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9es rencontres internationalistes de Vénissieux

L’écologie réelle - Capitalisme ou socialisme ?

Intervention de Guillaume Suing
Mercredi 25 décembre 2019 — Dernier ajout samedi 18 avril 2020

Concernant la question de l’écologie, un travail important reste à accomplir dans le mouvement communiste. Cette question semble apparemment assez neuve, mais elle est aussi très ancienne pour ceux qui prennent la peine de rechercher quel est l’héritage du mouvement communiste sur la question, et cette recherche nous fait découvrir des choses qui sont très déstabilisantes.

Intervention de Guillaume Suing

Je repère deux attitudes vis-à -vis du mouvement écologiste. Tout d’abord, le positionnement de certains communistes qui sont un peu dans le déni, c’est-à -dire que pour eux, l’écologie ne représenterait qu’un mouvement politique, celui des « Verts » qui est une nouvelle forme de réformisme, et contre lesquels il faudrait mettre en avant le fait que l’agrochimie est une bonne chose, que le climat n’est pas impacté, etc… Cette position particulière est celle du déni, du repli identitaire, refusant d’observer ce qui se passe dans les pays du sud par rapport à cette question. Et puis il y a une autre attitude, qui me semble être tout aussi erronée, qui est celle qu’on appelle écosocialiste. Je ne sais pas si vous en avez déjà entendu parler, car l’écosocialisme est souvent une affaire de philosophe ou de théoricien des idées politiques, qui recherchent chez Marx lui-même, dans la lettre, comment Marx aurait quand même vu la question écologique, aurait parlé de la nature, car finalement, ce serait après, que le mouvement communiste aurait manqué la question. Selon ce que je comprends dans l’écosocialisme, il faudrait repérer là où Marx n’aurait pas tout dit sur sa théorie, y compris sur la question de l’environnement, ou, au mieux, Marx aurait dit des choses, mais qui auraient été oubliées dans l’héritage du socialisme réel, dans le camp socialiste.

Dans les deux cas, je pense qu’il y a une ignorance qui s’explique par le fait qu’on a souvent traité la question de l’agronomie, par exemple, sur la défensive. Dans l’après-guerre, il y a eu une grande période d’agriculture intensive qui s’est généralisée à l’ensemble de l’occident, et y compris même en URSS à partir d’une certaine époque, et cette agriculture intensive a été triomphale, écrasant toute autre forme de pensée agronomique, jusqu’à devenir une forme d’héritage théorique et culturel dans le mouvement communiste. En vérité, si on examine attentivement comment, depuis 1917, a été traité l’environnement en URSS, on se rend compte que la question n’était pas du tout abordée de la même façon dans la première époque de l’Union soviétique que dans la seconde période d’après-guerre. Le clivage entre les deux époques est lui-même mal connu. Par exemple, un universitaire comme Paul Ariès par exemple, qui est un décroissant, lyonnais de surcroit, a concédé dans un livre relativement récent, qu’effectivement, la question écologique était présente dans les idées révolutionnaires de 1917, et que c’est dans le passage entre la période léniniste et ce qui a suivi, qu’il y a eu un abandon total de ces questions ; ce en quoi il se trompe lourdement, et ce, pour des raisons d’ignorance scientifique. Il faut considérer qu’en Union soviétique, pendant une certaine période, il y a eu effectivement une politique de protection de l’environnement très importante, avec notamment le décret de Lénine en 1921 de « protection des jardins et des parcs », décret qui a permis de développer de véritables réserves naturelles intégrales, de haut niveau, les zapovednik [1], réserves favorisées par l’immense territoire que couvre la Russie et son extrême diversité, et qui existent encore de nos jours.

