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4es rencontres internationalistes 2011

réfléchir à la crise qui a profondément secoué les partis communistes

INTERVENTION de Francis ARZALIER du Collectif Communiste POLEX.
Jeudi 24 novembre 2011 — Dernier ajout samedi 10 octobre 2020

En tant que communistes français, nous ne sommes vraiment pas qualifiés pour nous poser en donneurs de leçons.

Les mêmes dérives ont produit partout en Europe le même déclin : le PCF lui aussi a payé très cher ses tendances à l’opportunisme électoral et au carriérisme ministériel. Mais nous devons, ensemble, réfléchir à la crise qui a profondément secoué les partis communistes : l’avenir des peuples du continent dépend de leur capacité à combattre le capitalisme et l’impérialisme, à en finir avec la contre-révolution qui sévit en Europe depuis plus de 20 ans.

  • La France n’est certes pas, en matière de déliquescence de la force communiste organisée, un cas unique. Parmi ceux des PC qui jouaient dans la cour des grands dans un pays capitaliste, la dégringolade italienne est plus spectaculaire encore : une influence énorme en 1960, la mutation en une chose (« a cosa) à peine réformiste en fin de siècle, et l’effondrement des communistes de »Rifondazione« , punis d’avoir cédé au crétinisme ministériel en compagnie d’une gauche convertie au »marché", à l’Europe des capitaux, voire au cléricalisme. Pour la première fois depuis l’exécution de Mussolini, il n’y a plus aucun communiste au parlement à Rome, et l’héritage de la résistance antifasciste est tous les jours démantelé.
  • Certains PC européens tentent la renaissance en se diluant dans un fourre-tout politique où des communistes côtoient écolos antinucléaires, sociaux-démocrates de gauche et pacifistes prédicants. Cela peut marcher électoralement un temps comme en Allemagne, Die Linke s’y nourrit des souvenirs nostalgiques de la défunte RDA.

Mais cela n’a qu’un temps : déjà l’alignement opportuniste de Die Linke sur les sociaux-démocrates à Berlin s’est traduit par une baisse de son influence, notamment dans les milieux ouvriers de l’Est de la capitale.

  • En fait, on fait le même constat de déclin partout où la tactique dite « d’union de la gauche » a abouti à une allégeance au réformisme : en Espagne, « Izquierda Unida », avatar opportuniste du PC espagnol d’autrefois, fait des scores électoraux infimes.
  • Les manifestations dites « d’indignés » en Espagne sont révélatrices à plusieurs titres : certes, elles expriment une prise de conscience des méfaits du capitalisme, mais elles ont été surmédiatisées par les télés dévouées au capital parce qu’elles se disaient réfractaires à tout syndicat, à toute organisation politique. Elles révèlent en tout cas l’incapacité des communistes espagnols de mobiliser des volontés anticapitalistes (1)
  • Les seuls PC européens qui conservent une influence forte sont ceux ancrés dans leur identité communiste, et qui savent aussi animer les luttes sociales et politiques, au-delà des compétitions électorales : c’est le cas avant tout aujourd’hui du PC grec (KKE), acteur essentiel à Athènes face à un gouvernement d’austérité imposé par l’Europe supranationale. C’est le cas aussi du PC portugais, actif dans les luttes malgré quelques difficultés électorales ; c’est le cas aussi du Parti Belge du Travail, au passé maoïste, mais devenu un parti marxiste très présent dans les luttes sociales et contre le séparatisme d’extrême droite en Flandre, même si le système électoral en vigueur lui donne peu d’élus.
  • Dans les pays qui ont restauré le capitalisme après 1989, les ex-PC au pouvoir d’Europe de l’Est se sont convertis pour la plupart au réformisme européen le plus plat, aux vertus conjuguées du marché et de l’OTAN, et certains de leurs cadres ont endossé sans états d’âme les habits de manager du capital. De Sofia à Varsovie, en passant par Budapest ou Tallin, ces « ex » avides de pouvoir disposés à tous les reniements, ont donné des arguments à l’extrême droite, et disqualifié pour des décennies l’idéal communiste. En Pologne, en Bulgarie, en Ukraine, en Yougoslavie, Albanie, Croatie, Slovénie, les organisations réellement communistes sont des petits groupes courageux, sans grande influence. En Hongrie, le PCH renaissant est encore très impuissant face aux « ex-communistes » qui, par leur soutien à l’Europe supranationale et à la régression sociale ont préparé le terrain à le droite xénophobe, aujourd’hui au pouvoir.
  • De ce naufrage surnagent pourtant les PC Tchèque et de Russie, qui parviennent parfois à 20% des électeurs. Mais ils sont souvent tiraillés entre un rôle efficace d’animateurs des luttes populaires et pour la paix, et les nostalgies inefficaces d’un « socialisme réel » qui avait, certes, bien des qualités mises à mal depuis (le plein emploi par exemple) mais ne fait guère rêver les jeunes générations : ses erreurs bureaucratiques ont durablement discrédité l’idée même du communisme dans une partie des peuples d’Europe ; de plus, les communistes sont criminalisés par les gouvernements d’Europe centrale et de l’Est et les médias à leurs services. Dans cette partie de l’Europe, citons le cas particulier du PC de Moldavie qui conserve une forte influence et frôle la majorité électorale, parce qu’il incarne la défense de l’indépendance moldave menacée par le nationalisme roumain.
  • Dans ce contexte, on ne peut prévoir les échéances d’une renaissance nécessaire des PC d’Europe ; on peut simplement l’affirmer possible si nous nous en donnons la peine ensemble. Quelques signes positifs apparaissent timides : de bons résultats électoraux récents en Lettonie ; les tentatives qui se dessinent en Italie de la reconstruction d’un parti communiste.
  • Le chemin du renouveau est encore très long et ardu : raison de plus pour ne pas snober les efforts courageux de tous ceux qui se battent partout en Europe pour la reconstruction d’une force communiste. En ce sens, on ne peut que regretter le choix politique de la direction du PCF de refuser systématiquement de participer aux rencontres internationales des organisations communistes. Ainsi, les 11 et 12 Avril 2011, 37 organisations communistes d’Europe se sont retrouvées à Bruxelles pour condamner l’agression impérialiste contre la Lybie, sans le PCF. Les arguments avancés par les responsables du PCF pour refuser sont inacceptables : « on ne mêle pas sa voie à celle des groupuscules non représentatifs ». Absurde : comment parler de groupuscules quand il s’agit du PC de Biélorussie, du PTB de Belgique, de l’AKEL de Chypre dont le président de la République Chypriote est membre, du PC Tchèque, du KKE Grec, du PC de Russie, du Parti du Travail de Suisse, du PC Ukrainien… « Nous avons des désaccords » m’a-t-on dit. Mais depuis quand les divergences entre communistes empêchent-elles la discussion et l’action commune pour la paix ?
  • En fait, ce refus du PCF relève d’un choix politique dramatiquement erroné, confirmé par sa participation au « Parti de la Gauche Européenne », qui approuve dans ses statuts « l’Europe supranationale », alors que depuis sa naissance, elle n’est que l’instrument du capitalisme contre les peuples. De plus, ce PGE se fixe pour objectif de réunir avec des partis communistes, d’autres qui relèvent de la social-démocratie ou des verts, sur des objectifs politiques communs, qui ne peuvent être que réformistes.

