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≈≈ Alger à mes yeux

par Michel Sportisse
Vendredi 27 janvier 2023 — Dernier ajout samedi 28 janvier 2023

pour ceux qui ne le connaissent pas, le vénissian Michel Sportisse est le fils de William Sportisse, dirigeant du parti communiste algérien et auteur d’un livre à connaitre sur l’histoire de l’Algérie et le rôle des communistes, « le camp des oliviers ».

≈≈ Alger à mes yeux

Alger à mes yeux, c’est d’abord la ville où j’ai autrefois vécu. C’est aussi celle que j’ai ensuite revu. C’est donc celle d’un moment de ma vie, l’adolescence. Et puis ensuite celle de visites ponctuelles, trop brèves à mon goût, à l’âge d’homme. Il apparaît néanmoins que l’année 1992, celle de l’assassinat du président Mohamed Boudiaf au début de cet été-là, aura constitué pour moi un fort ébranlement. Mon épouse, heureuse d’avoir fait la connaissance de mes parents à l’été 1989, désirait revenir à Alger. Mon père fit du mieux pour l’en dissuader. Il n’y parvint guère. Je n’ai, pour ma part, aucun lieu de le regretter, puisque j’ai pu mesurer l’ampleur du drame que vivait mon pays, l’Algérie. Un pays à cet instant déchiré. Un pays sous état de siège. Déjà, à l’été 1989, j’avais pu apprécier la montée des périls : en octobre 1988, une grande partie de la jeunesse et une masse de citoyens de modeste condition exprimaient dans la rue leur mécontentement face à la cherté de la vie et l’étouffement de la liberté d’expression. J’en discutais avec mon père. Son analyse ne me rassurait pas. Mais, tout ce j’appris sur l’Algérie au cours de cette décennie – ici, l’on parla de décennie noire – me plongea dans une forme d’amertume et de désarroi. S’il était juste de critiquer tout ce que nous avions cherché à faire depuis l’Indépendance – je m’exprime en Algérien -, était-il juste néanmoins de jeter le bébé avec l’eau du bain ? Enfin, de la politique choisie au lendemain de l’Indépendance, réaffirmée avec vigueur et mise en œuvre de manière plus pragmatique et moins désordonnée, quelques années après le coup d’État du 19 juin 1965 – les partisans du défunt raïs Houari Boumediene parlèrent de « réajustement révolutionnaire » -, que fallait-il en penser à l’époque et que faut-il en penser à présent ? Je ne chercherai pas à trancher ici le débat. Ce serait trop long et trop complexe. À vrai dire, l’Algérie n’avait sans doute pas d’autre alternative. De quelle autre façon aurait-elle pu éviter une nouvelle dépendance de type néo-colonialiste ?

