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Elections Européennes 2009

Le divorce et le recyclage du capitalisme…

Leçons d’un scrutin pour les communistes
Mardi 9 juin 2009

Le divorce s’approffondit…

Avec 60% d’abstention en France, 80% dans les quartiers populaires, la sanction est sans appel. Le divorce s’approfondit entre le peuple et le projet européen. L’Union se construit depuis ses origines comme outil de domination contre les acquis du compromis social de l’après-guerre, en France des acquis du conseil national de la résistance. Elle est aussi un outil de domination contre les peuples eux-mêmes, contre leur souveraineté, foulée aux pieds après chaque référendum. Elle est un outil de domination contre le Sud avec la guerre en Yougoslavie ou la violence de l’espace Shengen. L’Euro a été une arme redoutable contre le pouvoir d’achat et, loin de contrôler la finance et de nous en protéger, il a au contraire étendu sa domination contre les services publics.

La force du NON de 2005, de ce NON qui a porté les intérêts du monde ouvrier, du monde du travail, des quartiers populaire, cette force n’a pas trouvé comment s’exprimer dans cette élection. Les partis politiques qui se l’étaient appropriée en parlant de « NON de gauche » se retrouvent démunis devant leur incapacité à porter jusqu’au bout ce NON au projet anti-national européen. Personne ne croit à une « Europe sociale » qui viendrait de Bruxelles modifier le rapport des forces dans les luttes de classe où que ce soit en France.

L’échec d’une stratégie anti-sarkozy électoraliste

Avec près de 30% , l’UMP met fin à une loi politique qui durait en France depuis 1981 et la première victoire de la gauche. Tout gouvernement, de gauche comme de droite, était sanctionné aux élections intermédiaires. Le peuple bousculait sans cesse les constructions politiciennes de compromis au centre, créant des situations de cohabitations diverses, jusqu’à cette situation de régions largement dominée à gauche présentées comme un rempart face à une droite gouvernementale dure Mais le résultat du 7 juin 2009 conforte une droite décomplexée. Et c’est un Sarkozy pétainiste qui est vainqueur malgré la profondeur et la violence de la crise, malgré la puissance apparrente du mouvement social de janvier et mars. Ce n’est pas seulement la gauche politique qui est battue, c’est le mouvement social qui se retrouve sans stratégie. Les directions syndicales et leur calendrier mensuel qui devait faire monter la pression contre le gouvernement jusqu’aux élections sont dans l’impasse. L’instrumentalisation du mouvement social est un échec. Les luttes sociales ne sont pas le théatre des joutes politiques, mais une guerre de classe où tous les coups sont permis pour le capital. Après un demi-siècle de piège électoraliste de gauche, le monde du travail doit reprendre conscience de la nécessité absolue de son autonomie. Il n’a pas besoin de « représentants » qu’il soutiendrait dans les luttes électorales pour parler en son nom dans les institutions, mais d’un outil pour construire sa capacité politique à peser et ouvrir une perspective de rupture avec ces institutions, une perspective révolutionnaire.

L’écologie politique ou le recyclage du capitalisme

Ces élections concrétisent et accélérent une réponse politique capitaliste nouvelle à la crise. S’il est clair que la gauche « est dans le trou », que l’incapacité à faire vivre un point de vue communiste porteur d’un socialisme du XXIe siècle pèse sur toute pensée alternative, la bourgeoisie sait qu’elle n’est pas à l’abri, qu’elle dirige un volcan. La crise est profonde et durable. Les contradictions entre la socialisation désormais mondiale de la plupart des processus de travail et la privatisation toujours plus étroite des profits bouscule sans cesse tout compromis social. Or la bourgeoisie a besoin de rassembler autour d’elle une fraction suffisante du peuple pour assurer sa domination. Elle ne peut le faire dans une domination ne reposant que sur la violence sociale. La situation états-uniennes est révélatrice des limites de ce modèle de société armée, sa performance économique repose sur les étudiants du tiers monde et les finances de la Chine.

De même, les enjeux de partage du monde sont sources de conflits qui peuvent devenir mondiaux. Le coût et les difficutlés de la guerre en Irak et en Afghanistan, la force du socialisme renaissant en Amérique Latine, les indépendances revendiquées du Brésil, de l’Inde et de la Russie.. tout met en péril la domination impérialiste.

Le capitalisme a besoin d’un renouvellement radical, de nouveaux marchés qu’il puisse dominer, de nouveaux compromis sociaux qui lui assurent sa domination, et donc de nouvelles constructions idéologiques. Les dogmes de l’école de Chicago qui ont fondés les stratégies de reconquête après 68 sont derrière nous. L’interventionnnisme gouvernemental est assumé avec le renouveau de l’alliance franco-allemande lors de la rencontre Sarkozy merkel. Des fractions toujours plus importantes de la bourgeoisie cherchent une réponse dans l’écologie politique. Nicolas Hulot avait déja pesé sur la dernière élection présidentielle avec son film présentant l’industrie comme le diable et se concluant par l’appel individualiste du « chaque geste compte ». Ce n’est pas un hasard si le film de Yann Arthus-Bertrand est lui aussi apparu dans la campagne électorale.