Il y a cette dimension, mais pas seulement, car il y a aussi la dimension de l’agriculture qu’il faut découper en deux périodes, d’après ce que j’ai pu étudier d’un point de vue scientifique. La première est celle de l’agrobiologie qui était dominante en Union soviétique, l’autre période est celle où l’agrochimie a pris le dessus à partir des années 50-60. Lorsque l’on parlait d’agrobiologie, n’importe quel écologiste, aujourd’hui, tomberait de sa chaise en se rendant compte qu’à l’époque, cela signifiait être contre les produits chimiques ; et ceci jusque dans les années 1952-53-54. Les soviétiques étaient contre les produits chimiques et pour une agriculture extensive. Il faut dire que leur problématique numéro un était de fertiliser des territoires de plus en plus grands, ce qui va à l’inverse de l’agriculture intensive qui consiste, comme en Europe où les territoires sont limités, à doper à mort les terres agricoles déjà existantes. En URSS, la question était de comment fertiliser les sols qui ne le sont pas encore ; et c’est la raison pour laquelle la pédologie, la science des sols, compte des russes parmi ses pionniers, et ce même avant 1917, des scientifiques qui se sont illustrés par des grandes avancées dans ce domaine. Mais il ne s’agit pas de science des sols du point de vue agrochimique, ni pour comprendre comment faire pousser des plantes le plus vite possible, cette démarche scientifique devait servir à savoir comment protéger le sol de façon durable, y compris en respectant les différentes sortes de vies qui y prospèrent, comment on arrive à avoir des cultures qui soient particulières à chaque région et chaque type de sol. C’est une science en tant que telle et qui a été mise en avant en URSS depuis les années trente. S’il y a eu des querelles entre agrochimistes et agrobiologistes, ce qui est le plus étrange dans cette histoire, il faudrait peut-être même insister là -dessus, c’est que, dans les années trente-quarante, alors qu’en occident, on était au point de départ de l’agrobusiness et de l’agrochimie, le boom s’étant fait après la guerre tout simplement parce qu’il y a une liaison étroite entre l’industrie militaire qui produit des explosifs et l’industrie chimique qui produit les engrais, l’Union soviétique avait choisi en 1948 de faire un grand plan de transformation de la nature à une échelle qui dépasse en superficie, la France le Benelux et l’Allemagne, sur un territoire immense, dans lequel on a essayé de fertiliser les sols par l’agrobiologie, mais que l’on appellerait aujourd’hui l’agroécologie, qui préconise l’utilisation de bandes forestières. Il faut savoir qu’aujourd’hui, le top de l’agroécologie pour les Verts, c’est l’agroforesterie, c’est-à -dire le fait d’équilibrer l’agriculture par la culture des forêts dans lesquelles il y a beaucoup de formes de vie qui seraient auxiliaires de culture par rapport à la paysannerie. Et donc l’objectif pour les soviétiques était de faire des bandes forestières sur des territoires gigantesques en misant dessus pour fertiliser les sols plutôt que sur les produits chimiques : en 1948, dans une Union soviétique en ruine, on mise sur l’agrobiologie et pas du tout sur l’agrochimie. Il faut lire les traités scientifiques occidentaux des années 60-70, écrits par exemple par des gens comme Jacques Monod (biologiste français lauréat du Prix Nobel en 1965), qui se moquaient du retard "médiéval" de l’Union soviétique refusant de se soumettre au triomphe des pesticides et des engrais chimiques.

Et puis, il y a eu un basculement ; Khrouchtchev a été le point de départ d’une période au cours de laquelle les soviétiques se sont alignés sur le modèle américain, de manière très politique, en se disant "on va faire mieux", cela s’est passé essentiellement dans les années soixante. C’est pourtant dans ces années-là que l’on a commencé à parler de tous les désastres écologiques que l’on connait aujourd’hui… comme étant, soi-disant, l’héritage polluant de l’Union soviétique ! On pense à la mer d’Aral, on pense aux sols pollués au DDT de la Moldavie, etc… En fait, tout cela vient d’une deuxième période agricole de l’Union soviétique qui a voulu s’inspirer du "modèle" occidental, et cette période vient après la première qui s’est poursuivie jusqu’après guerre. J’arrêterai mon développement ici, mais pour en savoir plus, vous pouvez vous rapporter à mon ouvrage [2].