Alger, c’est dans ma mémoire l’Indépendance. Je m’explique : j’associe l’Algérie française à ma prime jeunesse vécue de 1955 à 1962 à Philippeville (Skikda), port situé à l’Est du pays. Je suis né accidentellement à Budapest en Hongrie. Mon père y animait une émission nommée « Saout al Istiqlal oual Salami ». Elle cherchait à faire connaître les luttes des peuples du Maghreb et était diffusée en arabe. L’émission dut être interrompue à la suite des pressions exercées par le gouvernement français à l’endroit de la Hongrie et par l’intermédiaire de l’URSS. La Hongrie sollicitait à ce moment-là son adhésion à l’ONU. L’émission fut par conséquent interrompue à la fin octobre 1955. William revint dans une Algérie en guerre. Ses nouvelles responsabilités exigeaient qu’il soit clandestin puisqu’il se battait pour l’indépendance de son pays. Durant toute cette période, notre père fut, à mes yeux, et à ceux de mon frère jumeau, complètement absent ou presque. On attendait l’Indépendance pour espérer le revoir… Nous habitions chez les parents de ma mère à Philippeville dans le quartier de Monplaisant. Je me rappelle avoir vécu au milieu de beaucoup d’Européens d’origine napolitaine, tous de condition modeste, comme mon grand-père. Pour dire les choses honnêtement, j’étais, je me sentais, dans ce temps, surtout Français. On nous avait séparés. J’ignorais longtemps durant qu’il existait par ailleurs une communauté de Juifs algériens comme la famille de mon père constantinois. Je les ai découverts vraiment très tard. Pour moi, il y avait les Français et les Musulmans en Algérie. Ces Musulmans étaient, pour l’essentiel, très pauvres voire misérables, traités avec condescendance et mépris. Mon grand-père s’efforçait d’être respectueux et poli et les nommait « Indigènes ». Ce n’était déjà pas terrible… Mais, autour de moi, la grande majorité des Européens usait à l’envie des termes injurieux de « bicot », « bougnoul », « raton » que sais-je encore … Ces Musulmans, très souvent mutiques, rasaient les murs dans les villes, s’amassaient dans des bidonvilles sordides à la périphérie, j’ignorais au demeurant l’Algérie rurale que je n’entrevoyais qu’à travers les vitres d’un compartiment de train quand ma maman nous emmenait voir mon oncle et mes nièces qui vivaient dans les environs d’Annaba, autrefois Bône. Et puis il y avait les « yaouled » qui ciraient les chaussures des « pieds-noirs » et celles des militaires… Tout cela me renverra, plus tard, quand je me mis à étudier l’histoire contemporaine, à l’Italie d’après-guerre. Mes premiers souvenirs remontent forcément à 1960. J’avais 6 ans. Ce qui me frappait à ce moment-là, c’était la guerre ; elle était omniprésente. Elle s’affichait sur les routes, dans le ciel, à travers le bruit des explosions et chez les gens. La colère, la haine était également incessante. J’avais constamment peur, de tout et de tous. Je voulais qu’on m’explique toute cette haine. Pourquoi mon copain ne pouvait pas être un enfant ou un adolescent d’origine arabo-berbère ? Je voulais comprendre pourquoi j’avais en face de moi un enfant ou un adolescent arabe me dévisageant avec crainte ou avec hostilité ? J’étais un enfant. Je n’arrivais pas à saisir pourquoi on nous avait divisé en Arabe et en Européen. Mais, je savais, quoi qu’il en soit, qu’un Arabe était traité en inférieur et qu’il n’avait le droit que d’accepter son sort sinon il lui en coûterait. Aussi, lorsque, par un après-midi incroyable, et, alors que je me rendais à l’école primaire, je vis débouler dans une des artères de la ville de Philippeville une manifestation de jeunes et de femmes algériennes scandant les mots d’ordre d’indépendance et sous les drapeaux de la future Algérie indépendante. J’eus énormément de mal à comprendre, j’étais stupéfié. Seuls les Européens, en particulier les affiliés du FNF (Front National Français) de Joseph Ortiz, avaient ici le droit de hurler et de manifester contre la politique du général De Gaulle l’accusant de négocier le bradage de « leur » Algérie ! Je me disais, terrorisé, qu’il y aurait sûrement une terrible répression. J’entendis des coups de feu. Et je pris, accompagné de mon copain, mes jambes à mon cou. Nous étions le 12 décembre 1960 et il était environ 14 heures. J’ai retrouvé ces précisions dans l’ouvrage de Mathieu Rigouste, « Un seul héros, le peuple » publié en 2020. J’étais trop jeune pour comprendre. Mais, ce qui me désarçonna ce fut la réaction de mon grand-père. À mon retour à la maison, face à mon affolement et mes pleurs, il me dit : « N’aie pas peur. Cela ne va pas durer. » Et, lorsque l’Indépendance fut proclamée, deux ans plus tard, il lâcha d’une façon lapidaire : « Enfin. » Mon grand-père ne s’est pas enfui d’Algérie en 1962, il y est resté jusqu’en 1963. Et personne ne l’avait chassé. Les gens d’ici l’aimait bien, c’était un brave homme.

