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Leur patriotisme était celui de la classe ouvrière et de l’Internationale

Lundi 10 décembre 2007 — Dernier ajout samedi 9 janvier 2021

Le jour de sa prise de fonction, Nicolas Sarkozy rendait hommage à Guy Moquet en donnant à lire sa dernière lettre écrite pour sa mère avant de tomber sous les balles fascistes. Ainsi, il mettait en scène son émotion au nom du patriotisme dédié à l’unité nationale retrouvée. Une fois cette opération terminée, il décidait que cette lettre serait lue à chaque anniversaire de l’exécution de Guy Moquet, dans toutes les écoles de France, comme au bon vieux temps des vérités d’Etat à vénérer. S’agirait-il " de saigner l’Histoire comme une bête d’abattoir afin de l’en débarrasser de sa substance " comme l’écrivait Pierre Louis Basse l’auteur d’« une enfance fusillée » ? Réduire à l’amour de la patrie, l’engagement de Guy Moquet, ne dit rien de lui et ne peut pas respecter sa mémoire, d’autant que le patriotisme ne peut être un cadre de référence unique. Pétain et ses compagnons de la révolution Nationale ne représentaient-ils pas à l’époque ce qu’il y avait de plus établi en matière d’" amour de la patrie " ? Et puis qui se rappelle de cette sentence de François Mauriac : " Seule la classe ouvrière dans ses grandes lignes est restée fidèle à la patrie ". Il semblerait donc que chacun à une représentation de la patrie qui varie selon sa classe d’appartenance. La façon dont Sarkozy se sert de Guy Moquet a quelque chose d’abjecte. Mais comme le disait Mao-Tsé- Toung : " les réactionnaires soulèvent des pierres pour se les faire retomber sur les pieds ". Et Guy Moquet pourrait être une de ces pierres.

Guy a adhéré aux jeunesses communistes en 1938 en pleine contre-offensive réactionnaire. Après l’euphorie du front populaire, une véritable chape de plomb était tombée. Pendant que le père de Guy, député communiste, menait une bataille d’arrache pied pour que ne s’enlisent pas les promesses de 36, George Bonnet, ministre des affaires étrangères déclarait qu’en cas de conflit "les élections seraient interdites, les réunions suspendues et les communistes mis à la raison ". Cela arriva bien vite à partir du 25 août 1939 : le PCF fut dissout, quant le « socialiste » Barthélemy réclamait pour eux la guillotine, car il fallait " balayer définitivement le communisme qui s’ingénie à pervertir les consciences ". Le communisme ! Tel était l’ennemi. Ainsi lorsque débuta la « drôle de guerre » Guy et ses camarades se retrouvèrent poussés dans la clandestinité bien avant l’arrivée de Pétain et des troupes allemandes. La répression était menée par un gouvernement et un patronat qui ne supportaient pas d’avoir été acculés à une négociation sur la réduction du travail et sur les salaires. D’ailleurs les premières victimes de cette répression provenaient des listes établies à cette époque. C’est ce qui arriva au père de Guy et qui précipita son engagement à temps plein. " Papa a été arrêté. Il n’a rien fait c’est à moi de prendre le relais, je dois prendre sa place ". Il avait 15ans.

Avec ses copains des quartiers populaires de Paris, il militera pour reconstruire un parti communiste dont il percevait combien sa structuration était nécessaire, pour mener le combat de classe contre la vie chère et la misère. Son adversaire était le Capitalisme et non pas le peuple allemand. D’ailleurs lorsqu’il sera arrêté on retrouvera sur lui cette lettre que Nicolas Sarkozy se garde bien d’invoquer : " Parmi ceux qui sont en prison se trouvent nos trois camarades Berselli, Planquette et Simon qui vont passer des jours maussades. Mais patience, prenez courage. Vous serez bientôt libérés par vos frères d’esclavage. Les traîtres de notre pays, les agents du Capitalisme. Nous les chasserons hors d’ici pour instaurer le Socialisme. Mains dans la main la révolution pour que vainque le Communisme. Pour vous sortir de prison. Pour tuer le Capitalisme. Ils se sont sacrifiés pour nous par leur action libératrice ! ".

Guy Moquet est-il utile de le rappeler a été arrêté sur dénonciation de la police française. Il sera fusillé le 22 octobre 1941 parce que le « patriote » Pucheux et un préfet consciencieux ont personnellement veillés à ce qu’il soit porté sur la liste « d’éléments dangereux » qui tous étaient communistes à l’exception d’un syndicaliste CGT. Guy est mort à cause de la haine qu’inspirait son idéal dans les milieux de la grande bourgeoisie française. Il est mort pour que vive le communisme. Il est mort parce que comme certains lycéens, que Sarkozy fera arrêter et condamner le soir de son élection, il distribuait des tracts pour dénoncer les injustices dont était victime le monde du travail, alors que d’autres qui pourront vivre tranquillement préparaient la déportation de milliers de sans-papiers de l’époque. Oui Guy Moquet a donné figure à la phrase de Gabriel Péri, cet autre fusillé, " le communisme est la jeunesse du monde ".

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