A l’échelle politique, il est important de rappeler plusieurs choses qui recoupent à la fois la question du socialisme réel et cette question de l’écologie. Tel qu’on l’aborde aujourd’hui, l’écologie serait une question qui relèverait de la volonté, c’est-à -dire qu’il faudrait être plein de bonnes intentions, et chacun, de façon citoyenne, devrait changer son mode de vie. Et c’est au travers de cette approche que l’on finit par culpabiliser « tous ceux qui roulent en diesel », en réalité, le peuple. Historiquement, il faut se poser des questions sur l’existant. Aujourd’hui, Cuba est un pays qui a reçu en 2006 de la FAO, donc de l’ONU, le prix du premier pays à développement durable. C’est un concept qui semble très « bobo », le développement durable, mais que veut-il dire très concrètement ? Et bien cela veut dire tendre vers la plus faible empreinte écologique et le plus haut indice de développement humain ; en gros, cela signifie qu’il y a le pouvoir d’achat nécessaire pour acheter du bio, et donc ce n’est pas ici, en Europe. Il y a d’autres prix qui ont été décernés à Cuba, comme celui du WWF [3], etc… Comment se fait-il que les Verts n’en parlent jamais ? Pourquoi ne disent-ils pas que, par ailleurs en Chine, sur un autre domaine qui est celui de l’énergie, de la transition énergétique comme on dit, la Chine ayant beau être l’usine du monde du fait des délocalisations des pays industrialisés en dégénérescence, est aussi le leader de toutes les productions d’énergies alternatives, de très loin, car ce n’est pas globalement par rapport à sa population, mais par habitant. Il y a quelque chose d’objectif et que l’on refuse de dire, à tel point que lorsque l’on remarque que tel pays a avancé dans le palmarès de production d’énergie éolienne ou solaire, il s’agit d’un palmarès hors Chine, car la Chine est toujours première et on l’exclut de fait. C’est un pays dont l’héritage vient de ce qui était appelé le camp socialiste, il y a une certaine époque. Également, le Vietnam vient d’interdire le glyphosate sur son territoire, et il est sous le coup d’une démarche de sanction de la part de l’OMC sous demande des États-Unis ; le Vietnam ne s’est pas converti à l’agroécologie, mais il y a des signes. L’état du Kerala, en Inde, dirigé par une coalition menée par le parti communiste indien, s’est aussi illustré par des mesures d’agroécologie, et ce n’est pas un hasard, il y a des raisons politiques à cela. Personnellement, en tant que matérialiste, je fais bien plus confiance à des pays qui ne s’affirment pas écologistes, mais qui le font, contrairement aux pays qui ne font que parler de ça et qui viennent, par exemple, de voter le CETA aujourd’hui.

Comment se fait-il que des pays qui ne se sont jamais affirmés comme écologistes, œuvrent bien plus vite et bien plus fortement sur ces questions que les pays dont on parle aujourd’hui ? D’abord il y a une nécessité, et puis il y a une faisabilité. Point de vue nécessité, on peut prendre l’exemple de Cuba, mais ce n’est pas le seul ; Cuba est encerclé par les pays capitalistes et subit leur blocus, un peu comme l’URSS à une certaine époque, et dans ce cas, c’est bien la question de la souveraineté nationale qui préside au développement de l’agroécologie. Rappelons-nous que l’agriculture cubaine était une agriculture intensive au départ, puisque la révolution cubaine date de 1959 et qu’à cette date, l’Union soviétique était déjà convertie à l’agrobusiness ; les cubains se sont alors alignés dans le cadre d’une sorte de partage du travail, y compris agricole, dans le camp socialiste. Mais à partir du moment où le partenaire soviétique disparait, il faut trouver les voies et moyens d’assurer une souveraineté nationale contre l’impérialisme étasunien ; or la première base pour assurer la souveraineté nationale est de nourrir le peuple. Cuba considère que le sol cubain est une richesse nationale, de premier plan : peut-on faire n’importe quoi avec ? On sait très bien que les pesticides et les engrais chimiques boostent l’agriculture les premières années, mais à long terme, détruisent le sol. Donc Cuba est confronté à la question de la nécessité vitale d’avoir un système durable par une agriculture durable. Et c’est cette nécessité qui a fait d’eux les leaders actuels de l’agroécologie, alors que ce n’est pas pour autant le paradis de l’agriculture. Il y a de nombreux problèmes, mais qui s’illustrent par des avancées très importantes que beaucoup de gens, d’écologistes de par chez nous, devraient leur envier. La faisabilité est finalement assez simple, mais c’est la première chose qu’il faut avancer face à un écologiste qui refuse de parler du lien entre la question écologique et le système socialiste. Dans le système socialiste, c’est l’Etat et donc le peuple qui détient l’ensemble du territoire, qui possède la terre. A Cuba, il y a la liberté de rediviser les parcelles comme ils le veulent, selon une planification à long terme, avec une distribution à des collectifs de travail, un peu comme si on avait affaire à des « kolkhozes » ; rappelons-nous qu’en URSS, il y avait énormément de kolkhozes et qu’ils étaient majoritaires jusqu’à la fin ; ce ne sont pas des structures totalement privées, ce sont des collectifs de travail, des coopératives. Ces coopératives fonctionnent parce qu’il n’y a pas de loyer, il y a un usufruit gratuit, l’Etat prélevant seulement une partie de la production (10 à 20%) pour la vendre aux habitants dans les quartiers urbains. Les productions sont « bio » car l’usage des engrais chimiques et des pesticides est drastiquement réduit, voire interdit, ce qui n’est pas possible d’un point de vue législatif dans les pays capitalistes où les lobbies industriels dominent.