Notre père vint donc nous chercher à l’été 1962. Nous restâmes quelque temps à Constantine, sa ville natale. Puis, à l’automne nous quittions l’antique Cirta, la cité au pont suspendu, pour nous rendre dans la capitale, Alger. Les deux villes, aussi extraordinaires et magnifiques qu’elles soient, étaient diamétralement opposées. Constantine, c’était le mystère, la fascination et l’intériorité. Il fallait être mystique pour comprendre et s’attacher à Constantine. Alger au contraire c’était l’ouverture vers le grand large, l’activité fourmillante et cosmopolite, l’arrivée des voyageurs… et d’ailleurs toute l’Algérie se retrouva bientôt à Alger. Alger rayonnait. C’était la vie. Tout était blanc, d’une blancheur lumineuse, zahra dit-on en arabe, les maisons, les mosquées, les immeubles, le voile des femmes. Et puis nous étions en liesse, la liberté nouvellement acquise nous enivrait. Toutes nos souffrances, nos peurs semblaient pouvoir s’effacer à présent. Nous respirions à pleins poumons. Quant à moi, il me fallait à présent consumer l’Algérie française, cette Algérie d’autrefois, cette Algérie d’égoïsmes, de particularismes, cette Algérie de l’entre-soi et de l’arrogance. Grâce à mon père, j’irai désormais vers cette Algérie que je connaissais si peu : l’Algérie du futur que nous espérions juste, ouverte, tolérante, magnanime. Sur la route qui me conduisait à Alger, j’eus – chose extraordinaire – cette terrible révélation, le retour des soldats et des détachements de l’armée française. Notre trajet fut interminable. Totalement impressionnés, nous enregistrions de nos yeux, dans la Peugeot 404 de l’ami de mon père, la traduction concrète de ce que nous lisions dans la presse et les livres : l’engagement militaire considérable de la France en Algérie – il se chiffra officiellement autour de 400 000 hommes, et ceci avec la nomination du socialiste Robert Lacoste, ministre résident disposant de pouvoirs dictatoriaux pour écraser le nationalisme algérien. « L’Algérie c’est la France », entendait-on dans la bouche des politiciens hexagonaux, au mépris des aspirations du peuple algérien et quitte à massacrer la quasi-totalité de sa population. De la sortie de Constantine à Alger, le cortège était ininterrompu. À l’entrée de chaque commune, des files nombreuses de femmes et de jeunes adolescents accueillaient avec des cris de joie ces camions, ces contingents et ces matériels au départ en hurlant : « Vive l’Algérie indépendante ! » (Tahia al jazaïr  ! Tahia al Istiqlal !) Les femmes poussaient des youyous. À l’intérieur des GMC, des soldats du contingent, des appelés – ouvriers, ruraux et étudiants – pleuraient. Des années plus tard, en entendant la chanson de Serge Lama « L’Algérie », je me mis à pleurer à mon tour. Je voudrais espérer, pour ici comme pour le monde entier, que pareille leçon soit retenue. Afin qu’il n’y ait plus de servitude mais des peuples libres et égaux en droit.

Se libérer des chaînes de l’oppresseur est chose difficile, bâtir une Algérie nouvelle l’est pourtant encore plus. L’Algérie reste une nation jeune. Soixante ans c’est beaucoup, mais c’est encore peu pour prononcer un jugement définitif. Et, surtout, apprécier avec justesse et sans oubli, tout ce qui a été quand même accompli. Ne pas laisser les générations montantes dans l’ignorance de l’histoire, avec ce sentiment aussi qu’il y aurait un blanc entre deux périodes.

