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Hommage à Blandine Chagnard

Dimanche 7 juillet 2013 — Dernier ajout jeudi 11 juillet 2013

Hommage fraternel et affectueux des communistes de Vénissieux à Blandine Chagnard, prononcé lors de ses obsèques le 5 juillet.

Blandine, comment dire ces presque 40 années d’engagement communiste quotidien, à quel point tu as compté pour nous ?

Et bien sur l’essentiel :Ernest et Edith, Daniel, Louis Marc et Solange, vous teniez une très grande place dans sa vie. Elle nous parlait si souvent de vous. Nous partageons votre peine.

Blandine, tu avais adhéré au PCF en 1974 à la section Nord de Vénissieux avec Jean Cluzel,

Je me rappelle de notre première rencontre à une conférence fédérale en 1979. J’étais la dernière arrivée, tu m’avais pris sous ton aile et entrepris de m’expliquer le PCF. La conversation a pris un tour plus personnel. Tu m’avais confié que tu venais de la JOC, mais que tu voulais aller plus loin que la solidarité et les valeurs humaines. Tu voulais transformer le monde, en finir avec le capitalisme, permettre à la classe ouvrière d’exercer le pouvoir et c’est pour cela que tu avais adhéré au PCF. Tu ne voulais en aucun cas aliéner ta liberté et il t’était insupportable que des choses puissent t’être interdites parce que tu étais une femme. Tu aimais cette phrase d’Eugénie Cotton : « Un peu plus de poussière sur les tables, um peu moins dans les têtes » Tu attendais tout juste un bébé qui allait être Edith. Je ne risquai pas de t’oublier.

En 1982, les sections de Vénissieux se sont regroupés et tu as intégré le secrétariat de section. C’était une belle équipe : Christian Serve, Mado Gerin, André Mazuir, Marc Vallier et Gilbert Urier. Tu étais très fière de la responsabilité qu’on t’avait confiée, celle des entreprises, que tu considérais à juste titre comme essentielle pour le parti. La distribution de tracts au petit matin, les réunions de cellules autour du casse-croute de midi, les visites aux femmes de ménage des wagons Sncf, la bataille pour sauver la Snav, les rencontres avec les camarades de RVI, ..tu ne ménageais pas ta peine et tu aimais ça.

Tu as continué en même temps à faire vivre le parti sur le Moulin à Vent, toujours présente au point rencontre de la Bascule avec Georgette Chevailler puis Jean Zunino, engagée dans la bataille pour le relogement digne des habitants hébergés au couvent, cette cité de transit où tout le monde te connaissait. Et tu participais autant que possible à la vie de Vénissieux, ta ville dont tu étais fière, indissociablement liée pour toi à l’histoire du PCF. Une ville que tu connaissais par cœur, tu as frappé à tant de portes et rentré dans tellement de foyers. Edith était une toute petite fille , tu travaillais, c’est vrai que tu étais super organisée. Mais surtout, tu as toujours considéré que la première responsabilité d’un militant communiste, c’était de se dégager à tout prix du temps personnel pour l’action et la réflexion politique et c’est largement en fonction de cette exigence que tu organisais tes journées, consciente que c’était une condition essentielle de l’existence du PCF.

Jusqu’à aujourd’hui, tu es restée à la direction de section, accompagnant après Christian deux secrétaires de section, moi-même puis Serge Truscello et trois maires Marcel Houël , André Gerin et Michèle Picard avec un engagement toujours intact. Depuis plusieurs années, tu étais membre du Comité départemental et tu avais pris la trésorerie de la section après le décès de Gérard Viornery. Ta rigueur, ton sens de l’organisation, ta connaissance de la comptabilité, ton ingéniosité faisait merveille et nous a permis d’organiser avec succès de nombreuses initiatives, comme ce voyage à Lisbonne avec la jeunesse communiste contre le sommet de l’OTAN.

Ton engagement n’a jamais été naïf. Tu n’aimais pas pas les ordres. Mais la conviction, les idées, les projets construits ensemble où chacun apporte sa part, alors là tu fonçais. D’une grande franchise, tu disais ce que tu pensais sans ambage, quelque soit la position de celui à qui tu t’adressais, persuadée que chacun compte pour un et c’était salutaire.

A l’aube de l’an 2000, après la chute du mur de Berlin,tu t’es interrogé sur l’avenir du PCF. Je me rappelle ta phrase : « Je ne ferai plus confiance à priori,il faut que nous apprenions à penser par nous mêmes » et ton exigence a encore grandi quand tu t’es senti en désaccord avec la stratégie suivie par ton parti.

Les voyages étaient aussi une manière pour toi de comprendre le monde et tu t’es investie pour que la section organise des actions de formation, des grands débats nous permettant de renouer avec le marxisme, de confronter les opinions et de reconstruire un point de vue communiste.

Tu détestais les moments où les désaccords se transforment en affrontement. Mais l’essentiel était ailleurs pour toi et je ne t’ai jamais entendu remettre en cause ton engagement au sein du PCF. Il venait de loin, de ta jeunesse vénissianne au milieu de ces femmes et hommes travaillant dans les usines de la ville, ton père puis ton frère à RVI, Alain Peillard le père d’Edith, militant communiste et CGT de Rhône Poulenc. Pour la lutte des classes, tu n’as jamais eu besoin de leçon et tu avais fait tienne cette phrase de Che Guevara : « Soyez surtout capables de ressentir, au plus profond de vous-mêmes, toute injustice commise contre quiconque en quelque partie du monde. C’est la plus belle vertu d’un révolutionnaire. »

L’important pour toi, c’était ces familles populaires te remerciant de leur avoir permis un vrai réveillon, la dignité retrouvée de ceux dont on avait empêché l’expulsion, le sourire de Radir après son opération, la richesse des rencontres internationalistes, la fraternité toujours renouvelée autour de la grande table de la section quand nous avions bien travaillé.

Ce départ si loin de nous tous est cruel. Mais moi j’espère très fort qu’avant que tout s’arrête, tu as eu le temps d’embrasser ce ciel de méditerranée que tu aimais tant, que tu as saisi une main inconnue mais fraternelle pour avoir moins peur, que tu t’es sentie bien vivante encore une fois parmi les humains et je suis sure que toute cette force que tu avais en toi tu voulais qu’elle continue d’accompagner ta famille, tes amis tes camarades sur le chemin de leur vie et de leur combat.

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