu’au coup d’état comme au Chili en 1973, jusqu’aux émeutes fascisantes comme au Vénezuela ou au Nicaragua, ou en faisant appel à l’extrême-droite comme en Europe de l’Est ou en Italie.

Non, la violence contre la police, contre les équipements publics, contre ce qu’on trouve sous la main dans son quartier, poubelles ou voitures, n’est pas la preuve de la force du mouvement de colère, elle en est la faiblesse. L’enjeu crucial du moment, c’est l’organisation de service d’ordre pour protéger les manifestants, assurer leur unité, isoler les casseurs et provocateurs et faire grandir l’ampleur des mobilisations jusqu’à des reculs plus importants du gouvernement.

Et bien sûr, comme le dit Marx, l’enjeu de toute lutte est, plus que le résultat immédiat de la lutte, l’expérience acquise par ceux qui luttent pour être plus organisé et plus conscient, jusqu’à devenir capable de porter eux-mêmes le changement de société.

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