Au lendemain de l’Indépendance, les défis étaient immenses. Si l’ancien colonisateur avait effectivement construit, édifié et mis en place des infrastructures remarquables, il ne l’avait fait que pour une minorité européenne et uniquement dans le cadre de l’économie française. L’Algérie restait un pays sous-industrialisé, essentiellement fournisseur de matières premières, très artificiellement développé. Avec la découverte effective par la société française SN Repal de gisements pétroliers à Hassi Messaoud, dans le désert saharien, en juin 1956, c’est-à-dire en plein guerre d’Algérie, puis de gaz naturel à Hassi R’Mel, les autorités françaises durent affronter de nouveaux défis. L’Algérie ne pouvait demeurer à l’état embryonnaire sur le plan industriel. Or, le plan de Constantine qui est très lié à ces découvertes est annoncé par la direction du Plan en octobre 1958 : il arrive trop tard et ne pourra voir le jour. En même temps, ce plan n’aurait absolument rien modifié de la structure foncièrement inégale de l’Algérie française. Je veux souligner ici que le président Boumediene, j’en reparlerai plus loin, reprendra les données de ce plan en l’approfondissant, en lui donnant un autre contenu, et en en faisant, quant à lui, un fer de lance de l’économie algérienne, gage de son indépendance, contrairement à la France qui voulait faire, une fois encore, de l’Algérie et d’une éventuelle main-d’œuvre locale sensiblement plus qualifiée une masse exploitable à merci de l’économie française. Enfin, l’enseignement laïc et républicain en Algérie, dont certains ont pu se vanter jadis ici, ne s’adressait nullement aux Algériens musulmans. Il est également vrai que cet enseignement aurait dû ne pas négliger la question de l’identité nationale. Les 8 millions d’autochtones qui constituaient l’immense majorité du pays parlaient d’autres langues que le français, n’avaient pas comme ancêtres les Gaulois, et leur religion n’était pas le christianisme. Quoi qu’il en soit, à l’Indépendance, 85% de la population masculine était analphabète. Les femmes étaient plus touchées encore. Avec l’exode des Français, l’Algérie se retrouve confrontée à un phénomène de remplacement d’une ampleur extraordinaire. Le personnel politique, administratif, économique était essentiellement européen. Nous manquions de tout : d’ouvriers qualifiés, d’artisans, d’agronomes, de techniciens, de personnels de santé, d’ingénieurs et de cadres, de scientifiques. Un exemple parmi d’autres : celui d’une succursale algérienne de la société Bull qui, en juillet 1962, se retrouve en panne : toutes les dactylos-mécanographes étaient européennes, point d’« indigènes » formées à ce métier. Il en est ainsi dans bien d’autres entreprises. Cette carence générale en personnels qualifiés entraîne d’emblée l’arrêt des usines et des chantiers et des fermetures en série. Cette année-là, l’Algérie comptait 2 millions de chômeurs et 2, 6 millions de personnes sans ressources, des paysans sans terre pour la plupart. Dans les cités de moyenne importance, l’inactivité paraissait plus manifeste. Je me souviens de ce retour à Philippeville (Skikda) à l’année 1963 où je vis la détresse de mes grands-parents maternels : la ville semblait morte, les magasins, les restaurants, l’artisanat tout était clos et abandonné. Mon père comprit leur désarroi et les aida à rejoindre la France. Le colonialisme français avait pratiqué une politique de ségrégation féroce à l’égard des Algériens et des Algériennes d’origine musulmane. Puis ce fut, en guise de punition, la politique de la terre brûlée. En cette année 1963, le bâtiment et les travaux publics régressèrent de 55% par rapport à 1962. Or, à présent, l’Algérie ne cesse de construire. Je me souviens aussi de cette Algérie pleine d’énergie, d’enthousiasme, qui se manifesta par exemple dans l’indispensable campagne de reboisement des terres mais très souvent handicapée par sa méconnaissance, son ignorance, son incompétence, son volontarisme maladroit. Fort heureusement, nous avions des soutiens, y compris en France, chez tous ceux qui condamnaient le colonialisme et l’impérialisme, chez ceux qui rêvaient d’un monde plus humain et enfin parmi les peuples anciennement colonisés qui admiraient notre révolution. À dire vrai, le gouvernement algérien comme le gouvernement français n’auraient pu s’orienter vers une rupture totale, cela aurait été suicidaire. Cela valut une aide française de 268 Milliards d’A.F. et une série de décisions favorisant l’économie algérienne (achèvement des travaux entrepris, envoi de techniciens et de coopérants, achats de vins …) et, en dernier ressort, l’immigration d’une main-d’œuvre algérienne en France. Au moment de mon propre départ en France, en 1973, il y avait plus de 800 000 travailleurs algériens en métropole. Enfin, des hommes et des femmes venus de tous les pays – URSS, Chine, Yougoslavie, Cuba, Egypte, Iraq, Italie etc. - sont arrivés à Alger pour soigner, enseigner, encadrer, former, conseiller. Et, puis après bien des tâtonnements, des drames aussi, des décisions courageuses aussi, comme celle de faire évacuer la base militaire navale de Mers el Kébir, dans la région d’Oran – la France pensait initialement y rester 15 ans durant -, ou, plus important encore, de nationaliser les hydrocarbures à la fin février 1971 (Le président Boumediene dira « Kararna ta ‘emime el mahrouqate »), ce qui permettrait à l’Algérie de mettre en œuvre une ambitieuse politique d’industrialisation (« l’industrie industrialisante »). Après un plan triennal (1967-69) succèderont deux plans quadriennaux de 1970 à 1977. Boumediene décède à la fin 1978 et sa politique sera ensuite contestée puis remise en cause. Pour ma part, à l’automne 1973, je m’installais à Bordeaux en France afin de poursuivre mes études. Je ne reviendrai plus à Alger que de façon sporadique, comme je l’ai signalé plus haut. Sous la gouvernance de Boumediene, la population jusqu’ici massivement rurale, victime de la déstructuration colonialiste, considérablement appauvrie, est urbanisée à 45%. Le revenu annuel passe de 2000 francs a plus de 11000 francs en 20 ans. Le taux de scolarisation oscille de 75 à 95%, loin des 10% de l’époque coloniale. Boumediene met en place la médecine gratuite. De fait, le taux de mortalité diminue considérablement, tandis que la natalité s’accroît de manière impressionnante. Désormais, l’Algérie a une population essentiellement jeune et en bonne santé. C’est un atout, encore faut-il que l’on réponde aux aspirations de millions de jeunes privés d’emplois et de vraies perspectives. L’Algérie doit faire le pari d’un développement autonome et néanmoins ouvert. C’est, je l’avoue, plus facile à dire qu’à faire.

