Après avoir battu Le Pen, adhérez au parti communiste pour vous donner de la force face à Macron !
Congrès extraordinaire des communistes

Pour un évènement Vénissian

intervention au comité de section du 24 janvier 2018
Jeudi 1er février 2018 — Dernier ajout dimanche 4 février 2018

Face à la pression médiatique de Macron, de ses évènements et voyages qui construisent l’illusion du « Jupiter » tout puissant, face à l’accumulation des réformes, travail, logement, école, institutions, accord franco-allemand qui semblent être un rouleau compresseur à grande vitesse, beaucoup de militants sont désemparés et notre peuple semble regarder sans exprimer de colère, sans résister vraiment. Et les militants s’interrogent : comment s’y prendre face à Macron ?

Cette situation est le résultat de la recomposition politique organisée autour des dernières présidentielles, et elle a été à la fois provoquée et permise par de longues décennies de déni politique de « la gauche ».

Tirer le bilan de décennies d’union de la gauche

Depuis des années, notre peuple se heurte à deux limites qui freinent et fragilisent ses actions, l’insuffisance du mouvement social, et l’insuffisance du mouvement politique « progressiste », résultant de l’affaiblissement du PCF.

Un mouvement social pour quoi faire ?

Le mouvement social a bien connu de grandes journées de luttes, en 2016 pour la loi El Khomri, mais aussi en 2010 pour les retraites, ou encore en 2006 pour l’énergie, mais en se plaçant toujours dans la perspective de la prochaine élection principale, c’est à dire présidentielle. Dans les directions syndicales et politiques, une grande journée de manifestation qui rassemble plusieurs millions de personnes n’a pas pour but de faire reculer un gouvernement, mais de le fragiliser dans l’espace médiatique pour préparer la prochaine alternance… Et notre peuple n’est pas stupide, il voit bien que quelque chose ne va pas et que depuis 1995 en gros, les luttes sociales buttent sur un mur. Il se retrouve coincé entre le point de vue réformiste qui veut lui faire accepter cette impasse et un point de vue gauchiste qui l’appelle à monter sur la barricade en faisant abstraction du rapport de forces réel, entre ceux qui lui propose une grande manifestation un dimanche à Paris et ceux qui l’exhorte à la grève générale tout de suite.

Pourtant, il y a bien de nombreuses luttes locales, et l’exemple actuel de la grève des prisons est éclairante. Un mouvement social peut être déterminé et massif sur des revendications concrètes. Il est possible de forcer ce gouvernement à négocier réellement, il est possible de défaire ces coups médiatiques, quand on est suffisamment nombreux pou bloquer le système, créer le rapport de forces, non pas dans l’espace médiatique, mais dans le réel du travail… Mais, pour que des luttes locales convergent et construisent le « tous ensemble », il faut accepter le temps que prend le réapprentissage difficile de la réalité des rapports de force, de la nécessité de l’action d’abord au niveau des entreprises, de formes de luttes qui font progresser à la fois l’unité et la conscience des travailleurs, unité et conscience qui sont le vrai résultat d’une lutte, victorieuse ou non sur ses revendications.

un mouvement politique pour quoi faire ?

La deuxième limite est politique. Depuis des décennies, les forces politiques « de gauche » disent au peuple qu’elles vont changer la vie à la prochaine élection si elles gagnent. C’est ce que la grande époque du programme commun de la gauche a construit, une irrésistible illusion électorale qui a conduit notre peuple à se dire qu’il valait mieux faire gagner un socialiste que de s’organiser pour renforcer un parti communiste. Bien sûr, le contexte historique a beaucoup joué pour transformer l’objectif d’union du PCF en impasse de la gauche, mais il faut bien reconnaitre, après les collectifs anti-libéraux, le Front de Gauche et l’an dernier les insoumis, l’impasse historique que constitue l’électoralisme. Non, ce n’est pas l’élection qui permet de « changer la vie » même si elle peut être un moment de l’affrontement.

La réussite de Macron est d’abord d’avoir compris que cette longue histoire sociale et politique de la gauche était arrivée à son terme, et que l’alternative gauche-droite sur laquelle se construisait les rapports de forces depuis des décennies n’avait plus d’utilité ni de sens. Tout ceux qui tentent de lui répondre en proposant de reformer d’une manière ou d’une autre cette gauche qui a échoué sont inaudibles. Notre peuple a bien compris que gauche et droite sont deux faces d’un même système, le capitalisme, et qu’aucune alternance ne conduit à un changement concret pour eux. Macron apparait comme celui qui enfin en tient compte et rejette tous ces débats politiques pour mettre au plus haut la seule vérité qui compte, le marché, les entreprises, l’économie…

