Maurice nous a quittés après une maladie qui lui a enlevé sa parole, consciente, lucide et aiguë. C’est une perte immense pour le mouvement ouvrier. Un homme communiste, authentique jusqu’au bout des ongles. Sa stature physique et sa voix donnaient une ampleur d’exception à l’homme de conviction, de la pensée en mouvement, un marxiste non dogmatique qui lui a valu bien des déboires avec son parti.
Je pense au débat qu’il a vécu comme une fracture idéologique et théorique de l’abandon de la dictature du prolétariat en 1976. Avec Serge Rifkiss, je pense à la séance du congrès du Rhône à Givors que je présidais. Maurice était à la fois un historien de grande envergure, professeur agrégé et un communiste fidèle, chaleureux, soucieux d’humanité en toutes circonstances.
Il se consacre à l’histoire du mouvement ouvrier lyonnais. Il est l’auteur d’un best seller de l’édition historique : les Canuts. Il dresse une fresque monumentale de la naissance du mouvement ouvrier en France, tout au long du XIXe siècle. Ce travail, saisissant de vie, retrace les épisodes marquants des combats de classe, les met en perspective avec les événements politiques et décrit, dans un même souffle, les conditions de vie des ouvriers et de leurs familles. Son dernier ouvrage : Le mouvement ouvrier dans la tourmente, 1934-1945.
Maurice Moissonnier participe aux comités de rédaction des Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes et de la Nouvelle critique. Il est membre de l’Institut d’histoire sociale de la CGT avec Georges Seguy et vice-président des Amis de la Commune. Le mouvement ouvrier et intellectuel, le PCF, perdent un monument géant. Il a pris une part importante à la lutte contre le Front National, avec « Faire Front ».
A toi Henriette, à tes enfants, Marie-Claude, Pierre, à tes petits enfants, à toute ta famille, je veux vous dire mon affection, amitié et solidarité dans ce moment douloureux : Maurice est un Homme d’exception.