Un choix politique que les communistes soucieux de promouvoir leur idéal ne peuvent accepter. La solidarité militante entre les communistes d’Europe et du monde, pour combattre et vaincre le capitalisme et l’impérialisme, est un impératif absolu.

(1) Les élections législatives espagnoles du 20 novembre 2011 l’ont malheureusement confirmé, quoi qu’on en ait dit. Le Parti socialiste, coupable d’avoir parrainé le chômage et la régression sociale a perdu 4 millions et demi d’électeurs. Izquierda Unida, « Front de gauche » réunissant écologistes et communistes, n’en a récupéré qu’une petite partie (environ 500.000 voix) même si cela a quasiment doublé son pourcentage (passé de 3,6% à plus de 6%).

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Vos réactions

  • danielle bleitrach 29 novembre 2011 00:23

    Je partage bien des points de cette intervention de Francis Arzalier mais il me semble qu’il y a du  »manque  ». . Le tableau que brosse Francis Arzalier, à partir du moment où il ne s’agit pas de donner des leà§ons, a le mérite d’être d’un grand réalisme et ce qui en ressort est :

    D’un côté des partis qui face à l’effondrement de l’Union soviétique ont accepté l’analyse de la bourgeoisie et du capital. Ils ont fait leur cette analyse au point de céder à tous les opportunismes. Leurs directions se sont engouffrées dans la lutte des places au rythme de l’auto-flagellation, l’avantage de l’une aidant à l’amertume de l’autre, amertume d’autant plus légère que ces directions qui avaient fait carrière dans ce qu’ils définissaient comme « le stalinisme  » se sont évité toute autocritique… Plus grave, ils ont accepté le carcan européen. Ce carcan avait un double effet : un, il imposait aux peuples le néo-libéralisme et deux, il se transformait en formidable appareil à consensus, aspirant les directions dans les privilèges, les avantages financiers pour leurs organisations. La machine européenne a donc été et reste plus que jamais mortifère pour les peuples, elle étouffe leurs voix et désormais les étrangle dans leur vie quotidienne. Mais toujours motus. Le parti communiste franà§ais, non content de glisser pour son propre compte sur cette voie, a désormais franchi une nouvelle étape - à l’occasion de cette présidentielle – en renonà§ant de fait à son existence au profit d’un candidat et d’un parti de gauche toujours plus en accord avec cette Europe, approuvant les expéditions de l’OTAN. Si je dis que le PCF est mort c’est que je pense que nous avons laissé l’histoire être submergée au point que son efficacité ne dépend même plus d’un quelconque témoignage mais relève de l’archéologie, ce qui n’est certainement pas le cas du parti communiste grec.On aura rarement vu un ensevelissement d’une organisation être menée avec un tel acharnement tandis que la victime se débattait avec non moins d’acharnement ; est-ce que cela laisse selon l’hypothèse de francis Azarlier un vide insupportable pour la France alors qu’il y a une offensive du Capital ? personne n’en sait rien mais il est évident qu’aucune des solutions actuelles ne répondent à la dite offensive…