C’est une véritable dépolitisation qui est en cours et les difficultés de la droite, du FN comme du parti socialiste et des verts, mais aussi des insoumis et du PCF sont d’abord celles de la reconstruction d’un discours politique qui dise la vérité de cette impasse de l’alternance gauche-droite. Il ne peut plus s’agir de proposer une alternative à Macron, au sens ou il y avait la gauche alternant avec la droite, et pourtant il ne peut non plus s’agir de faire « avec » lui ! Macron le sait bien qui a besoin de faire vivre deux extrêmes, un à gauche, un à droite, pour se placer médiatiquement au dessus des idéologies, dans le concret. Il a été élu contre Marine Le Pen, et les médias lui construise le prochain grand méchant, Wauqiez. Cela peut nous paraitre incroyable qu’il puisse apparaitre comme le pole de résistance à une droite dure, tellement sa politique est une politique de droite dure, mais c’est bien la logique de la situation politique.

Mais si on n’en reste pas au buzz médiatique, nous savons que quelque soit l’ampleur des moyens mobilisés pour construire ce « Jupiter », c’est le réel qui détermine à la fin la situation politique. Nous savons que le capitalisme produira de nouvelles crises, qui peuvent être plus dures et violentes que 2008, nous savons que les effets de manche ne changeront pas la réalité du sous-investissement industriel en France, que même avec une reprise économique d’une certaine durée, la précarisation du travail continuera de s’aggraver et avec elle les conditions de vie de millions de travailleurs. Et n’oublions pas que Lionel Jospin avait bénéficié d’une forte reprise économique avec d’ailleurs une réelle baisse du chômage statistique avant de se prendre le coup de 2002… Et plus Macron construit avec les médias, plus il en est dépendant, et plus il est fragile, car aucun média même tout puissant ne résiste à un vrai mouvement dans la société…

Face au macronisme, il faut reconstruire le lien politique

Le seul fait de faire vivre le débat politique, le débat contradictoire est une victoire potentielle face à Macron, à condition de porter des objectifs concrets, lisibles, actuels, qui doivent être à la portée de tous, compréhensibles par tous… Car Macron ne peut pas supporter autre chose que deux « extrêmes » qui apparaissent comme idéologiques, et qu’il traitera de populiste. La force historique du parti communiste était bien sûr liée à l’impact de la révolution d’octobre, mais aussi à de longues batailles difficiles autour de mots d’ordre simples : la paix, le pain, le travail, le salaire… Comment mener des batailles politiques qui soient perçues par les travailleurs comme concrètes et en lien avec leur vie réelle ? Il y a sans doute un aspect déterminant, ne pas être dans l’agenda et le buzz médiatique, mais faire percevoir en ce que les travailleurs savent intimement, ce n’est pas leur vie concrète qui est le sujet des médias… Quand un travailleur lisant un tract se dit « ça, ça concerne ma vie », il regarde différemment le prochain gratuit ou journal télévisé qui ne lui en parlera pas !

Prenons l’exemple de la réforme institutionnelle que Macron va engager sur la réduction du nombre de parlementaires, mesure dont beaucoup de gens peuvent se dire « tant mieux, qu’ils dégagent… ». On peut expliquer pourquoi il faut au contraire plus de moyens aux élus, mais ne faut-il pas prendre le problème à partir de la question concrète de ce qu’est une loi. Dans le système parlementaire actuel, une loi est tout simplement illisible pour le commun des mortels, et même pour un parlementaire qui n’a pas spécifiquement travaillé sur ce texte. Comment une loi illisible peut-elle être connue de tous ? Exigeons un débat législatif qui soit d’abord un débat public avec des moyens décuplés, associant les collectivités locales, les forces sociales, sur des textes lisibles, courts, centrés sur leur impact concret…

Dans la métropole de Lyon, le consensus entre gauche et droite est profond. Les élus socialistes métropolitains sont incapables de clarifier leur position, toujours dans un groupe dit socialiste, mais dirigé uniquement par les macronistes, avec cette situation ubuesque que les interventions politiques fortes, sur le budget notamment, du groupe socialiste sont faites par une députée macroniste !

Mais cette recomposition politique est justement une leçon qui peut aider les militants à sortir de l’impasse sociale et politique dans laquelle la gauche s’est enfermée, et l’exemple de la métropole de Lyon est instructif, puisque la victoire par deux fois de la maire communiste de Vénissieux contre le PS, la droite et le FN ont conduit à cette situation originale que le groupe communiste, pourtant numériquement trop faible, joue un rôle essentiel pour le débat politique métropolitain, bien sûr pas dans les médias, mais au service de tout ceux qui agissent dans la santé, les transports, le logement, les collèges…

C’est bien pour cela que l’existence du parti communiste est un enjeu historique qui dépasse de très loin les communistes eux-mêmes.

