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Faire autre chose et autrement que ce qui se fait depuis des décennies (1/2)

Vendredi 17 juin 2022 — Dernier ajout lundi 27 juin 2022

Sur le plan politique, la défiance des citoyens s’amplifie, ils sont de plus en plus nombreux à rejeter les partis aux motifs qu’ils seraient « tous pareils, tous vendus, tous pourris » et aux élections, un nombre grandissant se réfugie dans l’abstention ou dans les votes sanctions, y compris en utilisant le vote « RN ».

La désertion des bureaux de vote, lors des différents scrutins liés aux structures de la Nation, n’est pas une nouveauté puisque :

  • Au premier tour des présidentielles [1] , le taux d’abstention est passé de 15,25% en 1965 à 28,40% en 2022 ;
  • Au premier tour des législatives [2] , le taux d’abstention est passé de 18,9% en 1965 à 52,49% en 2022, soit une hausse multipliée par près de 2,8 ;
  • Au premier tour des municipales [3] , le taux d’abstention est passé de 21,8% en 1965 à plus de 30% de 1995 à 2014 pour atteindre 55,4% en 2020 ;
  • Au premier tour des régionales [4] , le taux d’abstention est passé de 22,07% en 1986 à 67,8% en 2021, soit une hausse multipliée par plus de 3.

Depuis plusieurs années, mis à part les élections présidentielles, les abstentionnistes sont plus nombreux que les votants.

L’abstention est principalement due au fait que les gens considèrent que les élections ne changeront rien à leur situation personnelle, qu’aucune liste ne défend ou ne représente leurs idées. S’abstenir est une façon de manifester son mécontentement à l’égard des partis politiques.

L’abstention est forte parmi tous les citoyens, mais plus encore parmi les ouvriers, les employés, les femmes, les jeunes, les chômeurs et les plus pauvres…. Cette triste réalité, accompagne le glissement de trop de votants de ces catégories vers le vote « RN ».

Abstention selon part d’ouvrier par commune de plus entre 10 000 et 25 000 inscrits

Dans ce contexte, des plus dangereux pour la démocratie, même si cette dernière ne se résume pas à un bulletin dans une urne, le déclin du parti communiste français est époustouflant : Aux élections législatives, de 22,5% des exprimés (17,8% des inscrits) en 1967, il tombe à 2,7% (1,3% des inscrits) en 2017 ; le nombre de voix en sa faveur passe de plus de 5 millions aux législatives de 1973, près de 5,8 millions en 1978, à moins de 616.000 voix en 2017 .

Pourquoi cette situation sur le plan politique ?

Sur le terrain social, le nombre d’organisations syndicales de salariés a augmenté sans que ce phénomène favorise la syndicalisation des salariés, qu’ils soient en activité, au chômage ou en retraite. Au contraire, puisque l’éparpillement, sur fond de baisse du taux de syndicalisation en France, est un constat. L’inutilité du syndicalisme prend le dessus, si ce n’est son « ringardisme », aux yeux d’une grande partie de ceux qu’il prétend représenter. La côte d’impopularité des principaux responsables syndicaux se rapprochent de plus en plus dangereusement de celle des hommes et femmes politiques.

S’agissant de la CGT, sans remonter à 1936 où le nombre d’adhérents dépassait les 4,4 millions, il frisait les 2 millions de 1960 à 1966, pour dépasser les 2,3 millions de 1968 à 1977, puis a régulièrement diminué pour passer en dessous de la barre du million en 1988 et osciller autour de 640.000 actuellement.

L’’influence électorale de la CGT dans le seul secteur privé plonge également :

  • Aux élections des comités d’entreprise, de plus de 40% des suffrages exprimés dans la période 1966/1976, elle passe à plus de 30% en 1977/1983, et à 25% et plus entre 1984/1990, mais ne recueille plus qu’entre 22,5 et 23,5% de ces suffrages dans la période 1992/2006 ;
  • Depuis la modification de la représentativité syndicale découlant de la loi du 20 août 2008, la mesure d’audience lui donne 26,77% des suffrages exprimés en 2013, 24,85% en 2017 et 22,96% en 2021 ; depuis 2017 elle est devancée par la CFDT.