Cependant, on peut s’interroger : Comment une nation sans passé industriel a pu, sous Boumediene, se mettre en quelques années à peine à produire des camions, des tracteurs, des wagons, des engrais, des produits pharmaceutiques, des téléviseurs ? C’est moins le cas présentement. Autre aspect qu’il nous faut impérativement relever ici : Une jeune nation, la République algérienne démocratique et populaire, surgie des limbes du colonialisme et de l’asservissement patriarcal a permis à la femme qui se morfondait dans une invisibilité révoltante de devenir une ouvrière qualifiée, une technicienne, une ingénieure, une professeure, une agronome, une élue municipale, une avocate, un médecin, une intellectuelle de haut niveau…. Certes, le machisme n’a pas disparu en Algérie et les mentalités rétrogrades non plus. Du reste, nous savons qu’en France même, les femmes doivent se battre pour être les égales de l’homme. Et enfin que l’on ne nous dise pas que l’Islam – les Algériens sont pour l’essentiel très croyants – est un facteur de barrage sur ce plan-là ! L’islam n’a jamais dit que les femmes étaient inférieures aux hommes et qu’en conséquence elles ne devaient pas accéder aux plus hautes fonctions !

Mon retour à Alger, en cette année du 60e anniversaire de l’Algérie, après 30 ans d’absence, m’a rendu confiant mais lucide. Pourquoi ? Parce que l’Algérie est parvenue, quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, à surmonter le terrible traumatisme des années 90 et tous les obstacles qui n’ont pas manqué de se dresser sur son chemin. Il y en aura d’autres, c’est sûr. Il faudra s’armer de patience. Évidemment, nous sommes loin du paradis, si le paradis existe sur terre. Aussi tout être humain a le droit de polémiquer, de critiquer, de faire part de ses inquiétudes… s’il est animé d’une réelle volonté de faire progresser les choses dans le sens des intérêts du peuple algérien. Pour l’heure, l’Algérie est loin d’être parfaite. Mais sa population, en grande majorité, sait faire la part des choses. Lors de cette visite toujours riche d’enseignements, faite de recueillement et d’hommages, de tourisme aussi – Le Jardin d’essai du Hamma, le Musée des Beaux-Arts, celui du Bardo pour certains d’entre nous, Tipasa -, de discussions et de rencontres exceptionnelles, nous nous sommes efforcés de regarder le passé sans solennité creuse et sans mélancolie, mais avec les yeux du présent et du futur.

Sportisse Michel

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