Cuba est un pays qui n’a pas de lobbies liés à l’agrobusiness pouvant imposer leur loi, où la terre est possédée par l’Etat, mais au-delà de la superstructure, il y a encore plus important. Pour développer une agroécologie, les idées dominantes font penser que ce serait un retour au moyen-âge, que lorsqu’on arrête de déverser des engrais chimiques et des pesticides, on revient à l’état de nature, alors qu’en réalité, et je vous le dis en tant que biologiste, l’agroécologie, c’est plus de sciences. En effet, la compréhension du fonctionnement du sol de manière durable et de la façon dont il peut produire suffisamment de nourriture, relève d’un autre investissement que de seulement déverser des sacs de pesticides et d’engrais chimiques, c’est beaucoup plus compliqué. En réalité, il faut donc plus de sciences, et s’il faut plus de sciences, les paysans doivent pouvoir assimiler cette culture pour devenir les agronomes de leur propre terre. Il leur faut donc un niveau scolaire suffisant, et c’est le cas à Cuba, car il y a un système éducatif qui permet à la population d’avoir de telles capacités culturelles. Et ce n’est pas simple, car les paysans qui ont toujours vécu dans un système d’agriculture intensive, peuvent avoir peur de ce qui va se passer lorsqu’ils arrêteront et qu’ils commenceront un autre système agricole. Également, ces nouvelles pratiques nécessitent un système universitaire conséquent. C’est le cas puisqu’on forme à Cuba des agronomes, qui irriguent la totalité du territoire et qui fonctionnent en réseau avec les paysans pour leur donner le savoir nécessaire et pour donner à l’agriculture cubaine les avancées qu’elle connait aujourd’hui. Et cela ne concerne pas que la seule culture de la canne à sucre, historiquement la monoculture de l’île, mais aujourd’hui, une grande diversité de cultures alimentaires qui couvrent environ 75% des besoins en fruits et légumes de la population, ce qui est énorme dans le contexte de l’Amérique latine et du blocus. Les cubains sont connus pour leur savoir-faire en matière médicale, leurs médecins savent voyager pour faire jouer la solidarité internationaliste, et bien c’est aussi le cas, même si c’est moins connu, pour leurs agronomes et leur savoir-faire en matière d’agroécologie avec les pays d’Amérique latine.

En URSS, durant la 2e guerre mondiale, l’état de l’économie était tellement catastrophique que le même genre d’expérience a existé, celui de subdiviser les parcelles sur lesquelles on comptait des collectifs de travail plus petits afin de diversifier la production. Il y a donc comme une sorte d’héritage entre d’une part le passé soviétique, mais pré-Khrouchtchévien, et ce qui se passe aujourd’hui à Cuba, une sorte de redécouverte, consciente ou non, par la nécessité de trouver des voies et moyens de protéger un environnement qui en réalité fait partie des richesses nationales de ces pays soucieux de leur souveraineté nationale contre l’impérialisme. Aujourd’hui, j’ai vu sur Internet qu’il existe des écologistes en Russie, qui luttent contre la construction d’une autoroute détruisant les restes des bandes forestières qui avaient été plantées dans les années 40-50 avec le grand plan de transformation de la nature ; ces écologistes russes, peut-être même sans savoir de quoi il s’agit, se sont rendus compte que les paysans qui vivent à proximité de ces bandes forestières, avaient une agriculture plus résiliente que partout ailleurs dans les années mauvaises, et que c’était un atout pour l’agriculture écologique sur place. En fait, le pied de nez, c’est que ces écologistes se battent pour protéger des prédations immobilières actuelles, un vieux vestige, un acquis de l’écologie réelle datant de l’URSS.