Là encore, pourquoi cette situation sur le pan social ?

L’objet n’est pas de jouer les donneurs de leçon ou les « y a qu’a faut qu’on », mais d’essayer d’analyser sereinement, sans faux fuyants, les raisons de cette évidente dépolitisation et désyndicalisation.

Il y a une fracture manifeste entre les femmes et les hommes syndicalistes et politiques et la grande majorité du Peuple. Ce dernier est, aujourd’hui, instinctivement et automatiquement hermétique aux premiers et les femmes et hommes syndicalistes et politiques n’arrivent plus à se faire entendre et comprendre du Peuple, se mettre à sa hauteur, partir d’où il en est, ce qui n’appelle pas à cultiver le simplisme ou la démagogie, comme sait le faire l’extrême droite.

En fait, la crise du syndicalisme et de l’activité politique est principalement provoquée par la crise de l’emploi incorrectement rémunéré, c’est-à-dire du chômage et de la pauvreté qu’il engendre et du développement de l’assistanat que de plus en plus de salariés qui triment pour un salaire de misère supportent de moins en moins. Par exemple, l’écart entre les aides dont peuvent bénéficier ceux qui sont au RSA et ceux qui gagnent tout juste le SMIC est si faible que de nombreux assistés ont tendance à ne plus rechercher du travail et ceux aux salaires miséreux d’être exaspérés par l’attitude des premiers.

La première phrase de l’article 5 du préambule de la Constitution est claire et nette : « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi. ». Les notions de « droit » et « devoir » doivent donc être placés sur le même pied d’égalité.

Tant que l’action syndicale et politique restera engluée dans une démarche de traitement social du chômage et de la pauvreté, la situation actuelle perdurera et s’aggravera. Tant que l’action syndicale et politique ne partira pas de l’éradication des soucis premiers de tous, principalement des ouvriers, employés, chômeurs et des pauvres, qui sont surtout chez les jeunes et les femmes, avec des mots simples, compréhensibles et surtout exempts de tout faux-fuyant, le déclin de leurs actions respectives se poursuivra.

Depuis des décennies, de multiples accords collectifs, lois et décrets, accompagnent une montée continue du chômage, « gèrent », sous une forme ou une autre, y compris de manière inconsciente parfois, les suppressions d’emplois ainsi que les emplois précaires, sans jamais poser leur éradication, portent sur des dispositifs compensatoires, laissant ainsi peu à peu apparaître les licenciements, le chômage et la précarité de l’emploi comme inéluctables.

Le chômage ne doit pas être éternel mais pour cela il ne faut pas s’y habituer.

Sans prétendre être exhaustif, ni remonter à la mise en place de l’UNEDIC fin 1958 :

