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10es rencontres internationalistes de Vénissieux

Les Comores ; la France a toujours su diviser pour mieux régner !

Intervention de Said Hamidou Allaoui, comorien, élu communiste de Vénissieux
Dimanche 18 décembre 2022

Mesdames et Messieurs, Chers camarades,

C’est un honneur pour moi d’intervenir ici aux rencontres internationalistes communistes pour parler de mon pays d’origine les Comores et surtout de nous permettre, nous comoriens ici présents de célébrer avec vous la journée du 12 novembre. Il faut savoir que la journée du 12 novembre est déclarée journée nationale mahorais.

Je ne vais pas faire un long discours mais seulement faire un petit rappel des faits marquants de l’histoire de l’indépendance des Comores. J’ai écrit un article récemment dans le vénissian que j’ai intitulé

S2 Comores Complet

Les Comores, une indépendance inachevée.

Et comme je l’ai indiquée dans cet article cette indépendance reste inachevée aujourd’hui à cause d’une manipulation de grande envergure de l’impérialiste français. Comme chacun sait ici, il y a une notion fondamentale mise en avant dans différents textes internationaux, jusqu’à la Charte des Nations unies qui reconnaîtra explicitement le « principe de l’égalité de droits des peuples et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ou droit à l’autodétermination, qui est le principe issu du droit international, selon lequel chaque peuple dispose ou devrait disposer du choix libre et souverain de déterminer la forme de son régime politique, indépendamment de toute influence étrangère ».

Plusieurs résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies réitéreront ce principe, auquel la Cour internationale de justice (CIJ) a conféré une portée s’imposant à tous les États. Un véritable droit à l’autodétermination a pu être ainsi reconnu lorsqu’il était question pour des peuples de s’affranchir d’une domination étrangère. C’est par ce même principe que l’impérialiste français a pu imposer pour s’accaparer de l’île comorienne de Mayotte

En effet, par un malentendu transformé par une mésentente des mahorais envers le président du Conseil de gouvernement de l’époque Saïd Mohamed Cheikh originaire de la Grande Comore que tout commença. Sur proposition du colonisateur, un transfert de la capitale de l’archipel des Comores de Dzaoudzi (Chef-lieu de Mayotte) vers Moroni en Grande-Comore fut acté par un vote à l’assemblée territoriale, le 14 mai 1958. Non seulement Saïd Mohamed Cheikh est dorénavant considéré comme ennemi numéro 1 des mahorais mais les grand-comoriens aussi.

La France qui a toujours su diviser pour mieux régner a saisi cette occasion pour mettre en évidence les quelques différences entre les mahorais et les comoriens des autres îles. Des leaders colonialistes formés à la cause de la séparation surgissent à Mayotte. Il s’agit notamment de Marcel Henry et de Zaïna Mdéré.

Lors des indépendances de l’Afrique aux années 1960, le Président du Conseil de Gouvernement, Saïd Mohamed Cheikhi, estime qu’il est assez tôt pour que ce jeune archipel assure pleinement son destin. Cette position n’était pas l’avis de certains indépendantistes comoriens de l’époque. Ces derniers constituent le Mouvement de Libération des Comores.

Poursuivant leur lutte pour le droit à l’autodétermination, en 1972 les indépendantistes remportent les élections et, dans une Déclaration commune, le Mouvement de libération des Comores et la France acceptent, en 1973, que la population soit consultée sur le statut de l’archipel. Cette même année, l‘Assemblée générale de l’ONU adopte la résolution 3161 qui prend note de la Déclaration commune entre la France et les Comores et « affirme l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores ».

En 1974, une nouvelle résolution de l’assemblée générale de l’ONU « réaffirme le droit inaliénable du peuple de l’archipel des Comores à l’autodétermination et à l’indépendance. » Cette résolution rappelle qu’une consultation doit être organisée et précise qu’elle « sera organisée sur une base « globale de l’archipel ». Les Nations Unies se prononcent donc sans ambiguïté, pour l’indivisibilité des Comores.

Le 22 décembre 1974, un scrutin référendaire est organisé dans l’archipel.

95 % des électeurs se prononcent pour l’indépendance soit 154 184 électeurs contre 8 853. Cependant, 8 783 des 8 853 électeurs qui ont voté non, sont décomptés sur l’île de Mayotte soit 62% de l’électorat de l’île. L’impérialiste français a saisi cette occasion pour considérer les résultats du scrutin île par île et s’est servi - et se sert encore - du fameux principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, cette fois-ci en sa faveur.

Le 6 juillet 1975, les députés des Comores proclament unilatéralement l’indépendance du paysii, mais Mayotte est maintenue sous administration française.