Si la politique agro-écologique fonctionne à Cuba, c’est aussi parce que, à la base, la paysannerie est organisée en syndicat, l’ANAP (Asociacion nacional de agricultores pequenos), syndicat des petits paysans cubains, qui appartient à une structure internationale, Via Campesina (La Voie Paysanne), qui a réussi un prodige à Cuba par le biais de la campagne « campesino a campesino » qui signifie la transmission du savoir agricole de paysan à paysan et qui a entrainé 130.000 familles. C’est une mutualisation du savoir permettant de rendre sereins les paysans et de les rassurer sur ce qu’ils peuvent faire, ce qu’il faut éviter ; cela s’est traduit par l’existence de véritables écoles d’agronomie implantées dans les moindres recoins du territoire cubain. Ce mouvement a commencé au Nicaragua à une toute petite échelle, et l’ANAP, syndicat très organisé, très représentatif, lui a donné une dimension nationale à Cuba par un effort politique important, et a accompli quelque chose de fondamental qui n’est peut-être pas reproductif ailleurs ; en effet, dans un contexte où la paysannerie n’est pas organisée, il est vraisemblable qu’elle le rejetterait, car imposer par l’état a des limites, le fait que ce soient les paysans qui en ont été acteurs est à l’origine de leur réussite.

J’ai fait plusieurs conférences en Tunisie auprès de paysans qui sont sur d’autres problématiques, et là on voit vraiment le rôle joué par l’impérialisme dans un pays semi-colonial, semi-féodal, dans un pays qui va passer sous le joug d’un traité en train d’être signé avec l’Union européenne, l’ALECA (Accord de Libre Echange Complet et Approfondi) ; on comprend bien que ce n’est pas du socialisme. Cet accord est une véritable catastrophe pour l’agriculture tunisienne puisqu’il va transformer l’agriculture tunisienne en un super marché. Par exemple, il va pousser à la culture de la fraise qui consomme beaucoup d’eau, alors que le pays a de gros problèmes de distribution d’eau qui pourrait être utilisée par les collectifs de travail existants, ressemblant aux collectifs cubains, qui sont harcelés par le pouvoir tunisien et indirectement, via cet accord, par le gouvernement français et l’Union européenne, afin de les empêcher de mener des politiques à caractère agro-écologiques. Pourquoi ? Et bien parce que la monoculture, qui est destinée à l’exportation, est totalement incompatible avec toute forme d’agro-écologie, de polyculture, pour nourrir les habitants ; c’est pourtant de quoi dépend principalement la paysannerie tunisienne.

On a donc là deux exemples, l’agriculture cubaine et la tunisienne, qui sont diamétralement opposés sur cette question.

Pour conclure, je pose la question de savoir pourquoi l’écologie intéresse tant les pouvoirs en place ? Pourquoi trouve-t-on autant de députés macronistes dans les manifestations pour le climat ? A priori, cette démarche ne semble pas dans une logique révolutionnaire. Cette démarche s’appuie sur la question de la décroissance, c’est-à -dire que le lien direct est fait entre la décroissance et le respect de l’environnement, comme si l’homme était face à la nature et qu’il lui était fondamentalement hostile, dans une théorie antihumaniste ou humanophobe, où l’homme serait une espèce vouée à détruire son environnement, la planète ; ce point de vue mortifère et anti-progrès amène à penser que c’était mieux avant, et que tout cela serait de la faute à la science, à l’industrie. Et bien non, pour les pays du sud qui sont confrontés à leur survie face à l’impérialisme, il y a un double problème de production nationale et de durabilité de cette production ; ce qu’ils veulent, ce n’est pas « l’austérité heureuse », mais leur développement dans le cadre de leur indépendance et de leur souveraineté nationale.

Guillaume Suing Intervention aux Rencontres internationalistes de Vénissieux 2019

[119 en 1937, 27 en 1940 et 31 en1948.

[2Guillaume Suing, "L’écologie réelle – Une histoire soviétique et cubaine", Editions Delga, 2018, 212 p.

[3Le WWF ou Fonds mondial pour la nature est une organisation non gouvernementale internationale créée en 1961, vouée à la protection de l’environnement et au développement durable.

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