  • L’accord national interprofessionnel (ANI) du 10 février 1969, intitulé « la sécurité de l’emploi » traite pour la première fois des licenciements collectifs d’ordre économique en différenciant les licenciements pour raisons économiques dites conjoncturelles et les licenciements pour raisons économiques dites structurelles ; cet ANI sera modifié à plusieurs reprises et engendrera plusieurs accords de branche ;
  • La loi n°72-1 du 3 janvier 1972 est la première loi sur le travail temporaire ;
  • L’ANI du 27 mars 1972 et la loi du 5 juillet 1972 traitent de la garantie de ressources licenciement (GRL) pour les salariés licenciés entre 60 et 65 ans et ouvriront la porte à un développement fulgurant des dispositifs de cessation anticipée d’activité et de départs dits volontaires, permettant, certes de partir en « préretraite », mais surtout de réduire les effectifs, la notion « un départ, une embauche » n’étant quasiment jamais reprise ;
  • La loi du 13 juillet 1973 instaure de nouvelles règles en matière de résiliation du contrat de travail et fait que tout licenciement doit, en principe, avoir une cause réelle et sérieuse ;
  • Le 10 août 1973, le décret n°73-308 fixe l’indemnité minimum de licenciement à 1/10e de mois de salaire (ou 20 heures de salaire pour les rémunérations à l’heure) ;
  • La loi n°79-11 du 3 janvier 1979 portant sur les contrats à durée déterminée (CDD) est adoptée ;
  • Le 28 janvier 1981 nait la loi n°81-64 relative au travail à temps partiel donc au chômage à temps partiel ;
  • La loi n°85-772 du 25 juillet 1985 accorde de nouveaux cas de recours à l’intérim et aux CDD ;
  • La loi n°86-280 du 26 février 1986 porte principalement sur la flexibilité du travail ;
  • La loi n°86-797 du 3 juillet 1986 supprime l’autorisation administrative de licenciement, ainsi que le contrôle des licenciements par l’inspection du travail ;
  • L’ANI du 20 octobre 1986, non signé par la CGT, et la loi n°86-1320 du 30 décembre 1986, raccourcissent les délais pour les licenciements les plus importants et améliorent les mesures d’accompagnement des licenciements, mettent en place la congé mobilité qui est une rupture d’un « commun accord », créent la convention de conversion qui sera remplacée par la suite par la convention de reclassement personnalisée (CRP)et le contrat de transition professionnelle (CTP) puis par le contrat de sécurisation professionnel (CSP) en 2011 ; d’autres ANI et lois viendront par la suite modifier ces dispositions ;
  • La loi n°88-1088 du 1er décembre 1988 sur le RMI transformé en RSA en 2009 ;
  • L’ANI du 24 mars 1990, non signé par la CGT, et la loi n°90-613 du 12 juillet 1990, portent sur les contrats précaires (CDD, intérim) ;
  • Le 18 janvier 2005, prenant prétexte de l’échec des négociations interprofessionnelles de 2003/2004, la loi n°2005-32 abroge les dispositions de la loi n°2002-73 du 17 janvier 2002 qui avaient été suspendues par la loi n°2003-6 du 3 janvier 2003 ; de plus, cette loi rend pérenne la conclusion des accords dits de méthode et l’ANPE perd le monopole de placement des chômeurs ;
  • L’ANI du 11 janvier 2008, non signé par la CGT, et la loi n°2008-596 du 25 juin 2008 instaurent des périodes d’essai allongées pour tous, la rupture conventionnelle, ainsi que le CDD de longue durée ;
  • Entre 2008 et 2010, plusieurs ANI, généralement non signés par la CGT, portent sur le traitement social des licenciements et sur les emplois précaires ;
  • Le 6 février 2012, un ANI, non signé par la CGT, relatif à l’activité partielle de longue durée (APLD) est signé ;
  • Le 11 janvier 2013, un ANI, non signé par la CGT, remet en cause de nombreux droits décisifs pour les salariés notamment en cas de projet de licenciement collectif pour motif économique, sous couvert de quelques timides améliorations en matière de travail à temps partiel, de prévoyance complémentaire, d’allongement possible du congé reclassement ou de droits rechargeables au chômage, voire de présence d’un ou deux représentants des salariés dans les organes de direction de quelques très grandes entreprises ; il sera repris par la loi du 14 juin 2013 légalisant notamment la possibilité de plusieurs types d’accords collectifs dangereux pour les salariés ;
  • Sans oublier des dizaines et des dizaines d’autres accords collectifs et de lois, y compris ceux et celles portant sur « l’assurance chômage » et non « l’assurance emploi ».

Ainsi, peu à peu, face au chômage durable grandissant et au développement de la précarité des emplois (CDD, intérim, temps partiel), les dispositions sur les seules conséquences des licenciements, des emplois précaires et du chômage ont prévalu sur celles portant sur les causes et leur éradication.

Petit à petit, des propositions tendant à seulement soulager les licenciements, le chômage et la précarité des emplois, sans réellement s’attaquer aux racines du mal, ont pris le dessus, laissant au bout du compte, plusieurs décennies après, la voie libre à une idée des plus dangereuse, celle d’un revenu minimum d’existence déconnecté de toute activité professionnelle, encourageant nombre de citoyens à rester assistés.