12 novembre 1975, 47ans jour pour jour l’archipel des Comores est admis à l’organisation des Nations unies (ONU) comme État souverain composé des îles de Mayotte, Anjouan, Mohéli, et Grande Comore.

Et le 12 novembre 1975 sous le haut patronage du plus européen des européens, le luxembourgeois, S.E. Gaston Thorn Président de la séance plénière de l’Assemblée Générale des Nations Unies, les Comores sont admises comme membre de l’ONU en vertu de la résolution 3385 du 12 novembre 1975, qui réaffirme « la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel, composé des îles d’Anjouan, de la Grande-Comore, de Mayotte et de Mohéli ». ***********************************************************.

Des résolutions de l’ONU non respectées

Certes cette demande d’admission a été présentée et introduit par les Comores mais elle a été soutenue par le Conseil de sécurité de l’ONU, lequel Conseil de Sécurité dans sa résolution 376 du 17 octobre 1975 a recommandé à l’Assemblée Générale d’admettre l’État comorien composé des quatre îles à l’Organisation des Nations Unies. Cette résolution a été adoptée par 14 voix pour et zéro contre, la France a préféré de ne pas participer au vote. La France Malgré elle, reconnait l’indépendance des Comores, mais au mépris de ces résolutions, maintient Mayotte sous son autorité. Elle projette d’organiser un second référendum à Mayotte ignorant une autre résolution du Conseil de Sécurité.

Mayotte, collectivité territoriale de la république

Le 6 février 1976, la France oppose son veto à une résolution du Conseil de sécurité demandant la rétrocession de Mayotte aux Comores et de renoncer à un second référendum dans l’île de Mayotte. Ignorant la demande du Conseil de sécurité, la France organise ce second référendum qui donne une large majorité au maintien de Mayotte dans la République française, seules 13 voix s’y seraient opposées ?!? Malgré les protestations internationales, la France érige alors Mayotte en collectivité territoriale de la République.

Contre ce fait accompli, l’Assemblée générale de l’ONU, adopte le 21 octobre 1976 par 102 voix contre 1 et 28 abstentions, la résolution : 31/4 qui condamne • les référendums organisés par le gouvernement français dans l’île comorienne de Mayotte, • énergiquement la présence de la France à Mayotte Cette résolution demande au Gouvernement français de se retirer immédiatement de l’île comorienne de Mayotte partie intégrante de la République indépendante des Comores, et de respecter sa souveraineté. »

Le Visa Balladur

Au non-respect, reconnu et affirmé par les Nations unies de l’intégrité du territoire comorien, s’ajoute l’instauration le 18 janvier 1995 du visa Balladur qui empêche les Comoriens de venir librement à Mayotte. En application de cette mesure, niant délibérément que ces « étrangers » sont Comoriens et donc « chez eux » à Mayotte, des dizaines de milliers de Comoriens sont expulsés de Mayotte étant considérés comme des « étrangers irréguliers ». En leur refusant des visas pour circuler dans leur pays, la France, non seulement bafoue les résolutions de l’ONU, mais porte la responsabilité que depuis vingt-cinq ans, le canal du Mozambique qui sépare Anjouan de Mayotte, précédant celui de la Méditerranée, est le « plus grand cimetière marin ». Ce bras de mer de 70km entre Anjouan et Mayotte a vu plus de 15 000 Comoriens périr noyés.

La départementalisation

Les annexions françaises continuent : le 29 mars 2009 est organisé dans l’île, un référendum sur la départementalisation avec comme objectif de permettre à Mayotte, alors une collectivité départementale française de l’océan Indien, son passage à un statut de département de la République française. Bien entendu, cette population habituée à vivre sous perfusion approuve la départementalisation à une large majorité. 95,24 % des votants s’exprimant en faveur du « oui », sur une participation de 61,37 % de la population. Mayotte est devenue ainsi le 101e département français.

La "rupéisation"

Et pour couronner le tout, en 2012, le Conseil européen s’est réuni les jeudi 28 juin et vendredi 29 juin à Bruxelles pour se prononcer sur le statut de Mayotte, candidat à devenir une Région ultra périphérique (RUP). L’appartenance française de Mayotte n’est toujours pas reconnue par l’ONU, et pourtant le Conseil européen a entériné la procédure. La "rupéisation" devient effective aux yeux des européens sans qu’elle rencontre d’opposition catégorique. Et dans tout cela, les autorités de Moroni qui revendiquent l’île de Mayotte de manière vigoureuse, ont toujours l’appui de la Communauté internationale, des Nations Unies, de la ligue arabe ou encore l’Union Africaine et le 12 novembre est décrété journée nationale maoré

Saïd-Hamidou ALLAOUI

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