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Sites Web : Blog Vénissian de Pierre-Alain Millet

Publié le samedi 5 septembre 2015

⇒ http://pierrealainmillet.fr

Blog de Pierre-Alain Millet, 2008-2014, adjoint PCF au maire de Vénissieux, chargé de l’environnement, du cadre de vie, des énergies et du développement durable 2014-2020, adjoint PCF au maire de Vénissieux, chargé du logement, du développement durable et des énergies. Je contribue aussi aux sites du journal des communistes de Vénissieux Le Venissian du réseau Faire vivre et renforcer le PCF

Meubles Grange : l’indutrie continue de mourir…

Janvier 2021, par Pierre-Alain

J’ai appris récemment la création d’une « résidence d’entreprises » à Saint-Symphorien-sur-Coise dans le Rhône. Bonne nouvelle mais qui suit la fin terrible d’une entreprise historique « les meubles Grange », une entreprise pour laquelle j’avais réalisé des projets informatiques dans les années 80.

En effet, Grange a été liquidée en aout 2018 après plus d’un siècle de renommée, et c’est le site industriel historique de l’entreprise devenu une friche industrielle que les collectivités ont rachetées, dépolluées pour permettre ce projet porté par la SERL et la communauté de communes. Espérons que cela permette de recréer des emplois même s’il est peu probable d’avoir beaucoup d’emplois industriels.

Mais je ne peux pas oublier ma découverte de cette usine, de ses ouvriers, dessinateurs, ingénieurs et dirigeants qui représentaient un de ses collectifs de travail essentiels à la vie économique et sociale de tant de villes et villages de France.

Quand on parle d’industrie en France, on parle souvent de la grande industrie, de l’automobile, l’énergie, les transports, mais la France était aussi un pays d’industries de taille moyenne dans des milliers de sites industriels « à la campagne », faisant vivre beaucoup de villes de taille moyenne. Pendant presque 20 ans, j’ai ainsi visité des dizaines d’usine pour laquelle je travaillais sur les systèmes d’information, un peu partout en France, dans l’industrie du meuble notamment, mais aussi dans le textile, les équipements électriques, l’électronique, le ferroviaire, l’agroalimentaire..

J’ai toujours été impressionné par la richesse culturelle de ses collectifs humains, les savoir-faire surprenants dans tant de domaines. Parfois, on est surpris des trésors d’inventivité qui sont déployés dans des métiers qui pouvaient paraitre « simples ». Dans le cas du meuble, j’avoue que je les découvrais avec l’intérêt de celui qui aurait bien aimé apprendre à mieux travailler le bois. Je m’étais lancé à une époque dans la fabrication d’un meuble en bois monté uniquement avec des chevilles, le résultat n’était pas terrible.

Chez les meubles Grande, j’ai pu discuter avec des ébénistes professionnels passionnés par leur métier, et qui était toujours accueillant même avec un informaticien ! J’ai eu aussi l’occasion de travailler pendant des années pour « Roset », un autre fabricant de meubles de la région, qui a lui aussi connu des années difficiles. Il y avait moins de travail du bois, plus de tissus ou de traitement de surface, et une approche beaucoup plus industrielle. Heureusement, il a tenu le coup, peut-être parce-qu’il était bien placé dans le haut de gamme très contemporain.

J’ai retenu d’un échange avec un des directeur de Grange avec qui je travaillais souvent une idée simple mais forte sur son activité. Il m’avait dit « il y a deux catégories de gens, ceux qui achètent des meubles, et ceux qui achètent des étagères… » . On peut le vérifier dans nos familles… il y a encore des jeunes qui sont heureux de récupérer un « meuble de famille », mais beaucoup qui s’installent en profitant des étagères inusables de type IKEA…

Les « meubles de famille », c’était un des slogans des meubles Grange. C’est toute une histoire qui s’est perdue avec les 69 derniers salariés de Grange en 2018. Je tiens à leur rendre hommage. Leur fin n’a pas ému grand monde, d’ailleurs j’avoue qu’à l’époque je n’en ai pas entendu parlé. Je garde notamment le souvenir d’un des ouvriers les plus qualifiés de l’usine et qui réalisait une finition très particulière de certains meubles. Il s’agissait de faire un meuble dit « vieilli ». Le meuble était neuf, mais il fallait avec des outillages hétéroclites provoquer sur sa surface des traces du temps en accéléré, des rainures, des éclats, des trous… Et c’était les ouvriers les plus qualifiés qui savaient le faire pour donner l’impression aux acheteurs forcément aisés d’avoir un meuble chargé d’histoire… On peut sourire de ce « mensonge », mais il fallait voir cet ébéniste travailler pour se rendre compte de toute l’histoire qu’il portait.

Je suis convaincu qu’on ne peut pas reconstruire notre industrie sans redonner la parole à ceux qui la font vivre, ouvriers, techniciens, ingénieurs, commerciaux… Et sans s’appuyer sur les collectifs de travail qui existent encore, sur la mémoire industrielle que portent des femmes et des hommes ignorés des cabinets conseils et autres experts de la finance qui inspirent les gouvernements.

C’est pourquoi je dénonce toujours avec force les promoteurs de la « création destructrice », comme Gérard Collomb et tous ceux qui pensent qu’il faut laisser détruire l’industrie existante pour que des créateurs innovants puissent se développer. En fait, c’est faire le choix de la guerre économique, de la violence comme mode de développement, gloire aux gagneurs, aux « premiers de cordées »… La vie nous montre à quel point non seulement ce choix est injuste et immoral, mais aussi à quel point il est inefficace et accompagne en fait la désindustrialisation continue de notre pays.

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