Si Sarkozy avait en 2007 comme premier outil idéologique l’insécurité, l’environnement était déja devenu un enjeu majeur de reconstruction politique de la droite. En 2009, le curseur s’est encore déplacé et l’environnement devenu aussi important que l’insécurité. Mais dans les deux cas, les peurs sont utilisées pour promouvoir des réponses capitalistes. Le ministère Borlo en est l’illustration. La dérégulation du marché de l’électricité s’accompagne de la taxe qui fait payer aux usagers les dépassements de prix du marché libre, de l’achat forcé d’électricité « verte » a un prix représentant une subvention publique massive aux nouveaux acteurs du capitalisme vert. La dérégulation du téléphone avait déja été l’occasion de construire de nouveaux acteurs capitalistes massivement financé par les prélèvements sur la consommation. La phobie sur le nucléaire conduit à continuer de construire des centrales à charbon ou à gaz. Le chauffage individuel au bois est favorisé malgré les rejets de particules pour tenter de développer de nouveaux marchés compatibles avec le « tous propriétaire ». Certes, il y a aussi un capitalisme du nucléaire, mais il est très fortement marqué par la place du service public, par ce « capitalisme monopoliste d’état » des trente glorieuses, encadré par la nécessité de la sécurité et d’une organisation très fortement socialisée, bien loin des modèles économiques du marché de masse qui ont fait et font la garantie de la reproduction du capital.

La conception de la ville est un excellent résumé de cette contradiction. L’humanité et le planète ont besoin de villes denses, équipées de résaux collectifs de transport, d’énergies, de communication, d’assainissement, mais l’idéologie verte dominante refuse cette socialisation des réponses et cherche de nouveaux marchés des solutions de la maison individuelle.

Ce n’est bien sûr pas l’écologie comme science qui est en cause. Au contraire, si l’électricité et le chemin de fer pouvaient être la base technique du socialisme russe il y a un siècle, à l’évidence, c’est la performance environnementale, la ville durable, la santé qui seront les clefs scientifiques du socialisme du XXIe siècle, qui sont les outils indispensable aux besoins humains fondamentaux, et c’est en les libérant du marché, du capital que les peuples pourront se les approprier !

Pour réouvrir une perspective socialiste, le monde du travail doit identifier le piège de cette écologie politique qui est l’outil du recyclage du capitalisme, donc profondément anti-écologique ! Il doit prendre conscience des forces sociales que représentent les Verts, ces « CSP supérieures » des centres de grande ville qui ont fait les résultats marquants des dernières municipales et européennes. Ce n’est pas un hasard si Dany l’ex-rouge devenu le meilleur représentant de l’Union Européenne a portes ouvertes dans les médias. Il est un des symboles de ce renouvellement possible du capital, détruisant les nations et les derniers vestiges du compromis social de l’après-guerre. Son vrai nom devrait être « Dany, le recycleur du capital ! »

Quelle dynamique d’un « Front » de gauche ? + 0,17% !

La direction du PCF a fait valider la stratégie du Front de Gauche par le conseil national précédant le dernier congrès qui a été libre de « parler » du parti communiste. De toute façon, sa direction travaille déja pour une autre organisation « de gauche » dont les communistes ont financé massivement la campagne.Le résultat est clair, cette campagne a permis d’élire deux députés européens supplémentaires… non communistes ! Et l’un d’eux, Mélanchon, interrogé sur la crise du PS n’hésite pas à en parler en disant « nous » !

Et que dire du résultat ? Au total, le Front de Gauche rassemble 31779 voies de plus que le seul PCF en 2004, soit +0,17% des voies, où moins de 0,1% des inscrits ! Quelle dynamique dans une période de colère contre le gouvernement, après de puissants mouvements sociaux, avec une droite dure dans une crise sociale sans précédent, avec un parti socialiste au plus bas, quelques mois après des élections cantonales ou le PCF seul avait fait près de 9% !

La leçon est sans équivoque. La seule justification du Front de Gauche est la construction de ce nouveau parti que représente le PGE au niveau européen, et pour cela se défaire des restes du PCF. Mais c’est une stratégie de marginalisation, qui ne permet pas de s’adresser largement au monde du travail pour lui ouvrir, comme en 2005, une possibilité de bousculer la donne. Malgré les efforts militants, cette stratégie ne constitue une réponse, ni au divorce populaire, ni à la domination sarkozienne.

Pas d’autre issue que la construction du peuple debout !

Les échecs devant Sarjozy sont difficiles à digérer. Le mouvement universitaire avait une force remarquable, mais s’est heurté à un mur. L’émotion devant les licenciements et la colère devant les dividendes et salaires des patrons étaient fortes cet hiver, mais l’initiative de soutien à la loi anti-licenciement des députés communistes était confidentielle. L’exigence de service public est affirmée dans des milleirs de luttes face aux milliards débloqués pour les banques et les spéculateurs, mais Sarkozy peut accélérer ses réformes sans blocages !

Les réponses classiques « de gauche » sont inopérantes pour sortir du cercle vicieux de l’émiettement des forces. La facilité avec laquelle la droite trouve des personnalités d’ouverture, le rôle nouveau des Verts qui recyclent l’électorat socialiste déçu, la répétition des échecs des regroupements d’appareils d’une « gauche radicale »… le peuple fait durement l’expérience qu’il ne peut attendre de solutions qui lui soit présenté sur un plateau de télé ou même dans un bulletin de vote. Comme l’affirmait Marx le premier "l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes". Rien ne progressera sans le tissage patient et pragmatique d’une véritable coordination communiste des luttes par des milliers de militants. Conditions de victoires sociales, conscience des enjeux de classe, clarification des positions des forces politiques, reconstruction de l’organisation communiste, c’est une action patiente et concertée de militants communistes qui peut créer les conditions d’une intervention efficace du peuple debout !

C’est l’objectif qu’on peut se fixer pour le 13 juin quelque soient les stratégies syndicales nationales. Quelques jours après le 7 juin, nous pouvons montrer que les discours sur les résultats électoraux ne sont qu’une construction idéologique destinée à masquer le divorce démocratique et à ressourcer le capitalisme. Ces manifestations sont une première occasion d’affirmer que le mouvement social peut retrouver sa force et son autonomie, et déterminer lui-même l’agenda de la luttes des classes.

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