La reconstruction du mouvement communiste

C’est dans ce contexte que se tiendra le prochain congrès extraordinaire du parti communiste, et plus il pourra apparaitre comme porteur d’un discours dégagé des buzzs médiatiques, du système macroniste, porteur de questions concrètes de la vie des travailleurs en ouvrant la perspective d’une autre société, plus il sera un évènement. S’il s’inscrit dans la continuité des orientations du PCF depuis 20 ans, s’il apparait comme celui qui veut encore « sauver la gauche », il sera inaudible.

Mais le moment historique est peut-être justement celui de la renaissance communiste !

D’abord au niveau mondial. La réussite des cérémonies du 100e anniversaire organisée par le parti communiste russe est un pas vers la reconstruction d’un réseau militant international large. Il y a des débats vifs entre partis communistes, sur l’histoire des socialismes, sur la nature du socialisme de marché à la chinoise, sur le stalinisme, sur l’internationalisme et les voies nationales… Mais les contacts sont nombreux, les conférences internationales se succèdent… Et des partis communistes qui avaient été au cœur de l’eurocommunisme et qui en sont sortis décimés ou affaiblis, sont en plein débat. Le parti communiste espagnol vient de renouveler une direction rajeunie et de réaffirmer son ancrage « marxiste-léniniste ». Plusieurs groupes viennent de reconstituer le parti communiste italien. Le parti communiste portugais pèse sur un gouvernement de gauche qui se démarque des politiques européennes…

Ensuite au plan national. Depuis 20 ans, certains pensent qu’il faut « métamorphoser » voire dissoudre le PCF pour refaire une « force », un « mouvement » radical mais dans lequel le communisme serait dissous… En 2007, l’assemblée des secrétaires de section a dit non, et depuis Pierre Laurent cherche à faire vivre un parti communiste mais sans le réinscrire dans son histoire révolutionnaire. Après le choc de 2017, dans les médias, il a testé de nouveau le changement de nom avant de réaffirmer qu’il fallait continuer le parti communiste. Il a même affirmé qu’il devait être le continuateur de 1917, tout en affirmant qu’il n’avait rien à voir avec la suite, mais il se retrouve dans une contradiction, être ou ne pas être le parti communiste ? le débat est ouvert. Nous pouvons raisonnablement nous fixer l’objectif à ce congrès de faire un pas vers la référence au marxisme-léninisme, en réaffirmant l’ancrage de 1920, ce qui serait une défaite finale pour tous ceux qui veulent la fin du PCF.

Enfin, au plan local, car si le congrès du PCF n’est pas un évènement à Vénissieux, il ne peut être un évènement en France. Nous avons tenu bon à Vénissieux et les deux victoires électorales de 2014 et 2015 en sont l’illustration. Mais nous savons aussi que nous n’avons pas engagé la reconstruction du parti. Nous vivons encore beaucoup sur notre histoire. Nous organisons tous les deux ans des rencontres internationalistes évènements qui sont remarquées, et de nombreux évènements de solidarité avec Jénine, avec Cuba, le Congo… Nous avons organisé en 2016 une rencontre communiste importante avec beaucoup de militants d’entreprise, après une première rencontre en 2012, nous continuons des batailles locales difficiles, contre les expulsions, contre les restructurations industrielles.

Mais nous avons besoin de repartir à l’offensive avec les Vénissians. Si des milliers de travailleurs et d’habitants de Vénissieux nous font confiance, trop peu s’engagent pour faire vivre le PCF !

Nous devrons pour cet automne prendre des initiatives visibles pour un congrès évènement, en direction des entreprises et en direction de la jeunesse.

  • Nous pouvons recréer un réseau de militants en entreprises et mieux nous battre sur la question clé de l’emploi, en faisant le lien entre la bataille contre les suppressions d’emploi, la bataille pour des droits dans toutes les entreprises, dont les nouvelles, et la bataille pour les nationalisations et l’investissement.
  • Nous avons des jeunes communistes à Vénissieux et d’autres aux alentours qui viennent nous aider. Nous pouvons reconstruire une jeunesse communiste Vénissiane qui sera le fer de lance des batailles pour reconstruire une perspective historique.
  • Enfin, nous pouvons transformer notre local en un lieu de vie politique et militante, ouvert largement, avec des rencontres périodiques, et même des soirées festives pour unir et rassembler les Vénissians. Ce doit être un lieu de formation, de débat pour construire les nouvelle générations de responsables dont nous aurons besoin.

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