C’est sur ce fond, que les lois des 6 et 17 août 2015, la loi du 8 octobre 2016 et les ordonnances MACRON de septembre et décembre 2017 ratifiées par la loi du 29 mars 2018 ont pu détruire un maximum de droits salariaux, au point que de très nombreux citoyens sombrent, « jettent le bébé avec l’eau du bain », désertent la politique et l’action syndicale dignes de ce nom.

La question n’est pas de jeter la pierre à ceux qui ont cru bien faire à un moment donné, car personne ne pouvait imaginer que de quelques centaines de milliers de demandeurs d’emploi dans les années 1950 / 1960 en France nous arriverions à plusieurs millions quelques décennies après ?

Cela étant, tant qu’il y aura une gigantesque armée de chômeurs et de pauvres, entretenue par une politique d’assistanat néfaste, l’action syndicale continuera de s’effriter et l’action politique poursuivra son déclin.

Le chômage étant le mot de tous les maux, une politique économique et sociale nouvelle, en rupture complète avec ce qui se fait depuis des décennies, s’impose, avec comme priorité des priorités LE PLEIN EMPLOI correctement rémunéré avec ZERO CHÔMAGE STRUCTUREL.

Entendre dire, ici ou là, que le plein emploi serait une mesure libérale mérite précision. OUI, il s’agit d’une mesure libérale, sauce MACRON, si les mots « plein emploi » signifient 4 à 5% de chômeurs et des emplois payés au rabais avec un minimum de cotisations sociales. NON ! si ces mêmes mots, signifient 0% de chômeurs et des emplois correctement rémunérés avec des taux de cotisations sociales permettant de développer tous les créneaux de la Sécurité Sociale.

Pour ce faire, nul besoin de centaines de propositions. Un nombre d’objectifs extrêmement précis et concis, certes de haut niveau, mais compréhensible par le plus grand nombre de citoyens pour qu’ils s’y retrouvent et qu’ils en fassent leur affaire au travers d’un puissant mouvement devrait suffire.

C’est pourquoi il semble indispensable de tenter de créer un gigantesque « mouvement citoyen » pour un programme minimum de sortie de crise qui devienne incontournable à tous les acteurs de la vie sociale, économique et politique.

Pour faire du neuf, il importe de dépasser un seul mouvement d’indignation et de chercher à construire une force porteuse de propositions concrètes à la hauteur de la gravité de la situation vécue, pour faire autre chose et autrement que ce qui se fait depuis des décennies.

Dans cet objectif, il convient d’apporter des éléments de réflexion pour que s’engage un vaste « débat citoyen ».

YVES cormillot (première partie de la contribution).

suite sur le site

[1Taux d’abstention par rapport aux inscrits au 1er tour des présidentielles : 1965 = 15,25% / 1969 = 22,41% / 1974 = 15,77% / 1981 = 18,91% / 988 = 18,65% / 1995 = 21,62% / 2002 = 28,40% / 2007 = 16,23% / 2012 = 20,52% / 2017 = 22,23% /2022 = 26,3% soit 12,8 millions de personnes alors que le premier candidat (MACRON) obtient 9.785.578 voix.

[2Taux d’abstention par rapport aux inscrits au 1er tour des législatives : 1958 = 22,8% / 1967 = 18,9% / 1978 = 16,75% / 1981 = 29,1% / 1993 = 30,8% / 2002 = 35,58% / 2007 = 39,58% / 2012 = 42,78% / 2017 = 51,30% / 2022 = 52,49%.

[3Taux d’abstention par rapport aux inscrits au 1er tour des municipales : 1959 = 25,2% / 1965 = 21,8% / 1971 = 24,8% / 1976 = 21,1% / 1983 = 21,6% / 1989 = 27,2% / 1995 = 30,6/ / 2001 = 32,6% / 2008 = 33,5% / 2014 = 36,45% / 2020 = 55,4%.

[4Taux d’abstention par rapport aux inscrits au 1er tour des régionales : 1986 = 22,07% / 1992 = 31,4% / 1998 = 42,3% / 2004 = 39,1% / 2010 = 53,7% / 2015 = 50,09% / 2021 = 67,8%.

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