    Donc en partant d’une faute initiale, celle d’avoir refusé de faire face à une situation historique, la contrerévolution née de la crise du capitalisme dans un contexte particulièrement opportun pour lui, l’effondrement de l’URSS, le PCF s’est condamné à la mort. Il ne faut pas attribuer à Mélenchon qui n’est que le syndic de faillite l’issue mais bien en voir les racines. Mélenchon est ce qu’il est : un social démocrate, il n’a jamais prétendu être chose et sa référence politique est Franà§ois Mitterrand, c’est dire. On ne peut rien lui attribuer mais il est indispensable de remonter plus avant et s’interroger sur ce qui a fait que le PCF a été incapable de faire face. Pour une part importante il faut avoir le courage de reconnaître que cette incapacité est de même nature que celle qui bloque aujourd’hui les autres partis que décrit Arzalier et qui ont mieux résisté parce qu’ils ont fait face sur des bases de classe.

    De l’autre côté, il y a en effet des partis et mêmes des militants du PCF qui ont refusé cette dérive et ils ont pris pied dans leurs peuples, dénoncé ce vers quoi l’Europe et toutes les auto-flagellations injustes et révisionnistes les entraînaient.

    Je ne reprendrai pas l’analyse de Francis elle est très juste, et elle insiste sur le butoir. Je dirai simplement qu’elle bute selon moi sur le même problème, le refus d’analyser ce sur quoi s’est faite la crise qui a frappé l’Union Soviétique et le mouvement ouvrier.

    Plus ou moins, ce qui est juste, cet effondrement est attribué à l’offensive du capital, par exemple à la manière dont l’URSS a été contrainte à la course aux armements qui à la fin pesait pour 40% sur son PIB. Et il y a là quelque chose de structurel à la fois dans la crise de l’impérialisme mais aussi dans la manière dont cette crise est transférée sur les pays du tiers monde et sur les tentatives socialistes. cela mérite une analyse de fond qui est rarement faite. Par parenthèse, l’absence d’analyse laisse la place à une ânerie le complot mené par Gorbatchev et plus encore Elstine, une ânerie non pas parce que des gens n’ont pas pu se vendre mais parce que pour un marxiste donner un tel poids à un individu sans voir ce qui permet le complot est une dégenerescence de la pensée et même étendre cette malveillance à un groupe dirigeant mérite un minimum d’approfondissement. ce qui est vrai pour l’URSS l’est également pour le PCF et les autres partis. En revanche la militarisation que l’impérialisme impose au socialisme et à la planète hier comme aujourd’hui mérite analyse.

    Mais cela n’est pas le seul point qui explique que la contrerévolution ait pu s’imposer , il y en a un qui n’a jamais été pris en compte au niveau ou il devait l’être c’est la scission entre la Chine et l’URSS. Il ne s’agit pas d’un événement lié au hasard, au mauvais caractère des dirigeants, ni même à des exaspérations nationales mais à des problèmes de fond sur par exemple, les rapports nord-sud en tant que rapports anti-impérialistes. A partir de Kroutchev la compétition mais aussi le rapprochement de fait avec l’occident et le leadership devenu plus dictatorial ? Tout cela reste à analyser non seulement pour revoir le passé mais pour comprendre notre temps avec la montée d’un certain nombre de pays de ce tiers monde. Qu’est qu’une hégémonie au sein d’un mouvement révolutionnaire ?

    Enfin, le plus important revoir et inventer de fond en comble, la démocratie, ne pas négliger les procédures aux quelles sont attachées les peuples, semblables et différentes mais les revoir toutes à la lumière de la question prioritaire du moment : comment développer l’initiative populaire. Sans cette référence à la finalité démocratique nous tombons dans l’opportunisme du PCF, inertie, dévoiement des problèmes, ou dans l’autoritarisme de certains partis qui bloque le rassemblement qu’ils provoquent par leur position de classe.

    Danielle Bleitrach

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